Chapitre V

Write by Tiya_Mfoukama

Chapitre V

« —T’as décollé? me demande Kyle. 

—Le sky et la musique ont pris possession de ma tête, mais je suis encore sur le tarmac. je réponds en souriant niaisement.

—Alors qu’est-ce qui t’empêche de voir les appels de phare de Cindy ? 

—Qui a dit que je ne les voyais pas ?
—Mais agis frérot. »

Je vide mon verre d’une traite, sans lever les yeux sur la fameuse Cindy et lui balance un « pas intéressé » avant de me servir un autre verre. 
Ce soir c’est Sky, musique, musique, Sky et rien d’autres. Tout ce qui concourra à me dévier de mon plan parfait sera ignoré comme miss Cindy. 
Ce n’est pas contre elle, mais, la semaine a été longue, trop longue et je ne veux qu’une chose, après avoir passé toute ma nuit à tisser*, c’est dormir. Dormir d’une traite, sans interruption. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je bois autant depuis mon arrivée. Ce n’est pas dans mes habitudes de boire, mais j’ai constaté plus jeune qu’après une bonne cuite, je dormais comme un nouveau né, alors ce soir j’enchaine. 

« —Quoi, c’est à cause de Pam ? Je pensais que c’était fini entre vous. insiste-il.
—Rien à voir. C’est bel et bien fini entre nous.
—Bah je comprends pas alors. Le Dylan que je connais aurait déjà attaqué.
—Il est sur pause. je réponds en me levant.»

J’ai sous estimé mes verres pris plus tôt car je crois que maintenant, je suis en train de décoller voire même planer. Je me dis en tentant de réunir mes idées embrumées tout en mettant de côté les vertiges et les effets « sauts dans le vide ». 

« —Ya D ça va ? me demande Drew, mon petit frère.
—Hum. Ouais, t’inquiète pas. je le rassure en essayant de tituber le moins possible.»

Je me dirige vers les toilettes histoires de me rincer le visage et surtout rester éveiller jusqu’à ce que j’arrive chez moi. 
Devant le miroir au dessus du lavabo, je fais face à mon reflet terne et sombre, ainsi qu’à mes cernes, pour ne pas parler de valises, sous mes yeux. Je ressemble à un mort-vivant et pour cause… La dernière fois que j’ai dormie, d’un vrai sommeil profond et réparateur, c’était en début de semaine dernière. Les nuits qui ont suivi, ont toutes été écourtées par des réunions s’étalant tard dans la nuit ou commençant tôt le matin. Ajouté à cela des journées remplies et mouvementées, il était impossible pour moi de me reposer. Mon esprit s’est habitué à ce nouveau mode de vie, pas mon corps qui hurle au repos. 
Mon visage rincé, je retrouve une certaine contenance, et décide de sortir de la boite, sans plus repasser vers ma table. J’ai tout ce que dont j’ai besoin dans mes poches.
Je titube, dérape un peu, manque même de trébucher, mais finis par arriver devant ma voiture. Je palpe mes poches pour trouver mes clés, puis une fois trouvées, je me mets à chercher la bonne, celle ouvrant ma portière. J’ai la vision troublé malgré les lumières qui m’éclairent assez bien. 
Après cinq bonnes minutes, je trouve enfin la bonne clé, mais me retrouve face à une nouvelle lutte ; comment l’introduire dans le trou de la serrure. Dans mon état, essayer d’introduire la clé de la voiture dans la serrure, c’est un peu comme tenter d’insérer un fil de laine dans le chat d’une petite aiguille. 

« —Je peux pas conduire dans cet état. je me dis résigné.»

J’inspecte les alentours, à la recherche d’un taxi et ne vois même pas un chien passer. Ils sont beaucoup plus hauts, vers l’entrée de la boite et moi comme toujours, je suis allé me garé un peu plus loin, pour avoir une place mais surtout pour éviter les dégradations ou les cases de fin de soirée, quand ça tourne mal. 
Je me décide à rebrousser chemin, quand je crois entendre un premier reniflement puis un second et un troisième provenant de la ruelle peine éclairée, parallèle à celle où j’ai garé ma voiture. Certains superstitieux auraient continué leur chemin, et au lieu d’envisager la même chose, je m’avance un peu plus en direction des reniflements.

