Chapitre XXVIII " La plus belle mélodie du monde "
Write by Fawag
Malick
« Bonjour Monsieur Sidibé ! Vous êtes venue voir la petite princesse ? »
« Oui, effectivement je viens faire le peau à peau »
« Un instant, ma collègue fini de la changer et vous pourrez y aller. Suivez moi, en attendant, je vais vous donner l’équipement à revêtir ».
Je suis l’infirmière jusqu’a son bureau où elle me donne tout ce qu’il faut.
J’enfile la charlotte à mettre sur ma tête, ainsi que le protège chaussures.
Je passe la première porte où se trouve un coin sanitaires, et je me lave les mains avec le savon prévu à cet effet, puis je m’introduis dans la nurserie.
Je salue l’infirmière, je retire ma chemise et me met torse nue, avant de m’installer sur la chaise en face de la couveuse de ma petite princesse.
Deux bonnes semaines sont déjà passées depuis le jour ou Kadji a tenté de mettre fin à ses jours.
Les médecins ont donc été obligés de pratiquer une césarienne pour faire sortir la petite.
Oui, il s’agit d’une jolie petite fille. Elle est née prématurément, à 33 semaines et présente donc quelques problèmes respiratoires, ce qui explique qu’elle est encore hospitalisée, et sous respirateur.
Quant à Kadji, les médecins l'ont diagnostiqué dépressive, elle est donc elle aussi encore hospitalisée mais ça va beaucoup mieux, d’ailleurs elle devrait sortir dans les jours venir.
C’est moi qui fait les peau à peau avec la petite. A sa naissance, les médecins nous ont expliqué que les enfants nés prématurément ont besoin de beaucoup de réconfort, et que ça peut être très bénéfique de les porter en corps à corps et leur chuchoter des douces paroles à l’oreille. Mais elle peut aussi ressentir notre stress ou nos angoisses donc vu l’état de Kadji, il a été jugé préférable que ce soit moi qui m’en charge, et c’est un pur moment de plaisir.
L’infirmière vient de la sortir de sa couveuse et la pose dans mes bras.
Je la serre tout contre mon torse, et mon coeur se rempli de joie, elle est toute chaude.
Elle ne pèse pas plus lourd qu’une plume, et encore elle a pris un peu de poids depuis sa naissance.
Je me rappel de la première fois que je l’ai tenue dans mes bras, j’étais à la fois tétanisé et ému.
« Hello ma princesse, comment tu va aujourd’hui ? » je lui chuchote.
Elle me regarde droit dans les yeux et referme sa petite main autour de mon pouce.
Je crois qu’elle a reconnu mon odeur et ma voix.
C’est bien la fille à son papa. Elle a mon nez et mes yeux en amande.
Jamais je n’aurais cru pouvoir tomber si follement amoureux d’un être.
C’est donc ça être parent ? C’est aimer plus qu’on ne s’aime soi même, c’est être prêt à sacrifier tout ce qu’on a de plus cher pour notre enfant.
Elle commence à gigoter et pleurer. Je crois que mademoiselle à faim !
J’appel l’infirmière, qui me ramène son biberon.
A peine a t’elle terminée de faire son rot, qu’elle s’endors, me privant de son jolie regard.
Je reste encore à la choyer une bonne demie heure avant de monter voir Kadji, puis aller au boulot.
Faby
Il est 6h tapante et je suis déjà dans les locaux du centre d’analyse médicales pour faire ma prise de sang. Je devrais ensuite apporter les résultats au docteur pour voir si ma carence en fer s’est amoindrie.
« Madame Sidibe ? »
« Oui, c’est moi ! »
« Bonjour madame, veuillez vous installer dans la salle 3 s’il vous plait, je reviens »
Effectivement le monsieur revient avec 3 éprouvettes. Mais dis donc, je suis venue faire une prise de sang, pas faire un don de sang !
Je suis déjà tétanisée ; j’ai peur des seringues, ensuite mes veines sont super difficiles à trouver et je vois pas pourquoi ils veulent me prendre tout ça de sang, bon sang !
L’infirmier prend ma main droite et tente de trouver une veine, mais en vain.
Il serre mon poignet avec un élastique pour plus de chance, mais toujours rien !
« Bon peut être que j’aurais plus de chance avec la gauche » me dit-il en riant.
Ce n’est pas mieux !
« Désolée, mes veines sont difficiles à trouver, à chaque fois c’est le même scénario » je l’informe.
Il fini par réussir à me vider de mon sang ( bon peut être que je dramatise un peu), puis il me demande d’attendre en salle d’attente le temps de me remettre mes résultats.
