Chapitre 9: À MALIN, MALIN ET DEMI

Write by L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 9 : À MALIN, MALIN ET DEMI.


**JESSICA MBOUROU**


Je regardais déjà depuis près d'une heure Ethan qui était assis dans un coin de la salle et écoutait attentivement tonton Cédric prêché et je n'en croyais pas mes yeux. Seigneur ! Donc cette affaire était sérieuse ? Il nous avait surpris un jour, j'avais essayé de le joindre mais il ne décrochait pas et ne répondait pas non plus à mes messages. Lorsque j'avais regardé son statut, il avait écrit "Né de nouveau" sans plus. J'avais encore tenté de le joindre mais toujours rien. Je ne comprenais pas ce qui se passait et surtout que depuis qu'on avait repris les cours, il avait commencé à être distant . Et là il ne répondait plus carrément. Le lendemain au lycée, nous avions eu la surprise de le voir marcher avec Myrna et sa bande et cette dernière l'appelait "frère Ethan". Nous ne comprenions rien du tout. J'étais allée voir ses amis qui m'avaient dit qu'eux-même étaient complètement blasés et ne savaient pas du tout ce qui se passait. J'étais allée le voir et il m'avait dit qu'il était une nouvelle créature.


Moi: (bouche ouverte) Quoi?

Ethan : (imperturbable) Tu as très bien compris Jessica. J'ai changé de vie et j'ai décidé de donner ma vie au Seigneur et je te prierai de ne plus chercher à me joindre. 


Après cela il était parti les rejoindre et avait quitté le lycée avec eux ce jour. Sous les regards abasourdis de tout le lycée.J'étais restée sur le cul. Quelle était cette histoire? Comment avait-il pu devenir chrétien ? Pourquoi ? Depuis quand ? Qu'est ce qui n'avait pas marché ? J'étais rentrée à la maison et je m'étais mise à réfléchir. N'était-ce pas une stratégie pour mettre fin à notre relation et passer à autre chose ? Ou bien c'était une blague ? J'avais fini par me dire que c'était ça, une mauvaise blague qu'il voulait me faire. Mais les jours qui avaient suivi, les choses s'étaient empirées. Il avait définitivement quitté les tigres pour rejoindre le groupe de cette idiote. À toutes les pauses , il était avec elle, ne partait plus à aucune fête, on ne le voyait plus dans ces endroits où on était susceptible de le trouver. J'entendais toutes les filles avec lesquelles il couchait au lycée se plaindre qu'il ne leur donnait plus signe de vie, il s'était retiré de tous les groupes WhatsApp dans lesquels il était impliqué, même ceux dans lesquels il était administrateur et il priait et louait maintenant avec eux. Jusqu'à ce qu'un jour il fasse une publication sur son statut WhatsApp disant qu'il avait changé de vie et accepté le Seigneur, désormais il allait changer de numéro et que nous devrions accepter son nouveau choix de vie et le laisser tranquille. Jusqu'à nous rappeler à tous que Jésus revenait bientôt et qu'il fallait se repentir. Avant de se déconnecter, après ça, ses numéros ne passaient plus. 


Ce jour j'avais pleuré à la chambre toute la nuit. C'était seulement quel genre de sorcellerie que cette imbécile avait faite sur lui et il avait décidé de renoncer à tout le prestige qu'il avait au lycée pour soi-disant suivre le Seigneur, c'est d'abord quel Seigneur même qu'il allait suivre? Y avait d'abord quoi dedans ? Moi-même j'étais née et j'avais grandi à l'église et je partais dehors parce que les choses de l'église m'ennuyaient. Lui il voulait laisser tout ce qu'il avait pour venir à l'église ? Ce n'était pas possible. 


