Chapitre XVI
Write by imalado
------Amir Amokhi------
Un diner ! Je l’ai invité à diner… Quelle idée ? C’est sorti d’un coup. Et elle a dit oui avec la plus belle des réponses, son sourire. Et je décide de jouer la carte de l’authenticité. Je veux lui ouvrir mon cœur et pas seulement, je veux qu’elle comprenne que je l’aime vraiment…
Je ne vais donc par sortir les grands plats, un petit diner dans cette petite villa que j’ai acheté il y’a un moment déjà. Elle n’est pas complétement finie, il lui manque quelques travaux, surtout l’éclairage et les meubles. Mais ce serait chouette que de passer cette soirée dans un restaurant bondé de monde et nullement intime.
J’ai donc fait quelques courses et demandé à ma mère de m’assister à la cuisine. Oui je ne suis pas un cordon bleu mais je m’y risque quand même.
- La pauvre ! J’espère seulement qu’elle va manger avant de te rejoindre ! Elle risque de dormir le ventre vide chéri !
Je m’empresse alors de finir pour la rejoindre à la maison.
J’espère de tout cœur qu’avec cette soirée, je pourrais enfin la découvrir, comprendre pourquoi elle a l’air si loin ? Pourquoi tout ce mystère autour d’elle ? Si réellement je dois me lancer, je veux savoir où je vais, dans quoi je me lance…
------Belinda Ottawi------
Je rentre épuisée de cette journée avec tout ce qui se passe à la société, j’ai à peine le temps de me concentrer sur le boulot. Si je veux récupérer cette société, je n’ai pas tout de même intérêt qu’elle coule, alors autant bosser pour sauver ce qui reste.
J’appelle Anaïs, elle voyage demain. Pour avoir engagé cette nouvelle gérante, je lui ai proposé de partir sur les plages de Malawi, cela me rassure bien de la savoir loin de cette histoire. Elle s’y plait et le climat la rajeunit, dit-elle. Je crois avoir énormément de chance que de l’avoir à mes côtés…
Je prends vite une douche avant l’arrivée d’Amir et décide de m’habiller simple : un crop top noir sur une jupe tulipe à tissu chinois qui dévoile légèrement mes cuisses.
J’ouvre une bouteille et entame mon verre quand je reçois un appel de Maître Ayo.
- Vous n’appelez que pour de bonnes nouvelles Maître, rassurez-moi, c’est encore le cas ?
- Cette fois, je viens aux nouvelles. Qu’en est-il des parts, jeune fille que vous devez racheter ?
- Il y réfléchit… Monsieur a besoin de savoir s’il peut oui ou non me faire confiance. Si j’étais lui, j’y réfléchirais deux fois.
- Ça ne saurait tarder, j’espère tout de même que vous êtes prudente jeune fille. Je n’ai surtout pas envie…
- Ne vous inquiétez pas. Je gère. Je dois vous laisser on frappe à la porte, je vous tiendrais informer Maître. Merci encore et bonne soirée à vous.
J’avais pris la peine sous la douche de penser à comment dévier cette question « Parle-moi de toi ». Même si je sais qu’il veut s’ouvrir à moi pour les sentiments qu’il a pour moi, je ne peux faire autrement. Je suis encore sur le qui-vive et joue la carte de la prudence…
J’ouvre la porte sur un Amir décontracté, un jean et une chemise grise. Il sourit et semble comme qui dirait scotché…
- Tu es magnifique mine de rien !
- Ce n’est pas de Dior ou même d’Armany mais merci.
Je lui vole un bisou et le laisse au pas de la porte le temps de récupérer mon sac et mon téléphone sur le canapé, en vidant le reste de mon verre. En voyant cette bouteille sur la table, Jonathan va encore me faire une scène.
On rejoint sa voiture et comme d’habitude, il prend le temps des bonnes manières en m’ouvrant la portière. Je m’installe quand l’intérieur de la voiture se berce au son de « stand by me » de Sean. Je peux deviner qu’il aime ce chanteur !
Quelle fut ma surprise que de le voir se garer devant une villa. Ce qui semblait être un diner au restaurant prend une toute autre direction. Mais je me laisse surprendre. Qu’est-ce qu’il peut bien y avoir en tête ?