Je surf sur mon téléphone, et je discute avec Hadja.
J’ai fini par tout lui avouer, tout comme à Mira et mes soeurs, mais pas à ma mère, je ne sais pas comment lui annoncer tout ça. L’enfant de Malick et en plus le divorce, c’est trop, elle risque de faire un AVC.
Je sais que je ne fait qu’empirer les choses en repoussant le moment venu, mais bon tanpis, je préfère ne pas y penser pour le moment !
D’ailleurs Malick, pas de nouvelles, bonne nouvelle ? Il m’a totalement zapé ! Il est parti le lendemain de notre conversation comme il me l’avait annoncé, mais depuis il n’est pas venu récupérer le reste de ses affaires.
J’attend toujours de recevoir les papiers du divorce, mais bon, la justice est lente donc à la limite je ne m’en formalise pas vraiment.
J’ai déjà contacté une agence immobilière pour venir visiter l’appartement car avec le divorce, nous allons devoir le mettre en vente pour la liquidation de notre régime matrimonial.
« Madame Sidibé est attendue à l’accueil » j’entend souffler dans le micro.
Je récupère mes résultats et direction l’hôpital.
Quelques minutes plus tard ….
Le médecin lis attentivement mes résultats depuis quelques minutes déjà, mais il est silencieux !
Il vient de passer à la deuxième page, puis se gratte la gorge.
« Hum, bon je pense que le traitement a été assez efficace, mais il conviendra de le renouveler pour un petit moment »
« Pas de problème, et j’avoue que je me sens encore un peu fatiguée »
« Hum hum, je comprend ! »
Il relit encore les résultats.
« Ècoutez, j’aimerai vous faire repasser un certain nombre de test, êtes vous pressée ? »
« Euh, bah je dois aller au boulot, mais pourquoi ? Il a une anomalie avec mes résultats ? »
« Non, non j’ai l’impression d’avoir loupé quelque chose dans vos dernières analyses, mais rien de grave je vous rassure »
Il me fait vraiment flipper là !
« Vous êtes sûr Monsieur, j’avoue que vous me faites un peu peur là »
« Je veux juste m’assurer de quelque chose, c’est assez technique et je ne saurais comment bien vous l’expliquer, mais faites moi confiance »
« Très bien, alors je vous fais confiance »
J’attends l’infirmière.
Je suis en train de cogiter, le médecin avait l’air bizarre quand même !
Je pourrais avoir un cancer, ou je sais pas, une autre maladie grave.
Starfoulah, que Dieu m’en épargne !
Je vais manger des bonbons, ou du chocolat, un peu de sucre ça va me faire du bien tiens !
Devant le distributeur Selecta, j’hésite entre un kinder bueno, ou des bonbons skittles.
Plouf
plouf
une
boule
en
or
c’est
toi
qui
sort
au
bout
de
trois
un
deux
trois
Les skittles l’emportent !
Je savoure tranquillement mes bonbons quand une dame en blouse blanche vient me chercher.
Elle me vide encore d’un peu de mon sang, puis, je retourne voir le toubib.
« Hum hum » dit il en replaçant ses lunettes sur son nez.
Il lit mes analyses attentivement.
Il me stress là c’est quoi ça ?!
« C’est bien ce que je pensais » marmonne t-il dans sa barbe.
« Tout va bien docteur ? »
« Oui, super même, j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer »
« Je vous écoute »
« Eh, bien je suis heureux de vous dire que vous êtes enceinte »
« Enceinte ? Quoi ? Mais comment ? Je ne comprend pas, j’ai eu mes règles encore ce mois ci ! »
Il me sourit et pose sa main sur la mienne pour me rassurer.
« Calmez vous madame, je vais tout vous expliquer »
Je me détend et il poursuit.
« Je pense que vous avez fait un déni de grossesse. J’imagine qu’a part les excès de fatigue, vous n’avez subit aucun symptômes de grossesse ? »
« Effectivement, donc je suis confuse là »
« Vous êtes pourtant déjà à 12 semaines selon les analyses. J’ai eu un doute plus tôt en lisant vos analyses car il s’est avéré que vous aviez un taux d’HCG très élevé, or c’est une hormone sécrétée seulement chez les femmes enceintes ».
« Je ne sais pas quoi vous répondre, je suis sous le choc ! »
Je suis toute tremblante.
Le médecin contourne son bureau et vient s’installer près de moi.
