Chapitre 9

Write by Jennie390

⚜️Chapitre 9⚜️


Yolande Otando épouse Biyoghe


Je monte dans le véhicule avec les dents et les poings serrés, dès que je boucle ma ceinture de sécurité, Emile démarre. Nous sommes dans la circulation et j’attend qu’il parle.


J’attends qu’il me dise quelque chose, n’importe quoi qui justifierait l’impression que j’ai d’être assise à côté d’un homme que je connais pas.

Le silence qui s’éternise me dérange, je décide donc de le briser. Je tourne la tête dans sa direction et je suis troublée de ne voir aucune émotion sur son visage. Ni colère, ni irritation, encore moins de stress, son visage ne montre rien du tout, il est vide. 


— Émile qu’est ce qui se passe ? Demandé-je en essayant de maîtriser ma colère montante. C’est quoi ce comportement que tu affiches depuis hier?


Il m’ignore royalement ce qui fait monter ma frustration d’un cran.


— Pour l’amour de Dieu Émile, je te parle! Crié-je. Qu’est ce qui se passe ?


— Tu peux arrêter de crier ? Rétorque t-il avec dédain. Tu te crois dans un Marché ou quoi?


— Tu te fous de moi?!, grondé-je. Tu disparais sans un mot, me laissant seule pour notre nuit de noces. Tu te pointes le matin comme si de rien n’était! Je pense que j’ai le droit d’être en colère non ?


— Non tu n’as pas le droit, tu n’as aucun droit Yolande! Dit-il sans me jeter le moindre regard.


— Arrête de raconter n’importe quoi, ou alors il y a quelqu’un d’autre dans ta vie? C’est la seule explication plausible qui peut expliquer tout ça.


Il m’ignore encore.


— Je te parle Emile! Il y a une autre femme et c’est avec elle que tu étais hier soir ?


— Ne sois pas ridicule Yolande ! C’est toi que j’ai épousé, d’où tu sors l’histoire d’une autre femme ?


— Je ne comprends pas ce qui se passe, dis-je la voix enrouée. Tu as un problème au boulot dont tu n’as pas envie de me parler peut être ? Il y a forcément une explication à ton comportement qui a radicalement changé.


— Je t’expliquerai tout quand on va arriver à Cancún, me répond t-il avec une pointe d’agacement dans la voix.


— À Cancún ? Émile donc je vais attendre qu’on soit arrivé au Mexique pour que tu me parles ? C’est quoi le problème pu*tain! ?


— J’ai dit à Cancún,tu sauras tout, dit-il en haussant le ton.


J’ai envie de lui dire que je ne suis plus d’humeur a voyager avec tout ce qui se passe, mais je veux écouter ses explications. Je veux comprendre s’il y a un problème en particulier ou si le charme s’est rompu et que mon prince s’est subitement transformé en crapaud. Je suis plongée dans mes pensées jusqu’à ce que je me rende compte qu’on va directement à l’aéroport.


— Et Mélissa ? On est sensé aller la voir avant de voyager.


— C’est trop tard je ne peux plus faire de détours.


— Pourtant je te l’ai dit hier au mariage et je te l’ai aussi rappelé ce matin par messagerie.


— Quand tu es montée dans la voiture tu n’as plus parlé de ça, j’ai pensé que tu avais changé d’avis. Et en plus, notre vol décolle a 14h00, il est deja 13h moins. Je n’ai pas besoin de te rappeler que nous devons être à l’aéroport au moins une heure à l’avance pour les formalités d’enregistrement.


— Emile je ne peux pas voyager sans avoir vérifié que ma soeur se porte bien.


— Yolande, elle a la cheville foulée pas le cancer, n’abuse pas non plus. Tu vas lui téléphoner quand on sera à l’aeroport.


— Mais j’ai dit à Tante Bertille hier soir de le rappeler à Mélissa donc normalement elle nous attend.


— Si tu avais pris la peine de m’en parler avant de lui promettre ça, je t’aurai dit que ce ne serait pas possible, le temps est court.


Il se fou de moi ou quoi?


— Que je te prévienne? Grondé-je au bord des larmes. Comment voulais tu que je te prévienne quand tu étais totalement injoignable? Je veux que tu fasses demi tour, on y va , je lui fais juste un coucou et on s’en va pour l'aéroport. 