J'avais cherché son nouveau numéro de téléphone avec ses amis et Rick me l'avait donné. Je lui avais écrit pour lui dire qu'il faisait une erreur, il ne pouvait pas me laisser et laisser toute sa vie derrière lui pour suivre une fille insipide et ennuyeuse comme Myrna et ses gens, ce n'était pas possible. Mais je n'avais obtenu aucune réaction de sa part. J'avais appelé à maintes reprises sans résultat. Et voilà qu'aujourd'hui, il faisait son entrée à l'église ? Ce n'était pas possible. Il s'était réellement converti ? Le choc que j'avais eu quand nos regards s'étaient croisés dans la salle. Étant chantre, nos places sont situées en face du peuple, sur le côté gauche de l'estrade. J'étais assise à trois rangées derrière Myrna qui étaient en tête de file parce qu'elle était programmée à leader le groupe ce jour. Il avait levé sa tête dans notre direction et il m'avait vu. J'avais pu voir la surprise un instant sur son visage avant de se ressaisir et détourner son regard pour le fixer sur Myrna au devant de la scène. 


Depuis que le prédicateur avait commencé à parler, je n'avais rien écouté car trop occupée à le regarder. À la fin, j'étais sortie de l'église et j'avais cherché à le voir , je l'avais aperçu en train de parler avec Myrna . Je m'étais rapprochée et mise dans un coin pour écouter. 


Myrna : Tu as pu facilement te retrouver ?

Ethan : L'église est suffisamment grande pour se perdre donc je n'ai pas eu de mal le matin. 

Myrna : D'accord. J'étais vraiment contente de te voir aujourd'hui, hier quand tu me disais que tu voulais venir à l'église et que tu voulais avoir le programme, je pensais que c'était juste une blague mais j'ai été agréablement surprise. J'espère que

Sara : (les interrompant) Mimi la réunion va commencer, Bonjour frère Ethan.

Ethan : Bonjour.

Myrna : (à Sara) D'accord, j'arrive. Je dis au-revoir au frère. 

Sara: (s'éloignant) Ok. Aurevoir frère Ethan.

Ethan : Aurevoir Sara.

Myrna : Bon moi je te laisse, il faut que j'assiste à la réunion. On s'écrit plus tard.

Ethan : D'accord.

Myrna : Rentre bien et soit prudent au volant.

Ethan : D'accord. 


Elle s'était éloignée de lui et il était resté à la regarder avec les yeux brillants. Ce n'était pas possible. Attend, il était amoureux d'elle ou bien ? Je voulais encore réfléchir quand Elo était venue me dire que la réunion était en train de commencer et que maman Adèle m'appelait. J'étais entrée dans la salle et je m'étais retrouvée assise en face de cette imbécile. Je la regardais avec tellement de haine dans les yeux que si ça pouvait tuer, elle serait certainement morte…



**ETHAN NDZAMBA**


J'étais assis avec mon nouveau groupe dans notre espace réservé. Il y avait seulement les garçons, les filles étaient encore en cours. J'étais assis un peu en retrait et je regardais Gaël qui était en train de se débattre à expliquer un exercice de français, comment trouver des arguments pour une dissertation à Japhet et de l'autre côté Loïc et Adam étaient en train de lutter avec un devoir de mathématiques à rendre le lendemain. J'avais les réponses à toutes leurs préoccupations, j'étais en terminale C, donc les mathématiques de seconde S étaient une tasse de thé pour moi et le français n'était pas non plus un mystère, j'étais très bon. Seulement, ils ne m'avaient rien demandé et ils préféraient se débrouiller tout seuls. Concrètement, à part Gaël qui faisait un peu l'effort de m'aborder et tentait tant bien que mal de me faire participer à leur conversation quand les filles n'étaient pas là, les autres étaient plutôt fermés, spécialement Loïc et Japhet. Ils ne m'aimaient visiblement pas, au delà du fait que je les intimidais, j'avais remarqué qu'ils regardaient Myrna avec des yeux brillants. Étant un garçon et ancien expert dans cette affaire, je pouvais voir qu'ils l'aimaient et que c'était bien au-delà d'un amour de frère et sœur en Christ. C'était un regard de convoitise, du coup ma proximité avec elle les dérangeait beaucoup. Il me semblait qu'ils avaient peur de n'avoir aucune chance avec elle si jamais je me positionnais. Cela m'amusait parce que je les voyais se morfondre face à elle sans pour autant arriver à dire quelque chose. Si je n'avais pas décidé de changer de vie, je leur aurais appris comment séduire une femme, ce qu'il faut faire pour se faire remarquer car la tactique qu'ils employaient, même dans le monde, les envoyaient ipso facto dans la friend zone. C'était fou comme les chrétiens ne savaient pas s'y prendre avec les femmes, ils pensaient que tout c'était seulement une affaire de Saint Esprit et de spiritualité. Comment pouvais tu être amoureux d'une femme et tu allais passer tout ton temps à lui parler de Dieu, de la parole, de jeûne et prière ? À quel moment allais-tu lui parler de toi, de tes sentiments et intentions à son égard ? Après les gens s'étonnaient de voir les gens du dehors venir prendre les sœurs dans les églises et ce sous leur yeux. C'était pour dire après que la sœur n'était pas bien convertie ou qu'elle n'était pas spirituelle,  ah bon? Ils ignoraient que les femmes aimaient des belles paroles, qu'on leur disait de belles choses sur elles ou en rapport avec ce qu'elles faisaient ? Païennes ou chrétiennes, une femme restait une femme. C'était vraiment dommage pour eux. 


