Chapitre XXVII " Opération Séparation "
Write by Fawag
operation séparation
Malick
Je viens de sortir de chez mon avocat.
Il va introduire la procédure de divorce.
Pour la procédure contre Kadji, c’est sur la bonne voie, la requête introductive d’instance a été déposée devant le juge, et nous attendons maintenant d’être informés de la suite.
Faby m’a envoyé un sms (auquel je n’ai pas répondu), pour me prévenir qu’elle était bien arrivée à Bamako et c’est tout.
Depuis, elle ne m’a pas donné de nouvelles et moi non plus !
Kadji, non plus je n’ai pas eu de nouvelles, enfin, sauf à travers ma mère et Fatty.
Je n’ai pas voulu assister à la dernière échographie du bébé et je n’ai assisté à aucune autre d’ailleurs.
J’ai envoyé maman à ma place. Pas envie de jouer au petit couple happy avec Kadji, elle m’irrite.
Non, c’est pire, je suis allergique à cette fille !
Par contre, il faut que je la prévienne que j’entend demander un test de paternité, donc j’ai demandé à maman de la convoquer chez elle, et je m’y rend actuellement.
Quand j’arrive elle est déjà là et rie gaiment devant un sketch de Gad ELMALEH. Cet humoriste, je ne le trouve pas du tout drôle, mais enfin bon, à chacun son humour !
« Salut Kadji »
« Ah Mal, tu est là ? Je suis à fond dans ce sketch, je t’ai pas entendu arrivé, tu va bien ? »
« C’est MALICK ! » je la rappel à l’ordre.
Elle ne me répond pas et reporte son attention sur la télé.
« Où est maman ? » je lui demande
« J’ose espérer qu’un jour tu saura me traiter avec tout le respect que je mérite, je prie pour que ce jour arrive » me répond t-elle, totalement hors sujet et en faisant trembler sa voix pour simuler l’émotion.
Elle est vraiment drôle, alors je lui rie au nez.
« Et quel respect mérite tu ? »
« Je suis la mère de ton enfant, et en tant que telle, je mérite tout ton respect et ton attention. Faby par ci par, Faby par là, il y en a marre à la fin. De toute façon, quand notre bébé va arriver, tout ça va changer ! » dit, elle en caressant son ventre.
« Tu viens toi même de le dire, tu es simplement la mère de mon enfant, rien d’autre. Toi et moi nous ne sommes absolument rien l’un pour l’autre ».
Maman sort de la cuisine et vient interrompre notre petite dispute.
« Coucou mon chéri, tu va bien ? »
« Oui et toi maman ? »
« Oui, un peu fatiguée mais ça va ! J’ai fait du poisson et de l’alloco tu veux manger ? »
« Non ça ira, je viens de manger et je suis un peu pressé, tu peux prendre place s’il te plait, je ne serais pas long ».
Elle fait le tour et viens s’asseoir.
Je me gratte la gorge et prend la parole.
« Bon vous savez tous les conditions dans lesquels Kadji est tombée enceinte, donc inutile de revenir dessus, mais par contre, j’ai décidé de faire un test de paternité ».
« Alors là, tu dépasse les bornes Malick » rugit Kadji en se levant d’un bond pour venir me faire face.
Maman est silencieuse.
« Tu va vraiment trop loin Malick ! Je n’accepterai jamais une telle humiliation, JAMAIS, tu m’entend ? » me menace Kadji.
« Calme toi ma fille, ce n’est pas bon de te mettre en colère vu ton état, pense à ton enfant » intervient maman
« Mais tu as entendu ce qu’il vient de dire ? Là c’est trop ! Que veut il insinuer ? Tu ne m’a pas trouvé dans un bordel non ? Tu fais comme si cet enfant je l’ai conçu seule ! Je t’ai violée peut-être ? » hurle t’elle comme l’hystérique qu’elle est d’ailleurs !
« J’ai dit ce que j’avais à dire, je m’en vais » dit-je en me levant.
Votre amie me barre la route, et entre dans une colère sombre.
« Ou va tu ? Non, non et non, cette fois ci, trop c’est trop on va en finir une bonne fois pour toute ! Tu n’es qu’un lâche tu m’entend ? Tu n’es qu’un salaud Malick, je te hais » crie t’elle en me donnant des coups sur le torse.
J’attrape ses poignets pour la maitriser et maman arrive pour la prendre et l’éloignée de moi.
Kadji se jette au sol et pleure comme une enfant.
« Ça suffit pour aujourd’hui, Malick va t’en, nous reprendrons cette conversation une autre fois » arbitre maman.
Faby
Ça fait bientôt deux semaines que je suis arrivée à Bamako.
Il fait super chaud, mais genre vraiment quoi ! Ce matin à 9h, il faisait déjà 42 degrés s'il vous plaît !
