Chapitre 9
Write by WumiRa
- Monsieur ne reçoit pas de visites aujourd'hui.
- Je ne suis pas n'importe qui, répondit Maya à l'une des domestiques de Malik, avant de la dépasser. Soit tu vas m'annoncer, soit j'y vais moi-même.
- Écoutez madame...
- Mademoiselle, corrigea t-elle. Va dire au patron que sa fiancée aimerait lui parler.
- Sa fiancée ? répéta une voix féminine du haut des escaliers.
Maya tourna la tête et la domestique en profita pour s'éclipser.
- Oui ?
Une jeune femme d'à peu près le même âge que Maya apparut, avec pour tout vêtement, une chemise qu'elle reconnut aussitôt. C'était celle que portait Malik, quand il était parti de chez ses parents la veille au soir, en colère. Elle n'eut pas grand mal à deviner qu'en dessous, cette femme ne portait rien. C'était tout lui.
- Tu dois te demander qui je suis, fit la nouvelle venue en la détaillant de haut en bas. Et tu dois être surprise de trouver une femme ici alors que tu pensais te marier avec lui. Mais Mal m'a appelée pour me dire qu'il n'y avait plus de mariage et voilà, je suis là.
Bien sûr, elle y avait pensé, se dit Maya. Elle avait pensé qu'après l'avoir surprise avec Djibril, il ne voudrait plus de ce mariage et elle s'en était à moitié réjouie. Si elle était là, c'était pour lui présenter des excuses et lui faire comprendre à quel point l'idée de lier leurs vies était stupide ; il aurait pu demander autre chose en échange de l'aide qu'il apporterait à son père. Mais voir à quelle vitesse il s'était hâté d'inviter une autre femme dans son lit après ce qui s'était passé, la surprenait. Non, en fait, elle se sentait insultée. Les hommes ne pensaient qu'au sexe, ils étaient tous les mêmes.
- ... Johannesburg.
Elle haussa les sourcils.
- Pardon ?
- Je disais qu'on partait à Johannesburg Mal et moi.
- Ah...
- Puisqu'il dort, tu pourrais repasser plus tard s'il te plaît ? Il avait l'air très épuisé, tu sais combien il peut se montrer insatiable.
Un petit clin d'œil accompagna sa déclaration.
- Désolée, répondit Maya. Je ne pourrai pas repasser.
- Bah, dans ce cas...
- J'irai directement lui parler s'il ne peut pas descendre.
- Il dort, asséna la jeune femme, en la toisant. Tu ne comptes tout de même pas le réveiller ?
Maya lui rendit son regard.
- Depuis quand suis-je censée passer un interview avant de pouvoir parler à mon fiancé ?
Elle eut un sourire moqueur.
- J'ignore tout ce qu'il a pu te raconter, mais je veux bien te désabuser. Même s'il ne se marie plus avec moi, il n'a pas fait appel à toi pour que tu l'accompagnes à la mairie. Tu sais, certains hommes n'ont pas le temps d'aller se chercher des catins sur les trottoirs, il leur suffit de passer un coup de fil, si tu vois ce que je veux dire.
Son air choqué, n'échappa à Maya qui poursuivit en disant :
- Cela ne me dérange pas que mon homme aille se distraire ailleurs par moment, que ce soit toi ou une autre, vous ne serez pas plus que des entonnoirs à sperme pour lui.
Toujours avec le même sourire, elle tourna les talons et se dirigea vers la porte, avant de lancer par dessus son épaule :
- Si ça te chante, dis lui que je passerai à son bureau dans la journée.
***
La tête baissée, les nerfs à vif, Malik attendit que la porte se soit refermée avant d'exploser, d'un seul coup.
- Qu'est-ce que tu faisais chez moi ? demanda t-il en se levant brusquement.
Il vit la jeune femme reculer de quelques pas.
- Pardon ?
- Tu es passée chez moi il y'a quelques heures, qu'est-ce que tu voulais ?
Elle haussa les épaules.
- J'étais venue pour m'excuser. Pourquoi me cries-tu dessus ?
- Tu me le demande vraiment ?
- Si c'est parce que j'ai répondu à ta pute, je ne te...
- Ma pute ? répéta t-il avec incrédulité. Tu es folle ?
- Non je ne suis pas folle. Quand je suis arrivée ce matin, elle ne voulait pas que je te dérange sous prétexte que la nuit avait été très longue pour vous deux, alors que je ne lui avait absolument rien demandé. Elle a même parlé de ton insatiabilité au lit.
Rachel avait vraiment dit de telles choses ? se demanda Malik, abasourdi. Lorsque Maya était passée chez lui, il était sous la douche et elle avait revêtu sa chemise de la veille pour faire croire qu'ils étaient ensemble. Elle le lui avait ensuite avoué, en prétextant qu'elle avait juste essayé de la rendre jalouse, comme lui même l'avait été en la voyant dans les bras de son ex. Cependant ce qu'avait répondu Maya à la jeune femme avait blessé celle ci, au point où elle était parti en pleurant. Mais qu'est-ce que c'était que cette histoire d'insatiabilité ? Rachel et lui étaient des amis de longues dates, mais il ne s'était jamais rien passé entre eux ; elle était même fiancé. Si elle se trouvait chez lui ce matin, c'était parce qu'il n'avait pas décroché à ses appels et elle s'était inquiétée.
