Chapitre 9 : Patricide

Cotonou

Hôtel le méridien

Il venait de lui poser la question une énième fois. Light-Keny leva les yeux vers son père et les reposa à nouveau sur le plateau de repas qu'il avait devant lui. Une minute après, il porta son regard sur l'écran plasma et se mit à rire aux éclats au passage de la scène diabolique qui passait. 

Marvin se redressa sur son canapé et se prit la tête entre les mains. Il regarda son fils et secoua la tête. Son chapelet en main, qu'il egrenait lentement, il essayait de lire en lui, de comprendre comment le gentil garçon brillant et promit à un bel avenir qu'il était avait sombré si facilement de l'autre côté, celui du mal. Il ne pouvait savoir comment son fils s'était retrouvé inconscient pendant 14 jours. Il était juste conscient qu'il s'était retrouvé mêlé à un crime ou un acte ignoble. Son cœur de père se serra à l'idée de devoir voir en son fils un potentiel meurtrier. L'idée lui donna la nausée et il courut à la salle de bain se vider. À son retour, son fils venait de finir la dernière tranche de jambon dans son assiette. Il prit le plateau qu'il déposa. Light-Keny lança un regard haineux à celui qui jusque là était un modèle de vie pour lui. Marvin sentit dans son dos son regard pesant et se retourna instantanément. Il pu lire l'horreur dans les yeux de son fils. 

Il en trembla et se signa rapidement.

-<<Jésus Marie Joseph...>>, Serait-il répété comme pour se convaincre que cela eloignerait de lui le regard que son fils avait posé sur lui. 

Il se leva et passa à côté de son père. Il alla s'enfermer dans la salle de bain. Quand il revint une bonne dizaine de minutes plus tard, il s'assit en face de son père.

-<<Comment as-tu pu ?>>

-<<Comment j'ai pu quoi ? >> Questionna un Marvin complètement dépassé par la situation.

-<<Comment as-tu pu me mentir et me dire depuis toutes ces années que ma mère, ta sœur n'était morte qu'en couche ? >>

Sa voix était devenue aiguë tout d'un coup et sa respiration saccadée. Il s'était levé et se tenait en face de son père, son oncle. 

Marvin le défia du regard avant de lui réponde : <<Parce que c'est le cas. À quoi bon t'aurais je menti…?>>

-<<Certes, mais fallait me dire qu'elle avait des ennemis dont la tante, ta demi-sœur...Naimath c'est ça ?>>

Alors qu'il avait à peine fini de prononcer cette phrase, Marvin lui donna une paire de gifles. Le jeune homme tituba et se laissa tomber sur le lit. Ce n'était pas prévu que son père lève la main sur lui. C'était d'ailleurs la première fois. Il se tint la joue et une mince larme coula. Marvin regrettable l'instant d'après et voulu le prendre dans ses bras mais il s'en déroba, repoussant avec une violence qui jusque là lui était inconnu son propre père. Marvin chancela et alla s'écraser contre la commode. Il se releva en titubant presque, avec un mal horrible à la tête. Il regrettait son geste mais ne pouvait s'empêcher de le faire. Il ne voulait surtout pas que toute cette vendetta refasse surface. Que son fils à lui soit mêlé de près ou de loin à une histoire qui s'était tassée il y a déjà dix sept ans. Il ne pouvait laissé un autre drame se dérouler sous ses yeux...

Quand il reprit conscience, Light-Keny etait déjà habillé. Le jeune homme le regarda droit dans les yeux avant de lui dire : <<Tu n'es plus mon père.>> 

Il fit accompagner sa phrase d'un rejet de crachats à même le tapis. 

En s'approchant de son père, il le fit léviter à distance en tendant sa main droite.

Il souleva son père avant de lui trancher la gorge de son annulaire. Son regard était vitreux et violent virant à la couleur sang. 

Au fur et à mesure qu'il découpait son père juste avec son doigt, il lui bloqua la bouche avec la main gauche l'empêchant de crier. Il regardait son père à une demi dizaine de mètres du sol alors que lui, debout à quelques mètres, se permettait de manier la force du temps pour le détruire... Il regarda mourir petitement. Quand le dernier souffle de vie quitta Marvin, il renaissance son doigt, ce qui fit tomber le corps raide et livide de Marvin.

Il fouilla se poches, lui prit ses cartes de crédits avant de sortir comme toujours... 

Il venait de tuer son père.

Godomey-Togoudo

Clinique Biosso

Neuf jours sont passés depuis cet horrible accident qui fit perdre la vie au vieux vigile Joël. 

Naimath était toujours plongé dans ce coma. Jaël venait de regarder son collègue finir le bilan. Il avait préféré que sa femme aille dans une clinique privée plutôt qu'au Cnhu où le conflit d'intérêt pourrait se poser ...

Il regarda sa femme et lui parla un bon moment. Il savait qu'elle allait se réveiller mais quand ? Il ne saurait le dire. Son visage avait vieilli. Il ne ressemblait plus qu'à une loque humaine. 

Alors qu'il sortait de la salle, Haraël et Cella firent leurs entrées avec Ariel dans le dos.

Il se tint à l'entrée de la porte à l'intérieur et observa Naimath couchée. C'était la neuvième fois en neuf jours qu'il venait. Et à chaque fois, Haraël était là. À chaque fois il se tenait près de la porte. À chaque fois, il n'avait pu placer un mot, se sentant exclu de leur monde. À chaque fois, il essaya de trouver le bon moment pour la faire partir. Mais à chaque fois, il n'y parvenait pas. 

Il observa Naimath une bonne vingtaine de minutes avant de sortir et de les laisser en intimité. En décrochant son portable qui sonnait alors qu'il ouvrait sa portière, il sourit au Numéro qui s'affichait. Déborah...

Il était temps qu'elle fasse son entrée.