À peine tu sors de la douche que tu transpire déjà, mais bon, rien d'anormal pour une fin de mois de février au Mali.
" Faby yoro é déni tolo ka guélen deh ? " (Faby tu est tétu comme fille n'est-ce pas ?)
Merde, c'est ma mere qui vient de débarquer dans la cuisine. Elle va encore me faire la moral car je suis en train de boire l'eau du robinet plutôt que de boire de l'eau minérale « Diago »que papa m’a acheté.
" Bonjour maman, tu es toute belle dis donc" je la complimente pour tenter de faire diversion.
"Tchiip n'essaye pas de m'amadouer ! Ne viens pas me créer des problèmes tu sais très bien que quand vous venez de Paris vous ne devez pas boire l'eau du robinet mais tu persiste à le faire, tu va tomber malade, surtout dans ton état, vraiment Faby tu me fatigues !" Me gronde t'elle.
" Roh maman ça ne va rien me faire, regarde je vais bien et arrête avec ça je ne suis pas enceinte maman ! Mes règles sont finis tout juste hier !"
Ma mere est persuadée que je suis enceinte car selon elle je suis très pâle et en plus "je sens la grossesse" pour citer ses mots.
Les africains vraiment c’est pas possible quoi ! Comment on peut sentir la grossesse encore ? En plus avec mes règles régulières la ? Pardon !
" Et puis tu n'es meme pas encore prête Faby mais on va être en retard toi aussi ! C'est pour passer la nuit au téléphone avec ton mari et le matin tu ne peux pas te lever du lit, humm doucement vous deux tu rentre bientôt en plus "
Si elle savait !
Malick je n'ai aucune nouvelle depuis mon arrivée, il n'a meme pas répondu au sms que je lui ai fait pour le prévenir que je suis bien arrivée.
Je ne sais pas comment interpréter son silence, surtout après les dernières paroles que nous nous sommes échangées la veille de mon départ.
"Eh oh Faby, dépêche toi d'aller te préparer et viens me maquiller aussi, tu me met ton rouge à lèvres que tu avais hier, le violet foncé là, ça va bien aller avec mon bazin " me dit maman, me faisant sortir de ma torpeur.
"Humm dja depuis hier tu as repéré mon rouge à lèvres la, hum la vielle !"
C'est le mariage de ma cousine Fanta. Ce matin à eut lieu la célébration du mariage religieux et à 14h c'est la mairie.
Je monte vite me préparer puis je descend maquiller maman avant que nous ne prenions la route.
Au moment où le maire demande au mari s'il entend signer la polygamie ou la monogamie, c'est silence radio dans la salle, on entend même les mouches voler. Je n’abuse pas, je vous assure !
Je suis sûre que Fanta s'est même arrêtée de respirer !
Vous ne savez pas c'est la partie la plus importante de cette cérémonie, plus importante que le "oui je le veux" !
"Monogamie" crie Abdou son mari.
Tonerre d'applaudissements dans la salle, on entend crier des « Tchiéée Fanta y gagné na » ( Fanta tu as gagner) ou «amour mondial a dan dron »
Après la mairie c'est photos à gogo, puis nous allons dire bonjour chez nos grands-parents, en l'occurrence mon grand père maternelle puisque ma grand mère n'est plus de ce monde, puis chez la famille du mari et nous rentrons à la maison avant le dîner de ce soir.
Je ne sais toujours pas ce que je vais porter pour ce soir.
J'hésite entre ma robe saumon coupe sirène, quoi que un peu trop décolletée, ou ma robe prune pailletée qui me fait un corps de déesse des iles, mais un peu trop serrée.
Je vais demander à maman, tiens !
" Tu es jeune, c'est pas dans 10 ans quand t'es enfants auront tété tes seins jusqu'à les faire tomber que tu pourras mettre des décolletés alors profite cherie !" m'a dit reine Djéneba.
Bon, le problème est réglé alors !
La soirée est super bonne ambiance, nous ne sommes qu'entre jeunes dans cette grande salle de réception de l'hôtel de l'amitié, joliment décorée pour l’occasion.
J'ai bien fait d'écouter maman car tout le monde me complimente sur ma robe !
Les mariés viennent de se changer et font leur entrée sur la chanson "L'un pour l'autre" de Soum Bill.
"Tu quittera ton père et ta mère et tu aimera une femme, telle est la volonté de Dieu et moi j'ai choisit de t'aimer …."
Je suis déconnectée.
Mes pensées me ramènent presque 6 ans en arrière, au jour de mon mariage avec Malick.
C'est sur cette meme chanson que nous avions ouvert notre bal.
Ce soir, chaque parole, chaque mot de cette chanson prend son sens.
