Chapitre 8 : Bilans médicaux

Write by Sandy BOMAS



**William SACRAMENTO***


-Je sais que je te dois des excuses Will mais pour ta gouverne, sache que je savais que mon père ne t’aurait rien fait du tout. Je suis désolée que l’histoire ait fait du bruit entre-temps. 


Je la regarde et je ne vois rien d’autre qu’une autre victime de l’influence néfaste de mon père. Il a entraîné tellement de gens dans son commerce illicite. Voilà le résultat. 


-Bon résumons. Vous voulez de l’argent pour redémarrer le commerce d’arme et de vente de drogue. Et que prévoyez-vous exactement pour la famille MIKALA ? 


Elle m’a jeté un coup d’œil suspect. 


-Pourquoi cette famille t’intéresse-t-elle autant ? 


-Elle m’intéresse parce que je trouve que papa en a déjà assez fait. Toi-même tu as dit qu’ils ont tout liquidé. Alors pourquoi vous voulez les déranger ? Pourquoi voulez-vous déclencher à nouveau la guerre par ici ? 


-L’esprit de vengeance et cela fait booster les ventes. Et il y a un homme riche qui est intéressé par le marché. On peut tout relancer avec lui. 


-Tout ? Meurtres aussi ? fis-je alors. 


-C’est un processus William. Les morts ne s’arrêteront jamais. C’est comme ça. Pour imposer le respect, on doit tuer. 


-Bien, j’ai des réunions et du boulot. Donc on va mettre un terme à cette rencontre. J’ai déjà perdu assez de temps à écouter tes conneries. 


-Pense-y. Tu feras le maître parfait pour tout diriger. Et on pourra même utiliser cette société comme couverture. 


-Hors de question ! Tu m’entends ?! 


-Tu as bien changé…


-Seuls les imbéciles ne changent pas Joëlle et je n’ai pas vraiment changé comme tu le prétends. Je choisis simplement de suivre ma propre voie.  


-J’aime bien ce que tu es aujourd’hui. Calme, sûr de toi et maître de tes émotions. Un peu comme ton père. 


-Tu lis maintenant en moi ? Tu devrais en faire un métier plutôt que de chercher à vendre de la drogue aux enfants de la rue. 


Elle s’est levée de son siège. Son regard a parcouru la pièce avant de revenir se poser sur moi. 


-J’ai apprécié l’entreprise. Propre à toi-même. Simple et très prometteur. J’ai fait mes recherches sur toi et j’ai vu que tu as déjà une réputation solide dans ton domaine d’affaires et que tu as aidé beaucoup d’écrivains à publier leurs œuvres. Mais dis-moi en revenant ici, tu repars de zéro. Pourquoi as-tu fait ce choix ? 


-C’est personnel. 


-Soit, mais si nous on veut que ton affaire capote, on la fera capoter. 


-Et si mon affaire capote, cela fera sortir l’argent de la banque ? demandais-je sur un ton amusé. 


-Non mais cela te motivera à le faire.


Je me suis levé heureux d’avoir vraiment eu l’idée d’enregistrer la conversation. 


-Je ne donnerai pas un centime pour que vous puissiez jouer à nouveau les troubles fêtes. Voilà. Tu peux rapporter ma décision à qui tu veux et salue mon père. Comme tu es devenue leur porte-parole. 


Elle m’a lancé un regard mauvais auquel je n’ai pas accordé d'importance. Au fil des années, je me suis habitué à leurs techniques d’intimidation en tout genre et je gère maintenant. Ma situation actuelle n’est pas aisée je le sais. Je suis assis sur une bombe qui peut exploser à tout moment mais je préfère rester ferme sur ma décision.


-Au plaisir Joëlle…


- Regarde-toi ! Tu es pathétique, tu….


-Sors d’ici immédiatement ! Dis-je en me levant. Je t’ai laissé prendre tes aises et parler mais j’en ai fini avec toi. Alors tu dégages de mon entreprise. 


-On n’en restera pas là ! Je te le promets !


Je n’ai rien ajouté. Il n’y avait rien à dire d’autre. Dès qu’elle est sortie, je me suis dirigé vers mon bureau que j’ai fermé à clé. J’ai suivi la vidéo que j’ai enregistrée et j’ai mis le tout sur une clé USB que j’ai rangé dans mon coffre-fort. S’ils pensent que je suis idiot, grand bien leur fasse. Mais je leur réserve pleins de surprises. Maintenant ce qui m’inquiète est ce qu’ils prévoient pour la famille MIKALA. Pourquoi ils restent focalisés sur eux ? 