« —Y’a quelqu’un ?je demande en plissant les yeux.
—…..snif…...
—Y’a quelqu’un ? Ça va ?»

J’observe avec plus d’attention, la ruelle malgré ma vue brouillée et n’aperçois personne. 
C’est la fatigue qui est en train de me jouer des tours je me dis en tournant les talons.

« —….Ouais ça va. j’entends derrière moi. »

Je pivote sur moi-même et entends des bruits de talons se rapprocher avant de voir apparaitre une jeune femme plutôt jolie, dans une robe rose et blanche qui souligne parfaitement ses formes et met en valeur ses jambes dénudées. Malgré l’éclairage assez faible, j’arrive à remarquer les traits fins de son visage et ses yeux pétillants. C’est fou comme elle est belle. Tellement belle que je fais trois pas en arrière. Encore une fois, je ne suis pas superstitieux mais elle était tapie dans le noir en reniflant puis s’est montré devant moi pour m’annoncer qu’elle allait bien, moins de deux minutes plus tard. C’est quand même étrange.

« —Tu ne serais pas une sirène ?
—Une sirène ? elle répète en s’approchant de moi. »

Je recule une nouvelle fois et me prends la lumière d’un feu de voiture passant dans la figure. Ebloui, je ferme les yeux et titube à la recherche d’un appui. J’ai quand même eux une idée bien stupide en décidant de boire autant, je me dis en m’adossant contre un mur.

« —C’est le moins que l’on puisse dire, d’autant plus que t’as pas l’air de tenir.
—Tu viens de lire dans mes pensées ? »

L’air hagard le temps de quelques secondes, elle finit par éclater de rire. 
Loin de me faire vriller les tempes, je trouve son rire relaxant, apaisant. Ce qui n’est pas fait pour me rassurer, surtout pas dans l’état où je suis.

« —On ne me l’avait jamais faite celle-là. C’est assez original comme technique de drague. Parler à voix haute et faire passer ses paroles pour des pensées.
—Ce n’est pas une technique de drague. je dis en me pinçant l’arrête du nez. Donc tu n’es pas une sirène ? 
—Non.
—Ni une sorcière ?
—Hum. Bah, il m’arrive d’être un peu mauvaise. elle répond en levant les yeux au ciel. Mais non, je n’en suis pas une. Du moins pas volontairement. Sauf quand on me cherche. »

Mes paupières s’alourdissent et mes pensées sont plus que troublées. Rentrer et dormir, je dois rentrer et dormir, je me répète intérieurement mais je n’en fais rien. Je reste planté là, en face d’elle, qui a les bras croisés sous sa poitrine, et m’observe d’un façon étrange. J’en fais autant. Il y a quelque chose qui m’échappe. Serait-elle en train de m’ensorceler ?
Elle éclate de rire.

« —T’ensorceler ? Dis-moi que c’est l’alcool qui te fait sortir des absurdités pareilles.
—J’ai encore parlé à autre voix ?
—Oui.
—….J’ai bu plus que de raison pour pouvoir m’endormir mais actuellement je comate éveillé. Il faut vraiment que j’aille dormir. je répète. 
—Je le crois aussi... »

Je déboutonne les premiers boutons de ma chemise et tire sur le col de mon t-shirt à la recherche d’air. Je suis parcouru d’une lourdeur sans nom et d’un sentiment d’étouffement. J’en suffoque presque. Je devrais remonter la ruelle, et haler un taxi pour arriver en vie et au plus vite chez moi, mais je ne fais rien, et reste toujours là.

