Chapitre trois

Write by TheWhiteRose


~DANS LA PEAU DE BAILAO~


Ce n'est pas pour rien qu'on dit que l'Université est un autre univers. Debout sur cette route nationale, à l'arrêt de bus et regardant le bus de mes meilleures amies s'éloigner, je jette mon regard un peu partout devant la porte principale de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar se trouvant de l'autre côté de la route. Étudiants et étudiantes tous munis de leur sacs ou rien se précipitent vers l'arrêt de bus créant ainsi des embouteillages sur la route, évidemment c'est parce-que les automobilistes le veulent et parce-que qu'il sont peut-être même obligés de s'arrêter et céder le passage aux étudiants bien qu'il n'y ait pas de panneaux indiquant les feux de circulation ici.

À cette heure, presque tous les cours sont terminés. Etudiants internes et externes papotent entre eux comme toujours... c'est "la tradition de la fin des longues journées de cours" ici ! 


Je traverse la route pour me retrouver devant la porte principale, mais je n'arrive pas à mettre un pas en avant. Décidément, on dirait que mon corps et mon cerveau en ont assez de rester coincés entre quatres mûrs.

Alors je me retourne, regarde le trafic et enfin le trottoir où certains gens commencent déjà à faire leur jogging. Soudain, mon ventre émet des borborygmes me rappelant ainsi que je n'ai pas déjeuner aujourd'hui. C'est l'ironie du sort ! Moi Bailao, la gourmande qui mange presque tout les heures durant les week-ends nases à la maison et surtout quand je déprime, aujourd'hui je n'ai même pas pris la peine de déjeuner alors que j'ai passé toute la journée à déprimer !


Pourquoi ne pas profiter du beau spectacle du coucher du soleil qu'on commence déjà à voir s'abaisser vers l'autre côté de l'horizon sur la plage de la Corniche Ouest? Après tout, je ne rate presque jamais ce spectacle chez moi: sur balcon de ma chambre donnant directement sur la plage se trouvant à quelques pas de chez moi, je plisse toujours les yeux en observant l'étincelant astre se coucher et c'est toujours un sentiment plaisant cette contemplation ! 


Sans plus tarder je presse le pas et me voici sur le trottoir où les voitures qui me dépassent à vive allure ramènent avec eux un doux vent frais venant directement me caresser le visage. Aussitôt un sourire vient se plaquer sur mes lèvres. 

Parfois le seul fait d'inhaler un bon coup d'air suffit pour se sentir "renaître"... la nature et ses vertus !

Traînant des pieds afin de mémoriser cet instant pour me sentir de si bon humeur pour le restant de la nuit qui se prépare déjà à tomber, je marche doucement jusqu'à voir enfin le sable fin et les grosses pierres de la plage. Sur cette partie de la plage, il est interdit d'y nager. Des gens viennent s'y poser afin de profiter de la bonne brise durant les temps chauds de l'été. Cependant, en ce début d'hiver de fin novembre elle est quasi-déserte. 


De là où je suis assise, à même le sable, je peux clairement apercevoir le jeune couple se trouvant sur le banc d'à côté, qui, tantôt se donnent des bisous un peu partout sur leurs visages, tantôt regardent l'horizon et sourient. Ils sont si mignons ! Me dis-je tandis-que je reporte mon regard sur le spectacle que je connais par cœur et qui pourtant paraît chaque jour nouveau pour moi. 


Je me relève, me mettant en station droite et contemple le dernier bout de l'astre disparaître derrière l'horizon accompagné par la douce mélodie des vagues qui se calment avec la marée basse.

Je jette un coup d'œil sur ma petite et precieuse montre noire en cuir et argent, un cadeau de mon père depuis mes quinze ans que je n'enlève plus jamais, attachée sur la poignée de ma main droite et me rend compte qu'il n'est pas si tard que je le pense. Ce n'est enfaite que le temps qui me joue des tours. L'hiver s'approche rapidement, raison pour laquelle le soleil se couche tôt et laisse sa place aux gros nuages gris assombrissant ainsi le ciel. 

