Chapitre XVII

Write by imalado

------Amir Amokhi------

Comme sans surprise c’est Josué que je trouve dans mon bureau assis sur la table un stylo en main comme jouet.

-         Je peux savoir ce qui se passe ?

-         Oh est-ce que je rêve ? Le fils prodige qui a dormi dehors ! Si je ne me trompe, c’est bien ce que tu portais hier soir en sortant ?

-         Je ne vois pas de quoi tu parles. Mais je reformule ma question : qu’est-ce que tu veux ?

-         Père voudrait que je vous informe pour une réunion, Belinda et toi. Tu ne l’aurais vu ? Ou eu de ses nouvelles ? Je n’ai pas pu la joindre…

-         Elle est surement en train de conduire…

-         Je vois… Si jamais elle se montre tu peux toujours la prévenir, et déjà nous rejoindre dans la salle de réunion.

Josué. Même si cette relation avec Belinda n’est toutefois pas officielle, je n’aime pas le savoir autour d’elle. Pas de cette façon-là…

Je revoie mon bureau pour arrangement avant de les rejoindre. Cette idée de vente de parts à Belinda ne me rassure pas. J’ai toujours eu un mauvais pressentiment à propos de cette société et de tout ce qui pouvait se rattacher à mon oncle. Personne n’est dupe. Les rapports de finance de la société sont quelques peu douteux. Des factures qui viennent de nulle part ou même des entrées de fond dont on ignore complètement l’issu. Quand moi, je tente de quitter le navire, celle que j’aime s’y accroche…

------Belinda Ottawi------

Je gare la voiture et cours telle une furie vers la salle de réunion. Amir m’a prévenu par message et j’espère de tout cœur qu’Athan Akué a pris la bonne décision. Cette vente ne fera de moi que l’actionneur majoritaire avec 50% des parts de la société, de quoi déjouer tout leur plan de blanchiment d’argent et le pousser à bout.

-         Excusez-moi, je suis sincèrement désolée pour tout ce retard. J’ai eu quelques soucis avec la voiture…

-         Ce n’est pas grave, assieds-toi. J’ai demandé à ma secrétaire de nous apporter cette bouteille de champagne et tu es toute à l’honneur ! Josué, tu veux bien me faire plaisir et l’ouvrir ?

-         Vous me vendez ces parts ?

-         Oui. Et vous êtes officiellement une de nous ! Le conseil d’administration est bien heureux de vous compter parmi nous…

Je prends le temps de m’assoir et de profiter pleinement de cet instant. Ce moment où il m’ouvre la porte pour tout le reste. Cette société est mienne et je n’aurais aucun scrupule à la reprendre de ses mains, quel que soit le moyen.

-         Merci. Je ne sais pas quoi dire Mrs Akué. Je vous promets de faire tout ce que je peux pour le bien de la société…

-         Je n’en doute pas. A Green Goal ! A Melle Ottawi et à de futures collaborations que j’espère prometteuses…

-         C’est cela : prometteuses… Donnez juste le temps à mon avocat de parcourir les documents avant que je ne les signe.

-         C’est tout à fait normal. Vous pourrez toutefois donner ses coordonnées à Noel, il va s’en charger.

-         Non ce n’est nullement pas la peine. Je le ferais moi-même.

Je récupère les documents déjà signés. Il n’y est pas allé de mains mortes pour quelqu’un qui hésitait. La réunion est terminée. Josué est ravi et me félicite joyeusement, mais je ne retrouve pas le quart de cette enthousiasme chez Amir. J’ai bien vu cette mine d’inquiétude qu’il afficha tout au long. Je ne le comprends pas ? Mais je suppose que lui non plus.

Je le retrouve plus tard dans son bureau, arrêté face à la fenêtre et les mains dans les poches. Je suppose qu’il a entendu la porte se refermer mais il n’a pas réagi. Je contourne son bureau et passe mes mains autour de lui.

-         Je suis désolée…

-         Pourquoi ?

-         A toi de me le dire…

Il se retourne et sourit. Après la nuit que je venais de vivre avec lui, je ne suis qu’amoureuse. La passion, la tendresse et ferveur avec lesquelles nous avons fait l’amour ne me laissent plus de doute. Et je sens la fièvre de ses baisers me parvenir à chaque fois que je le vois ou qu’il me touche.

-         Je t’aime.

Il me prend de court. Me laisse sans voix et le cœur battant comme un tambour. Il m’embrasse à m’essouffler et je me retrouve assise sur son bureau les jambes tout autour de lui. Quand il s’arrête net dans élan et me regarde dans les yeux. Je sens son regard transpercer mon être, toucher mon âme et me laisser sans armes.

-         Je n’ai pas envie que tu signes ce document.

Je me ressaisis et le libère de l’emprise de mes jambes. Je ne dois jamais, jamais perdre de vue ce pour quoi je suis ici, la raison même pour laquelle il est entré dans ma vie, lui comme les autres.

-         Amir… ?