— Est ce que tu vois l’embouteillage dans lequel nous nous apprêtons à rentrer actuellement Yolande?


— Oui mais…


— Ta soeur se trouve à la Polyclinique El Rapha. Faire demi tour pour y aller puis le temps que tu lui fasses un coucou, ensuite nous reprenons la route, Yolande nous allons arriver finalement à l’aéroport à 14h 30-15h. Je ne vais pas risquer de rater le vol pour des caprices..


— Des caprices Emile ? Qu’est ce qu’il t’arrive?


Je n’ai jamais pleuré devant lui, je me dis même qu’en me voyant dans un état pareil il va se rendre compte à quel point il n’est pas raisonnable. Il gare la voiture au bord de la route et arrête le moteur. Il se tourne vers moi et plonge un regard froid dans le mien.


— Yolande tu sais parfaitement que si on va voir ta soeur, nous n’irons pas en lune de miel. J’ai dépensé une fortune pour notre mariage et pour t’offrir une lune de miel de rêve. Tout a deja été payé à l’avance, billet d’avion en première classe, la reservation dans un hôtel luxueux. Mais apparemment tu veux que cet argent aille à la poubelle. C’est un argent que j’ai durement gagné à la sueur de mon front, je ne vais pas permettre qu’il soit jeté par la fenêtre donc je ferai ce voyage avec ou sans toi. Si tu tiens tant à voir ta soeur, tu peux descendre, je te donne l’argent pour le taxi et moi je vais à Cancún.


— Pourquoi j’ai comme l’impression que tu es en train de me demander de choisir entre ma soeur et toi, dis je la voix tremblante. Ce serait totalement injuste de ta part, tu devrais essayer d’etre compréhensif.


— Pourtant au point où on en est, tu vas devoir faire un choix, ou c’est Cancún ou c’est l’hopital. Sachant que ta soeur est sensée repartir à Oasis aujourdhui, donc tu jeterais la lune de miel pour rien.


Je pose mes deux mains sur mon visage et je pleure à chaudes larmes. La poitrine me fait affreuseusement mal.


— Yolande arrête ce que tu es en train de faire là, me dit-il, agacé. N’essaye pas de me faire passer pour le méchant de l’histoire, celui qui n’est pas comprehensif. Tu as toujours fait passer ta soeur avant notre couple, meme hier tu etais prête à annuler un mariage pour une foulure, Yolande une put*ain de foulure!! Malgré ça je n’ai rien dit, j’ai pris sur moi.


— Mais bébé je…


— Merci de ne pas me couper la parole, dit-il d’un ton tranchant. On a fait 5 mois de relation avant que je ne te demande en mariage, donc actuellemnt ça fait 6 mois qu'on est en couple. Yolande je travaille toute la semaine jusqu’à des heures impossibles, les week-end qui seraient les moments adéquats pour passer du temps ensemble on les passe plutot avec Melissa. Jamais je ne me suis plaint.

Dis moi comment voulais-tu qu’on ait une vie sexuelle active si tu ne me facilite pas la tâche, tu ne créés jamais un temps pour nous dans notre temps libre.

Et tu trouves aujourd’hui que je suis injuste parce que je veux être un peu égoïste pour une fois, et privilégier d’abord notre couple ? Donc si on a des enfants un jour, ils passeront toujours après ta soeur?


Voici notre premier vrai désaccord et je n’aime pas la tournure que ça prend, je voulais juste aller voir ma soeur. Je sais qu’elle n’a eu que la cheville foulée, que Tata Bertille m’a dit qu’elle va bien, qu’elle doit repartir à Oasis où on prendra bien soin d’elle, mais j'ai envie de la voir avant de partir. Pourtant au fond je comprend aussi que vu l’heure et la circulation actuelle, si on va à l’hôpital, on va rater notre vol.


— Fais moi gagner du temps, dit-il en sortant un billet de 10.000F de son portefeuille. Prend ça pour le transport de l’hôpital. Descend de mon véhicule s’il te plait.


— Je vais à l’aéroport avec toi, fais-je la voix tremblante.