« —Si tu n’es pas une sirène ni une sorcière, pourquoi tu pleurais tapie dans le noir ? 
—…C’est mon anniversaire, et… disons que je n’imaginais pas qu’il se déroulerait comme ça, j’imaginais autre chose. elle dit la voix emplie de tristesse.
—Et tu veux toujours me faire croire que tu n’es pas une sirène ? »

Elle sourit, puis on se jauge du regard pendant de longues minutes avant qu’elle n s’avance vers moi d’un pas nonchalant, plein de sensualité, puis se hisse sur la pointe de pied en se tenant à ma ceinture. Les effluves de son parfum fruité apaisent les alarmes de mes sens éveillés malgré mon état. 
Ses lèvres d’un couleur marron-rosé sont à quelques centimètres des miennes quand je sens ses mains glisser dans chacune de mes poches et en ressortir mes clés de voiture avant que mes réflexes endormis, ne pensent à les retenir. Elle s’éloigne de moi, en brandissant mes clés, un sourire victorieux aux lèvres.

« —Dis-moi où est-ce que tu habites et je vais te raccompagner. Comme ça, tu verras que je ne suis pas une sorcière.
—Bien sûr. Et tu ne veux pas également le nom de mes ancêtres pour aller plus vite ? »

Elle lève de nouveau les yeux au ciel puis se dirige vers la route. Impuissant, je la regarde s’avancer vers la première voiture à sa hauteur qui n’est autre que la mienne. Elle introduit la clé dans la serrure de la porte d’entrée et sautille sur place en se rendant compte qu’elle a trouvé la bonne voiture du premier coup. Je me demande comment j’arrive à rester aussi calme face à une situation pareille. Alcool ou pas, je me sais en mesure de me reprendre et l’obliger à me rendre mes clés et à sortir de ma voiture, mais je ne le fais pas, probablement parce qu’elle ne me fait pas aussi peur que je veux le faire croire …

« —Ton adresse. elle me demande alors que je viens de prendre place sur le siège passager.
—Il est hors de question que je laisse une sirène conduire ma voiture. je rétorque en m’enfonçant dans mon siège, les yeux clos.
—Mais je ne suis pas une sirène. Donc ? L’adresse ? elle insiste. »

J’ouvre les yeux, coule un regard vers elle puis les referme et lui donne mon adresse, en lui indiquant comment y arriver. Je l’entends m’informer qu’elle me réveillera lorsqu’elle arrivera vers chez moi avant de me laisser emporter par un micro sommeil. 

*
* *

J’ai l’impression d’avoir fermé les yeux trois minutes plutôt, quand je me sens secoué par le bras. En les ouvrant, je tombe nez à nez avec ses prunelles marrons et son sourire espiègle. 

« —On est arrivés et je n’ai même pas eu besoin de te réveiller.
—….
—C’est bien le portail bleu n’est-ce pas ? »

Je jette un coup d’œil autour de moi et reconnais ma ruelle et mon portail et acquiesce d’un hochement de tête.

« —J’imagine que tu la gares à l’intérieur ? »

Je grogne quelque chose qui ressemble à un oui, en refermant mes yeux.

« —Okay, il va donc falloir que tu sortes pour ouvrir le portail. 
—Toque trois coups le gardien viendra ouvrir. Je marmonne en m’adossant à mon siège.» 

Mon sommeil n’est plus aussi profond et j’entends Thomas, mon gardien, discuter avec la jeune femme, puis me demander si je vais bien. 
Je lui confirme qu’il n’y a aucun souci, qu’il n’a pas à s’inquiéter et sors de la voiture. 
A moitié endormi, je m’adosse à la porte d’entrée et la regarde manœuvrer pour garer la voiture, puis en sortir pied nus. 

« —A la tête que fait ton gardien, tu n’as jamais fait une chose aussi stupide hein ? elle me demande en souriant.
— C’est ça…. »

Tout comme elle l’a fait pour ma voiture, elle se met à tester les différentes clés de mon trousseau avant de trouver assez rapidement, celle qui ouvre la porte et ne se gène pas pour y rentrer. Je la suis, referme la porte derrière moi et la laisse planter dans le salon tandis que je rejoins ma chambre complètement gazé et irrité que mon sommeil ne soit plus aussi profond.

« —Eteint la lumière. je lui ordonne quand elle fais son entrée dans la pièce.
—Non, j’en ai pas envie. elle me répond.» 

Inutile de discuter avec elle, je me dis en posant mon bras sur mes yeux à la recherche de mon sommeil.