"Dans la plus grande détresse, il a fallut que je sache que ce que j'ai cherché toute une vie était si près,
Dans les plus grandes détresses Dieu a voulu que je sache que ce qui ferait mon bonheur etait là et m'attendait,
Je n'attendais que toi ah ...."
Le marié à les yeux qui brillent, il regarde sa femme amoureusement.
À cet instant précis, qu’est-ce que j’envie Fanta !
À coup sûr, la nuit sera torride pour ces deux tourtereaux. Le pauvre lit sera victime de leurs ébats houleux, j’ai déjà pitié pour lui.
"Faby na an ka ta, Fanta bé na a ka bouquet fili " ( viens Faby, Fanta va lancer son bouquet) me dit Awa.
" É féné, Faby yé mousso fouroulé dé yé, a bé ta mou bouquet ta ?" ( Toi aussi, Faby est une femme mariée quel bouquet elle va aller attraper ?
C'est mon cousin Ladji qui vient de répondre à ma place.
Je les laissent là et me précipite hors de la salle.
Il faut que je parle à Malick.
1e tonalité
2e tonalité
Je raccroche
Je viens de me dégonfler
Que vais-je bien pouvoir lui dire ?
"RAPPEL LE IMMÉDIATEMENT » m'ordonne une petite voix dans ma tête.
Je respire un bon coup et je relance l'appel.
Ça sonne
Ça sonne
Ça sonne
Ça sonne
Ça sonne
Ça sonne
Ça sonne
"Bonjour vous êtes bien sur la messagerie de Monsieur Malick Sidibé....."
Je raccroche.
Il n'a pas décroché !
Je retourne dans la salle, Awa est toute excitée car elle a attrapé le bouquet !
Je lui sourit malgré moi mais le coeur n'y est plus !
Je passe le reste de la soirée à guetter sans cesse mon téléphone dans l'espoir que Malick me rappel, mais en vain !
Peut-être qu'il dort ?
Après tout il est 00h passé à Paris.
Il faut bien que je me rassure de toute façon !
Vers 2h du matin, alors que la fête bats son plein, je prétexte une forte migraine pour m'éclipser.
Quelques jours plus tard …..
Faby
Je suis de retour.
Je viens juste d’arriver à la maison.
Malick n’est pas là, mais il est assez tôt donc c’est normal.
Ma maison est dans un état catastrophique ! Les hommes, c’est pas possible quoi, surtout Malick, c’est un grand bordélique, je passe mon temps à tout ramasser derrière lui.
Des vêtements à lui sont entassés sur le fauteuil, un carton de pizza traine sur la table basse ainsi qu’un cendrier pleins de mégots. Mike devait être là puisque c’est lui qui fume.
Quand j’entre dans la cuisine, je suis à deux doigts de faire un AVC !
Je pose mes deux mains sur mon visage pour me cacher les yeux. Peut être qu’avec la fatigue du voyage, ma vision est troublée et quand je rouvrirai les yeux, je me rendrais compte que tout ceci n’était qu’une illusion d’optique.
Pas du tout, ma cuisine est belle et bien sans dessus dessous !
Je n’ai même pas le temps de monter mes bagages en haut, j’ouvre toutes les fenêtres pour bien aérer puis je me lance dans une course contre la saleté et le désordre.
Deux heures plus tard, je monte prendre une bonne douche, je me nourrit, puis je viens me caser sur le canapé avec un plaid, une bonne tasse de chocolat chaud et un bon livre. Je fini par m’endormir.
Je suis réveillée par la voix de Malick, il est encore dans le couloir à l’entrée, mais il est au téléphone et parle très fort !
Je préfère faire comme si je dors encore, car j’avoue que j’appréhende nos retrouvailles.
Quand il franchit la porte du séjour, il se stop net, et je l’entend dire à son interlocuteur « Attend je te rappel plus tard ».
Je me mets à bailler et gigoter histoire de faire comme ci, je suis en train de me réveiller.
Je me frotte les yeux, et quand je les ouvres, mon regard croise celui de Malick, il a une main dans la poche et me regarde.
Putain qu’est-ce qu’il est beau ! Je ne me gène pas pour le reluquer.
Il porte un pull col roulé noir, une veste de costard avec des petits pois ton sur ton, noire également et n’a fermé qu’un seul bouton.
Il s’est fraichement coupés les cheveux, il a un dégradé bas, et son éternelle petite raie sur le coté. Sa barbe aussi est bien taillée.
Un mètre quatre vingt dix de pure fraicheur, Dios mios !
Je me racle la gorge, et lache un « Salut » à peine audible.
« Ça va ? » me demande le beau boss qui se tient devant moi
« Hum oui, et toi ? »
« Ouai »
« Ah ok »
Il a une gêne entre nous.
« Alors ton séjour ? » demande Malick pour meubler la conversation.
« Ça s’est bien passée, tout le monde te passe le bonjour »
« Ok, je monte prendre une douche ».