« Je vous comprends et comme je vous l’ai déjà dit, vous avez fait un déni de grossesse, je vais vous envoyer faire d’autres analyses, notamment une échographie et également voir un psychologue, c’est la procédure à suivre. Les dénis arrivent principalement dans deux cas, le premier c’est lorsque la grossesse n’est pas désirée.L’enfant le ressent et se fait le plus discret possible, pour faire oublier sa présence. Le deuxième cas de figure c’est quand la patiente à eu plusieurs échecs pour avoir un enfant, elle perd tellement espoir que le jour ou ça se réalise vraiment, elle préfère ignorer les signes par peur de subir un nouveau désespoir »
Mes larmes coulent toutes seules. Je suis tellement heureuse !
« J’ai tellement rêvé de ce jour ! » réussis-je à dire entre deux sanglots.
Je me remets de mes émotions, et le médecin me dirige vers l’accueil pour prendre un rendez vous afin de faire le test de dépistage de la trisomie 21 et avec le psychologue.
Ensuite, je vais faire une échographie.
L’infirmière place un gel très froid sur mon ventre puis utilise une une sorte de manette pour détecter l’enfant.
Mes yeux sont rivés sur l’écran.
« C’est bon, je l’aperçois, le petit coquin il se cachait. »
J’entend battre son coeur. Je ferme les yeux pour mieux écouter, c’est la plus belle mélodie du monde.
« Il m’a l’air en bonne santé, son coeur bat comme il faut » m’informe l’infirmière.
Je lui sourit.
« Regarder, là c’est sa tête, et là, euh….. » l’infirmière semble hésitante, d’un coup.
« Que se passe t-il, tout va bien ? » je demande paniquée.
« Euh oui, attendez juste un instant s’il vous plait, je vérifie quelque chose ».
Elle appuie sa manette plus fortement sur le coté droit de mon ventre.
« Ah, bah dis donc ! Oh les coquins, je comprend mieux ! Eh bien Madame, vous n’allez pas avoir un, mais deux bébés ! » m’annonce t’elle.
« J’attend des jumeaux ? »
« Effectivement, le deuxième se cachait derrière ! Je sens que vos bébés vont être des coquins ! »
J’explose de rire.
Je suis tellement heureuse !
Je ressort de l’hôpital, le coeur en joie et le sourire aux lèvres. La vie est belle !
J’envoi un message à Nadine pour lui dire de décommander tout mes rendez vous de la journée.
Je passe au super marché me prendre un gros pot de glace à la vanille, et je rentre à la maison, je vais appeler maman de suite.
Je repense à ses paroles, quelques mois plus tôt, elle me l’avait dit que j’aurais des jumeaux. Et même pour la grossesse, quand j’étais au Mali, elle me l’avait dit.
« Allô maman ? »
« Oui Ma chérie ça va ? »
« Oui maman, j’ai une super nouvelle à t’annoncer, devine ? »
« Hum dis moi, je t’écoute ! »
« Tu avais raison, je suis enceinte ! »
Maman se met à crier de joie « YOUHOUUUUUU NI FIEN NI BORA MINI, FIEN DOUMAN ( c’est une petite chanson que l’on chante en dansant quand on apprend une bonne nouvelle).
Quand elle se calme, elle me dit "Voilà, je te l’avais dit ! Alors, de combien de mois ? »
« 12 semaines, et ce sont des jumeaux ! Oh maman je suis tellement heureuse ! »
« Eh Allah ni tchié koye ! Non, Allah yé massa yé deh » ( Dieu merci, Dieu est vraiment le tout puissant )
« Wallaye, le médecin a dit que j’ai fait un déni de grossesse, mais maintenant que je suis au courant mon ventre va sortir et je vais avoir tout les symptômes de femme enceinte ».
« Ça va aller ne t’inquiètes pas, tu as tes soeurs pour t’aider à gérer et tu peux m'appeler à tout moment. Je viendrais vers ton accouchement inshallah »
« Oui maman, je suis tellement heureuse que je suis prête à gérer tout les symptômes t’inquiètes »
« C’est Malick qui va être heureux ! Tu lui a annoncé ?
Malick ! Je n’y avait même pas penser ! Merde, comment je vais faire, comment va t’il le prendre ?
D’un coup, je commences à paniquer.
« Eh oh Faby, tu es encore là ? » j’entend dire à l’autre bout du fil.
« Euh il ne sait pas encore maman, c’est une surprise, je vais lui annoncer ce soir. Je dois te laisser, j’ai un rdv client dans quelques minutes »
Je raccroche vite fait, bien fait.
Je commence à tourner en rond dans ma chambre.
Je ne sais pas ou trouver Malick, je ne sait pas où il loge. Je ne peux pas lui annoncer ça par téléphone tout de même !
Et s’il le prend mal ?
Je viens d’avoir une idée !
Je vais me pointer à son travail, je suis sure de le trouver la bas.