Chapitre 8: La vie, un étrange mot

Write by QueenDija


*Il y a plusieurs années de cela, Luanda,Angola*

Vêtue d’une robe blanche commandée spécialement à Paris par la famille Costa, Isadora Mbandi avançait sereinement à l’autel où l’attendait Mario Costa, son passeport vers la haute sphère luandaise. Maligne, elle avait suivi les conseils de son père en séduisant l’héritier de l’empire Costa et en se faisant passer pour une descendante de l’illustre reine Nzinga Mbandi. Dans les deux cas, il était impossible qu’elle soit rejetée par la famille Costa. Aujourd’hui, elle savourait le Graal tant désiré.

 Des mois plus tard, sa fille vint au monde suivi de près par Eduardo. 

A la naissance , des jumeaux, elle suivit dans la mesure du possible les conseils du sorcier.

*Quelques mois plus tôt*

Déterminée à accéder à la gloire, Isadora Mbandi vint avec l’aide de son amie Naya dans un quartier populeux de Luanda :

-Bonjour dit-elle en umbundu

-Entre mon enfant. La solution à ton problème existe déjà.

-Vraiment ?

-Oui. Essaies de séduire un homme riche et introduis dans ton intimité cette pommade avant chaque relation sexuelle que vous aurez. Il sera alors dans tes filets. Lorsque tu tomberas enceinte et que la grossesse sera gémellaire, sacrifie aux dieux leur enfant et garde l’autre, tu auras besoin de lui par la suite.Mais si tu commets une erreur, tu pourrais le regretter à l’avenir.

-Comment reconnaîtrais-je cet enfant des dieux ?

-Tu le sauras au moment opportun….

***

Le premier bébé qu’elle avait appelé Luis Fernando comme son mari le désirait avait une tâche de naissance tandis que le second Luis Orlando semblait normal. Pensant que le premier était l’enfant à sacrifier, elle le remit à l’infirmière qui l’avait assisté pour qu’elle accomplisse le sacrifice en question et échangea les actes de naissance détruisant au passage celui marqué Luis Orlando.

Seulement, elle avait remis le mauvais bébé et le sacrifice ne fut pas accompli grâce à l’intervention d’une certaine Emmanuelle Penda qui était domestique mais également une sorcière cachée.

Des années plus tard, au moment où les décisions concernant l’héritage débutèrent, le fils caché apparu devant tous.

*Il y a un peu plus de 20 ans*

La famille Costa dinait lorsque le bruit de la sonnette ce fit entendre. 

Julia, la domestique qui servait secrètement Emmanuelle qui était retourné au Congo pour son mariage, ouvrit comme l’avait suggérée l’ex-domestique. Elle crû s’évanouir en voyant le visage de la personne devant elle.

La personne en question lui sourit avant de partir dans la salle à manger. Mario Costa, le patriarche laissa sa cuillère tomber. Il observa l’inconnu puis son fils Luis : ils étaient identiques.

-Que se passe-t’il ici ?dit-il

-Rien Mr. Demandez à votre femme. Mme vous avez intérêt à tout expliquer avant que je ne parle.

-Isadora ? C’est quoi tout ça ?

-Chéri, allons dans la chambre, je t’explique tout  là-bas.

-Non, fais-le ici. En présence de tous tes enfants et de cet homme. Dit Mario furieux

Comprenant que cette venue du fils censé être sacrifié allait déclencher de vives hostilités, Isadora n’eut d’autres choix que de dévoiler toute la vérité.

-Comment ais-je pu t’épouser ? Quel genre de femme es-tu ?hurlait Mario.

-ça va Papa. Laisse tomber. Prends soin de toi. Dit l’inconnu.

Un mois plus tard, Mario qui voulait se racheter auprès du fils caché modifia son testament incluant désormais Kimia, sa petite fille et le vrai Luis Fernando. Grâce à son influence, les identités changées et détruites furent remises en ordre. 

Luis Orlando, le jumeau avide d’argent et qui avait vécu avec les Costa empoisonna son père avec l’intention de faire ce qu’il avait fait depuis toujours pour posséder la moitié de la fortune des Costa : être Luis Fernando. Il avait alors pris la boite qui contenait la clé revenant au vrai nouvel héritier. Malheureusement pour lui, le vieux Costa qui sentait le danger venir avait entouré mystiquement la fameuse boite de sorte qu’elle ne s’ouvre qu’en présence du bon propriétaire avant de lui intimer de fuir loin de l’Angola.