Je sens le lit s’affaisser à mes côtés, et son parfum me titiller les narines. Un silence s’est installé dans la pièce, et il est perturbé que par nos respirations lentes et régulières. Ni l’un ni l’autre ne parlons mais je sens son regard fixé sur moi. 

« —Tu as eu quel âge ? je me surprends à lui demander.
—Je pensais que tu voulais dormir ?
—Avec la lumière et ton regard braqué sur moi, c’est compliqué.
—….25. »

Je retire mon bras et lui fais face. Elle fait son âge même si elle est maquillée. Malgré tout son attirail, je la trouve belle et les traits de son visage me disent qu’elle l’est aussi bien maquillée que non maquillée. Elle semble fatiguée comme si elle avait, elle aussi besoin d’une bonne nuit de sommeil, et je me dis qu’elle devrait rester dormir.

« —Tu peux dormir là. je lui propose. A condition que tu m’assures que tu n’es pas une sirène qui revient tous les 25 ans pour faire une victime. »

Elle arque un sourcil, lève encore une fois ses yeux au ciel avant de secouer sa tête de gauche à droite puis s’accouder quelques secondes et passer sa langue sur mes lèvres. Elle dépose de petits baisers chastes puis les approfondit un peu plus, au suivant. Elle le fait avec une facilité et une calme troublant, comme si cette situation était normale entre nous et que cette proximité avait toujours existé. Elle traverse la barrière de mes lèvres de bout de sa langue et je la laisse mener le ballet qui se joue entre nos deux langues avant de l’attraper par la tailler et l’attirer vers moi. Elle est aussi légère qu’une plume, je me dis quand elle s’installe à califourchon sur moi. Son regard est vitreux, sa respiration saccadée, tout comme la mienne. Toute notion de pensée cohérente et intelligente a déserté mon cerveau. 
Je ne vois qu’elle, et nos vêtements qui font barrières.
Elle fait passer sa robe par-dessus ses épaules et j’en fais autant avec ma chemise et mon t-shirt tandis qu’elle défait la boucle de ma ceinture. Je suis loin d’être en présence d’un plan cul comme un autre. Rien n’est normal encore moins logique entre elle et moi. De notre rencontre à ma chambre en passant par l’attention que nous nous portons mutuellement. En temps normal, je vais à l’essentiel, mais là, je ressens le besoin de la faire vriller et ça peut importe le temps que ça me prendra. D’ailleurs, elle semble le comprendre puisqu’elle ne presse rien et adopte le même rythme que moi. Aucun de nos gestes n’est exécuté avec empressement. C’est même tout le contraire, ils sont effectués avec calme et sérénité. 
Je fais face à ses seins pleins et tendus. De l’index, j’en redessine les arrondis puis du pouce, j’effleure ses tétons qui durcissent un peu plus sous mon passage avant de les mettre en bouche et les suçoter. Elle pousse de petits gémissements, frissonne et creuse son ventre déjà plat. 
Elle répond particulièrement bien à mes caresses, et je les approfondie. Je laisse ma main se balader sur son corps jusqu’à atteindre son bouton et le titiller. Elle garde son regard braqué dans le mien alors que ses reins ondulent sous les assauts de mes doigts. 
Ses sourcils se froncent tandis qu’avec fierté, je la sens se contracter sous mes doigts.
Elle ne me laisse pas finir et glisse sa main sous mon boxer puis s’empare de ma verge.
Elle est du genre à ne pas aimer lâcher prise seule…
Mes doigts s’humidifie à mesure que je me durcie, sans avoir réussi à la faire crier et je décide de mettre fin à notre petit jeu. Je lui retire le dernier « vêtement » qui nous sépare et je la laisse s’empaler sur moi tout en gémissant.

