Chapitre I

Write by Tiya_Mfoukama

.Chapitre 1.

 

« Je te laisse encore une dernière chance et j’espère pour toi que tu la saisiras pour prendre un billet. En toute honnêteté ça me ferait mal de ne pas te voir. »

 

« — Humm.

  —  Un souci mon cœur ? me demande Jean-François.

  —  Non, rien de bien important, une pub dans ma boite mail. je mens en remettant mon téléphone dans mon sac.»

 

En réalité, il s'agit d'un message de Tiya qui tente de me persuader encore une fois, en jouant la carte de « la corde sensible couplé à celle de la culpabilité ». Je suis qu'elle se dit qu'en jouant cette carte, je me sentirai extrêmement mal, et je finirai par faire mon possible pour prendre un billet et la rejoindre. Mais elle se trompe lourdement. S’il est vrai que dans le passé, elle a souvent usé de ces techniques pour me faire adhérer à ses idées, aujourd’hui, j’ai grandi et le temps où elles marchaient sur moi est révolu.

J’ai pris le temps de parler avec mon psy de ce voyage et ses recommandations ont été catégoriques :

 

« Vous n’êtes pas émotionnellement prête, et vous ne le serez pas tant que nous n’aurons pas trouvé la cause de cette peur. Je suis persuadée qu’elle est liée à un traumatisme que vous avez dû avoir durant votre enfance. Il ne nous reste plus qu’à  déceler ce traumatisme et lorsqu’il le sera, nous pourrons travailler dessus et trouver un moyen efficace pour faire disparaître la peur qu'il a occassionnée une bonne fois pour toute ».

 

En bref, je ne dois pas y aller tant que nous n’aurons pas trouvé la cause…

 

« —  Chérie. soupire Jean-François. J’ai l’impression que tu n’es pas avec moi !

 — Oh, je suis désolée, je me demandais simplement si j’avais éteint les lumières. je mens de nouveau.

  —  Ce n’est qu’un détail mon cœur. il me dit en prenant mes mains. J’ai envie qu’on profite de cette soirée et qu’on se concentre sur nous. »

 

Je relaie au second plan le message de Tiya pour me concentrer sur lui. Jean-François. Ce beau brun aux yeux verts, qui fait battre mon cœur depuis maintenant trois ans.

Je crois bien que je suis amoureuse de tout en lui. De son côté attentionné, doux, prévenant, à sa bonté, son sens de l'humour, et sa bonne humeur, en passant par son côté altruiste, son sex appeal et ses yeux et son côté protecteur. Ça n'a l'air de rien comme ça et pourtant. Toutes ses qualités regroupées font de lui l'homme exceptionnel et idéal à mes yeux. Je suis si heureuse à ses côtés ! Qu'est-ce que je pourrais demander de plus ?

 

« — Chérie ! il boude. Tu as entendu ce que je viens de te dire ?

  — Pas vraiment non. Je te demande pardon, Jean-François, j’ai vraiment la tête ailleurs ce soir. Mais qu’est-ce qu’il y a ? Je te sens nerveux. »

 

Il se gratte le front, puis gesticule sur sa chaise avant de me répondre.

 

« — Effectivement, je le suis. il avoue en affichant un sourire crispé. »

 

Il gigote encore une fois sur son siège, puis détourne son regard.

 

« — J’essaie de te parler depuis le début de la soirée. il reprend. Mais je ne te sens pas à mes côtés.

  — Han, excuse-moi chéri ! Je suis de nouveau concentrée sur toi alors vas-y, parle-moi, je t’écoute, je suis toute à toi !

  — C'est parfait. »

 

Je le regarde légèrement étonnée, finir d’une traite son verre de vin, puis soupirer lentement, les yeux clos comme s’il cherchait à se donner du courage.

Son attitude commence à légèrement m'inquiéter.

 

« — C'est si grave que ça ?

  — Quoi donc ?

  — Ce qui tu cherches à m'annoncer.

  — Oh non ! il s'exclame. Ce n'est pas grave, c'est même très bien. Enfin, je crois. »

 

Il se tait de nouveau, puis encore une fois, reprend une forte inspiration avant de se lancer.

