CHAPITRE X : LE GOUTER

Write by Marc Aurèle

CHAPITRE X : LE GOUTER

MARCY

Déjà six heures de temps que je suis devant mon ordi. Je n’ai presque pas dormi cette nuit et m’étant attablé pour travailler mon roman, j’ai plutôt écrit mes inquiétudes au sujet de mes parents au lieu de parler de moi. J’y ai transcrit mes inquiétudes mais également les moments suspicions que j’ai connus avec les deux êtres les plus chers de ma vie. Depuis hier nuit, je n’ai pas l’esprit en place. J’ai besoin de savoir de quoi parlent mes parents et qui me ferait aussi mal, mais vu que je ne peux aborder le sujet sans faire des vagues, alors je reste dans mon coin. Maman disait à mon père qu’il fallait enfin que je sache, car la vérité aussi amère soit elle devrait se savoir. Je serais rentrée dans le bureau si papa, n’avait pas constaté que la porte était mal fermée.

Je venais d’écrire vingt pages de ma vie en laissant des accolades pour les passages qui devraient recevoir les confessions de Sally. Cela ne devra plus tarder car je dois la rencontrer d’ici deux heures de temps. Il est exactement quinze heures trente à la pendule. Je me lève du lit, où j’étais depuis mon réveil, vous direz que je suis folle, ne vous inquiétez pas j’en ai conscience. Mes personnages, meublent suffisamment ma vie pour que j’y fasse venir d’autres personnes encore. Tenez ! Me croirai-vous, si je vous disais que j’ai fait la cuisine et même mangé tout en travaillant ? Et sans même sortir du lit ? Je sais que c’est invraisemblable, mais moi j’arrive à le faire. Je vous raconte, il suffit que moi Marcy étant dans mes textes, j’envoie mes personnages jouer les rôles à ma place et le tour est joué. Sabine, ma tendre, douce et docile assistance avec ses grosses lunettes de vieille dame était toujours disponible pour que je me dédouble et quand l’imagination n’était pas au rendez vous, je faisais juste appelle à la vraie Tata Sabine, qui recevait mes consignes via l’interphone et me mettait toutes mes commandes dans le monte charge et moi en grande fainéante je les récupérais. Mais n’allez surtout pas croire que je suis une mauvaise fille, non loin de là. Judith et Karl ont veillé à me donner la meilleure des éducations qu’il soit et si j’ai été un succès scolaire, j’avais également eu la grâce d’être une fille bien faite.

Tout en étant dans mes pensées folles, j’avais pris ma douche, porté un longue robe en lin de couleur bleu, avec des dessins d’oiseaux de toutes natures. Je regarde dans le panier d’osier sur la table basse et pris la clé de la coccinelle. Maman, m’en voudra quand elle me verra sortir de la maison avec. Je souri, il y a deux jours, j’étais avec elle dans le hall, la regardant chercher la clé comme une damné, alors que je savais très bien qu’elle était avec moi. Je sais que c’est méchant mais parfois faut bien qu’on enquiquine les parents un peu n’est ce pas ?

Je retrouve une Sally toute en beauté. Nous nous assîmes dans le jardin aux pieds du monument, toutes les deux dans nos longues robes aux teintes bleues, nous étions directement posées sur le gazon, papotant, tout en meublant les vides de mon texte qui prenait forme au fur et à mesure.

SALLY

Mes jambes croisées en dessous de moi, je donnais les explications à Marcy qui les reformulait et les intégrait dans son premier draft. A chaque fois, elle le relisait et je dois reconnaître que le style était juste impeccable. Elle avait ce sourire niais sur le visage qui me rappela mon père quand il était satisfait de son travail. Je l’observe et j’ai l’impression de me voir en elle, je ne sais pas pourquoi mais je nous trouve énormément de similitudes. Il commença par faire sombre. Les réverbères venaient d’être allumés. Je jetai un regard à la ronde et vis le mobilhome du vendeur de sandwich qui installait ses tables.