*
* *

L’impression qu’une personne s’active autour de moi me tire du sommeil dans lequel j’étais plongé. Pendant trois secondes je me dis que tout va bien avant que ça tambourine lourdement dans ma tête, un peu comme si une fanfare avait établie ses quartiers dans mon crâne. 
Et voilà la raison pour laquelle je me refusais à boire, ça me revient un peu trop tard. 
Ce serait bête et surtout très stupide de ma part de tenter de me lever. 
L’idée de flemmarder dans mon lit se fait de plus en plus insistante, quand j’hume une odeur non familière sur mon oreiller. Aussitôt, des brides de la soirée me traversent l’esprit. J’entends des soupirs, des gémissements, des cris, sens des mains douces tantôt me caresser tantôt me griffer le dos, je vois un dos, une croupe, moi donnant des coups de reins… Et dire que je ne voulais pas ramener de plan cul….Mais je n’ai pas le souvenir d’avoir conduit.
C’est le moment que choisit mon esprit pour me balancer une image d’elle, la sirène, puis une espèce de film en accéléré retraçant toute ma soirée…. Merde, ce n’est pas moi qui ai fait le con comme ça ! 
Quand on dit que ça n’arrive pas qu’aux autres. Comment j’ai pu être aussi inconscient et irrationnel ? Elle a conduit ma voiture et j’ai passé toute la nuit à faire l’amour avec elle après avoir échangé moins de dix phrases !

Je me lève en sursaut, et me rallonge aussitôt quand l’impression d’avoir reçu un coup de marteau au crâne s’empare de moi.

« —Hummm.
—Tu ne devrais pas essayer de te lever aussi vite. »

Malgré la douleur, je me tourne vivement vers l’endroit où je crois situer la voix. C’est elle, le maquillage en moins, l’air plus jeune, mais c’est bien elle et j’avais raison, sans maquillage, elle reste belle. 
Assise sur le bord du lit à moitié tournée vers moi, elle est en train de remonter sa robe. J’ai le temps d’apercevoir son tatouage au creux de ses reins et un de ses mamelons dressés avant de reposer les yeux sur elle. 

« —Je me suis permise d’utiliser ta salle de bains pour me rafraichir un peu. elle lance en se levant pour ajuster sa robe. J’ai aussi fouillé les placards de ta cuisine pour te préparer une petite potion magique qui fera disparaitre ta gueule de bois. Elle est posée sur ta table de chevet. »

J’analyse ma table de chevet et vois en effet un verre rempli d’un mélange rouge orangé, et juste à côté un verre d’eau, une bouteille de tonic et des comprimés.

« —Mais si tu as peur d’essayer ma boisson magique, je t’ai sorti le remède traditionnel, pas si efficace que ça. elle poursuit en grimaçant.
—….
—Une dernière chose ; je viens de prendre 5 mille dans ton porte-feuille, mais c’est pour le taxi. Je vais y aller, passe une bonne journée. »


Je n’ai pas le temps de comprendre ce qui est en train de se passer que j’entends le claquement de la porte de ma chambre.

Il vient de se passer quoi à cet instant?
Je ne me laisse pas le temps de répondre à ma propre question et sors de mon lit, enfile rapidement un bas de jogging et arrive à son niveau alors qu’elle ouvre le portail. Je le referme dans un claquement mat.

« —On peut savoir ce que tu fais ?elle me demande en se retournant.
—Où sont mes clés ?
—Avec ton gardien. elle répond l’air vexé. J’ai du récupérer mes chaussures dans ta voiture. »

Je regarde ses pieds. C’est vrai qu’elle parait plus grande…

« —Qu’est-ce qui me dit que tu ne m’as rien volé ? je lui demande plus pour lui faire perdre du temps et me permettre d’organiser mes idées. »

Elle arque un sourcil, l’air défiant puis lève ses mains en l’air avant de tourner sur elle-même. 

« —Tu veux peut-être fouiller entre mes jambes ? elle me balance avec un sourire en coin. 
—…
—Je peux y aller mainte…
—Mais ya Dylan, je t’appelle depuis… Bon-jour ! »

Je détourne mon attention de la jeune femme et la porte sur Lisa, ma petite sœur qui vient d’entrer par le portail.

