Chapitre IV

Write by Tiya_Mfoukama

Chapitre IV


-Bon Mayéla, parlons bien. Dit Guislain, en coupant le moteur.


Il se retourne au trois quart sur sa droite, prend un air tout ce qu’il y a de plus solennel et me demande:

-Quand est-ce que je goûte moi aussi à ta cuisine ? Il faut qu’on remedie au plus vite à cette bavure. Pourquoi pas dans la semaine ? Mercredi ça te convient ? Je finis tôt et toi ?
-Gui… Soupire Shomari en regardant par la fenêtre

Grâce à la nuit noir tombée depuis quelques heures, je peux le voir à travers sa vitre, lever les yeux au ciel et secouer légèrement la tête avant de soupirer discrètement

-Oh toi laisse-moi, traitre là ! Tu vas te remplir la panse discrètement, sans jamais m’inviter, moi ton frère de coeur, ton frère d’arme !
-... Mayé te force pas. Murmure Shomari
-Quand on dit que la mort ne vient jamais de loin…. Ari, je te croyais pas capable de ça. Lance Guislain, dépité

Je baisse la tête et retiens un éclat de rire. 
Ces deux là, ont passé toute la soirée à se chamailler, après que Shomari ait fait des éloges sur ma cuisine. Ils sont tous les deux amateurs de bonne nourriture et Guislain lui en veut de ne pas l’avoir appelé pour qu’il goûte à mes préparations. Bien sûr tout cette pagaille c’est pour rire. Ça a eu le don de donner une ambiance bon enfant à cette soirée totalement improvisée. 
Au début, je ne voulais pas y aller mais Shomari insistait tellement que j’ai fini par dire oui. J’ai rapidement enfilé une chemise bleue turquoise, à manches courtes, un jean bleu et une paire de ballerines noires avant que nous ne rejoignions, Shomari, Kala et moi-même, Guislain, le meilleur ami de Shomari, attablés dans le restaurant du Saphir.
Bien évidemment, je n’ai pas été très éloquente au début et je pense que c’est la raison pour laquelle Shomari a parlé de mes talents culinaire. De là est né le joyeux brouhaha qui a guidé toute la soirée et m’a fait ouvrir la bouche et rire comme je ne l’avais jamais fait auparavant. C’était vraiment une très belle soirée, et je ne regretterais presque pas d’y avoir participé, si je ne savais pas que les prochaines minutes allaient être tendues entre Kala et moi.

-Alors Mayé ? Reprend Guislain. Mercredi, c’est bon pour toi ? 
-... Euh… oui. Articulé-je avec une petite voix
-Top, ça c’est une bonne nouvelle. Oh...attends.

Il sort son portefeuille, puis tire quelques billets qu’il me tend.

-Ça devrait suffire pour les courses.
-Non, non, non ! Fais-je vaillamment. J’ai pas besoin de ton argent ! 
-C’est pour que tu puisses “oeuvrer” dans de bonnes conditions.
-Mais je n’en ai pas besoin. Me répété-je. J’arriverai à oeuvrer comme tu dis, avec ce que j’ai à la maison, ne t’en fais pas
- Mayélà ? TIENS !

Il le dit en employant un ton tellement ferme que je me vois mal refuser et finis par prendre les billets.

-Voilà.... Alors...Je laisse ton esprit d’artiste s’exprimi….
-Bon, moi je vais y aller. L’interrompt Kala, en posant sa main sur la portière
-Okay rentre bien. Lance Gislain, sans même la regarder. Donc je te disais Mayéla …

Je détourne mon regard vers Kala qui le visage amarré, lance quelques mots à Shomari. Ce dernier ne se retourne même pas pour la saluer, pire, il répond à peine à ses propos et la seconde qui suit, Kala sort de la voiture en claquant fortement la portière.
Je suis tellement abasourdie par la façon dont ils viennent de la saluer, que je reste bouche bée. 
Guislain continue de me faire la liste des potentiels plats que je pourrais cuisiner, mais je ne l’écoute qu’à moitié hochant de temps en temps la tête pour donner le change.