Il s’éclipse et moi je vais ouvrir le frigo à la recherche de ce que je vais bien pouvoir cuisiner pour le diner.
Bon, vu le peu de chose que contient le frigidaire, ça va être steak frittes pour ce soir.
Trois quart d’heures plus tard, tout est prêt et nous dinons dans une ambiance très lourde, les yeux rivés sur la TV.
À la fin du diner, je vais faire ma petite vaisselle dans la cuisine, puis je reviens m’assoir devant la TV.
Mon téléphone vient de signaler un rappel « Prendre RDV chez le docteur ». Quand j’ai fait le malaise la dernière fois, le médecin m’a prescrit un traitement contre ma carence en fer, du coup, je dois aller faire des analyses pour voir si ça va mieux.
« Je voudrais te parler Faby »
Je lève la tête. C’est Malick, il sort du balcon, avec un paquet de cigarette en main.
Il fume ? Mais depuis quand ? Il avait arrêté et depuis longtemps, en plus, je ne comprend pas !
Il remarque mon air étonné, et range le paquet dans sa poche sans plus d’explications, puis il avale un chewing gum et prend place sur le canapé d’en face.
« J’ai des choses à te dire » dit - il.
« Je t’écoute »
« Voilà déjà, il est grand temps que tu saches comment on en est arrivés là avec Kadji ».
Il a à peine évoqué ce nom, que je me crispe.
« Je te demande de ne pas m’interrompre s’il te plait, laisse moi parler jusqu’au bout, ensuite je t'écouterai » dit-il pour m’empêcher de réagir.
« Ok »
« Hum hum, alors je n’ai pas envie de rentrer dans trop de détail, et il n’y en a pas d’ailleurs. Je n’ai jamais eu de liaison avec Kadji, elle a été un coup d’un soir. Enfin, quand j’étais à Marseille, le soir ou on s’est disputés j’ai bu comme un russe et le lendemain je l’ai retrouvée dans mon lit. Je ne me souviens de rien, mais bon, le fait est que maintenant elle est enceinte. Je n’ai aucun mot pour t’exprimer à quel point je suis navré, mais je ne peux pas fuir mes responsabilités. Je ne veux pas non plus être égoïste et t’imposer un enfant conçu dans ces conditions. Au début c’est ce que je voulais faire, je l’avoue, mais je me suis rendu compte que je dois arrêter de penser à ma gueule. Je te présente toutes mes excuses Faby, vraiment, je suis loin d’être parfait mais je peux te jurer que jamais je n’ai eu l’intention de te faire du mal »
Il marque une pause, avant d’ajouter « Je suis parti voir mon avocat pendant ton absence, et il a engagé la procédure de divorce »
C’est le choc, je ne m’y attendais pas, mais alors pas du tout ! Je suis tellement troublée que je n’arrive pas à réagir.
« Je quitterais la maison dès demain et j’emporterais tout ce que je peux prendre avec moi. Je viendrais pendre le reste au fur et à mesure. Je te rend ta liberté, et j’espère qu’un autre arrivera à te réussir là ou j’ai échoué, c’est à dire te rendre heureuse ».
Je suis toujours aussi silencieuse. Il n’y a rien à dire de toute façon !
« Ok » c’est tout ce que j’ai la force de lui répondre.
J’ai une boule dans la gorge.
Mon monde vient de s’écroulé en une fraction de seconde. Je voulais de nouveau séduire mon mari, mais ça a fini en opération séparation ! Eh bien !
Malick vient de monter en haut. Il doit être en train de rassembler ses affaires.
Je suis toujours assise devant la TV, mais je ne la regarde pas, je n’entend même pas le son, j’ai le regard dans le vide.
Plusieurs minutes passent, avant que Malick ne débarque en courant vers la sortie.
« Calme toi maman, j’arrive, vous êtes à quel hôpital ? » je l’entend dire.
« Kadji a accouché, je vais à l’hôpital » me dit-il avant de s’en aller.
Malick
Maman vient de m’appeler en pleurant et en criant, je n’ai pas compris tout ce qu’elle disait à part que l’enfant est née.
Kadji n’a pas atteint son terme, donc j’avoue que je suis encore plus confus, j’espère qu’il ne lui ai rien arrivé de grave !
Ils sont à l’hôpital Necker, ce n’est pas loin de la maison, alors j’y arrive vite.
Je monte au service urgence maternité et trouve maman et Fatty en train de pleurer.
« Que se passe t-il, ou sont Kadji et l’enfant ? »
« Eh Allah, Malick, kadji a essayé de se suicidé, elle a avalé pleins de médicaments, ils ont dû lui faire une césarienne pour faire sortir l’enfant d’urgence » m’informe maman.
Au même moment, le médecin arrive vers nous « Vous êtes bien la famille de Madame Kadji Diop ? »