Je les regardais donc avec un sourire sur les lèvres jusqu'à l'arrivée de Myrna et Sara qui nous avaient salués avant de s'asseoir. Myrna à côté de moi et Sara à l' autre extrémité mais en face de moi. Nos regards s'étaient croisés et elle avait automatiquement détourné le sien en touchant une de ses tresses. J'avais souri avant de détourner mon regard d'elle pour le poser sur les garçons. Comme je l'avais dit par le passé, les petites Sara et Sophie n'étaient pas insensibles à mon charme. Elles passaient tout leur temps à fuir mon regard mais me regardaient discrètement quand elles pensaient que je ne les voyais pas. Moi aussi je faisais comme si je ne voyais rien. On parlait tous plutôt bien lorsque Myrna était dans les parages et en son absence, c'était leur petit bloc d'un côté et moi de l'autre. 


Loïc : Les filles pouvez- vous  nous aider avec cet exercice ? Nous sommes un peu bloqués. 

Sara: Où est l'énoncé ?

Adam : Tiens. 

Myrna : Il n'y a qu'un seul ?

Loïc : Tiens le mien. 


Elles avaient chacune pris une copie et les avaient lues. 


Sara: Et qu'est ce que vous avez fait jusque là ?

Loïc : (montrant) Regardez . On a commencé comme ça pour développer mais arriver à ce niveau ça bloque. 

Sara: Je vois. À ce niveau vous devez utiliser le cosinus.

Moi: (n'en pouvant plus) Cela n'aboutira pas au résultat.


Ils avaient tous levé les yeux dans ma direction.


Myrna : Tu parles de l'exercice ?

Moi: Oui. Si vous procédez comme ça, non seulement ce sera long mais le résultat sera faux. 

Myrna : Alors comment doit-on faire ?

Moi: Vous permettez?

Myrna : (me passant la feuille) Tiens. 

Moi: (prenant)À ce niveau, vous devez faire…


Je m'étais mis à leur expliquer la chose et je leur avais montré une façon rapide et facile de régler leur exercice. J'avais aussi profité pour leur expliquer quelques théorèmes. À la fin, ils me regardaient tous avec des yeux blasés. 


Gaël : Donc c'était vrai.

Moi: Quoi?

Gaël : Ce qu'on disait sur toi.

Moi: Et on disait quoi sur moi?

Gaël : Que tu étais très intelligent. 


J'avais esquissé un sourire. Ils pensaient que quoi ,comme je faisais beaucoup la fête avant et je couchais les filles, j'étais une tête vide? Selon lui comment j'avais fait pour me retrouver en TC? Ce n'était certainement pas par faveur.


Moi: (souriant faiblement)Il faut croire que oui. 

Gaël : Et tu t'en sors aussi en français ?

Moi: Ce n'est pas mystique pour moi en tout cas. 

Gaël : Tu peux alors expliquer l'exo de Japhet, peut être que tu auras les bons mots comme avec les mathématiques des frères. 

Moi: S'il est d'accord, je veux bien. 


Nous avions tous regardé Japhet pour attendre sa réaction. Il avait poussé la feuille dans ma direction. Je l'avais prise et je m'étais mis à leur expliquer les choses comme je l'avais fait un peu plus tôt avec les mathématiques. Myrna me regardait avec des yeux admiratifs. Après cela, nous avions un peu prié et établi un programme de jeûne de trois jours. Nous voulions le faire pour un professeur du lycée qui était malade. Adam avait eu un songe qui allait dans ce sens et Myrna après que nous prions pour lui, avait proposé que nous jeûnions aussi, on avait tous approuvé. Les autres avaient fini par partir et nous avaient laissé tous les deux.