-         Je suis désolé, je sais que cela peut te sembler égoïste. Seulement, je ne saurais te l’expliquer… Cette société, cette famille… Ce n’est pas fait pour toi.

-         Je vois. Je ne suis pas bien pour tout ça ?

-         Belinda… Tu sais ce que je veux dire.

-         Je sais ce que je fais. Je sais ce que je veux. Peux-tu tout simplement être heureux pour moi ? Je sais que tu ne veux pas de cette société, mais accorde-moi le bénéfice du doute pour un temps ?

-         Tu sais ce que tu veux ?

-         Oui, je te veux toi Amir, à mes côtés mais surtout pas avec cette mine là… C’est déprimant.

-         Tu m’as non seulement à tes côtés mais aussi tout à toi.

Il s’avance pour m’embrasser quand on entend dans le couloir un vacarme pas possible. Je range mon tailleur et nous retrouvons dehors pour savoir ce qui se passait.

Je tombe sur un Sofiane hors de lui. Aux yeux de ce beau monde, on ne se connait pas. Je détourne mon regard vers Athan accompagné de Noel. La pièce venait de se remplir. Que se passe-t-il ?

-         Je peux savoir ce qui se passe dans mes locaux ? Quel est ce vacarme ?!

-         Désolé monsieur on n’a pas pu les retenir…

-         Vous avez un mandat au moins monsieur le policier ?

-         Je n’ai que faire de ce mandat. Le seul suspect qu’on avait contre vous a mystérieusement été « victime » d’une bagarre entre détenus… Retrouvé mort… Je suis venu vous dire, à tous les deux, surtout vous Mrs Anju, vous pouvez considérer le fait que je vous ai à l’œil. Un seul petit détail et je vous mets derrière les barreaux.

-         Mon ami, Noel et moi, sommes profondément attristés d’apprendre la nouvelle. Croyez-moi, nous apprécions et louons tous vos efforts pour maintenir la sécurité dans cette ville. A présent si vous voulez bien nous faire plaisir et nous accorder votre absence pour un bon moment…

-         Prenez garde messieurs, vous ne savez nullement à qui vous avez à faire. Allons-y.

Sofiane, suivi de ses hommes sont partis. Je suis encore sous le choc. Dégoutée. J’ai l’impression que plus on avance on recule de plus belle ! Je comprends la colère de Sofiane, mais le tour n’est pas joué. En tout cas pas de mon côté car je ne compte pas baisser de sitôt mon bras. 

-         Est-ce que ça va ?

-         Pardon, je réfléchissais…

-         Tu vois ce dont je te parlais ? Loin de ça mieux tu te portes. Toute cette histoire ne présage rien de bon Belinda.

-         Je sais… Excuse-moi Amir, j’ai besoin de passer un appel. On se voit après ?

Je m’éclipse pour retrouver mon bureau. J’ai besoin de faire le vide dans ma tête pour me faire de nouvelles bases. Je tourne en tête une bonne heure déjà toutes les possibilités qui pouvaient s’offrir à moi avant d’appeler maître Ayo pour lui faire part du contrat de vente.

-         Je t’enverrais le chauffeur pour récupérer ça, je vais y jeter un coup d’œil et te donner mon avis.

-         Merci Maître. J’aurais besoin de vous demander un autre service ?

-         Tout ce que tu veux jeune fille.

-         Vous avez longtemps été l’avocat de la famille et pas seulement. Je sais que toute société tient un cahier de finance. Je voulais savoir si toutefois si vous saurez comment je pourrais obtenir ces documents au moment où la transaction se passait…

-         Qu’as-tu en tête jeune fille ?

-         Cette société est une couverture. Et jusque-là Athan a pu passer les contrôles fiscaux… Je veux juste comprendre comment ça a basculé. Les finances, quand ma mère était à tête et après. J’ai tenté de l’attaquer autrement que par les voies de la société, seulement je n’ai pas réussi, il a plus d’un tour dans son sac et il m’a montré aujourd’hui jusqu’où il était capable d’aller pour la garder.

-         J’espère sincèrement que cela pourrait t’aider car je suis sûr de retrouver ces documents dans mon bureau ici à la maison.

-         Cela m’aiderait beaucoup. Merci encore maître.

------Josué Akué------

Je ne reste pas sur ma faim après ce qui vient de se passer. Rien qu’à voir la tête de mon oncle Noel, je sais qu’il le craint ce flic. Père a dit de ne pas s’en soucier mais tout de même cette histoire prend une toute autre ampleur.

Après tout ce que ma mère m’a raconté à propos de la société, je me demande pourquoi tant d’acharnement pour quelque chose qui court vers sa perte ? Et si je veux avoir la chance de découvrir quoi ce soit, je dois bien me résoudre à en parler avec quelqu’un.

-         Je peux te déranger ?

-         Même après tout ce boucan ?

-         J’ai quelque chose à te dire. Ecoute Amir… Je sais qu’entre nous ça n’a pas toujours été facile. Et j’y suis bien pour quelque chose… Seulement, ces temps-ci trop de choses ont changé, j’ai besoin de réponses et je pense que toi aussi…

-         Quoi par exemple ?