-          Ca te dit qu’on se prenne un cheeseburger ? demandai-je à Marcy

-          Eh ben ! comment sais tu que je préfère les cheeseburgers aux hamburgers ? me demanda-t-elle

-          Tu m’étonnes c’est toi qui l’a écrit en disant que c’est ce que tu prenais toutes les fois que tu entrais dans le fast food à la recherche de Dimitri répondis-je en souriant.

-          Je vois, mais cela ne me dit pas pourquoi tu veux faire pareil. Elle prit la main que je lui tendais et c’est la main dans la main que nous nous dirigeâmes vers la sandwicherie mobile.

Je ne sais comment expliquer cette fusion entre nous. Encore moins cette complicité et cette complémentarité naturelles qui émanaient de nos gestes. Marcy posa sa tablette sur le comptoir et tout en attendant notre commande, nous poursuivîmes notre travail. Entre temps, mon téléphone avait sonné. C’était Raul mon compagnon qui était censé aller me récupérer à sa descente, mais qui s’excusait de ne pas pouvoir faire le détour. Je n’étais nullement pas surprise de ce coup de fil. Mes boud’chou étant avec leur nounou, je pouvais bien me contenter d’un Zémidjan pour rentrer.

-          Je pense que la partie sur la malédiction des PRAYSORS n’est pas vraiment claire ? fit Marcy en levant la tête.

-          Ah bon ! mais si tu le dis, on le retravaille c’est tout simple.

-          Refait moi l’historique, je vais voir fit-elle en mettant dans la bouche son épingle à cheveux.

-          Ce que je sais, c’est que le premier Playground des PRAYSORS a été celui du Stade de KOUHOUNOU. Ce qui s’est réellement passé, est que les filles de ce club n’étaient jamais parvenues à gagner ne serait-ce qu’un seul match sur ce terrain de basketball pendant plusieurs décennies, jusqu’à mon arrivée dans le club pour cette saison. Les filles cartonnaient partout et raflaient tous les trophées, mais perdaient tous leurs matchs à domicile. Je me rappelle que le Président du Club me disait le jour de la signature de mon contrat, que si cette saison nous ne levions pas cette malédiction, il se verra dans l’obligation de rendre officiel l’existence de la salle du Club Sportif.

-          Je vois ! mais pourquoi ce fut ton dernier match avec eux ? demanda la jeune auteure en écarquillant les yeux.

-          Au fait ce fut mon dernier match sur le territoire. Depuis que je suis rentrée pour papa, je n’ai plus joué en équipe. Le championnat Africain, étant le dernier de la saison, je m’étais retirée de la fédération pour une année sabbatique et je n’y suis retournée que pour prendre un poste de coach pour les juniors.

-          Tu m’étonnes, tu sais Sally, pourquoi interrompre une carrière aussi belle. Si je fais le point tu as eu cinq belles saisons de victoires, alors je ne comprends vraiment pas pourquoi tu t’es arrêté.

-          Ma chérie, la perte de mon père à sonné le glas de mon existence. Tu sais, je n’ai pas vraiment connu ma mère et les images d’amour et de tendresses que je retiens dans ma tête ont toujours été celles de mon père prenant soins de moi. Je vais te faire un aveu, vue qu’il s’agit de confessions, ma mère n’a jamais été plus normale après mon accouchement. Mes frères me racontèrent qu’elle était devenue comme folle, étant toujours assise dans un état second, et que c’est depuis ce jour là que papa a repris le relais en tout à la maison. Donc j’ai jugé préférable de sacrifier une passion pour une autre afin d’honorer mon père, mais surtout d’être la mère que je n’ai pas eu.

C’est noté. Je l’ai reformulé tout en écoutant et je crois que tu vas aimer, me dit-elle en pianotant sur l’écran tactile de sa tablette

A LA CROISEE DES CHE...