On passe par un jardin faiblement éclairé par les lampadaires des ruelles, avant de se retrouver au pas de porte. Il passe la clé dans la serrure et me fait signe de rentrer. Ce que je vois me laisse sans voix. C’est magnifique.
J’enlève mes chaussures à l’entrée, j’aime mieux me mettre à l’aise et puis le parquet en bois chic supplie mes pieds de se libérer… J’avance sans même attendre qu’il m’y invite d’avantage, guidée par les bougies. Je sens son regard sur moi. Je débouche sur une pièce, que je suppose être le salon.
A même le sol est placé un tapis, sur laquelle il a pris la peine de déposer deux assiettes, deux verres et une bouteille de vin rouge. Sympa le clin d’œil pour s’être rappelé de ce vin… Et enfin quelques coussins éparpillés.
Simple mais avec toute la magie du monde. Je suis émerveillée. Et c’est tellement beau toutes ces bougies, on se croirait dans un film à l’eau de rose…
- Bienvenue chez moi ! Ce n’est pas le restaurant cinq étoiles, mais j’espère que ça te plaît…
- C’est magnifique ! J’aime… Que dire j’adore !
- Tu n’es pas au bout de tes surprises : j’ai cuisiné !
- Quoi ? Oh mon Dieu, non pitié…
- T’es pas gentille toi, mais rassures-toi ça a cramé et j’ai commandé, juste le temps qu’on nous livre…
J’éclate de rire. Si ce n’est pas ça le bonheur, je ne peux l’exprimer autrement. Il a en lui ce feu qui me réchauffe le cœur quand je suis avec lui, cette façon si simple et unique, de me faire sourire à la vie. C’est cela le bonheur, chaque instant que je passe à ces côtés…
On s’installe dans le décor. On parle de tout et de rien, de la pluie et du beau temps, quand le lecteur laisse s’évader les paroles de « when a man loves a woman » de Michael Bolton, on les suit quand il me tend la main pour une danse. Ma tête sur son épaule, pour la première fois depuis la mort de ma mère, j’ai senti cette paix intérieure… je la veux éternelle… Mais le livreur s’occupe déjà de nous apporter à manger.
-
Finalement tu
dois être abonné à ce restaurant chinois, je parie que le gérant t’aime
bien ! -
J’imagine pareil
pour tes cafés le matin… On prend le temps de manger et il me propose de
visiter le reste de la villa. On se retrouve sur une terrasse.
- Pourquoi prendre une villa tout seul ? Tu n’aimes pas vivre là-bas ?
- Disons qu’à presque vingt-sept ans, j’aime mieux avoir un « chez moi », c’est plus tranquille…
- Je trouve aussi, et la maison est très belle !
- Merci, il ne reste plus qu’à la finaliser.
------Amir Amokhi------
Elle est tout près de moi, et je me sens flancher… Je ne veux pas la brusquer. Je lui propose donc d’aller finir la bouteille de vin dans le salon. Ce n’est pas la peine de vous dire qu’elle est magnifique ce soir. Et cette jupe ne m’aide pas vraiment. Elle a parfaitement épousé les traits de son corps.
Je m’adosse à un coussin et je la sens se faufiler dans mes bras. Elle m’embrasse puis laisse sa tête retomber sur mon torse. Je prends le temps d’admirer son visage. Ses yeux, ses lèvres et ce nez finement élancé.
- Parle-moi de toi Belinda. Je veux tout savoir. Tout de toi…
- Et qu’est-ce que tu veux savoir ? Ma vie n’a rien d’extraordinaire…
- Ta vie, peut-être mais toi, tu l’es…
- Je suis orpheline, je ne connais que l’orphelinat et quelques familles d’accueil. Dès que j’ai fini mes études, j’ai décidé de partir de chez eux.
- Tu n’aimais pas leur famille ?
- Non, disons qu’ils se souciaient plus de l’argent qu’ils touchaient par mois en nous hébergeant que toute autre chose… Mais j’ai deux amis : Mira et Jonathan, ils sont drôles et ce sont les meilleurs, tu vas les adorer ! Ils sont la seule famille que j’ai…
- Je te parie que je les aime déjà…
- Farceur… Et toi ? Qu’est-ce qui a fait atterrir un « Amokhi » chez un « Akué » ?
