⚜️Chapitre 8⚜️

Yolande Otando épouse Biyoghe

Je suis consternée de trouver la chambre d'hotel vide en sortant de la salle de bain. Je me rend sur le balcon mais il n'y est pas aussi. Finalement je me dis qu'il doit être sorti passer un coup de fil hors de la chambre ou qu'il a fait un tour à la réception de l'hôtel. 

Ces idées m'irritent parce nous sommes à notre nuit de noces et il trouve le moyen de me laisser toute seule même pour seconde, je devrais pourtant être sa priorité ce soir.

20 minutes s'écoulent et ma colère se transforme très vite en inquiétude. Je me rappelle que Mélissa est à l’hôpital et en l’espace de quelques secondes, je réussis à me convaincre que quelque chose de terrible lui est arrivé. Que peut être Tante Bertille a appelé Émile pour le lui dire et qu’il a quitté la chambre parce qu’il ne voulait pas que j’entende leur conversation pour ne pas que je m’inquiète.

J’ouvre la porte de la chambre et jette un coup d’oeil dans le couloir, toujours aucune trace d’Emile, je finis par me dire qu’il est certainement allé jusqu’à la réception de l’hôtel. L’inquiétude me gagne rapidement, je décide donc de directement appeler Tante Bertille pour qu’elle me dise elle-même s’il y a une quelconque complication avec Melissa.

— Allo…

— Oui allô Tata Bertille, dis-je la voix pleine de panique. C’est comment là bas ? Il y a un problème avec Mélissa ?

— Quel problème avec Mélissa ?

— Tata il ne faut rien me cacher, s’il y a un problème, une complication avec Mélissa, il faut me le dire.

— Non tout se passe bien ici, me répond ma tante. En entendant ta voix, tu m’as l’air paniquée, c’est comment?

— Tu es sûre? Tu ne me mens pas ?

— Mais toi tu as quel problème ? Je te dis qu’elle va bien, elle dort. C’est quoi exactement le problème?

— Oh Seigneur j’ai eu peur, dis-je, soulagée. En fait Émile a disparu donc j’ai pensé que peut-être tu l’avais appelé avec de mauvaises nouvelles de l’hôpital et qu’il s’était peut être éloigné pour mieux parler avec toi.

—Tu veux dire quoi par il a disparu ?

— En fait en sortant de la douche je ne l’ai pas trouvé. Quand j’allais me doucher, il prenait un verre. Mais il doit donc être pas loin, peut être à la réception pour récupérer quelque chose. Il ne va sûrement pas tarder.

— Il n’a pas intérêt à durer hein, il a du boulot qui l’attend, fait-elle la voix enjouée. Et toi là il ne faut pas faire la timide oh, tu lui donnes ça bien, c’est ton mari!

Tata Bertille vraiment!

— Tata tu racontes quoi comme ça ? Tu es toujours dans l’abus, dis-je, amusée.

— J’abuse hein? Ok c’est bien! Sinon comment s’est passé le mariage ?

— C’était bien, mais j’ai passé tout le temps à penser à Mélissa, je m’inquiétais quoi! Surtout que j’aurai voulu qu’elle soit présente et je sais qu’elle sera déçue qu’on se soit marié sans elle.

— Ne t’inquiète pas. Ce soir c’est ta nuit de noces, je te laisse, profite bien.

— Dis à Mélissa que demain avant d’aller à l’aéroport, Émile et moi on va s’arrêter à l’hôpital lui faire un coucou et pour savoir comment elle va. Sa nounou passera la chercher en fin d’aprèm pour la ramener à OASIS.

— D’accord, ça marche.

— Merci d’être avec elle en ce moment. A demain!

— C’est normal ma fille, à demain.

Dès que je raccroche, je me sers un verre de jus et décide de patienter assise sur le canapé. Ce ne serait pas judicieux de l’appeler et de commencer à lui crier dessus comme une folle. Et de toutes les façons, Emile sait pertinemment l’importance d’une nuit de noces, il ne serait pas sorti d’ici sans une valable raison. Il peut meme s’agir d’une urgence au boulot qu’il lui faut absolument régler ce soir étant donné que demain matin nous partons en lune de miel a Cancún au Mexique.

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Une heure plus tard, toujours aucune nouvelle de lui, je l’appelle mais il ne décroche pas. Je lui laisse un message vocal sur Whatsapp.

— Émile où es tu ? Rappelle-moi dès que tu as mon message.