Myrna : Dis-moi y a t-il une matière dans laquelle tu ne t'en sors pas ?

Moi: (souriant) Pourquoi tu me demandes ça ?

Myrna : Parce que je veux savoir. Jusqu'à présent, tout ce dans quoi je t'ai vu intervenir, tu es très bon. Et là même c'est un euphémisme. Jusqu'en E.P.S, du coup je me demande s'il y a une matière qui te dérange. 

Moi: Je suis moyen en histoire Géo. Mais je fais toujours en sorte de ne pas être en dessous de 13. 

Myrna : C'est quoi ton secret ?

Moi: (souriant) Certainement le même que toi. J'ai vu que tu es aussi excellente dans presque toutes les matières. Quel est ton secret ?

Myrna : Je travaille.

Moi: C'est aussi ce que je fais. 

Myrna : J'ai du mal à croire que tu arrivais à combiner tout ça.

Moi: Tout quoi?

Myrna : Ta vie. Entre l'école, les amis et les, les, les choses que tu faisais avec toutes ces filles.


J'avais souri à sa dernière phrase. Elle s'était apparemment attardée sur ma vie. 


Moi: Tu penses que je faisais quoi avec ces filles ?

Myrna : Bah ce que les gens racontaient sur toi. 

Moi: (la fixant intensément) Et qu'est ce qu'on racontait ? Qu'as tu entendu sur moi?

Myrna : (bégayant) Je, je. (Passant du coq à l'âne) Sort ta Bible on va commencer.


Je l'avais regardé avec un léger sourire en coin. Myrna m'amusait autant qu'elle me fascinait. De toute ma vie, je n'avais jamais eu affaire à ce genre de personnalité. C'était une jeune fille très intelligente et travailleuse. Que ce soit pour les choses de l'école, en rapport avec les cours en classe, ceux qu'elle aidait et les clubs dans lesquels elle était membre. Ou pour les choses de Dieu, les programmes à l'église, les sorties évangéliques, nos séances de travail et les programmes avec le groupe, on pouvait dire qu'elle ne chômait pas. Elle faisait preuve d'une telle discipline et ne se laissait que très rarement perturber lorsqu'elle était dans un programme. Elle s'impliquait à 100% dans tout ce qu'elle faisait et ne prenait aucun travail à la légère. Lorsque je lui avais demandé d'où est-ce qu'elle tenait ça, elle m'avait dit, de son père. Et elle avait fini par me parler de lui et de sa mère que j'avais rencontré à l'église depuis les deux semaines que je fréquentais. C'étaient des gens très gentils mais très strictes , ils ne toléraient pas les tournures bizarres et étaient également des personnes très pieuses, à l'image de leur fille avec laquelle ils avaient une complicité enviable. Elle m'avait raconté son enfance et la relation câline qu'elle avait avec ses parents, de comment ils étaient très proches et discutaient de tous les sujets. Elle me racontait ses projets et ses rêves d'avenir, de ce qu'elle comptait faire dans 2 ans, dans 5,10 ans. Elle avait le rêve de créer un orphelinat et une école pour tous petits car elle disait que l'enfance était le moment idéal pour inculquer de bonnes valeurs à un enfant et lui transmettre tout l'amour dont il avait besoin pour s'épanouir. Elle voulait enseigner la parole de Dieu aux enfants dès leur plus jeune âge afin que très tôt, ils puissent avoir une relation personnelle avec Jésus car disait elle, c'était la meilleure chose et rencontre qu'on pouvait faire dans sa vie. 


De toutes les choses qu'elle faisait, le chant avait une place considérable. Elle était presque toujours en train de chanter ou de mimer un chant. Quand elle ne le faisait pas de vive voix, elle bougeait sa tête de sorte à ce que tu pouvais t'apercevoir qu'elle était en train de chanter dans son esprit. C'était presque indépendant de sa volonté. Et lorsqu'elle chantait, elle avait une voix telle que même si tu ne voulais pas le faire, elle allait te transporter pour t'emmener quelque part. Sa voix captivait et parlait directement à l'âme, c'était véritablement un don de Dieu. Je me sentais toujours très apaisée lorsqu'elle chantait à côté de moi. 