Luis Orlando s’était alors rabattu sur la fortune que Kimia détenait. Mais là encore, elle lui glissa entre les doigts. Il utilisa alors les pouvoirs qu’il avait tiré de sa mère pour séduire Elikia Bankolé et là convaincre de l’introduire dans le cercle très fermé des Bankolé peu  importe les avis des uns et des autres surtout cette Emmanuelle qui avait insufflé le courage à sa sœur Lucinda pour aider Kimia à fuir….

*Retour au présent*

- Qui te croiras petite Emmanuelle ?Qui ?dit Luis en ricanant

- Va-t’en d’ici. Tu connais ma puissance. Je pourrai te détruire en un instant dit Emmanuelle

-Je pars mais je reviendrai la sorcière. Fifa est morte et Kimia, son petit ami s’en charge. Quant à ma femme, je m’en occuperai plus tard.

-Tu ne t’approcheras plus jamais de ma fille, de ma belle-fille ou de ta nièce. Sors, je dois régénérer Fifa.

-Tu vas la ressuscitée au prix de ta vie ou de tes pouvoirs Emmanuelle ? Te rends-tu compte que Kimia et ta précieuse famille Bankolé devenez facile à atteindre ?

-J’en ai conscience et ça fait mes affaires Luis.Sors avant que je ne te tue. 

Luis parti, Emmanuelle se dirigea vers la chambre de Fifa. La pauvre partait déjà définitivement vers le monde des esprits à l’arrivée d’Emmanuelle. Décidée à la sauver, elle se servit d’un poignard et se coupa un peu. Elle versa quelques gouttes de son sang sur une parcelle de peau ensanglantée de Fifa. 

Elle récita ensuite l’invocation interdite dans le cercle des sorciers : l’invocation de la résurrection. Un grand tourbillon se forma alors autour d’elle et de Fifa. 

Lorsque le tourbillon disparu, Fifa avait pris des couleurs tandis que Emmanuelle tomba.

Kimia et Sènami qui venaient d’arriver se précipitèrent dans la chambre de Fifa où elles eurent la surprise de tomber sur Fifa qui semblait dormir et Emmanuelle qui était étendue, saignant abondamment.

*Sènami Blêwoussi*

A notre arrivée, j’ai la surprise de tomber sur ma fille qui est couchée et dont la poitrine se soulève et s’abaisse au rythme de l’oxygène qui s’insuffle dans ses poumons. De l’oxygène ! Je vois Emmanuelle au sol et comprends immédiatement qu’elle a ramené ma fille à la vie.

-Qui est cette femme maman ?dit Kimia visiblement perdue 

-Emmanuelle. Occupe-toi de Fifa. Elle a besoin d’une amie en ces moments. Je m’occupe d’Emmanuelle.

Je tire ensuite le corps souple d’Emmanuelle dans la chambre voisine et me met à prendre soin d’elle. J’ai toujours admirée cette femme mais là, je suis carrément amoureuse. Michel n’aurait pas pu trouver mieux comme épouse. Quelle femme mettrait en danger sa vie pour l’enfant malade de son mari ? Je l’observe et je remercie Dieu pour avoir donné à ma fille une telle belle-mère. 

-Pourquoi m’observes-tu ainsi ?

-Emmanuelle !dis-je au moment où elle essaya de se relever

-Hum ! On voit que je t’ai manqué Mme Blêwoussi. Je ne suis pas malade. C’est juste un effet de la perte de mes pouvoirs. Bon, maintenant, je dois penser à mon retour à Kinshasa, Michel est sans doute en train de s’inquiéter.

-Merci. Dis-je 

-Eh Mme, arrête. Je t’ai promis un jour de toujours veiller  sur ta fille, je n’ai fait que respecter ma promesse.

-Tu es une véritable maman. Je n’ai même pas de mots pour te remercier. 

-Si une partie de toi me considère comme sa seconde mère, cesse de me remercier. J’ai fait mon devoir. Partez toutes à Lomé, Cotonou n’est pas sûr pour vous actuellement.