En fait, si je suis autant choquée, c’est parce que, jusqu’à présent, je n’avais jamais vu Kala autant négligée, et aussi effacée. Durant toute la soirée, elle qui d’ordinaire est très bavarde, n’a pratiquement pas pipé mot et Shomari et Guislain n’ont rien fait pour remédier à ça. Quand j’y pense, ils ont donné l’impression d’être satisfaits de son silence, un peu comme si elle était de trop parmi nous et que ses courtes interventions étaient dures à tolérer.
Mais Kala qui est de trop quelque part, c’est simplement le monde à l’envers. 
Constamment sollicitée, c’est toujours elle qui joue le rôle de la bonne copine que l’on appelle pour sortir prendre un verre, c’est toujours elle qui crée l’ambiance, et que tout le monde veux côtoyer. Tandis que moi, je suis celle de derrière, celle que l’on appelle lorsqu’il reste une place et qu’on ne sait plus qui inviter, celle a qui on parle trois fois dans la soirée - pour dire bonjour, ça va, salut - celle qui reste tranquillement à sa place, c’est à dire dans l’ombre, en quelques mots, celle qui fait briller les autres. 
Mais ce soir, j’ai eu l’impression que les rôles s’étaient inversés, qu’aujourd’hui, c’était moi qui brillais au détriment de la personne de Kala.
C’est une sensation assez étonnante, grisante, quand j’y pense,et c’était plutôt sympa le temps d’une soirée mais pour être honnête, je préfère reprendre ma place, celle de l’effacée. Je m’y suis habituée, et elle me convient parfaitement.

-D’accord, j'essaierai de voir ce que je peux faire. Bon, je vais, également devoir y aller… Merci à vous pour… Pour cette soirée. J’ai passé un agréable moment en votre compagnie
-Et c’est réciproque. Me répond Guislain en m’offrant un de ses beaux sourires que j’ai découverts tout au long de la soirée. C’était un plaisir de rencontrer une personne aussi délicieuse que toi. J’ai hâte d’être à mercredi.

Je souris puis alors que je pose ma main sur la portière, je vois Shomari, me devancer et l’ouvrir pour moi… Comme à l’aller lorsque nous avons rejoint son ami. D’ailleurs, il s’est montré très galant toute la soirée.

-T’étais pas obligée. Fais-je gênée
-....

Il sourit, puis ouvre un peu plus la porte afin que je puisse sortir. 
Guislain, qui est sorti entre temps, vient me faire la bise avant de remonter en voiture.
Shomari me reconduit jusqu’à la porte d’entrée, puis après m’avoir souhaité bonne nuit et fait la bise, fait demi tour.

Cette fin de soirée et même cette journée m’a retournée, mais je n’ai pas le temps de ressasser comme je le fais souvent car à peine entrée, j’aperçois Kala, assise sur une chaise, celle qui fait face à l’entrée du salon, jambes et bras croisés, le visage glacial et qui semble attendre que je lui fournisse des explications

-C’était sympa comme sortie improvisée ! Dis-je en posant mon sac sur le canapé, un sourire faussement assuré sur les lèvres.
-A quoi tu joues ? Me demande-t-elle sur un ton sec

J’avais raison, elle est en colère, et pas qu’un peu… Ça va être dur de désamorcer la situation

