Chapitre 8
Write by WumiRa
Maya freina brusquement et donna un grand coup au volant. L'idiote !
Il était dix-huit heures, mais la scène du matin dans la chambre de Malik refusait de lui sortir de la tête. Elle se revoyait sur cette table de piano, soumise, toute offerte. Moins un, et ils auraient couché ensemble, alors qu'elle disait... Alors qu'elle disait quoi ?
De petits coups lui firent relever la tête. Elle baissa la vitre.
- Je peux rentrer la voiture de mademoiselle dans le garage, si elle veut.
C'était Michel, le chef sécurité de son père. Elle plaqua un sourire hypocrite sur ses lèvres.
- Merci Michel, il n'y a aucun problème.
Il lui rendit son sourire.
Un instant plus tard, elle faisait son apparition dans le grand salon des Fall. Cet endroit qui l'avait vu naître et où elle avait passé ses plus beaux moments. Une sorte de nostalgie s'empara d'elle dès que ses yeux se posèrent sur une photo d'elle et ses parents, accrochée au mur.
- Chérie ! dit sa mère en venant à sa rencontre. Tu es en retard.
En retard ?
- Ton père et ton fiancé nous attendent dans le petit salon.
Maya se figea sur place. Malik était déjà sur place ? Qu'on lui vienne en aide !
- Malik a proposé d'aller te chercher mais nous l'avons retenu. Il est très charmant ce jeune homme. Petite cachottière, quand comptais-tu me le présenter ?
Sans lui laisser le temps de répondre, elle l'entraina dans la petite pièce chaleureuse où trônait un sofa de velours beige et deux larges fauteuils en cuir.
Son père était assis dans l'un et Malik lui faisait face. Ils semblaient parler affaires, mais Malik fut le premier à tourner la tête à son entrée. Leurs yeux se croisèrent et elle se sentit envahir par un sentiment encore inconnu jusque là... Inconnu, vraiment ? Elle n'était pas vierge, elle n'avait pas non plus fréquenté beaucoup d'hommes. Son expérience sexuelle avait commencée et s'était terminée avec Théo, son premier petit ami. Maya n'en parlait jamais, parce qu'elle considérait ce qui s'était passé entre eux, comme étant du passé. Quoique, Djibril et elle n'avaient jamais franchi le pas.
Mais alors, pourquoi son corps réagissait-il de la sorte en la présence de cet homme ? Tout de même, après la manière dont il s'était comporté elle était censée le détester encore plus ! Elle le vit se lever et venir à sa rencontre.
- J'aurais dû passer te chercher mon ange, fit-il en s'approchant d'elle.
Elle ne savait pas ce qu'il comptait faire et ne s'était sûrement pas non plus attendue à ce qu'il... l'embrasse devant ses parents. Son coeur se mit à battre frénétiquement lorsqu'après avoir effleuré ses lèvres, il s'écarta et l'entraina vers son fauteuil.
- Bonsoir papa, dit-elle.
Elle affichait un sourire de circonstance, mais intérieurement elle bouillait de rage et d'humiliation. Et encore, ce ne fut rien, comparé à quand Malik s'assit avant de l'obliger à s'asseoir sur ses genoux. Elle vit sa mère sourire tandis que le visage de son père ne trahissait aucune expression. Pourquoi avait-elle la soudaine impression qu'ils ne parlaient pas que d'affaires lorsqu'elle était arrivée ?
Maya sentit la culpabilité la submerger. Dire qu'elle hésitait encore à se sacrifier pour les deux personnes qui lui avait donné tout l'amour du monde !
Elle s'éclaircit la gorge et prit la parole.
- Euh... Papa, maman, je suppose que vous connaissez déjà...
Elle s'arrêta brusquement, plus que déconcentrée par la proximité du corps de Malik. Elle pouvait même sentir son érection contre...
Elle allait lui arracher les yeux une fois qu'ils seraient à l'extérieur.