Cédant à une impulsion irrépressible, j’ai pris mon portable et j’ai lancé l’appel vers le numéro de Francine. La sonnerie s’est fait entendre plusieurs fois puis au moment où j’étais sur le point de raccrocher, elle a décroché. 


-Allô ? dit elle 


On sentait qu’elle était essoufflée. Mon cœur s’est mis à danser le tango dans ma poitrine. 


-Allô ? répéta-t-elle 


Je ne savais pas quoi lui dire. J’ai gardé le silence savourant le simple fait de la savoir à l’autre bout du fil. Elle a raccroché brusquement. J’ai déposé le portable en soupirant. Je ne suis pas un poltron, même Dieu le sait, c’est juste que j’ai passé les cinq dernières années à vivre et à revivre cette nuit où elle m’a donné sa virginité. Je ne sais pas pourquoi je n’ai jamais réussi à me la sortir de la tête. Heureusement qu’elle ne vit pas au Bénin, sinon je ne donnerai  pas cher de mon mariage. 


Une heure plus tard 


***Alexiane AISSO***


J’ai entendu sonner à la porte. Je n’attends personne et mon mari à ses clés. Sûrement un voisin mais je n’ai envie de voir personne. J’ai travaillé toute la matinée et je me sens trop épuisée. Parfois, je regrette d’avoir demandé à mon mari à ce qu’on revienne au pays. Le Canada me manque tellement. Là-bas, j’avais mes passe-temps, mes amis et mon train de vie mais ici, je me sens tellement seule. Je sais qu’il faut que j’ai un enfant et tout mais malgré tout ce que je fais avec Will, rien ne se passe. Cela fait deux ans qu’on est marié et on a des rapports sexuels presque tous les jours sans protection et en période d’ovulation on accélère la cadence mais mon utérus persiste à rester vide. 


Cela m’inquiète tellement…

 Je m’appelle Alexiane AISSO béninoise et je suis âgée de vingt-huit ans. Je n’ai pas de boulot en tant que tel. Je viens d’une famille nombreuse. Ma mère Floriane AKANDE est une femme très féconde qui a su donner à mon père Alphonse AISSO sept enfants (six garçons et une fille). Je suis donc la seule femme de ma fratrie. Ma mère disait qu’elle a tellement désiré avoir une fille à tresser qu’elle aurait été capable de faire douze enfants. Pourvu que le dernier soit une fille. J’ai donc eu une vie de princesse et j’étais surprotégée. J’ai toujours adoré lire les histoires à l’eau de rose : Harlequins de tout genre, Danielle Steel, Barbara Cartland, Agatha Christie et j’en passe. Pire j’adore les feuilletons. Mon père a toujours dit que je serais une femme difficile à gérer parce que je pense que ce qu’on voit à la télé peut se faire chez nous en Afrique. Pourtant ce n’est pas de ma faute. Je suis une femme très sensible et cette sensibilité, j’ai trouvé un moyen de l’extérioriser. 


Quand j’ai obtenu mon Baccalauréat, papa a décidé de m’envoyer poursuivre mes études au Canada. J’ai choisi les langues tout simplement mais une fois sur place, j’ai également étudier la littérature. Je me suis découvert une passion pour l’écriture. Une copine m’a parlé des écrivains qui s’essaient de façon anonyme sur Facebook et j’ai décidé d’essayer. C’est comme ça que je suis devenue chroniqueuse sur Facebook. Et c’est par ce biais que j’ai rencontré William. 


Il avait lu mes écrits et souhaitait me publier. On s’est rencontré et j’avoue qu’il m’a plu au premier coup d’œil. Mais je sortais d’une relation désastreuse et je ne voulais plus avoir d’autres relations. La vie est parfois si dure dans l’enseignement des leçons. J’étais bêtement tombée amoureuse d’un étudiant, un fils à papa qui m’avait promis monts et merveilles et moi comme une idiote j’y croyais jusqu’au moment où je suis tombée enceinte de lui. À partir de là, Gildas (c’était son prénom) m’a montré son véritable visage. Il ne voulait pas de cette grossesse. Il m’a tellement persécuté pour que je m’en débarrasse que j’ai fini par céder. Je n’aurais pas pu de toute façon aller présenter une grossesse à ma famille sans son auteur.