-A..A quoi je, je joue ?
-Oh arrête-moi tes conneries de bégayage ! Tout à l’heure tu parlais très bien. Tu me prends pour une idiote, n’est-ce pas ? Tu crois que je n’ai pas vu ce que tu cherchais à faire ?
-Quoi… mais-mais-mais...mais de quoi...de quoi tu parles ?
-Mais-mais-mais-mais fionton fionton ! Me singe-t-elle grossièrement. Tu penses gagner quoi en sabotant ma relation avec Shomari ?Je croyais que tu étais ma soeur et que tu voulais mon bonheur !
-mais...mais c’est ce que je veux !
-Ah oui vraiment ? C’est pour ça que tu as gardé le portefeuille de mon mec sans rien me dire pendant trois semaines, c’est pour ça que tu ne m’as même pas appelé quand il est venu et que tu rigolais avec lui et son ami toute la soirée pendant qu’il m’ignorait ? Tu faisais tout ça pour mon bonheur ? C’est ça ? Crie-t-elle. J’ai toujours était là pour toi, j’ai toujours pris ton parti, je me suis même fâché avec maman Delphine à cause de toi et, c’est de cette façon que tu me remercies ?
-Kala...C’est pas….

Elle se lève de la chaise, récupère son sac, posé sur la table à manger et marche vers la porte. Je bloque le passage à l’aide de mon corps et lui demande de se calmer. 
Je ne peux pas la laisser partir comme ça. Kala a beaucoup de défauts, mais c’est ma cousine, mon amie, ma confidente. C’est la seule avec qui je peux vraiment être moi - dans une certaine mesure -, qui me permet de garder un contact avec le monde et même si je sais que souvent, elle abuse du lien que nous avons, j’ai besoin d’elle. 
Je ne supporte pas lorsque l’on est fâchées toutes les deux

-Kala, attends, s’il te plait…. je, je voulais pas te faire de de la peine. Je suis désolée…. Vraiment ! Je…. Kala
-.....

Elle croise ses bras, puis soupire avant de déposer son sac sur le dos du canapé, et repartir s’installer sur la chaise qu’elle occupait quelques minutes plus tôt. 
Je souris légèrement, contente d’avoir réussi à l’apaiser puis je vais m’asseoir en face d’elle.

-....Vous avez convenu de faire le dîner à quelle heure ? Après quelques minutes de silence
-On a rien convenu, mais ce sera sûrement vers 20h
-Essaie de faire ça vers 19h. 
-Ça va pas être possible, je finis à 17h30, le temps de rentrer à la maison et commencer à préparer, je ne serai pas prête pour 19h
-Bah tu quittes ton boulot plus tôt !
-Non, je peux pas, après je vais devoir rattraper mes heures
-oh mais c’est rien, en plus tu me dois bien ça. 
-...Okay
-Génial ! 

*****

Il faut que je dorme un peu là, sinon mon cerveau va exploser. Je ne fais qu’enchaîner depuis le début de la semaine, et on est que mercredi, mais déjà, je sens que je tire sur mes réserves d’énergie. J’ai des céphalées qui viennent à intervalle régulier et avec puissance malgré la plaquette de codéïne que je me suis fait. 
C’est le signal qui m’informe que le repos est nécessaire, même si ce n’est que pour une heure. 
Je ferme le pc se trouvant devant moi, d’ailleurs, je n’y vois rien depuis un moment, puis je baisse les stores de la vitre, puis croise mes bras sur mon bureau et laisse retomber ma tête dessus. 25minutes devront faire l’affaire. Je ne peux pas m’accorder plus de temps