 

« — Bon voilà. Abigail, nous nous connaissons depuis maintenant cinq ans et sommes ensemble depuis trois. J’éprouve pour toi des sentiments que je n’ai jamais éprouvés pour aucune autre femme auparavant. J’ai ce besoin constant d’être auprès de toi. Un peu comme si tu étais une drogue dont je ne peux me passer. Ta présence dans ma vie m’apporte tellement, tu n’as pas idée. Mais j’ai l’impression que notre relation stagne et j’ai envie de la faire passer à l’étape supérieure, de la faire évoluer alors… »

 

Quand il y a moins de cinq minutes, je me posais la question de savoir ce que je pouvais demander de plus, je m'attendais à ce qu'il y réponde en… en me demandant en mariage. Parce que c'est ce qu'il est en train de faire. Non ?

Comme pour me répondre, encore une fois, il prend un temps d’arrêt puis glisse une de ses mains vers la poche intérieure de sa veste.

 

Oh mon Dieu ! Il est en train de … Non c’est pas ce que je pense. C'est pas ce que je pense !

 

« — …  Alors Abigail Rachel Mfoukama voudrais-tu… »

 

Ohhhh si, mon Dieu, c’est ça ! C’est ça ! Ça commence toujours par ces mots là ! Ah mon Dieu…. Il est en train de me demander en mariage ! Dans moins de dix minutes, je serai la future madame Dugommier ! Abigail Rachel Dugommier ! Non. Abigail Rachel Mfoukama-Dugommier ! J'ai toujours dit que je garderai mon nom. Mais en même temps, je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée de mettre Mfoukama en premier. Il faut que je voie avec Léa et Rachel !

Mais merde…je vais faire comment pour les avertir ?

 

« — Abi ? Ça va ? »

 

Je reporte mon attention sur lui, puis soudain, une idée me vient en tête.

Je me mets à toussoter, en plaçant une main devant ma bouche et l'autre sur ma poitrine. J'y mets du mien pour qu'il pense que je ne vais pas bien.

 

« — Chérie qu’est ce qu’il y a ? il me demande, paniqué.

  — Je… j’ai avalé de travers. je dis en me levant. Excuse-moi, je vais aller me rafraîchir aux toilettes un instant, je reviens. »

 

Je prends mon sac et file dans les toilettes du restaurant. Je m’assure que toutes les cabines sont inoccupées puis je verrouille la porte d’entrée avant de m'adosser à un lavabo, sortir mon téléphone et composer le premier numéro.

 

« — Allô Rachel ?

  — Ouais ? elle me répond d'une voix essoufflée.

  — Tiens-toi prête… Je t'annonce que je vais me fiancer ! je cris dans ses oreilles.

  — Pardon ? Comment ça ? Qu’est-ce que tu racontes ?

  — Je te dis que je vais me fiancer ! Attends, attends j’appelle Léa ! je dis avec enthousiasme. »

 

Je retire rapidement mon téléphone de mon oreille, mets Rachel en attente pour former le numéro de Léa qui répond à la première sonnerie.

 

« — Allô ?

  —  Léa, tu es assise ?

  — Oui pourquoi ? Que se passe-t-il ?

  — Je vais me fiancer. je lui annonce tout de go.

  —  Quoi, tu mens ?!

  —  Non ! Je t'assure que je vais me fiancer ma chérie ! Attends, il y a Rachel en attente, je nous mets en conférence. »

 

Moins de vingt secondes plus tard, bien qu'en conférence avec Rachel et Léa, on ne peut qu'entendre les cris de réjouissance de Léa et mes éclats de rire. Rachel étant sans surprise muet face à cette annonce. Pourquoi ai-je donc pris la peine de la contacter ? Parce que c'est mon amie, qu'elle sait tout de moi, et que je sais pouvoir compter sur elle, malgré les divergences d'opinion que nous avons...