De mon côté, je lui avais aussi parlé de moi et de ma famille. Je l'avais fait sans que je ne le veuille. Alors qu'elle me parlait de sa relation avec sa mère, j'avais fini par dire à haute voix que j'aurais également voulu avoir ce type de relation avec la mienne. Ce jour, elle s'était tue et m'avait regardé avec un regard avenant et plein de tendresse avant de poser sa main sur la mienne comme pour me signifier que je pouvais lui faire confiance. Poussé par je ne savais quelle force, j'avais ouvert ma bouche et je lui avais expliqué toute mon enfance . De comment nous avions grandi sans parents , mon frère et moi et de ce que ça m'avait fait. De fil en aiguille, je lui avais aussi parlé de mes projets, jusqu'à même lui révéler mon véritable âge.son visage ce jour m'avait fait sourire.


Myrna : (les grands yeux) Sérieux ?

Moi: (souriant) Oui.

Myrna : Tu n'as que 17 ans ?

Moi: oui.

Myrna : Oh. Donc tu es petit comme ça ?

Moi: (riant) Je suis ton aîné jeune fille, donc respecte moi. 

Myrna : Je n'arrive pas à le croire. Tu parais tellement plus grand. Je croyais que tu avais 20 ou 19 ans. D'ailleurs tout le monde le pense, on t'appelle le grand alors que tu es un petit.

Moi: Je suis un grand. Et stp, ne répète mon âge à personne. 

Myrna : D'accord KLEN.

Moi: (arquant un sourcil) KLEN ?

Myrna : Oui "KLEN" Kilian Lilian Ethan NDZAMBA égal KLEN. C'est ainsi que je vais t'appeler quand nous serons tous seuls.

Moi: Hum.

Myrna : Tu as de jolis prénoms, je ne sais pas pourquoi tu les caches.

Moi : Parce que c'est comme ça, mais merci pour le compliment.

Myrna : (souriante)De rien. 


Nous avions continué à parler d'autres choses sur l'avenir et ce que nous voulions faire avant que je ne la dépose chez elle. Depuis quelque temps, je la voyais s'attarder énormément sur mon visage et quand je levais la tête pour la regarder, elle regardait ailleurs. Souvent elle commençait à aborder un aspect de ma vie d'avant avec les filles, je savais qu'elle voulait savoir mais à la fin, elle se désistait et changeait presque aussitôt de sujet. 


J'avais sorti ma Bible, un cadeau de sa part une semaine après ma conversion. Au début, j'utilisais une version numérique dans le téléphone, mais elle m'avait dit qu'avoir une bible numérique c'était bien mais il était important et même nécessaire d'avoir un support papier. Car le téléphone contenait d'autres choses qui pouvaient nous distraire pendant des temps de méditation alors que le papier était une valeur sûre. Et un jour, elle m'avait surpris avec deux bibles qu'elle avait posées devant moi. Une grosse et grande Bible qui étaient emballée dans une espèce de pochette incrustée avec fermeture comme celle que les pasteurs utilisaient et une autre plus petite avec les rebords brillants.


Moi: (la regardant sans comprendre) Qu'est ce que c'est ?

Myrna : (s'asseyant un sourire sur les lèvres) C'est pour toi.

Moi: (levant un sourcil interrogateur)

Myrna : Ce sont des bibles comme tu as pu le constater. C'est deux versions différentes (touchant la plus grande) celle-ci c'est la version Semeur et l'autre la Louis Segond. La Semeur est beaucoup plus détaillée et la retranscription des mots est beaucoup plus proche de l'hébreu et du grecque les langues originelles dans lesquelles sont écrites les deux parties de la Bible. Tu pourras l'utiliser dans tes temps de méditation à la maison, c'est la version que j'aime le plus, surtout dans ce format car il y a des explications contextuels, des références aux mots grecs et hébraïque utilisés, des itinéraires, des cartes géographiques et les histoires du coup, tu peux beaucoup apprendre avec toutes ces données. Et la Louis Segond, comme elle est petite, tu pourras te balader avec ça et l'utiliser lorsque tu ne seras pas à la maison. 