“dring,dring”
J’ignore la sonnerie de mon portable sachant de qui il s'agit avant même de poser les yeux sur l’écran de mon mobile. C’est ma tendre mère. Je le sais parce que je lui ai attribué une sonnerie spécifique et même sans la sonnerie, j’aurais su qu’il s’agissait d’elle car aujoud’hui, c’est son jour et c’est son heure. Le mercredi, elle déjeune avec sa meilleure amie qui n’est autre que la mère de Peny, et comme à chaque fois qu’elles se rencontrent, elles parlent de Peny et moi, ou plutôt de Peny avec moi. 
Elles nous voient marier depuis toujours, et en sortant ensemble pendant 7 ans, nous n’avons fait que les conforter dans leur vision. Seulement, il y a un petit bémol; nous ne sommes plus ensemble depuis maintenant deux ans, au grand dam de nos mères. 
Mais elles espèrent tellement nous revoir ensemble qu’elles usent de tous les moyens mis à leur disposition pour parvenir à leur fin.
Ce qu’elles ne savent pas, c’est que même si j’envisageais de me marier, ce ne serait certainement pas avec Peny. Elle a beau être une très belle femme aux mensurations de rêve, le genre dont on ne peut qu’être fière d’avoir à son bras, c’est avant tout une tchoukoumeuse qui s’ignore. 
Elle ne vit que pour le luxe et tout ce qui brille. Fille unique, ses parents l’on pourrie gâté au point où elle ne semble pas être consciente des réalités de la vie. Son seule objectif, est de trouver un mari qui saura maintenir son train de vie. 
Dès le début de notre relation, je lui ai fait comprendre que je ne serai pas ce mari, mais elle est quand même restée car sexuellement, c’était le pied entre nous. Mais il y deux ans, lorsqu’elle a rencontré un riche libanais qui lui offrait le mariage de ses rêves et une vie plus que confortable soit tout ce qu’elle désirait, elle a très vite mis fin à notre relation pour le rejoindre. Sauf que 6 mois plus tard, elle est revenue me supplier de la reprendre. Les coups portés par son libanais ne valaient apparemment pas tout le confort du monde. 
J’aurais pu lui dire oui et reprendre notre relation où nous l’avions laissée, mais de son corps, je connaissais déjà tous les recoins et je me lassais depuis un moment. Notre rupture était tombée à pique et je m’en sortais plutôt pas mal. Non seulement je retrouvais ma liberté, mais en plus je passais pour la pauvre victime trahie par sa fiancée.
Personne n’a pu me reprocher mon refus de la reprendre. Il me suffisait d’évoquer une douleur imaginaire dû à la trahison, de la peine que je pouvais ressentir, et du manque de confiance que j’avais dorénavant envers elle. 
C’est d’ailleurs sur ce dernier point que je joue lorsque j’ai ma mère au téléphone. Elle rebondit avec son fameux discours sur les erreurs, le pardon, les plans de dieu et l’importance de savoir les respecter puis je lui balance un “ je vais y réfléchir” avant de raccrocher, mais aujourd’hui, j’ai pas le temps. 

Je coupe la sonnerie de mon téléphone et le mets sous silence avant de fermer les yeux.
A mon réveil, je suis encore plus fatigué qu’autre chose, mais je force de nouveau jusqu’à 19h. Je suis techniquement debout depuis 4h du matin, il ce peut que 25min ne soit pas assez.
Je range me affaires, puis récupère mon téléphone et rappelle Gui-Gui qui, au vu du nombre d’appel, cherche à me joindre, tout en fermant la porte de mon bureau

-Type, t’es où ?
-Je viens de finir, je vais me pieuter, je suis off
-Et le dîner ? On t’attend ici !
-Pas possible, mais j’ai envoyé un message pour m’excuser auprès de Mayéla
-Fallait faire suivre le message, Will a ramené ta caisse ici.

Oh, c’est pas vrai! Voilà une autre affaire qui va accentuer mes céphalées.
Samedi soir, pour éviter d’avoir à raccompagner Kala, j’ai refilé mes clés de voiture à Will, un bon ami, qui par chance était également au Saphir. Il devait me ramener ma voiture le lendemain, mais bien évidemment il ne l’a pas fait. Et c’est comme par hasard, aujourd’hui alors que je suis complètement K.O et n’aspire qu’à une chose, dormir, qu’il se rappelle qu’il doit me rendre ma voiture

-Mais il est con! Pourquoi il ne m’a pas appelé ?
-C’est ce qu’il a fait mais tu ne répondais pas, du coup, c’est moi qu’il a appelé et je lui ai dit de venir la déposer ici puisque tu étais sensé venir

Bordel!
Je me passe une main sur le visage, conscient que mon programme de la soirée va être chamboulé car qui dit dîner chez Mayéla, dit rencontre avec Kala.
Elle fait clairement semblant de ne pas comprendre mais je commence à en avoir marre alors on va bien s’expliquer elle et moi. 