- Je n’ai pas connu mon père, il n’a pas voulu de moi, ni de ma mère d’ailleurs. J’ai été élevé par de supers grands-parents et une mère qui s’est toujours battue pour moi. Et le jour où elle s’est mariée à Athan, on a déménagé chez lui.
- Il t’a quand même donné une part de la société… Il doit être un bon beau-père…
- Non il ne l’est pas. Ces parts, c’est surement pour un rachat de conscience, ou même pour l’avoir sous son contrôle…
- Ta mère ?
- Oui. C’est la seule raison pour laquelle, je reste dans cette maison ou même cette société… Cette femme est tout pour moi.
- Je comprends… Je le comprends trop… Une mère, c’est tout à la fois.
Je passe mes doigts dans ses cheveux avec cette note de noix de coco, lui caresse le visage et l’embrasse de nouveau. Je sens ses mains se promener sur mon torse et me déboutonner lentement la chemise tout en me fixant du regard, comme pour demander approbation ou même voir le désir qui m’anime. Je ne réfléchis plus et me saisit de ses lèvres, mais cette fois pour une entrée en matière assez douce…
On s’abandonne l’un à l’autre, s’aimant comme si demain n’existerait pas, dans le silence de la nuit, quand seuls nos deux corps s’expriment pour nous…
------Athan Akué------
Je suis assis dans le jardin, Noel depuis quelques temps tourne en rond à me donner des tournis ! Se fourrer dans des bêtises et craindre pour sa vie. J’avoue, il ne m’a jamais lâché celui-là, jamais et c’est certainement le seul frère que j’ai.
- Ce n’est pas n’importe quel flic crois-moi ! Celui-là c’est un jeune bien sûr de lui !
- Comme quoi, il n’y a pas que des flics pourris dans ce pays Noel. Maintenant s’il te plaît, assieds-toi. Il n’y a pas de quoi s’affoler. J’ai une solution…
- Tu rigoles ? Il n’est pas prêt de lâcher l’affaire crois-moi ! Si jamais je trouve ce fils de pute qui m’a balancé !
- Je vais m’occuper de lui. Disons que je connaisse quelqu’un, qui connait quelqu’un qui pourrait s’occuper de ça pour nous.
- Comment ?
- Dans la prison. Cela passera pour une banale petite bagarre entre codétenus, on n’entendrait plus parler de lui…
- Je te dis que ce flic va me soupçonner encore une fois !
- Eh bien qu’il le fasse ! Ce n’est qu’avec des preuves qu’on enferme un bandit. Il ne trouvera rien contre toi. Pas de preuves, pas de témoin, pas d’enquête…
Notre discussion s’écourte, un bruit de pas nous vient et rien que par le parfum que le vent se charge de disperser, je sais que c’est Adilé.
- Désolée de vous déranger, mais j’ai bien peur Noel, d’avoir besoin de mon homme…
- Et tu as bien raison, il se fait tard. Je vais avoir droit à une crise de nerf de la part de Tania.
- Et elle a bien raison, vous vous croyez à vos vingt-ans ! Passe-lui mon bonsoir et rentre bien Noel…
Adilé… Moi-même j’ignore ce qui me rattache à cette femme. Mais du haut de ses quarante ans, c’est l’une de ces rares femmes qui se conservent. Elancée sans être débordée, belle et d’une élégance sans pareil. Chacun de ses gestes est plein de grâce et de sérénité. Un esprit vif, et une femme qui défie mes plus grands doutes.
Les épreuves de la vie n’ont pas réussi à la faire flancher, bien au contraire. Elle se dresse et relève toujours la tête malgré son passé qui ternit bien l’image de la femme qu’elle est aujourd’hui. Silencieuse, soumise mais certainement une lame des plus tranchantes.
Que fait une femme comme elle à mes côtés ? Ce n’est surement pas de gaieté de cœur, et entre nous il ne s’agit plus d’amour mais d’attaches et d’obligations… Mais j’ai tout simplement besoin d’elle. De son calme, de cette manière peu subtile qu’elle a de me ramener à l’ordre peu importe les conséquences.
