.Prologue.

« Dring, dring, dring »

J'essaie de caler du mieux que je peux mon sac de course sous mon bras, sans vraiment y parvenir. Je prends finalement appuie contre le mur en face de moi, puis récupère mon téléphone dans ma poche arrière.

« — Allô ?

  — Tu n'as toujours pas changé d'avis ?»

Je lève les yeux au ciel.

Si j'avais su qu'il s'agissait d'un appel de Tiya, je ne me serai pas autant empressée de répondre.

« — Donc t’es en train de me dire que tu ne vas jamais venir me rendre visite chez moi ? elle crie au téléphone.

  — Non mais Tiya, je n'ai pas dit…

  — Très bien alors dis-moi qu'est-ce que tu as dit. D'abord, j'en ai marre de tourner autour du pot, alors je vais te poser la question pour la dernière fois. Tu viens où tu ne viens pas ?

  — Tiya écoute, c'est plus compliqué que ça. je tente de lui explique. C'est que…

  — C'est que rien du tout. Tu viens de prendre ta décision. Bonne soirée.

  — Non, Tiya att… »

Trop tard. Elle vient de raccrocher. Sans me laisser le temps de m'expliquer. Comme à son habitude. Ça me rend dingue quand elle fait ! Si seulement elle pouvait me laisser lui expliquer la situation…

C'est difficile pour moi de l'avouer, d'autant plus que je tire mes origines de ce continent, mais la vérité est que j’ai peur de l’Afrique et de l’africain. J’ai peur de ce continent. J’ai peur des pays et de la population qui la compose. Et je ne saurais même pas expliquer d'où me vient cette peur. Mais ce qui est certain, c'est qu'elle est là, et qu'elle m'empêche de découvrir une partie de moi. Pourtant, ce n'est pas comme si je ne le voulais pas.

J’aurais voulu y aller, en Afrique en général et au Congo en particulier, rendre visite à Tiya et découvrir par la même occasion le pays, les traditions, les différents lieux, monuments qui racontent son histoire et bien d’autres choses, mais je n’ai jamais réussi… Quoique, pour être tout à fait honnête, je suis consciente de cette phobie mais il faut avouer que je ne me foule pas plus que ça pour en trouver son origine. Faut dire que ça me va très bien d'être loin de ce continent. J'ai l'impression qu'il y a tellement de choses négatives qui en sortent, que j'ai fini par me dire que plus j'étais loin de lui et mieux je me portais.

J'aurais pu continuer comme ça pendant des années, mais il a fallu que non seulement, ma soeur, aille s'enticher d'un congolais, mais en plus de ça, elle est restée vivre là-bas, alors même qu'elle jurait ne jamais réussir à y vivre !  

« — C'était qui ? me demande Rachel.

  — ...Tiya. je souffle après avoir rangé mon téléphone.

  — Ah. »

Je soupire en levant les yeux au ciel. Son interjection décrit parfaitement le fond de sa pensée que je connais et que je n'ai pas besoin d'entendre. Je sais qu'elle partage l'avis de Tiya, qui pense que ma phobie est imaginaire et cela malgré tout ce qu'elle sait de moi. Ce que je n'arrive pas à comprendre. Pourtant, ce n'est pas comme si j'avais tout inventé ! Ma phobie a été diagnostiquée par mon médecin alors je ne comprends pas pourquoi elles ne se disposent pas à la concevoir. Ce n'est pas si compliqué !

Voyager en Afrique, peu importe le pays, ce n'est tout bonnement pas possible pour moi !