CHAPITRE VIII : Le nouveau départ
Write by dotou
En quittant le gynécologue en
compagnie de sa mère, Cora entrevoyait de la sexualité un autre horizon. Elle
était à présent totalement consciente du complexe mécanisme qui régissait son
corps.
Cadia proposa à sa fille d’aller
directement dans une pharmacie prendre les pilules que le médecin lui avait
prescrites. Elles essayaient d’arrêter un taxi lorsque la voiture de Dean
stoppa devant elles.
- Bonjour, lança l’homme, d’où
venez-vous ainsi ?
- Nous étions sorties ; ne te
mêle pas de nos secrets de femmes, riposta Cadia en embrassant son fils alors
que Cora détournait le regard.
Deux jours après l’incident, Cora
éprouvait toujours une certaine colère envers Dean pour avoir frappé son ami.
Il l’observa quelques instants avant de proposer :
- Je peux vous déposer quelque
part ? Je reviens du pressing et je rentre à la maison.
- Merci mon fils, nous rentrons nous
aussi. Mais avant, je dois passer à la pharmacie.
- Quelque chose ne va pas ?
Questionna Dean une fois qu’elles se furent installées dans le véhicule, Cora à
ses côtés et Cadia sur le siège arrière.
- Rien de grave. Je dois juste prendre
du paracétamol. Il n’y en a plus à la maison et j’ai parfois un de ces affreux
maux de tête.
Se retournant, Cora adressa à sa mère
un sourire reconnaissant. Lorsque Dean s’arrêta sur le parking de la pharmacie,
Cora proposa à sa mère de la suivre, mais il intervint :
- Reste donc avec moi Cora, on
discutera un peu.
- Comme tu voudras, répondit-elle du
bout des lèvres.
- Je vous en prie les enfants, ne vous
disputez pas, recommanda Cadia avant de s’éloigner vers la pharmacie.
- Je pense qu’on devrait avoir une
discussion tous les deux, commença Dean aussitôt qu’ils furent seuls.
- Je ne crois pas qu’on ait beaucoup à
se dire.
- Si Cora ; tant de choses se
sont passées. On ne peut pas continuer à se chamailler ainsi. On s’entendait si
bien.
- C’est de ta faute.
- Je voudrais me rattraper. Que
dirais-tu de venir dîner chez moi un soir ?
- Non Dean, je ne peux pas, répondit
Cora. Elle savait qu’elle ne pourrait pas supporter de pénétrer dans l’intimité
que Dean avait créée avec Andréa.
- Pourquoi Trésor ? Depuis que je
me suis installé, tu n’es pas encore venue une seule fois.
- Tu as ta vie à présent et je ne
voudrais pas être une gêne pour ta femme et toi.
- Tu as tort de penser ainsi Cora.
Même marié, je demeure toujours pour toi le frère d’autrefois. Pourquoi ne pas
dîner ensemble demain soir ? Je dirai à Andréa d’apprêter le dîner.
- J’accepte de dîner en ta compagnie,
mais ailleurs que chez toi.
- J’accepte ta condition. On se donne
rendez-vous au Pili-Pili demain soir ? Ton heure sera la mienne.
- D’accord ! A 21 heures alors.
- Merci Cora. Cela nous fera du bien
de discuter un peu ensemble.
Cadia revint et s’affala sur le siège
arrière en se plaignant de la chaleur. Sur le chemin, une conversation anodine
s’installa entre les occupants du véhicule.
- De quel rendez-vous s’agit-il ?
S’enquit sa mère alors qu’elles pénétraient dans le séjour.
- Il m’a invitée à dîner.
- Chez lui ?
- Non, il me l’a proposé, mais j’ai
préféré qu’on aille dans un restaurant.
- Mais pourquoi ? S’étonna sa
mère.
- Je préfère ! Fit Cora évasive.
- Cora, depuis que ton frère a quitté
la maison, tu ne lui as pas une seule fois rendu visite.
- Il est marié maintenant maman, et il
n’a sûrement pas envie de me voir fouiner chez lui à tout moment.