— Tu es sûre de toi? Si tu as l’intention de continuer à te plaindre et à chialer comme un bébé de 5 ans, descend maintenant. J'ai demandé une femme, pas une gamine ! 


— Non, je ne ferai rien de tel, je répond en essayant de me calmer.


Il démarre à nouveau et le véhicule est de nouveau plongé dans le silence. Je jette un coup d’oeil vers lui et il fixe la route avec cet air dénué de toute émotion sur le visage. J’ai vraiment la sensation d’être à côté d’un parfait étranger.


             ♤~~~~~~~♤


Nous arrivons à l’aéroport, vu que j’ai l’air triste, Emile me demande d’appeler Tata Bertille pour pouvoir parler à Melissa avant qu’on embarque. Je le fais mais cette dernière est injoignable, je lui laisse un message vocal sur whatsapp, le coeur lourd. Emile me prend la main et me lance un sourire, mais je ne suis pas d’humeur à lui sourire en retour.


Nous finissons les enregistrements, et en attendant d’embarquer nous faisons un tour au Free Shop. Je suis devant le rayon des parfums et Emile est devant le stand des journaux. Nous finissons nos achats et on passe à la caisse. Je tente de rappeler Tata Bertille pendant que j’entend Emile discuter avec le caissier.


— Vous êtes de nouveaux mariés? Demande le caissier.


— Effectivement.


— Excusez-moi mais madame a l’air fâchée, ce n’est pas bien pour une nouvelle mariée.


— Nous nous sommes mariés hier mais juste avant la cérémonie, la dame de compagnie s’est foulée la cheville. Et vu qu’elle est un peu attardée, ça a ruiné le mood de tout le monde. Et mon épouse n’a pas pu aller voir la fille à l’hosto ce matin, donc voila pourquoi elle tire la tronche.


— Oh je comprend, mais ça va lui passer.


— Bien évidemment, répond Emile avec un large sourire.


J’ai l’estomac noué juste en regardant cet homme et en mesurant les mots qui sortent de sa bouche depuis que j’ai embarqué dans le véhicule. Je suis tellement déçue de cette facette de lui que je découvre.

Pendant qu’on attend en salle d’embarcation, on nous propose du champagne et des olives mais je refuse. Je ne suis pas d’humeur à célébrer quoi que ce soit. Emile sirote son champagne et lit un magazine sur la finance comme si de rien n’était.

Vu que je n'arrive pas à joindre Tata Bertille, j'appelle son mari et lui dit de dire à ma tante que je ne pourrais plus passer à l'hôpital. Qu'elle dise à Mélissa que je suis desolée et que je vais les appeler dès qu'on sera arrivé au Mexique. 


Le vol a beaucoup de retard, parce qu’on embarque finalement a 16h30, lorque l’avion décolle, je dis à Emile de me réveiller quand on va nous apporter à manger. Je m’endors très rapidement vu que je n’ai pas vraiment fermé l’oeil de la nuit. Quand je me réveille, il fait nuit, apparemment j’ai beaucoup dormi. Emile lit un magazine en sirotant un café.


— Je t’ai dit de me réveiller pour le repas.


— J’ai pensé que c’était préférable de te laisser te reposer, dit-il sans me regarder. Tu peux attendre le petit déjeuner dans 8 ou 9h de temps.


— Emile je n’ai pas mangé depuis hier soir je ne peux pas attendre la matinée pour le petit déjeuner.


— Donc appelle l’hôtesse qu’elle t’apporte quelque chose à manger.


Je le regarde et je me demande où est passé l’homme gentil, le gentleman de ces six derniers mois. Toutes les qualités qu’il me montrait avant n’était donc que des façades pour m’appâter ?

Conscient que je le fixe, il dépose son magazine et fait signe à l’hôtesse. Quand cette dernière se pointe, il lui dit de m’apporter à manger et à boire. Dès qu’elle s’en va, je le fixe à nouveau.


— Emile qui es tu ?


— Ton homme, je suis ton mari, dit-il en me regardant droit dans les yeux. Dans la richesse comme dans la pauvreté, dans la santé comme dans la maladie, pour le meilleur et pour…le pire Yolande! Et surtout, jusqu’à ce que la mort nous sépare, ajoute t-il avec un sourire qui me met très mal à l’aise.


Bonne lecture.

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