« —Je te dérange ? 
—Je vais y aller. elle dit en joignant le geste à la parole.
—Lisa attends-moi à l’intérieur. je lui ordonne avant d’aller récupérer une paire de chaussures et aller à la poursuite de la jeune femme.
—Mais qu’est-ce qui se passe ya D ? Tu ne m’avais pas dit que tu avais une copine ! »

Je lance un « je reviens », sans répondre à sa question et passe le portail. 
Je la retrouve en train de s’installer sur la banquette arrière d’un taxi. D’un signe de tête, je lui demande de baisser sa vitre, ce qu’elle fait, et je lui pose la seule question qui me vienne à l’esprit ?

« —Comment tu t’appelles ?
—…Marie-Claire. 
—Okay, moi c’est Dylan.
—Je le sais. »

*
* *

« —Mais t’étais passé où ? me demande Kyle en prenant sa bière. On s’est inquiétés pour toi.
—C’est vrai. confirme Drew. T’avais l’air de ne pas tenir et tu m’as dit aller aux toilettes, mais t’es jamais revenu.
—Vous êtes trop mignonnes mesdemoiselles, mais il ne faut pas vous faire du souci pour moi. je balance en leur tirant une joue chacun. 
—Oh quitte là. balance Kyle en retirant ma main.»

Je me lève de la chaise où je suis installé en riant et vais rejoindre Jesse dans la cuisine. 
Il est de coutume pour les enfants Buaka, lorsqu’ils sont tous réunis dans le même pays, de se retrouver le samedi pour un brunch ou un déjeuner. C’est à celui qui accueil de choisir. Ce samedi c’est chez Jesse et parce que Lisa n’a pas de voiture, je lui avais proposé de venir en taxi jusqu’à chez moi puis d’aller avec elle chez Jesse, ce qui explique sa présence chez moi ce midi. J’étais tellement dans le brouillard, à essayer de comprendre mon comportement de la veille que je l’ai envoyé chier. 
En fouillant le frigo de Jesse, j’ai une idée derrière la tête, lui préparer un cocktail qu’elle aime beaucoup et dont je suis le seul à contre le bon dosage. 

« —Bon, devant les autres tu as raconté ton pipo, ils ont l’air d’en être satisfaits, mais moi j’attends la vraie version. lance Jesse. 
—J’étais vraiment fatigué. j’affirme en prenant du jus d’orange.
—A d’autres. »

J’aurai beau nier auprès de tout le monde, s’il y a bien une personne à qui j’ai du mal à mentir c’est Jesse. 
Il est plus âgé que moi de deux ans, mais nous entretenons une relation amicale et fraternel, je lui parle comme à un ami, mon meilleur ami, et écoute ses conseils de grand-frère. La réciproque étant de mise. On se dit tout, absolument tout et le fait qu’il veuille en savoir un peu plus sur la soirée d’hier n’est pas si mal que ça. Ça va me permettre de me vider et surtout avoir son point de vu sur ce que j’ai du mal à comprendre ; ma réaction. 

« —J’ai ramené une femme chez moi hier soir. je balance tout de go.
—Oh…. Donc t’as remis ça avec Pam ?
—Non ! je réponds avec énergie. Pourquoi tu me parles d’elle ?
—J’ai cru que c’était elle la femme dont tu parlais car elle était là hier soir, et parce que je ne l’ai plus vu après ton départ. »

Heureusement pour moi que je ne l’ai pas vu. Depuis que j’ai discuté avec elle, il y a trois semaines, je n’ai pas eu l’occasion de la voir.
Je voulais pas passer pour le genre de salaud qui couche jusqu’à épuisement de son partenaire puis le laisse comme une vieille chaussette, je ne voulais pas passer pour un salaud tout court, alors j’ai essayé de me montrer amicale à travers les messages que je lui ai envoyés. Pour la plupart, ils me sont restés sans réponses et pour ceux qui ont trouvé grâce à ses yeux, ce sont des réponses aussi tranchantes que sanglantes qui m’ont été retournés. Alors même si ce n’était pas ce que je voulais, je me doutais bien que tout ce que je faisais, me faisait inéluctablement passer pour un salaud. J’ai donc décidé de mettre de la distance entre elle et moi, et revenir un peu plus tard vers elle, quand elle serait moins attachée. Mais si je m’étais trouvé en face d’elle, je ne suis pas certain que dans l’état dans lequel j’étais, j’aurai trouvé les mots justes pour dégoupiller une bonne fois pour toute la situation.