Je raccroche avec Guislain, après lui avoir confirmé que je venais puis j’arrête un taxi et lui donne l’adresse de Mayéla.

-Mince, tu mentais pas quand tu disais être K.O. Lance Gui-Gui quand je rentre dans le salon 
-....

Je vais m’installer sur la chaise se trouvant en face de lui et retire ma veste. 
Je constate qu'il a sérieusement entamé l'appéritif composé de briques, samoussas, pastels, cakes, et quiches version miniatures et de différentes sauces qui accompagnent le tout. Je ne sais pas quel goût ça a, mais le visuel est très appétissant 

-Il fallait venir chercher ta caisse plus tard
-Plus tard, je n’aurai pas le temps. Fais-je en frottant mes yeux

Je retiens un bâillement et regarde autour de moi, à la recherche de Kala pour mettre les choses au clair dès le début 

-Kala est là? Demandé-je 
-Non, pas pour le moment, mais peut-être qu’elle va venir plus tard.
-Humm

Au même moment, Mayéla qui m’a ouvert la porte quelques minutes plus tôt, fait son entrée dans le salon et nous informe qu’elle a pris un peu de retard dans la cuisson de son plat.

-Il va falloir attendre 20 petites minutes
-Si tu as encore des amuse-gueules faits maison, je peux patienter sans souci. Dit Gui-Gui en piquant une espèce de mini pastel qu’il trempe dans une sauce orangée. 
-Oui il en reste. Répond-elle avec le sourire. Mais tu devrais pas en manger autant sinon, tu n’auras plus de place pour l’entrée, le plat et le dessert.
-C’est vrai, c’est vrai, tu as raison....mais je vais en manger encore un peu.
-Comme tu veux. Dit-elle en riant. Shomari, je t’apporte quelque chose à boire ? 
-Non, mais je t’ai déjà dit de m’appeler Ari. Lui rappelé-je en me massant la tempe droite
-Ah oui, c’est vrai… Désolée

Elle baisse la tête puis triture la manche de son polo avant de tourner les talons. 
Je crois que j'ai été un peu sec et viens d'inviter la Mayéla timide de tous les jours et non celle qui rit gaiement qu’on a rencontré Samedi.
Ça m’est complètement égal, je suis claqué et devrais partir dans moins d’une heure. Si je reste, c’est pour reprendre un peu de force, parce que je ne peux pas conduire dans l’état de fatigue où je suis, sauf si je tiens à faire un accident de voiture. 

-Au fait Mayélà, ça te dérange si je squatte ton canapé pendant les 20min, je suis off. 
-Non, non, vas-y, je t’en prie.
-Merci

J’ai dormi 20min au bureau, et si je rajoute les 25min de somnolence dans le taxi, et que je combine tout ça aux 20minutes durant lesquelles je compte dormir, je devrais pouvoir rentrer sans crainte et bosser sur le dossier que j’ai laissé. 
Je vais m’allonger sur le canapé et m’endors presque instantanément.

Je me réveille en sursaut dans une pièce étrangement plongée dans le noir. 
C’est à n’y rien comprendre. Je me suis endormi, j’étais sur le canapé de Mayéla et je me réveille…. Je me réveille où ? Me demandé-je en regardant autour de moi. 
Je ferme les yeux puis les ouvre de nouveau afin qu’il puisse s’habituer à la pénombre et lorsque la pièce me parait moins noire et que j’arrive à distinguer certains meubles, je finis par reconnaître le salon de Mayéla. C’est déjà ça. Mais où Guislain et elle sont-ils ? 
Je récupère mon téléphone dans la poche de mon pantalon et avise l’heure, 5h35. 
Quoi ? J’ai dormi tout ce temps ? 
Je me lève dans le but de chercher l’interrupteur, mais me cogne le genou contre la table basse

-AHHH Putain de merde ! Hummm

Ah c’est pas vrai! En plus je me suis cogné contre l’angle pointu, ça fait un mal de chien!