 

« — Je suis tellement heureuse pour toi ! Je t'imagine déjà dans une magnifique robe droite pour la maire et sirène pour la soirée. De couleur ivoire pour la robe droite et orange pâle pour la robe de soirée. Il faut à tout prix qu'on puisse avoir Steeve pour te coiffer et Monica pour te maquiller ! Ils sont tous les …

  — Oh, oh oh ! l'arrête Rachel. On peut arrêter de s'emballer et essayer de revenir au tout début de cette conversation ? Avoir ne serait-ce qu'une peu plus explications concernant cette demande ? Quand l'a-t-il faite ? »

 

… Et elle est toujours terre à terre, voilà ce que j'ai oublié d'ajouter.

« — ...En fait, techniquement, je ne suis pas encore fiancée. D'ailleurs je vous ai dit que j'allais me fiancer et non que j'étais fiancée.

  — Fais pas ta juriste. intervient Rachel. il t'a demandé en mariage oui ou non ?  

  — Pas vraiment. En fait, il était en train de faire sa demande quand j’ai feint de m’étouffer pour venir vous appeler.

  — C'est complètement stupide comme attitude. Un SMS et APRÈS qu'il ait fait sa demande. Ça aurait plus de sens, à défaut d'être sensé.

  — Rachel. souffle Léa.

  — Je vais finir ma séance de Yoga. Bonne soirée à vous. »

 

Et sur ces mots, elle se retire de la conférence.

 

« — Au moins ça c'est dit….

  — Laisse cette rabat-joie. On s'en fout pas mal de ce qu'elle pense. Tu as ma double bénédiction et c'est tout ce qui compte alors va me récupérer cette bague, apprécie le moment et demain je veux un CR détaillé de la soirée !

  —Okay. Faisons comme ça... Merci chérie. »

 

Je raccroche avec elle sans être trop surprise. Je savais pertinemment que Rachel ne serait pas ravie de cette nouvelle. Elle désapprouve tous mes choix en matière d’homme. Elle est persuadée que seul un bon noir saurait me rendre heureuse, bien qu’elle connaisse ma phobie. Elle prétend que je suis la fille d’Argan dans le malade imaginaire. C'est à dire que pour elle, ma phobie serait soi-disant imaginaire et qu’il me suffirait simplement d’aller dans n’importe quel pays d’Afrique pour m’en rendre compte. Elle s'en moque pas mal que ma phobie ait été diagnostiquée par un médecin confirmé. Ce qui n’est pas le cas de Léa qui elle me comprend et me soutient. On se ressemble énormément elle et moi. C’est d’ailleurs une des raisons qui fait que je l’aime beaucoup.

Rachel est notre exacte opposée mais si malgré cela nous sommes toujours amies, c’est pour faire perdurer le dicton qui dit que les opposés s’attirent.

 

Je range mon téléphone dans mon sac, déverrouille la porte d'entrée et retourne à ma table après avoir respiré un bon coup.

 

« — Ça va mieux ma puce ? me demande Jean-François l’air inquiet.

  — Oui mon cœur, beaucoup mieux. je dis en prenant place. Alors, tu étais en train de parler, vas-y, je t’en prie, continue.

  — Euh, je ne sais même plus ce que je disais.

  — Tu disais que tu avais l’impression que notre relation stagnait et que tu voulais passer à l’étape supérieure. je lui rappelle dans un grand sourire.

  — Oui voilà, donc… encore une fois, Abigail Mfoukama, voudrais-tu me faire l’honneur…de venir vivre avec moi ?

  — Oh mon Dieu, c’est si inatten … Pardon ? Tu… tu viens de dire quoi ? je demande abasourdie en me rendant compte que la question qu’il vient de me poser n’est pas celle à laquelle je m'attendais.

  — Je sais, ça parait fou mais Abi, j’ai besoin de ta présence auprès de moi ! il lance très enthousiaste. Les moments passés dans l’appartement de l’un ou de l’autre ne me suffisent plus. je veux te savoir près de moi!

 

Je… je …wouah !

Je suis juste choquée, tout ce cinéma pour simplement me demander d’emménager avec lui. Non mais dites-moi que je rêve.

6 Mé Balouk 9