- Cora, tu me sidères ; tu as
toujours été très importante aux yeux de Dean et aller le voir de temps en
temps ne lui fera que plaisir. Tu devrais l’appeler et lui dire que tu as
changé d’avis.
- Non maman ! Répondit la jeune
fille d’une voix si catégorique qu’elle laissa sa mère interloquée.
Ce soir-là, elle se rendit chez Steve.
Elle concocta un repas qu’ils dégustèrent tous les deux. Après cela, ils
s’étendirent tous les deux sur la moquette et Cora enlaça son ami qui
l’embrassa. Peu à peu, leurs corps enfiévrés retrouvaient le chemin de la
passion. Cora galvanisée par ces sensations toutes nouvelles pour elle, se
laissait guider. Une ou deux fois, elle pensa à Dean, mais le chassa avec
détermination de ses pensées. Après que leur passion se fut apaisée, le silence
qui s’était depuis peu installé entre eux, fut brisé par la sonnerie du
portable du jeune homme. Après avoir raccroché, il lui fit savoir que c’était
sa mère qui prenait de ses nouvelles.
- Elle se plaint parce que je ne passe
plus mes week-ends à Porto-Novo. Elle soupçonne que je sois amoureux.
J’aimerais te présenter à ma famille. La tienne me connaît déjà et il serait
bon que la mienne te rencontre.
- Ne te sens pas obligé.
- C’est une obligation et en même temps un plaisir pour
moi, Cora. Tu es une fille fantastique et je suis fier d’être ton compagnon.
J’ai envie que tous ceux qui m’entourent te connaissent. Alors tu veux
bien ? Ma famille t’adorera.
- Oui, ça me plairait beaucoup, avoua
enfin Cora.
- Dimanche prochain on pourrait y
aller. Je vais les rappeler afin de les avertir.
En somptueux déshabillé, Andréa, étendue sur le lit
attendait impatiemment que son mari sorte de la douche. Lorsqu’enfin celui-ci
en émergea, le regard qu’elle posa sur son torse nu ne le trompa pas. Il la
complimenta.
- Je savais que cela te plairait.
Cette soirée est la nôtre, Dean. J’ai donné sa soirée à la domestique et il ne
reste plus que nous deux. Le dîner est prêt et je t’ai mijoté un plat que tu
adores.
- Je suis désolée Andréa, mais cette
soirée à deux n’est pas possible ce soir.
- Mais pourquoi ? Il y a six mois
aujourd’hui que nous nous sommes mariés ; cela se fête mon chéri !
- Zut ! Je l’avais totalement
oublié. Je suis désolé Andréa.
- Je ne te comprends pas. Tu
sors ?
- Oui, je t’avais dit hier que je dînais
avec Cora.
- Mais tu ne m’avais pas précisé que
c’était ce soir.
- Il me semble pourtant l’avoir fait.
- Non mon amour. Mais ce n’est pas
grave, câlina la jeune femme en se blottissant contre lui. Appelle-la et
reportez votre sortie.
- Ce n’est pas possible. J’ai dû lui
arracher une réponse affirmative. Si je décommandais ce soir, je ne pense pas
avoir de si tôt l’occasion de lui parler.
- Dean, je suis ta femme et cette
soirée est importante pour nous deux, dit la jeune femme un soupçon de
déception mêlé de colère dans la voix.
Prévoyant la dispute, Dean se détacha
d’elle.
- Andréa, il faut que je me prépare,
sinon je serai en retard.
- Ta décision est prise n’est-ce
pas ?
- Je ne peux pas faire autrement.
- Si Dean, il te suffit de le vouloir,
persifla Andréa. J’ai toujours accepté passer après la société, me faudra-t-il
aussi supporter passer après ta sœur ? N’occuper qu’une infime partie dans
ta vie alors que je suis ton épouse ?
Emportée par la colère, elle s’était
levée et faisait à présent face à Dean qui tenta de la calmer.
- Andréa, nous avons toute la vie pour
nous. Cette soirée en moins n’y changera rien. Le week-end prochain sera juste
pour nous deux.