Moi: D'accord, je vois. Merci.

Myrna : De rien.


J'avais donc sorti ma Bible et l'avait déposé devant moi, après la prière où on demandait à Dieu de nous remplir de sagesse et de son intelligence et que son Esprit illumine les écritures pour que nous les comprenions, elle m'avait demandé ce sur quoi j'avais médité et je l'avais emmené dans les évangiles.


Moi: J'ai médité sur le livre de Luc 13: 6-9. 

Myrna : (ouvrant sa Bible) D'accord. Et que dit ce passage ?

Moi:(une fois que nous étions tous les deux à la page) Je vais lire. " Il dit aussi cette parabole: Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint pour y chercher du fruit, et il n’en trouva point. Alors il dit au vigneron: Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’en trouve point. Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement? Le vigneron lui répondit: Seigneur, laisse-le encore cette année; je creuserai tout autour, et j’y mettrai du fumier. Peut-être à l’avenir donnera-t-il du fruit; sinon, tu le couperas." Amen.

Luc 13:6‭-‬9 LSG

Myrna :Amen. Et qu'as tu à dire dessus ? Qu'as tu compris ?

Moi: Je ne sais pas si c'est ça, dans tous les cas, tu pourras toujours corriger. Je me suis demandé qui était cet homme et que représentait la vigne, le figuier etc. J'ai compris que l'homme dont il est question c'est Dieu et la vigne la terre. Les figuiers c'est nous, du moins tous ceux qu'il considère comme ses enfants. Et que nous les figuiers qui sommes dans la vigne, donc sur la terre, nous devons porter du fruit qui représente ce que Dieu attend de chacun d'entre nous, parce que il viendra nous demander des comptes à un moment où à un autre. Et ceux qui n'auront rien seront retranchés. C'est ça n'est-ce pas ?

Myrna : Oui. Tu sais quand nous sommes sauvés, la raison pour laquelle Dieu nous laisse encore sur la terre c'est pourque nous parlions de notre salut aux autres afin qu'eux aussi par notre témoignage, puissent être sauvés. C'est en cela que nous portons des fruits. Ce n'est pas nécessairement le fait de parler, mais c'est aussi la façon de vivre. Quels sont les actes que tu poses au quotidien. Est-ce que ces actes reflètent les choses du royaume ? Est-ce que ce sont les fruits que l'on attend de toi?. Dieu laisse à tout le monde un temps pour le faire. Car quand tu es sauvé, tu es encore un bébé c'est pour cela que tu te fais enseigner, mais comme avec des bébés naturels, à chaque étape de leur croissance, les parents ont des attentes par rapport aux choses qu'ils doivent faire et manifester n'est-ce pas ?

Moi: Oui.

Myrna : Et bien, avec Dieu aussi c'est la même chose. À chaque étape, nous devons manifester des fruits, sinon , nous occupons inutilement l'espace. Parce que le temps que nous sommes là, nous sommes nourris et édifiés par des gens à qui il nous a confié qui prennent du temps à nous expliquer les choses.

Moi: Un peu comme toi en ce moment ?

Myrna : (esquissant un sourire)Oui. Tu t'imagines bien que je pourrais prendre ce temps pour enseigner quelqu'un d'autre aussi qui aurait peut-être plus de fruits à manifester s'il recevait les paroles que tu reçois.

Moi : Oui. 

Myrna : C'est cela. Nous devons porter des fruits au risque d'être retranchés. Dans la parabole, le figuier a eu un intercesseur qui a dit à Dieu le père de lui accorder encore une année pour voir s'il ne ferait toujours rien entre temps. Cette intercesseur c'est Jésus qui chaque jour intercède pour nous auprès du Père comme nous le déclare la parole dans les épîtres. Mais il y a une autre parabole dans les évangiles à propos du figuier, mais malheureusement pour celui-ci, il finit maudit et finit par sécher parce qu'il ne portait pas du fruit. 

Moi: Je vois. 