- Encore une fois je regrette de n'être pas venu faire votre connaissance plus tôt, intervint-il, à sa grande surprise. J'avais fait promettre à Maya de ne rien dire jusqu'à ce que je sois sûr d'avoir l'accord de son père.
Maya se raidit d'un seul coup. Quoi !?!
- Mais dès que j'ai eu la certitude qu'il avait confiance en moi, ma priorité a été de venir ici, pour vous rencontrer madame Sylla.
Elle vit le visage de sa mère s'illuminer d'un grand sourire.
- Je crois comprendre un peu pourquoi ma fille tenait à garder le secret.
- Maman...
Elle n'arrivait pas à croire qu'il ait également réussi à convaincre son père qu'ils se connaissaient depuis longtemps. À présent c'était elle qui allait passer pour la menteuse ! Comment avait-il osé ? Dans quel but ? Non, elle allait rectifier cela et tout de...
Le bruit d'un téléphone portable la fit sursauter et elle s'aperçut qu'il s'agissait du sien. Elle le sortir de son sac, de plus en plus embarrassée. Nom de Dieu, qui l'appelait encore à cette heure ? Elle n'attendait aucun...
Djibril ?
Elle sentit l'étreinte de Malik se desserrer autour d'elle et il ne la retint pas quand elle se leva. Il avait lu ? Tant mieux ! Si cela pouvait lui faire comprendre qu'elle lui en voulait à mort. Elle s'excusa et sortit.
Mais pourquoi Djibril la rappelait-il seulement maintenant ? Elle essayait de le joindre depuis des jours !
- Djibril... ?
- Mon amour, où est-ce que tu es ?
- Ah...euh, à la maison. Pourquoi ?
- Je suis dans ton jardin.
- Tu es sérieux ?
- Pourquoi ? Je passais et j'ai vu ta voiture, j'ai donc pensé que tu serais là.
Mais pourquoi n'avait-il pas simplement décroché à ses appels ? À présent, elle ne pouvait pas lui demander de partir, ni lui parler de ce qui se passait. Pourquoi cet idiot de gardien l'avait-il laissé entrer ?
S'assurant que personne ne l'avait suivie, elle se précipita dans le jardin de derrière et trouva Djibril debout, adossé au mur. Dès qu'il la vit il s'approcha.
- Djibril pourquoi...
- Je suis désolé bébé, après ce qui s'est passé l'autre fois, j'ai pensé que tu m'appellais pour rompre.
Il ne lui laissa pas le temps de répondre et la prit dans ses bras.
- Tu me manque Maya.
Bon sang... Elle aurait préféré que le sol l'engloutisse, que de devoir lui faire de la peine. Il l'attira dans l'obscurité du jardin et l'embrassa.
Tout d'abord Maya eut l'intention de le repousser, mais si c'était la dernière fois, elle le lui devait bien ?
- Montons dans ta chambre. Tes parents sont sortis j'espère, fit-il contre ses lèvres, tandis que ses mains s'infiltraient sous sa robe.
- Oui... Non, Djibril... Arrête, je...
Il l'embrassa de nouveau tandis qu'elle essayait de le repousser.
- Je vous dérange ? demanda une voix familière derrière eux. Le sang de Maya fit un tour.
Malik.
Elle s'arracha des bras de Djibril et recula brusquement, manquant de tomber.
La lune était à présent bien visible et elle pouvait le voir à quelques mètres d'elle, l'air imperturbable. Il l'avait suivie ? Oh, la honte...
- Pardonnez mon intrusion, reprit-il plus froidement, en fixant Djibril alors qu'il l'ignorait, elle. Je ne pensais pas tomber en plein ébat d'amoureux.
- Qui est cet homme, chérie ? demanda Djibril l'air surpris par le ton de Malik. Il ne l'avait pas reconnu.
- Je...
- Ah mademoiselle ne t'a pas dit qu'elle allait se marier ?
- Malik... implora Maya.
Il l'ignora délibérément et continua à fixer Djibril.