Peu de temps après cela, j’ai appris que Gildas allait se marier. Je suis tombée de haut. Je ne comprenais pas la supercherie. Je me souviens avoir déprimé pendant des semaines puis peu à peu j’ai repris ma vie en main. 


Aujourd’hui le fait que je ne sois toujours pas enceinte m’incite à me poser plein de questions. Est-ce une punition divine ? Est-ce que j’ai eu des complications plus tard qui m’ont rendu stérile ? Quand j’y pense, mon cœur palpite. Pourtant j’ai tout essayé. Neuvaine sur neuvaine, les dons aux pauvres, les séances de prière, les techniques de grand-mère mais rien n’a marché. Finalement j’ai réussi à convaincre William pour qu’on aille voir un spécialiste et il m’a suivi sans faire d’histoire. On a consulté et fait des examens. On n’aura les résultats via mail. Donc je suis en attente. 


Mon portable s’est mis à sonner et j’ai dû sortir de mes pensées pour décrocher. Un sourire s’est affiché sur mes lèvres quand j’ai vu le nom qui s’affichait.


-Allô ? Maman ? 


-Fille indigne ! Tu es au Bénin et tu n’es pas encore venue me voir ? C’est ce qu’on vous apprend au Canada ? 


-Mais maman ! Je compte venir ce soir. J’ai eu tellement de choses à régler et je n’ai pas vu le temps filer. 


-Dis plutôt que tu as peur de te présenter dans cette maison avec ton mari qu’on ne connaît pas. Ton père l’attend même. 


-Ha maman, vous ne vous en prenez pas à mon mari. Il a accepté de revenir s’installer ici alors que ses affaires étaient florissantes au Canada. Ce choix il l’a fait par amour pour moi ! 


-Je t’attends ici AISSO et ne tente pas de me faire faux bond. Fille indigne !


Elle m’a encore insulté pendant quelques secondes avant de raccrocher. C’est en soupirant que j’ai lancé l’appel vers William. 


-Oui chou ? dit-il en décrochant à la première sonnerie. Que puis-je pour toi ? 


-Tu me manques bébé. 


-Je travaille actuellement sur ton deuxième livre Madame. La correction des fautes alors que j’aurais pu être en train de signer des contrats. 


-Tu es adorable. Qu’est-ce que je ferais sans toi ? 


-Rien du tout. Dit-il en riant. 


-Quel prétentieux ! Ma mère m’a appelé pour se plaindre parce qu’on n’est pas encore allé les voir et j’ai dit qu’on sera là ce soir. Qu’on l’avait déjà programmé. 


Silence.


-Will ? 


-Oui ? 


-Tu m’as entendue ? 


-Parfaitement répondit-il d’un ton sec. 


-Pourquoi ce changement d’attitude soudain ? Pourquoi tu ne veux pas aller voir les miens ? 


-Tu ne vas pas remettre ça sur le tapis. Pourquoi s’est-on marié à la sauvette ? Je n’ai personne derrière moi pour aller voir les tiens. En Afrique, je ne peux pas me présenter chez tes parents comme ça en sachant que j’ai épousé leur fille sans leur avis. 


-On s’en fout. Ils seront obligés de faire avec. 


-Je suis partant Alex, on ira ce soir mais si ça dégénère, tu ne diras pas que je ne t’avais pas prévenu. 


- À ce soir alors. Je ferai une liste de choses à leur apporter.


-Ils parleront certainement de l’absence de bébé dans le couple. Tu t’es préparée à cela ? 


-Pourquoi je sens un ton accusateur ? 


-Parce que tu es parano. Je te dis juste de te préparer mentalement. 


-Et toi ? 


-Moi quoi Alex ? 


-Tu ne te prépares pas mentalement ? 


Le silence se fit à nouveau. Je n’aime pas discuter d’un sujet aussi épineux avec lui par téléphone. Je ne peux pas voir l’expression de son visage. 


-On doit se préparer mentalement. Car qu’on le veuille ou non, on aura à subir ces questions. 


-De toutes les façons dans vos têtes, c’est toujours la femme qui est incriminée. La femme est toujours la stérile. On ne pense jamais aux hommes. 


-Euh Alex ? 


-Oui ? 