Myrna : Il est important de grandir dans le Seigneur et de porter du fruit. Voilà pourquoi il est très dangereux d'aller se faire enseigner par des gens et ensuite ne rien faire avec cette connaissance. La Bible dit qu'on demandera beaucoup à celui à qui on a beaucoup donné. Ça fait 10 ans que tu te fais enseigner, tu imagines un un la quantité d'enseignements que tu as reçu ?

Moi: En principe si tu étais au lycée en 6e, cela signifierait que tu serais en 3e année d'université sans redoublement. 

Myrna : Exactement. Tu comprends qu'en 10 ans, tu es toujours en 6e. Que fera ton parent?

Moi: Il dira que l'école ce n'est pas pour toi et t'enlèvera de là-bas.

Myrna : Voilà. Et si jamais tu arrivais en licence 3, on ne te demanderais pas de nous dire les différents ensemble des nombres comme à un enfant de la 6e.

Moi: Naturellement.

Myrna : On te demandera bien plus.

Moi: C'est vrai.


Après cela nous avions encore continué à discuter sur d'autres sujets avant de prier et de rentrer. Sur le chemin, je lui avais demandé si le copinage était permis à l'église.


Myrna: (me regardant) Pourquoi cette question ?

Moi: (la regardant légèrement avant de regarder la route) Juste pour savoir. 

Myrna :Eh bien non. 

Moi: Pourquoi ?

Myrna : Parce que ça crée le désordre. À l'église, lorsque qu'on a déjà l'âge nubile et qu'on veut d'une femme, on va vers les anciens et on leur explique d'abord pour qu'ils puissent nous donner leur avis plus ou moins éclairé sur la question et qu'ensuite ils nous suivent.

Moi: C'est-à-dire ?

Myrna : Prenons nous en exemple. Imaginons que tu sois attiré par moi (j'avais esquissé un sourire) tu devras d'abord aller voir les anciens pour leur expliquer ça, ils te diront des choses me concernant, du genre, non tu ne peux pas venir vers moi peut-être parce qu'ils estimeront que je ne suis pas encore assez mature pour le mariage ou peut-être parce que je serais déjà engagé avec quelqu'un d'autre (haussant les épaules) ou alors ils te diront que oui, tu as fait un bon choix, tu peux venir me parler. Après notre entretien, si moi aussi, je veux être avec toi et que j'accepte, on devra retourner vers les anciens qui seront là pour nous orienter. Nous donner des conseils sur ce qu'il est convenable de faire ou pas durant ce temps avant le mariage, car à l'église lorsqu'on s'approche d'une femme, c'est pour le mariage et non pour s'amuser et continuer sa vie comme si de rien était. Nous serons encouragés à nous fréquenter histoire d'apprendre à se connaître pour voir s'il y a compatibilité sur les caractères, les points de vue et autres sans toutefois avoir des contacts physique. Après cela si nous estimons que c'est bon, on arrive à s'accorder, nous rentrons dans la phase des fiançailles dans laquelle nous impliquons nos familles qui doivent être informées de nos intentions car à ce moment nous préparons le mariage, nous pourrons prier ensemble dans ce cadre et nous immerger dans nos familles respectives pour être connus et intégrés et enfin nous pourrons nous marier. 

Moi: Je vois. Dans toutes ces étapes, on a le droit de se toucher? C'est-à-dire avoir des relations sexuelles et autres

Myrna : Seulement dans le mariage. La Bible dit que les relations sexuelles se font entre un homme et sa femme. 

Moi:Donc pour reprendre ton exemple, (la fixant dans les yeux) Si j'ai envie de te faire l'amour, il faut que tu sois ma femme?

Myrna : (baissant les yeux en déglutissant) Oui.

Moi: (souriant en regardant à nouveau la route) Je vois. 


Je l'avais déposé chez elle avant de rentrer à la maison. Le lendemain, nous avions commencé le jeûne et la prière. Ce n'était pas la première fois que je jeûnais. Je l'avais déjà fait à plusieurs reprises avec Myrna. Au lendemain du troisième jour, alors que je partais rencontrer notre professeur d'anglais pour lui parler des avancées au club, j'avais surpris une conversation entre Japhet et Loïc dans les couloirs. Le premier disait au second, qu'il avait fait un rêve où on lui disait de dire à Myrna de se méfier de moi car mes intentions étaient mauvaises, que j'étais là pour la séduire. Il disait que dans son rêve, j'avais une tête et la partie supérieure du corps d'un homme mais que ma langue et mes pieds étaient un serpent. Loïc lui avait dit qu'il devait expliquer ça à Myrna pour la mettre en garde. 