Les barres bleues de whatsapp apparaissent, signe qu’il a ecouté mon audio, mais il ne répond pas. Je fais les cent pas dans la chambre en regardant l’heure, il est pratiquement 4 heures du matin, la frustration commence à me gagner.

Dix minutes plus tard, je compose à nouveau son numéro, cette fois-ci son portable est éteint. Je laisse encore un autre message vocal.

— Émile s’il te plaît rappelle-moi, dis-je, tres agacée. J’ai besoin de savoir où tu te trouves.

Je pose ma valise sur le lit, je l’ouvre et sort le pantalon beige et la chemise que j’ai prevu de porter pour le voyage. Je les enfile rapidement par dessus ma nuisette, je recupère mon téléphone et je sors de la chambre. Trop agitée pour attendre l’ascenseur, je prend les escaliers et je me dirige vers la réception.

— Mme Biyoghe n’est ce pas ? Me demande le réceptionniste. Comment puis-je vous aider ?

— Bonsoir à nouveau monsieur, en fait je cherche mon mari, l’avez-vous vu quelque part ?

— Oui, il est descendu il y a un bon moment deja, peu après votre arrivée.

— Savez-vous où il est allé ? Il n’est pas au bar de l’hôtel par hasard ?

— Non non, il est sorti par les portes d’entrée. J’ai présumé qu’il allait chercher quelque chose dans la voiture.

— Est-ce que vous l’avez vu revenir ?

— Maintenant que vous en parlez, non, je ne l’ai pas vu revenir. Mais j’étais occupé avec d’autres clients à un moment donné. Alors il se peut qu’il soit repassé sans que je ne le vois. Vous avez essayé de l’appeler ?

— Oui mais son portable est éteint. Il est probablement dans le bar noyant son chagrin d’être maintenant un homme marié, dis-je avec un sourire de façade pour essayer de cacher mon trouble.Je vais aller jeter un coup d’œil.

Je me rend au bar de l’hôtel mais il n’y a aucune trace d’Émile, je vérifie les différents salons, la salle de fitness, le casino et la piscine. Sur le chemin pour vérifier les deux restaurants, je laisse un autre message vocal sur son whatsapp. Je repasse par la réception.

— Je ne le trouve nulle part, dis-je au réceptionniste.

— Avez-vous regardé si votre voiture est toujours dans le parking ? Me demande t-il. Au moins vous saurez s’il a quitté l’hôtel ou non.

Je sors par les portes d’entrée et je suis le chemin autour du parking à l’arrière de l’hôtel, la voiture n’est pas là où Émile l’avait garée en arrivant. 

Désespérée, je remonte dans la chambre et je m’allonge. Je me dis qu’il a certainement eu une urgence comme je le pensais tout à l’heure, il a pris la voiture pour retourner au bureau. C’est la seule explication.

Mais pourquoi ne pas m’avoir laissée un message avant de partir pour ne pas que je m’inquiète ?

De plus en plus troublée, je lui laisse un message déchirant, en larmes disant que si je n’ai pas de nouvelles de lui dans les dix prochaines minutes, je vais appeler la police.

En réalité j’appellerai d’abord Vincent avant d’appeler la police mais j’espère qu’en mentionnant la police Émile se rendrait compte à quel point je suis inquiète.

Au bout de 30 minutes, juste au moment où je m’apprête à appeler Vincent, je reçois un texto d’Émile. Poussant un soupir de soulagement, toute la colère que je ressentais s’en va d’un coup parce que j’imagine déjà ce qu’il a écrit.

Il doit certainement dire qu’il est désolé, qu’il a eu une urgence et qu’il n’a pas pu me prévenir. Emile sait s’excuser à chaque fois qu’il faute, c’est l’une ses plus grandes qualités.

J’ouvre le message avec le sourire aux lèvres…

— Yolande tes premieres heures en tant qu’épouse commencent très bien.

C’est quoi tous ces messages que tu m’as laissés ? Tu devrais arrêter de te comporter comme une hystérique, ça ne te va pas du tout. Je suis en train de régler quelque chose, on se voit plus tard!

Choquée, je m’assois sur le lit et je relis le message plus de 10 fois tellement je n’arrive pas à y croire. Je n’arrive pas à croire que c’est Émile qui ait pu m’écrire un message aussi rude, parce que jamais il ne m’a parlé de la sorte en 5 mois de relation. Il n’a même jamais haussé le ton sur moi. Je suis tellement choquée que j’ai même l’impression d’avoir été giflée.

Avec la colère qui monte en moi, je le rappelle mais il ne pas décroche pas. Je reste assise un moment dans la confusion et la tristesse, j’ai besoin de parler à quelqu’un.