Ma montre indique dix-huit heures et demie. J'ai donc trente-cinq minutes devant moi avant que le crépuscule s'annonce, ce qui me permet de passer à la supérette que j'avais repéré sur la route en venant ici, afin d'y acheter quelque chose à manger. Après tout, seul un gros paquet de cookies peut me rassasier. Je ne suis pas dure avec la nourriture. Ma mère me gronde souvent à cause de ça; elle dit qu'au lieu de manger "normalement" je préfère grignoter. Et à moi de lui répondre qu'elle n'a pas à s'inquiéter, même si je n'accorde pas trop d'importance à la règle qui dit 'manger sans grignoter entre les repas' je mange sain et équilibré, je fais du sport et fait attention à moi. C'est tout ce qui compte ! Enfin même si je mange parfois tout ce que je trouve sans me soucier de quoi que ce soit... ne le niez pas, parfois on oublie tous cette règle, et finalement ça fait du bien ! Mais il ne faut pas oublier aussi que tout excès est danger même si parfois le mot danger est un peu exagéré !


Je réajuste mon long et gros cardigan noir en coton leger et à manches longues en-dessous duquel se cache une combinaison blanche. Et chausse mes sandales avant de rebrousser chemin. 

Le vent se fait de plus en plus fort et frais à cette heure, soulevant le bout sortant de l'enroulement de mon voile autour de mon cou. 


J'arrive enfin devant la supérette, je pousse la porte et celle-ci s'ouvre laissant un froid m'envahir tout le corps. Quelle idée d'allumer la climatisation en ce temps! Déjà qu'il fait froid dehors, alors vous comprendrez pourquoi je trouve ça vraiment insensé.

Je ne suis jamais venue ici au paravent mais dès que j'ai franchis la porte j'ai eu à comprendre que c'est un endroit très fréquenté. D'habitude, on trouve ce monde que dans les supermarchés mais je peux comprendre que la position de cette supérette puisse influencer sur le nombre de personnes qui fréquentent ce lieu. 

Je vais vers un rayon, prend un gros paquet de cookies, un pot de chips Pingles Hot et enfin des cakes... Qui avait dit que seul un paquet de cookies lui suffit? En tout cas, pas la gourmande qui dort en moi. Heureusement pour moi, j'ai ramené ma porte-monnaie sinon je m'aurai maudit en ce moment! 


Au début je n'avais même pas cru que j'allais prendre tout ça, raison pour laquelle je n'ai même pas pris la peine de prendre un panier. 

Je trottine, les mains chargés, jusqu'à la caisse où je vois une jeune femme dans la vingtaine prendre son sachet et sortir avec un enfant, sûrement sa fille. Je me place alors devant le caissier et dépose mes achats sur le comptoir. Il les prend. Et en relevant la tête, de son ordinateur, il m'adresse un sourire chaleureux et me lance un "Salut" mais c'est en le regardant bien que je l'ai reconnu. À vrai dire, j'ai appris à baisser les yeux devant les hommes. 


-Moi : Hey! Souleymane ça va?


Souleymane est enfaite dans la même classe que moi. On est même voisin de classe. Depuis la première année on a sympathiser au cours des exposés qu'on avait à faire ensemble (avec trois autres personnes) et maintenant on est de très bon amis. C'est un gars très ambitieux, respectueux, pieux et gentil. Il est devenu un frère pour moi.


-Souleymane : Oui ça va. Et toi?


-Moi : Oui ça va Hamdulillah. Euh... Hum, tu travaille donc ici?


-Souleymane (en tapant sur le clavier de l'ordinateur et les yeux qui vont de l'ordinateur à moi) : Oui oui. Après les cours je viens taffer jusqu'à 22h puis je rentre au campus. 


-Moi : Cool. C'est très bien ça! Bonne continuation ! 


-Souleymane (sourire) : Merci frangine! 


-Moi : Je t'en pris. En tout cas, je suis fière de toi. La fac et le boulot c'est du lourd. Mais quand même tu t'en sors bien. Respect!