Voyez moi les choses des gens qui me cherchaient inutilement ? C'était moi le serpent ? Ok. J'avais tranquillement poursuivi ma route et à la récréation, j'avais intercepté Myrna avant qu'elle ne rejoigne le groupe pour lui parler. Voyant la tête étrange que j'avais, elle m'avait demandé.


Myrna : Il y a un souci ?

Moi: J'ai fait un rêve étrange la nuit dernière et je suis un peu troublé.

Myrna : (intriguée) De quoi as tu rêvé?

Moi: Dans mon rêve, je voyais quelqu'un dire des mensonges sur moi pour me nuire. Je ne comprenais pas pourquoi on faisait une telle chose alors que je n'avais rien fait. Puis j'étais là en train de me lamenter parce que tout le monde croyait à ces mensonges et personne ne voulait me croire. J'avais donc demandé, pourquoi mentir sur moi? Qu'est ce que j'avais bien pu faire à cette personne ? Et on m'avait dit que c'était par jalousie et par désir de m'évincer. Je me suis réveillé en sursaut et j'ai prié. Je n'ai pas compris ce que ça voulait dire. 

Myrna : C'est certainement une mise en garde.

Moi: tu crois ?

Myrna :Oui. Le Seigneur est en train de t'avertir que quelqu'un est en train de vouloir te faire du mal. Nous allons prier afin de contrecarrer les plans de l'ennemi et demander le discernement pour voir par où cela viendra. 

Moi: D'accord. 


Nous avions prié elle et moi ensemble avant de rejoindre les autres. Ce jour, en rentrant, Japhet avait demandé à lui parler en privé et nous étions partis avant eux…


Moi: (faussement surpris) sérieux ?


Nous étions un jour après et elle me racontait son entretien avec Japhet.


Myrna :( Triste) Tu avais raison. C'était véritablement une mise en garde que le Seigneur t'avait faite. Il savait que Japhet chercherait à dire des choses sur toi pour que je puisse te voir d'un mauvais œil. Ce qui m'attriste c'est qu'il va même jusqu'à inventer des rêves pour ça. Je lui ai dit d'arrêter ce qu'il était en train de faire car ce n'était pas bien de vouloir te discréditer. Nous sommes frères et sommes censés nous soutenir pas faire des choses comme des païens car là on ne marchait plus dans l'amour de Dieu.(soupirant) Pourtant il n'était pas comme ça avant, pourquoi maintenant agir de la sorte? Je ne comprends pas.

Moi: (après un moment) Je crois savoir pourquoi.

Myrna : (me regardant) pourquoi ?

Moi: Parce qu'il est jaloux et a peur de moi.

Myrna : Mais pourquoi serait-il jaloux de toi?

Moi: (la fixant dans les yeux) parce qu'il a peur que tu finisses par tomber amoureuse de moi puisqu'il est amoureux de toi.

Myrna : (écarquillant les yeux) Hein? Tu dis que Japhet est amoureux de moi?

Moi: Oui. Et il n'est pas le seul d'ailleurs. Loïc aussi l'est. 

Myrna : Comment tu sais ça ?

Moi: Je suis un garçon Myrna et je sais reconnaître à 5 km à la ronde quand un garçon est amoureux d'une fille. Et étant moi-même passé par là avant de me convertir au Seigneur, ce sont des choses que je connais très bien. 

Myrna : (choquée)

Moi: Si tu veux avoir le cœur net, tu peux leur poser la question. S'ils sont courageux, ils te diront la vérité. Mais si non, ils begayeront et ne te regarderont pas dans les yeux pour te dire que c'est faux. 


Elle était restée avec la bouche fermée et semblait réfléchir à ce que je venais de lui dire. Quant à moi, j'étais tranquille, on avait dit à malin, malin et demi. J'ajoutais toujours le demi sur quelqu'un qui voulait me chercher des noises alors que je ne lui avais rien fait…


LE JOUR OÙ MA VIE BA...