Car malgré mes crises, mes insultes à répétitions, mes égards d’adultères sous ses yeux ou encore les coups, elle est restée, telle depuis ce tronc d’arbre dans l’eau : impénétrable…
Je peux bien avoir peur d’elle, de tout ce qu’elle représente ou même de son caractère endormi, mais je préfère croire qu’elle me restera fidèle quel que soit l’issu de cette vie. Car elle est pour moi, la dernière carte du jeu.
- Dois-je m’inquiéter Athan ? Noel est assez fréquent à la maison le soir, ça ne présage rien de bon en ce qui vous concerne tous les deux… Tu veux bien me dire ce qui ne va pas ?
- Rien que je ne puisse régler et tu n’en es qu’épargnée rassures-toi…
- J’attends toujours Athan… Que se passe-t-il ?
- Noel est impliqué dans une affaire criminelle, le corps d’une de nos filles, a été découvert… je dois… m’occuper du témoin…
- Tu dois le tuer tu veux dire ? Tu m’écœures…
- Pas si tout ce que je fais te le rend si bien avec tous ces voyages de luxe… Tu ne te plains pas…
Elle se lève et vide d’un trait mon verre déjà bien rempli. Avant de se servir comme arrosoir pour le gazon, le reste de la bouteille de scotch qui ne coûte pas moins de deux milles dollars et rien que ça… Et si je ne me croyais pas si riche que ça, je lui aurais payé son affront pour avoir abusé de mon calme en cet instant.
- Athan ? Tu peux aussi rajouter ces sacs hors de prix, sans oublier les bijoux ou encore cette bouteille de scotch… Bonne soirée.
Une sortie en panache… Qu’est-ce que je disais ? Classe et impénétrable…
------Amir Amokhi------
Les rayons du soleil me parviennent à présent, j’ouvre les yeux et la regarde étendue, nue dans mes bras, les cheveux en bourrique et d’une beauté sans pareil.
Je pose une bise sur son front en dégageant les mèches de cheveux qui s’y trouvaient, quand elle commence à peine à ouvrir les yeux.
- C’est bien beau que de te voir au réveil…
- Dans cet état-là ? Flatteur…
- Encore plus dans cet état-là… Tu es belle et ces rayons de soleil n’aident pas vraiment.
- Oh non ! Il fait quelle heure ?! Il faut qu’on y aille ! Le boulot ! Je vais être en retard !
Je la regarde d’un air amusé, s’affoler adorablement tentant de se rhabiller cherchant ses affaires. Ce spectacle m’amuse d’autant que l’état de ses cheveux ne m’aide pas à garder mon sérieux…
- C’est ça, ne te presse surtout pas. Et rigole bien !
- Tu peux bien y aller comme cela, tu es magnifique… L’eau chaude de la salle de bain ne fonctionne pas mais on peut tout de même prendre une douche avant de partir ?
- C’est bien tentant mais non, lèves-toi, ramènes-moi à la maison et file au boulot !
Je me rhabille et dans élan l’attire pour l’embrasser de nouveau quand elle me pince les joues et récupère les clés de la voiture.
- Monsieur est distrait, je vais donc conduire…
Je la ramène chez elle, et file directement au boulot. Ma tenue vestimentaire n’a jamais fait lieu d’une discussion d’état, je préfère donc partir ainsi au boulot et rentrer à la maison pendant la pause.
------Josué Akué------
Je suis rentré de chez ma mère assez tardivement. Aujourd’hui je me donne le temps de discuter avec mon père. Toute cette histoire me tourmente assez. Le passé de mon père a l’air lourd même s’il est vrai que tout ce qu’il fait n’a jamais été pas clair.
Je me retrouve dans l’ascenseur quand je me sens faiblir. J’ai la tête qui tourne et un profond malaise me surprend. Je lâche le journal que je tenais en main et tente de m’accrocher à la barre. Je suis épuisé ces temps-ci et le médecin de mon très cher père a supposé une fatigue générale et m’a donc recommandé un repos que je néglige depuis.
L’ascenseur s’ouvre sur Neissa, la secrétaire de Noel qui a une pile de document sur les bras. Elle retient la porte…
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