- Non Dean, c’est toujours le même
refrain. Même au cours de notre lune de miel à Bagdad, tu m’as abandonné bien
de fois.
- Je devais rencontrer des
fournisseurs potentiels. Ils sont d’ailleurs devenus l’un de nos meilleurs
partenaires.
- Et le jour où on devait rendre
visite à mes parents ? On a dû décommander parce qu’une de tes machines ne
fonctionnait pas. Tu m’as abandonnée alors que tes techniciens pouvaient très
bien s’en occuper.
- Je ne pouvais pas prévoir que cela
prendrait toute la journée.
- On a prévu aller passer le dimanche
dernier à Ganvié, on a annulé à cause de ton humeur de chien parce que Cora
avait découché.
- Cora n’avait jamais posé un acte
pareil et il était normal que je sois inquiet.
- Oh Dean, ragea la jeune femme, je
commence à en avoir assez de cette situation. Dans ta vie il n’y que Cora et
- Et mes parents, mes amis ? Tu
les mets où ? Contra son mari dont la nervosité croissait.
- Ils sont tellement rares tes amis,
si ce ne sont pas des relations d’affaires.
- Et toi Andréa ? C’est toi que
j’ai choisie pour épouse, toi et aucune autre femme et cela parce que je
t’aime. Mais Cora est ma sœur unique et elle compte énormément pour moi. Alors
laisse-moi me préparer, cette dispute n’a vraiment pas de sens.
- Tu aurais mieux fait d’épouser ta
sœur, qui ne l’est pas d’ailleurs réellement.
Furieux, il se saisit de son
avant-bras en s’écriant :
- Ne dis plus jamais cela Andréa, plus
jamais ! Il n’y a pas que des liens de sang qui font de deux personnes des
frères ou des sœurs et Cora est bien la mienne.
- Non Dean, ce que tu éprouves pour
Cora est bien plus que des sentiments fraternels. Ne te cache donc plus
longtemps la vérité.
Il la repoussa et elle s’affala sur le
lit où elle éclata en sanglots.
- Ne dis plus jamais pareilles
sottises ou ma réaction te surprendra Andréa, hacha Dean avant de saisir ses
habits et de claquer la porter.
Quelques minutes après, encore
furieux, il sortit de la maison en crissant les pneus de sa voiture. Andréa,
toujours affalée sur le lit pleurait toutes les larmes de son corps. Elle
sentait à la poitrine un poids énorme. A travers ses pleurs, pour la première
fois depuis leur vie commune, elle remit en cause son mariage. Elle se demanda
si elle n’avait pas commis une erreur en s’unissant à cet homme qui était
amoureux de sa sœur adoptive.
Longtemps après, alors que ses larmes
s’étaient taries, le doute la hantait toujours. Mais, quelques heures plus
tard, lorsqu’elle sentit le corps chaud de son époux se lover contre elle, elle
se surprit à espérer. Elle essaya, comme tant de fois déjà, de se convaincre
que l’attachement de Dean envers Cora était simplement immense et ne cachait
pas nécessairement un sentiment amoureux.
- Dean, tu es revenu ?
- Oui ma chérie. Excuse-moi, je me
suis laissé emporter tout à l’heure.
- Moi aussi. Tu sais, je ne pensais
pas tout ce que je t’ai dit.
- Moi aussi mon cœur. En te revoyant
dans ton déshabillé, je devenais fou de désir.
- Oh mon amour, je t’aime tant !
Embrasse-moi.
Il exauça la prière de sa femme et la
nuit qu’ils passèrent ensemble fut l’une des plus passionnées de leur histoire.
Cora quant à elle n’arrivait pas à trouver le sommeil.
Elle repensait sans cesse à la soirée qu’elle venait de passer en compagnie de
Dean. Chacun étant venu sous le signe de la paix, avait fait de son mieux afin
de regagner la confiance de l’autre. Lorsqu’ils s’étaient séparés trois heures
plus tôt, une parfaite symbiose régnait entre eux. Cora se sentait heureuse,
elle avait regagné l’estime de Dean et surtout elle avait l’amour de Steve.
Elle laissa son esprit voguer vers celui-ci et sourit.