-Tu viens de me traiter de stérile ? 


La question a été prononcée sur un ton tellement calme que j’ai tressailli me rendant compte de ma bourbe. 


-Je me suis laissé emporter Will, ce n’est pas ce que je voulais dire... 


-Donc dans ton esprit, si tu n’arrives pas à concevoir, c’est par ma faute. Je suis surpris que tu aies attendu si longtemps pour en parler. 


-Will…


Pin pin pin Pin


Il a raccroché. Je me sens subitement mal. Il n’a pas mérité ces mots. Je sais comment me rattraper. 


Dans la soirée


***William***


Dès que j’ai ouvert la porte de notre appartement, j’ai constaté qu’il avait plus d’espace. Ma femme a bossé à ce que je vois. J’ai fait l’effort de rentrer tôt à cause de la visite à la belle-famille. Je sais que tôt ou tard, je devrais aller les voir mais le fait de ne pas avoir quelques membres de ma famille pour m’accompagner me met mal à l’aise. Je ne m’entends avec aucun d’eux et je préfère rester loin des SACRAMENTO. 


-Will ? Tu es déjà rentré ? 


J’ai posé le sac contenant mon ordinateur portatif et j’ai retiré ma veste sans répondre. La cravate a suivi et la chemise. Je sais qu’elle va tenter de me séduire et je me prépare en conséquence. C’est de cette manière qu’on règle les conflits dans notre couple : du sexe, puis la discussion une fois les sens calmés.


-Je suis là Alex. 


Elle est apparue avec une serviette enroulée autour de sa taille. J’ai admiré ses longues jambes fuselées et j’ai souri. Alex sûr de son pouvoir de séduction a retiré la serviette et l’a jeté au sol avant de me rejoindre. Je l’ai attrapé et sans préambule je l’ai embrassée. Elle s’est collée à moi et s’est mis à bouger son corps de déesse très lentement contre ma virilité qui s’est tendue en réponse. Très vite je me suis débarrassé de mon pantalon et je l’ai porté pour la conduire dans la chambre. 


-Hummm tu as eu le temps de mettre un drap propre dis-je en la déposant très délicatement sur le lit.


-Oui j’ai tout prévu pour me faire pardonner mon indélicatesse notoire.


-Alors va y, je suis tout à toi. 


-Je le sais Will et je ne laisserai personne m’arracher cela.  


Elle m’a fait basculer et a pris le dessus sur moi. Très vite, elle s’est empalée sur moi me faisant perdre la notion du temps. Je me suis laissé aller complètement. 


Peu de temps après


***Alexiane AISSO***


-Je ne suis pas stérile Alex dis-je en la serrant contre moi. Je n’ai pas d’enfant certes mais…


-Chut dit-elle en posant un doigt sur mes lèvres. 


-Tu pensais ce que tu as dit. Si toi tu penses ça alors que penseront les autres ? 


-Depuis quand est-ce que les pensées des autres te préoccupent ? 


-Je n’ai jamais pensé que toi tu pouvais être stérile pourtant. On a des difficultés à concevoir c’est tout. Tu as vérifié tes mails récemment ? 


-Non. Attend on le fait sur le champ. 


On a récupéré nos portables et chacun s’est connecté sur sa boîte mail. J’ai effacé les messages superflus. 


-Ils ont envoyé les résultats hier. Lis d’abord les tiens Will et ensuite on lira les miens. 


-Peureuse dit-il en me pinçant les fesses. 


On s’est embrassé avant qu’il n’ouvre le message. Il y avait plein de termes médicaux. On est allé à la conclusion. 


-Tu vois que je n’ai aucun problème ? Tout est normal chez moi. Ouvre le tien. 


Brusquement l’appréhension m’a saisie. Et si c’était de mon côté qu’il y avait un problème ? Et si…


-Qu’est-ce que tu attends Alex ? 


-Euh…Rien. 


J’ai cliqué sur le message qui s’est ouvert, les termes médicaux se sont alignés mais il y avait des parties soulignées au rouge. J’ai su qu’il y avait un problème. William m’a pris le portable des mains tellement vite que je n’ai pas su réagir. Mon cœur s’est mis à cogner très fort dans ma poitrine. J’ai su que le problème devait émaner forcément de moi.


PLUME 241 ET  PLUME D'ELSA ©


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Référence de dépot DC7G2H6




Course Contre la mor...