-         Tout a changé depuis quelques temps, depuis l’arrivée de Belinda… Rien n’est pareil…

-         Ne me fais pas rire Josué. Elle n’y est pour rien.

-         Je sais. Ou pas… Ce que j’essaie de te dire c’est que tout autour d’elle ne semble pas clair…

-         C’est toi qui l’as embauché pour un stage avant de la prendre comme collaboratrice, toi qui a insisté pour que père lui vende des parts de la société et seulement maintenant monsieur se crée des doutes ?

-         Je sais ce que j’ai fait et je ne le regrette pas crois-moi. Mais sais-tu seulement qui est cette Naya Oyoko ? Cette femme à qui elle ressemble mystérieusement ? Une femme dont le seul nom est source de peur ?

-         Le monde regorge de personnes qui se ressemblent Josué. Ce n’est qu’une coïncidence…

-         Tu préfères croire cela parce que c’est ce qui t’arrange. Je ne suis pas dupe. Je sais que vous êtes ensemble. Rien qu’à voir vos têtes l’un en présence de l’autre.

-         D’accord Josué. Tu as raison. Nous sommes ensemble Belinda et moi. Mais je ne vois pas ce que ça change. Sais-tu alors qui est cette femme ? Naya ?

-         Robéri Oyoko. Une idée ? C’est l’homme qui a construit cette société avant de la léguer à sa fille en héritage. Et devine le nom de cette fille ?

-         Naya Oyoko ? (En me redressant) Ce n’est pas possible. Père a toujours dit qu’il l’avait mis sur pied. Qu’il en est le fondateur.

-         C’est cela. Et puis tiens-toi prêt, ils étaient fiancés. Fiancés avant qu’il ne reprenne la société…

-         Je suis confus… Josué ? D’où tu tiens ces informations ?  

-         De ma mère. Elle m’a assuré que tout ce qu’elle m’a dit, est vrai. J’ai fait quelques recherches, et retrouvé quelques épaves de journaux de cette époque sur le net. Il y’a eu un énorme scandale, père l’aurait abandonné devant l’autel le jour de leur mariage avant de rendre officiel son poste de PDG de la société. C’était une famille extrêmement riche à l’époque, voire même plus que nous le sommes aujourd’hui.

-         Es-tu seulement conscient que ce que tu dis là est grave ? Et que si toute cette histoire est vraie, on peut supposer que cette société ne lui appartiendrait pas ?

-         Non, elle lui appartient. Pour l’avoir légalement racheté avec Naya, car cela reste la seule explication plausible et c’est la seule information que j’ai retrouvé sur le net. Mais la vraie question reste : pourquoi cette femme serait-elle une menace pour père si réellement il n’a rien à se reprocher ?

-         Et en quoi Belinda y serait liée ?

-         Je te jure Amir, qu’elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Tiens j’ai téléchargé cette photo d’elle. Regarde par toi-même.

Je suis sans voix. C’est comme s’il m’avait présenté une photo actuelle de Belinda mais avec les cheveux plus courts, avec les même yeux et ce même regard. Toutes ces révélations autour de la vie de mon oncle, me surprend d’une part. Que se cache derrière cette histoire ? Et en quoi celle que j’aime, y serait mêlée ?

-         Donne-moi le temps de digérer tout ce que tu viens de me dire. Je crois que ça fait beaucoup d’un coup comme informations. Toutefois, je ne pense pas que Belinda y est quelque chose à avoir. Elle est orpheline. Je vois mal une orpheline se retrouver dans les historiques d’une société qu’elle vient à peine d’intégrer…

-         Tu as surement raison… ça je l’ignorais. Je ferais mieux de me concentrer sur le boulot.

-         Certainement. Je suis quand même bien heureux que tu sois venu m’en parler.

-         Bien. Sinon c’est plutôt une bonne pioche Belinda…

-         Sors de mon bureau…

Sacré Josué. Même si entre nous ça n’a pas toujours été ça, je vois à présent que les choses évoluent entre nous. Même si les doutes qu’il soulève à propos de Belinda me semblent absurdes. Cette fille ne serait jamais une menace. Elle a bien peur de faire du mal à une mouche.

------Belinda Ottawi------

Je file remettre au chauffeur le document pour maître Ayo et en profite pour prendre la voiture et rejoindre Sofiane au poste. Les deux amis Athan et Noel sont bien trop occupés pour faire attention à mes allers et venues, et puis il est bientôt l’heure de la pause. Je croise au parking le vieux vigile, plutôt bavard.

-         Bonjour mademoiselle.

-         Bonjour Martin. Vous allez bien ?

-         Très bien mademoiselle. J’espère que les récents évènements dans la société ne vous bousculent pas trop ? Les choses ici ont tendance à très vite changer… Et vous êtes nouvellement venue.

-         Merci Martin. Vous m’avez dit être là ça fait près de 30 ans ?

-         C’est cela mademoiselle.

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