Mais je réalise que je n’ai personne à qui parler. Ni ma tante, ni mes deux amies ne sont suffisamment proches de moi au point où je vais leur raconter que pendant ma nuit de noces mon mari m’a abandonnée pour aller faire je ne sais quoi. J’ai trop honte de me confier à elles, déjà que je racontais à qui veut l’entendre combien c’est un homme parfait.

À un moment je veux appeler Vincent pour lui demander s’il sait quel problème urgent Émile a rencontré ce soir, au point de me laisser seule. Mais finalement je ne le fait pas, je ne veux pas avoir l’image de la femme qui commence à harceler son mari dès le premier jour dans le mariage.

Je commence à chercher des raisons qui justifieraient le comportement d’Emile.

— Il est certainement à une réunion importante pendant que je tentais de le joindre et peut être que lorsqu’il a pris une pause pour écouter mes messages vocaux, il n’a pas aimé le ton avec lequel je lui parlais donc voilà pourquoi il s’est fâché et m’a envoyé ce message. Oui c’est surement ça, dis-je en essayant de me convaincre.

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Je suis couchée sur le lit en larmes en regrettant de m’être comportée comme je l’ai fait parce que je sais déjà depuis longtemps comment le travail d’Émile est prenant. 

Au lieu d’être une épouse compréhensive j’ai déjà commencé à l’etouffer.

Il a eu raison de se fâcher contre moi, j’ai déjà vu comment son travail empiète sur notre vie de couple. 

À plusieurs reprises, il est parfois trop fatigué ou trop stressé par le boulot que je me plaint qu’on n'ait pas de vie sexuelle active. Il s’est déjà excusé et m’a supplié de comprendre que son travail lui prendrait tellement de temps et d’énergie à tel point qu’il ne serait pas tout le temps disponible que ce soit mentalement ou physiquement.

— J’ai hâte que tu reviennes chéri, pour que je te dise combien je suis désolée.

Je vais me laver le visage, je retire les vêtements que j’ai enfilés plus tôt et je m’allonge en nuisette. Il est 5h du matin, il ne devrait plus tarder. Je vais me réposer, Emile viendra me reveiller avec des caresses.

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Je me réveille à 9h du matin, toujours aucune trace d’Emile. La pensée qu’il ait pu passer la nuit avec une autre femme me traverse l’esprit parce qu’aucune urgence ne justifierait qu’il découche le soir de notre mariage.

En panique je recupère mon téléphone, il n’y a ni appel ni message.

—Il a terminé tard, il s’est surement endormi au bureau Yolande, me dis-je dans une énième tentative de calmer mes doutes.

Je le rappelle mais son téléphone est toujours eteint. Je lui laisse un message pour lui demander l’heure à laquelle il viendra parce que nous devons nous arretter à l’hôpital pour voir Mélissa avant d’aller a l’aéroport. Je vais prendre une douche et j’enfile des vêtements propres et mes chaussures. Je range ma valise et sirote un verre d’eau en attendant mon mari.

Une heure plus tard, je reçois un message déconcertant d’Emile.

— A 11h00, retrouve moi dans le parking de l’hôtel, n’oublie pas ta valise! Et surtout ne me fais pas attendre!

Je cligne plusieurs fois des yeux, ce message ne contient aucune excuse, aucune explication par rapport à son absence, rien du tout! Il va vraiment m’entendre quand je le verrai. Ce comportement de lui ne me plaît pas du tout et je vais le lui faire savoir. 

Dès que 11h00 sonne, je sors de la chambre avec ma valise. Je reste debout dans le parking pendant un bon moment, Emile gare devant moi à 12h30. 

Je suis furieuse, mais je fais tout pour garder mon calme et ne pas faire de scène en public. Il descend du véhicule, recupère ma valise sans me jeter le moindre regard et il la met dans le coffre. Il remonte dans le véhicule comme si de rien n'était. Je reste debout à l’observer puis je me décide à parler.

— Meme pas 24h qu’on est marié et tes manières de gentleman ont déjà disparues? Dis-je avec la mine amarrée. Tu ne dis plus bonjour et la portière, tu ne l’ouvres plus? Tout ça c'était de la poudre aux yeux ? 

— Ne perd pas mon temps Yolande, rétorque t-il sur le ton le plus calme et froid que j’ai jamais entendu. Dépêche toi de monter dans ce putain de véhicule, je n’ai pas le temps pour tes simagrées!

Je regarde autour de moi pour être sûre que c’est à moi qu’Emile parle de la sorte…

Bonne lecture.