-Shomari ?

Je me retourne pour voir une silhouette dans l’embrasure de la porte. 

-Oui
-Tout va bien ?
- Oui, oui. Fais-je en me massant le genou. Tu peux allumer la lumière.

Ce qu’elle fait dans la seconde qui suit.
Bêtement, je souris en la voyant avec son foulard négligemment noué sur la tête, sa mine boudeuse et ses yeux qui se plissent sous l’éclairage. Elle s’est enroulée dans ce qui ressemble à une couverture légère et paraît encore endormi. Elle est vraiment mignonne. 
Mais bruyant comme je suis, j’ai dû la réveiller

-Je suis désolée de t’avoir réveillée
-Non, tu ne m'as pas réveillée. Je me lève toujours à 5h30. Dit-elle d’une petite voix ensommeillée. Tu as bien dormi, le canapé n’était… n’était pas trop...trop dur ? Tu semblais si fatigué que Guislain et moi n’avons pas osé te réveiller. J’espère que tu .. tu...ne nous en veux pas trop, Guislain a dit que…. que, tu... tu serais probablement fâché ?

En temps normal oui, mais là, bizarrement non, va savoir pourquoi.

-Si j’ai dormi aussi longtemps, c’est qu’il n’y avait aucun souci avec ton canapé, crois-moi. Et ça m’a fait du bien de dormir un peu plus que prévu alors, je vais me retenir de me montrer désagréable. Lancé-je en souriant pour détendre un peu l’atmosphère, ce qui marche assez bien. 
-D’accord…. Tu...tu veux manger quelque chose ?
-Non merci

Je voulais rajouter que j’allais y aller puis je me suis souvenu qu’elle n’avait pas de voiture alors je lui ai proposé de l’emmener. Ce qu’elle a d’abord refusé avant de finir par accepter. Je me suis assis sur une chaise autour de la table à manger, pour l’attendre en checkant mes mails, et au bout d’une demi-heure, elle est revenue, sobrement maquillée, exit le foulard et la moue boudeuse sur le visage, mais elle était toujours aussi mignonne.

-Tu ne prends pas de petit déjeuner ?
-Si...Mais..si tu n’en prends pas…
-Dans ce cas, va pour un café

Elle hoche la tête puis s’éclipse vers la cuisine avant de revenir avec tout ce qu’il faut pour un petit-déjeuner copieux. Elle s’installe en face de moi et nous prenons tranquillement le petit-déjeuner en discutant de tout et de rien, sans se forcer…

-Tu as toutes tes affaires, même ta pochette pour ta présentation ? Lui demandé-je en prenant place au volant
-Oui, ça est là.... Tu m’écoutais quand je parlais ?
-Bien sûr, pourquoi je t’aurais pas écouté ?
-....

Elle hausse les épaules puis attache sa ceinture.
Je démarre la voiture et la conduis jusqu’à son lieu de travail sur des airs de rumba, y’a rien de mieux pour commencer une journée.

-Vous êtes arrivée mademoiselle
-Merci
-Gros merde pour ta présentation
-Merci Shomari...enfin..Ari
-Je t'en prie... Au fait...Excuse-moi de t'avoir repris sèchement hier soir. Shomari est un prénom que j'ai toujours trouvé lourd, d'où le diminutif
-D'accord, c'est noté Ari

Je la regarde descendre de la voiture puis entrer dans le bâtiment au logo de sa boite, avant de démarrer direction la maison. 

L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

KULA