-Souleymane : Ah Baila, Baila, Baila Lol tu me complimente toujours. Merci.

Dis moi, tu as trouvé une entreprise pour ton stage? 


-Moi : Bon je crois oui. Ils avaient dis qu'ils allaient me rappeler pour confirmer. Et toi?


-Souleymane: Ah c'est bien. Oui moi aussi j'attends qu'on me rappelle.


Il prend un sachet, y mets un mes achats et me le tend.


-Moi (prenant le sachet) : Merci. Ah j'espère qu'on nous prendra pour qu'on puisse enfin valider cette année.


-Souleymane : Incha'Allah.


-Moi : Incha'Allah. Bon je te laisse. Bye.


-Souleymane : Bonne soirée frangine !


Je lui adresse un petit sourire et pousse la porte d'entrée. 

Dehors, je trouve la femme de tout à l'heure entrain de ramasser des boîtes de conserves à l'arrière de sa voiture avec le coffre de cette dernière ouverte. La pauvre, elle a dû faire tomber ses sachets.


Je me précipite vers elle et lui touche l'épaule.


-Moi : Madame, laissez moi vous aider.


-Elle (se retournant vers moi et m'adressant un sourire) : Ah, c'est très gentille de votre part mais ne vous donnez pas cette peine je vais me débrouiller. 


-Moi : Mais non ça ne me dérange pas du tout. Laissez moi vous aider. 


Je me penche alors sans même lui laisser le temps de riposter et ramasse le tout. 


-Voilà ! Lui dis-je en lui tendant la pile de boîtes à conserve que j'ai ramassé. 


Elle les prend et les met dans un sac avant de les ranger dans le coffre de sa voiture. 

C'est avec un grand sourire qu'elle se retourne vers moi après avoir fermer le coffre de sa voiture, une Audi rouge. 


-Merci beaucoup ! Je m'appelle Diaraye. Dit elle en me tendant sa main droite que je saisie aussitôt. 


-Moi (souriant en lui serrant la main) : Moi c'est Bailao! Enchantée, ravie de faire votre connaissance. 


-Diaraye : Tout le plaisir est pour moi. Et on peut se tutoyer tu sais. Dit-elle en souriant.


Diaraye est une très belle femme élancée, au sourire Colgate et chaleureux.


-Moi : Euh d'accord... (Je suis un peu gênée ohlala)


-Diaraye : Tu es trop belle, en plus tu porte le prénom de ma grand-mère ! Ça se voit que t'es une peul comme moi (clin d'œil)


-Moi (petit rire) : Wow je...


-Mama... Dit une jolie, belle, mignone petite fille en se dirigeant vers nous. 


Elle est le portrait craché de Diaraye : de gros yeux avec de long cils, un teint métissé, un long visage avec des traits fins, et une petite bouche aux lèvres roses pulpeuses.

Dans sa jolie robe rose sur laquelle se pose une veste noire sans oublier ses petites ballerines noires où se termine le collant qu'elle porte sous forme de chaussettes, elle se dirige à petits pas vers Diaraye sous mon regard admirateur.


-Diaraye : Safie ma chérie, combien de fois je t'ai dit de ne pas sortir de la voiture? 


-Safie (faisant la moue) : Mama vu tatie chocla... (Elle me pointe du doigt) 


-Diaraye (souriant) : Mais non, ce n'est pas tatie chocolat. C'est tatie Bailao ! 

Elle appelle ma sœur, qui d'ailleurs te ressemble beaucoup, tatie chocolat car elle lui achète souvent des chocolats. C'est ma fille Safiatou, elle a deux ans. 


-Moi : Elle est très mignonne! 


-Diaraye : Merci. Safie dit "salut" à tatie Bailao.


La petite Safie avance un peu et me tend sa petite main. 


-Safie : Salut tatie Babao. 


On est partit dans un rire sa mère et moi. Mon prénom à beaucoup de dérivés, j'ajoute celui-ci dans la longue liste

Confidences d'un cœu...