« —Non… Non ce n’était pas elle. Je suis rentré avec une autre femme…. Une femme avec qui j’ai échangé moins de dix phrases avant de l’emmener chez moi. je rajoute rapidement.
—Quoi ? il s’écrit choqué. Tu es sérieux ? »

Je comprends son étonnement, je le suis tout autant. Oui il m’arrive comme beaucoup d’avoir des plans d’un soir ou des plans culs, mais je les travaille à minima. Je les connais forcément. D’un diner, un repas entre amis, une soirée, un meeting, un ami en commun et j’en passe, je les connais forcément, mais là… C’est inexplicable. 

« —Je suis tout aussi étonné que toi. je lui avoue en m’adossant au plan de travail. Il devait y avoir un truc dans mes verres parce que j’en reviens pas moi-même.
—Mais attends, tu l’as rencontré dans la boite ? Ah quel moment.
—Je ne l’ai pas rencontré dans la boite. Je l’ai rencontré dans la ruelle perpendiculaire à la rue où j’avais laissé ma voiture. Il y avait un truc quand je posais mon regard sur elle….C’était inexplicable….. Elle a conduit ma caisse ! 
—Mais non ! il crie en lâchant la viande qu’il a dans les mains. Arrête tes conneries, j’te crois pas ! Même à moi tu ne donnes pas les clés de ta voiture.
—Je prends Thomas à témoin. Il n’en revenait pas lui-même. 
—Mais non, mais tu as du tomber sur une sorcière ou une sirène, sinon ce n’est pas possible.
—Je lui ai dit la même chose. je lance dans un rire….. Je t’assure que je n’arrive pas à comprendre ce qu’il s’est passé.
—Qu’est-ce qu’il s’est passé quand ? intervient Drew en entrant dans la cuisine.
—Hier, il comprend pas comment il s’est retrouvé aussi nase alors qu’il a l’habitude des cuites. répond Jesse. »

Je n’ai pas besoin de remercier Jesse, il le sait déjà. 
On a beau aimer notre petit frère, ce dernier à tendance à beaucoup parler, un peu trop parler. Il suffit qu’il entende une chose pour qu’elle soit sue de tous, les jours que dis-je, les heures qui suivent. Radio perroquet, on l’appelait plus jeune, et il n’a toujours pas changé.

« —Ah. Ouais, t’avais pas l’air bien. C’est peut-être l’âge qui te parle frangin. il lance en me tapotant le ventre.
—P’tit con.
—Ah-Ah-Ah ! Je te taquine, je te taquine. En tout cas, c’est dommage que tu n’aies pas été là pour voir ma future femme. La chair de ma chair, celle que Dieu a pris de ma côté. La femme de ma vie !
—Mince, et elle est au courant de son supplice la pauvre femme. je rétorque en grimaçant.
—C’est ça la bonne question ! ricane Jesse. Elle lui a mis un vent, non, un ou-ra-gan ! Ah-Ah-Ah ! 
—Ah parce qu’elle n’est vraiment pas au courant ? Mais j’ai dit ça pour te charrier ! 
—Il…il l’a vu danser. reprend Jesse en suffoquant de rire. Il a ameuté toute la tablée pour qu’on le regard « séduire la femme de sa vie » comme il l’a qualifié. Et figure toi… figure-toi qu’elle l’a moins de cinq secondes pour le rembarrer. »

Jesse termine à peine sa phrase, qu’il explose de rire, au point de s’en tenir les côtés. Rien qu’imaginer la scène et la tête de Drew actuellement me fait le rejoindre dans son fou-rire.

« —Ouais, mais il ne faut pas résumer la situation comme ça…. Elle sera une Buaka ! je vous le dis ! il jure le doigt en l’air.
—Mais tu comptes faire comment, tu n’as même pas son numéro de téléphone ? lui demande Jesse avant d’éclater à nouveau de rire. »

Et c’est reparti de plus belle. Jesse et moi sommes incontrôlables ! 
Sacré Drew, lui et ses conneries.

Les jeux du destin