-Tu connais Fifa, elle ne voudra pas.

*Kimia Costa Nzulu*

J’observe Fifa pendant un bon bout de temps avant de m’endormir , épuisée par le voyage. Je sens alors sa main sur ma peau. Je lui saute au cou.

-Hey jeune fille, ça suffit. Je ne suis pas morte.  Dit-elle sur le ton de la plaisanterie

-Tais-toi idiote. En décidant de partager mon combat contre Luis, je ne voulais pas que tu subisses ma peine. Je ne veux plus te voir souffrir ainsi. Tu dois juste t’occuper de ton travail et de ta santé.

- Etre amies, c’est protéger, partager les joies et les peines Kimia. Dit-elle

-Un bon point. Au fait, il y avait une femme ici, Emmanuelle qui est-ce ? 

- Maman Emma est là ? C’est ma belle-mère, je dois la voir.

-Cette femme qui était étendue au sol est ta belle-mère ?

-Oui. 

-Sacrée famille !

Elle se lève malgré mon interdiction, met un grand T-Shirt et pars vers la chambre voisine. Je la suis en silence. Elle se jette au cou de sa belle-mère en larmes avant de prononcer un faible « Merci ». Elle embrasse ensuite sa mère. Je ne comprends pas tout mais je vois que cette famille est vraiment unique. Fifa et sa mère me pressent afin que je les rejoigne. Je ne refuse pas et profite de la chaleur de ces bras autour de moi.

*2 jours plus tard*

Emmanuelle est repartie à Kinshasa pour s’occuper de son époux et de ses enfants. Fifa, maman Sènami et moi-même passons beaucoup de temps ensemble. J’appelais également Mickey, mon  nouvel amoureux qui était à Lomé pour 4 mois dans le cadre d’un contrat avec une agence de mannequinat. Maman nous regroupa dans le salon :

-Bonjour les filles. Vous avez bien dormies ?

-Très bien dit Fifa, souriante

-Pas mal. Et toi ?dis-je à mon tour

-ça va. Bon, les filles, je dois rentrer à Lomé. Mais je ne serai rassurée que si vous deux vous venez.

- Cela me va. Je dois finir le coaching de mannequinat là-bas et faire des shootings. Dis-je heureuse

- Je ne viens pas. J’irai à Lagos, je vais travailler un peu sur la prochaine campagne. Cela me fera un peu de vacances. Dit Fifa

-Mais Fifa qu’est-ce que tu racontes ? Je ne pars nulle part sans toi. Dis-je déterminée

- S’il te plait Kimia. Maman, je t’en prie.

- Très bien. Dit maman

-Tu en es sûre? Dis-je inquiète 

-Mais oui, allez-y, je saurai me débrouiller. 

-Hum. Mais plus de mauvaises surprises s'il te plait. 

Quelques heures plus tard, c’était le départ. Au moment de prendre la route, elle me remit un CD.

-Chaque fois que tu te sentiras seule, prends ce CD et lis-le. Chaque fois que tu auras besoin de moi ou que tu penseras à moi, prends-le avec toi. Je serai toujours là pour toi. Dit-elle 

-Wouah Fifa. Tu n’es pas une amie, tu es une sœur. Prends ce bracelet et fais pareil mon amie.dis-je les larmes aux yeux 

Avec maman, nous prîmes la route pour la belle capitale togolaise après de longs aurevoirs. 

*Fifa Bankolé*

Après le départ de Kimia et maman, je rentre dans la maison.

Comment pouvais-je les perturber avec mes peurs et ma tristesse ? Maman avait déjà assez de soucis avec ses cinq autres enfants et son mari tandis que Kimia méritait enfin d’être heureuse. Je n’ai pas pu leur avouer que Luis m’avait violé et que depuis, j’avais des visions atroces de cette nuit. Lagos est pour moi, l’occasion de me remettre les idées en place et d’oublier. Si Kimia est passée outre, c’est que j’en suis capable.

*Lomé, Togo*

*Kimia Costa Nzulu*

Je suis de retour à Lomé depuis deux jours. Fifa quant à elle m’a envoyé des photos de Lagos où elle apparaît clairement heureuse. Je suis contente qu’elle est oubliée que Luis l’a frappée et séquestrée.De mon côté, je profite davantage de ma relation avec Mickey. Il m’a même invité à la plage afin qu’on se rapproche. Je dois dire que c’est un véritable amour. Il me traite comme une reine. Franchement, l’amour est vraiment beau. Je mets une robe fleurie avec des sandales en pagne et me rends à la plage.