- Je crois qu'on s'est déjà rencontré toi et moi, poursuivit-il. Tu te souviens ? Je t'avais prévenu que que je ne voulais plus te voir lui tourner autour, mais apparemment tu n'as rien pigé de ce que je t'ai dit.
Maya vit les yeux de son "futur ex" petit ami s'ecarquiller de surprise, tandis qu'elle même tentait d'assimiler ce que venait de dire Malik. C'était donc lui... Son coeur battait à se rompre et elle cru être en train de devenir folle.
- Ce type t'a tournée la tête avec des liaisses de billets, ironisa Djibril.
- Je...je crois que tu devrais t'en aller Djib.
Ce n'était pas ce qu'elle aurait dû dire, mais elle s'était assez ridiculisée pour ce soir. Et elle ne voulait pas penser à la tête de sa mère si celle ci venait les surprendre, car même si elle en voulait à Malik, ce serait très compromettant pour lui, pour elle et pour son père.
- Je viens de te demander de partir, répéta t-elle à Djibril.
- À cause de lui ? demanda t-il. À part son argent qu'a t-il de plus ?
- Tout, répondit Malik tandis que son regard s'allumait d'une dangereuse flamme. Tu sembles avoir oubliée la leçon, j'aurais dû t'envoyer à l'hôpital quand j'en ai eu l'occasion.
- Malik, arrête s'il te plaît.
Il posa sur elle le même regard que lorsque six mois plus tôt, à Rabat, il l'avait prise pour une moins que rien, une profiteuse. Mais ce n'était pas grave, il avait le droit d'être en colère.
- Je te savais incapable de faire preuve de respect vis-à-vis de moi. Mais qu'en est-il de tes parents ? dit-il. Tu n'es pas fichue d'éteindre ton portable en la présence de ta mère, mais non seulement je te vois en train de te faire peloter par ton ex ? Pour qui est-ce que tu me prends ?
- Son ex ? répéta Djibril.
Honteuse et confuse, Maya demeura silencieuse, attendant que l'orage passe. Mais rien ne passa, au contraire Malik lui tourna le dos et s'en alla.
Sur un coup de tête, sans réfléchir, elle se lança à sa poursuite.
***
- Malik !
Avant qu'elle ne parvienne à le rattraper, il était déjà monté dans sa voiture.
Elle porta une main à sa tempe devenue brulante ; ses parents allaient la tuer. Elle se retourna et aperçu Djibril qui s'en allait lui aussi.
- Tu ne manques pas de culot tu sais ? fit-il. Mais si j'ai été idiot, toi tu n'es qu'une petite pute. Je te faisais confiance !
Elle soupira. OK, elle n'avait pas été très honnête avec lui dans toute cette histoire, mais lui non plus la preuve, il lui avait caché que Malik l'avait menacé. En plus de quoi elle n'était pas une pute, elle ne couchait pas en échange de l'argent.
- Je ne veux plus te voir, lâcha t-elle.
C'était sorti tout seul.
- Tu oses me mettre à la porte ?
- À moins que tu ne sois entré par la fenêtre ? Je veux que tu sortes de chez moi, de chez la « petite pute », maintenant.
Il fit un mouvement dans sa direction. Elle recula.
- Si tu me touches Djibril, si tu oses, il te tuera.
Même si elle était sûre qu'il n'y aurait plus de mariage, après ce qui venait d'avoir lieu, elle leva sa main, révélant son doigt où brillait la bague que lui avait donnée Malik
- Comme tu l'as dit un moment plus tôt, son argent m'a tourné la tête. Mais si tu oses encore m'approcher, c'est toi qui te retrouveras avec un membre en moins.
- Il te battra pour le restant de tes jours, c'est ce que tu mérites.
- Contrairement à toi il serait incapable de lever la main sur une femme.
Cette fois non plus, elle n'avait pas réfléchi. Mais c'était la vérité. Ou du moins elle l'espérait.
Tournant les talons, elle retourna à l'intérieur de la maison, songeant aux milles mensonges qu'elle allait devoir encore inventer pour justifier le départ précipité de Malik Sylla.