- Pourquoi l'as tu traitée de pute ? demanda t-il d'une voix plus calme. Pour ton information, j'invite qui je veux chez moi ou dans mon lit. As-tu un problème avec ça ?
- Absolument pas. Elle... C'est elle qui s'est mise a insinuer des choses, se défendit Maya.
- Du moment où il n'y a jamais rien eu entre toi et moi, tu n'étais pas censée lui répondre. Tu es jalouse ?
Le coeur de Maya battit plus vite.
- Tu te comportes en idiot en défendant cette femme, lâcha t-elle. Pourquoi serais-je jalouse d'un pneu secours ?
Elle vit le visage de Malik passer de la colère à la surprise, puis de nouveau à la colère. Il contourna son bureau et s'approcha d'elle à grand pas.
- Je crois qu'il faudrait que je t'apprenne à mesurer tes propos, déclara t-il. Tu trouves qu'après ce qui s'est passé chez tes parents hier tu avais le droit de te plaindre ?
- Justement je...
- La ferme.
Il la saisit par les bras et l'obligea à le regarder en face.
- Si ne te comportais pas comme la gamine que tu es, tu n'aurais pas immédiatement réagit à ce que t'a dit Rachel. Tu aurais attendu d'écouter ma version des faits.
- Toi non plus tu n'as pas voulu m'écouter hier, répondit-elle, dans un souffle.
- Je t'ai vu en action. Dieu sait ce qui se serait passé si je n'étais pas arrivé.
- Lâche moi.
Il resserra son étreinte.
- Tu t'excuseras auprès de Rachel.
Elle eut un rire crispé.
- Alors là, tu ne me connais pas du tout.
- Tu le feras.
- Jamais.
- Je te jure que si. Tu n'as pas la moindre idée de la peine que tu lui as fait.
- Oh, parce que moi je ne me suis pas sentie insultée ? Elle n'avait pas besoin de me parler de vos ébats !
- Ce n'était pas vrai. Il ne s'est absolument rien passé.
- Cesse d'être...
- Je n'ai pas couché avec elle. Je la considère comme ma sœur et elle est fiancée à un homme qu'elle aime.
Elle battit des paupières à plusieurs reprises.
- Quoi... ?
Il la relâcha.
- Si tu avais vraiment été en face de l'une de mes putes, tu ne te serais pas sentie aussi sûre de toi, déclara t-il. Ma vie sexuelle ne te regarde pas Maya. Je n'ai pas l'intention de te rendre des comptes une fois que nous serons mariés.
Elle se figea sur place.
- Mariés ? Je croyais... Je croyais qu'il n'y avait plus de mariage !
- Et je présume que tu as couru te jeter dans les bras de l'autre mauviette ? railla t-il. Je viens de te dire qu'elle a tout inventé.
- Mais pourquoi ?!
- Tu pourras le lui demander quand tu devras t'excuser pour la manière dont tu lui as parlé. Elle n'est pas mon entonnoir à sperme et personne ne l'est d'ailleurs.
Maya soupira.
- Écoute Malik, nous marier serait une grosse erreur. Je ne te supporte pas et j'imagine que toi non plus, alors pourquoi ne pas demander autre chose en échange de ton aide ?
- Je n'ai pas le temps de répondre à cette question et de toute façon je n'en ai pas envie. Si tu crois qu'à cause de la scène d'hier je vais changer d'avis, tu t'es trompée à mon sujet. Ce mariage aura bien lieu.
- Tu es prêt à sacrifier ta liberté pour une personne que tu n'aimes pas ?
- Je ne serai pas le seul.
- C'est du sadisme, en fait.
- Comme bon te semblera, dit-il en regagnant la chaise de son bureau. Dans moins de deux jours, tu deviendras ma femme, le débat est clos. Et... Ah oui j'oubliais, si par malheur tu tentes quoi que ce soit qui aurait l'air d'un simple incident mais qui empêcherait la cérémonie, je te garantie que je réduirai l'HFL en cendres et pour ce qui est d'Henri, il sera complètement ruiné.
À l'instant même, Maya jura de ne jamais ressentir quoi que ce soit pour cet homme, à part de la haine. Peu importait le nombre d'années qu'elle allait devoir passer auprès de lui, elle lui rendrait la vie impossible, c'était une promesse. Tant qu'elle serait sous son toît, il n'aurait pas de répit.
- Tout ce que tu manigances, même en pensées se retournera contre toi, trésor. Tu n'as pas le choix.
- Je ne manigance rien, répondit-elle d'une voix calme. Je me demande juste comment un être comme toi peut exister. Tu n'es qu'un sadique sans coeur.
- Je te ferai ravaler chacune de tes paroles. Chaque mot, jusqu'à ce que tu me supplies d'arrêter.
- Je n'ai pas peur de toi...
Il sourit, de ce sourire qui avait déjà manqué de lui faire tourner la tête.
- Je n'ai jamais eu l'intention de susciter de la peur chez toi, je te l'ai déjà dit, je ne lève jamais la main sur les femmes. Maintenant j'aimerais passer quelques coups de fil si tu permets. On se retrouve à l'église dans deux jours ?
Il mit un écouteur dans l'oreille, lui faisant comprendre qu'elle pouvait partir.