Le regard soudé à la mer, j’observe au loin  lorsque je sens des mains entourées ma taille et des lèvres dans mon cou :

-Mickey ! dis-je contente

-Alors, tu reconnais mes mains et mes baisers Kim ?dit-il dans mon cou

-Toujours dis-je souriante

Il me tourne face à lui et m’embrasse. J’ouvre les lèvres pour accueillir ce baiser. Nous restons collés l’un à l’autre pendant quelques minutes avant de nous lâcher hors d’haleine.

-Tu vas bien ? Tu m’as manqué ma puce. Tu as pu régler le problème avec ta sœur ?

- Oui Mickey Mouse. Tu m’as aussi manqué. Elle va mieux. Merci. Alors ? Pourquoi voulais-tu que je vienne ici ?

- Grimpe.

- Tu veux que je grimpe sur ton dos ?

- Oui. Tu as peur ?

-Pas du tout. Dis-je fière

Je grimpe sur son dos et place mes bras autour de son cou. Il se met à courir si vite que je suis obligée de me coller plus fort à lui. 

-As-tu jamais fais une balade en bateau ?dit-il

-Jamais.Attends, ne me dis pas qu’on fera une ballade en bateau ?

-J’espère que tu aimeras. Dit-il en souriant

Il me porte jusqu’au pont où nous devons monter sur le bateau. Le capitaine du bateau nous aide à monter par la suite. 

L'idée de cette balade m'enchante déja mais en voyant le décor, je suis carrément sous le charme: 

Deux chaises sont installées autour d'une table couverte d'une nappe rouge.Un seau de champagne et une rose se trouvent au centre de la table. Comme si cela ne suffisait pas, l'incroyable de John Legend envahi l'air. 

-C'est quoi ça? Demandai-je en souriant 

-Une surprise. Tu le vaux bien Kim. Depuis que je t'ai vu, je pense uniquement à toi.Tu es si différente des femmes que j'ai connu par le passé. J'ai l'impression que je peux tout te dire. 

-Les mots habituels Mickey, ça ne marche pas sur moi. Dis-je faussement fière. 

-Ah oui? Tu en es sûr? Dit-il en se rapprochant de moi avec ce regard qui semblait dire "Je vais te manger ". 

Je recule sans m'en rendre compte jusqu'à sentir quelque chose de froid dans mon dos: La cabine du capitaine. 

Je n'essaie même pas de résister lorsqu'il scelle nos lèvres d'un baiser. 


Qui l’aurait cru ? Moi, la petite mendiante des bas quartiers kinois, la petite fille seule et casse-cou , traitée comme une reine. La vie est bien étrange.

Pendant un mois, j’ai vécu la plus belle histoire d’amour jusqu’à ce qu’une information mette un voile sombre sur notre relation. 

Aujourd’hui, je déteste cet homme pour ce qu’il est. Après tout ce que j’ai vécu, je refuse de gâcher ma vie avec lui…

*Lagos, Nigeria*

Un mois déjà que je suis dans cette ville mais je vois toujours les images de mon viol. J’ai même diner avec mon associé au Nigeria qui me drague depuis des années mais c’est peine perdue. Je me sens de plus en plus faible et à chacune de mes crises, j’ai l’impression que je vais mourir. Je rentre dans le bureau du docteur Balogun, mon médecin traitant à Lagos.

-Alors Fifa, vous allez bien ?Avez-vous fait une crise à nouveau ? 

- Ah docteur, je ne sais plus où j’en suis. Je n’ai pas fait de crise récemment mais elles sont de plus en plus violentes.

-Je proposerais qu’on augmente la dose d’antalgiques et qu’on utilise les nouvelles techniques pour aider les patients drépanocytaires seulement vos résultats médicaux ne permettent pas qu’on prenne un tel risque.

-Ah oui ? Et que révèle ses résultats docteur ? Pourquoi ne puis-je suivre mon traitement ?

-Vous attendez un heureux évènement Fifa. Vous êtes enceinte.

Le parfum de la mor...