Chapitre XXXIV

Write by Tiya_Mfoukama

Chapitre XXXIV

J’ai du mal à rester droite sur ma chaise. Mes épaules n’ont qu’une seule envie, celle de s’affaisser comme si elles portaient tout le poids du monde et ma colonne vertébrale solidaire, est prête à se courber…

« —T’es certaine que ça va ? me demande Emo en piquant dans son assiette.
—Ouaip ! je réponds avec un entrain tout ce qu’il y a de plus faux qu’elle devine sans peine.
—Tiya…elle soupire en reposant sa fourchette. »

Je limite en posant à mon tour ma fourchette, puis repousse mon plat avant de croiser mes bras et pousser un long soupir, le regard tourné vers le fleuve.
Il est calme apaisé par de doux rayons de soleil. C’est à peine si l’on peut percevoir les mouvements de vagues, tant la berceuse que semble murmurer le ciel bleu à travers la douce brise qui nous caresse le visage, pousse à la sérénité.
J’aimerai être comme le fleuve à cette instant précis, apaisée et pleine de sérénité…Mais je n’y arrive pas. C’est plus fort que moi. Je suis assaillie de toutes parts par des pensées négatives qui convergent toutes vers un seul couple. 

« —Tu as envie, mais surtout besoin de parler alors parle ! Dis-moi ce qui ne va pas ! »

Je voudrais bien mais…. Le dire tout haut, ce serait comme reconnaitre que…Que je ne le lui fais pas confiance, que j’ai peur qu’il me trahisse. Ce serait comme affirmer que notre couple est fragile. Bien sûr il l’est, c’est une réalité mais, le dire matérialise les mots. Pour une raison que j’ignore, j’associe cette phrase dite à haute voix comme une clé qui ouvrirait les portes de l’instabilité. C’est peut-être bête, mais pourtant…Cette pensée a fait son petit bout de chemin dans ma tête et est logée dorénavant à une place de choix dans ma tête. 

« —Tiya…elle chuchote en posant une main sur la mienne. »

Une vague d’émotions me submerge et je retire ma main, pour pouvoir couvrir mon visage, et ainsi cacher les larmes perlant à mes paupières, prêtes à couler à grosse gouttes. 
J’en reviens pas de me retrouver dans un état pareil et tout ça pour un homme ! Moi Tiya ! Celle qui changeait d’hommes comme elle changeait de string sans même prendre le temps de regarder la couleur ! Je n’aurais jamais imaginé une chose pareille !

« — Oh bébé parle-moi ! Je vois bien que ça ne va pas ! me dit Emeraude, maintenant assise à mes côtés. Je comprends que tu ne veuilles pas raconter tes histoires à tout le monde, mais je ne suis pas tout le monde. N’est-ce pas ? Je suis ta sœur, tu peux me parler ?
—Je sais. j’acquiesce en la prenant dans mes bras. Je sais. »

Pendant un long moment, je me laisse aller sur son épaule, pleurant jusqu’à ce que mes larmes tarissant avant de finir par lâcher Emeraude. 

« —Putain, regarde dans quel état je me mets à cause d’un mec ! je lance en reniflant.
—Ce n’est pas n’importe quel mec, c’est ton mec, ton mari. Et tu l’aimes ! elle ajoute en souriant.
—….
—Qu’est-ce qu’il se passe ? Je pensais que tout allait bien entre vous ?
—C’est le cas...pour le moment.»

Je suis tellement gênée par ce que je m’apprête à lui dire que je m’assieds correctement sur mon siège, de sorte à être parallèle à elle, puis m’enfonce dans ma chaise pour ne pas laisser mes épaules s’affaisser. 

« —….J’en viens à regretter de lui avoir souffler l’idée de reprendre son boulot. Encore plus d’avoir insisté et de l’avoir encouragé à y retourner.
—…
—C’est tellement horrible de penser de cette façon. Je suis mauvaise. je me fustige, la tête entre mes mains. Mais c’est plus fort que moi. »

Nous avons passé un mois. Un mois tous les deux. Un mois tous les deux, enfermés loin de tout. Presque coupés du monde. Durant ce mois, nous avons appris à nous connaitre à travers les choses les plus simples. Des programmes de télé favoris de l’un, à la musique préférée de l’autre en passant par ces endroits que l’on apprécie et qui nous permettent de nous détendre. Et c’était … Indescriptible. 
Il n’y a pas de mots pour décrire ce que j’ai ressenti après les tâtonnements du début. Par contre je peux mettre des sensations, des sentiments sur ces  moments; des sensations de bien-être, de plénitude, le sentiment d’être à ma place, au bon endroit, le sentiment d’être en sécurité et j’en passe… Mais j’ai senti qu’il manquait quelque chose, qu’il lui manquait quelque chose.
Tout ce temps passé à ses côtés m’a permis de me rendre compte qu’il n’était pas un bourreau de travail, mais un passionné, qui investit tout ce qu’il est et tout ce qu’il a dans ce qu’il entreprend, comme ça a été le cas pour leur entreprise familiale, pour « Shine ». C’est son orgueil, l'impression qu’il a été dupé, qu’il a été la marionnette, qu’il a été instrumentalisé, qui l’a fait tout lâcher. Je le sais parce que j’ai été à sa place dans le passé, que j’ai agi de la même façon et c’était ces mêmes raisons qui m’ont poussé à agir comme il l’a fait. Je sais aussi qu’à ce moment, j’avais besoin qu’une personne pour m’aider à enlever les œillères placées devant mes yeux, alors j’ai voulu être cette personne pour lui… En oubliant les réalités qui nous entouraient. Les réalités comme Irène…

« —…Depuis qu’il a repris le boulot, il passe énormément de temps avec Irène pour ne pas dire qu’ils sont constamment ensemble. A chaque fois que j’entreprends d’aller dans son bureau ou de lui passer un coup de fil, je le retrouve en réunion, en « point flash » avec elle, ou son assistante m’informe qu’il est déjà en ligne avec Irène. Je ne pensais vraiment pas que ça me ferait autant chier de les voir quasiment tous les jours ensemble, mais c’est plus fort que moi et je n’arrive pas à me l’expliquer. 
—Quoi tu veux comprendre pourquoi tu es jalouse ? 
—Je ne suis pas jalouse ! je lance avec véhémence.
—C’est ça ! Essaie de t’en convaincre si ça peut te faire plaisir mais sache que tu l’es et pas qu’un peu. Ce qui est normale…Dans les débuts. Pour moi, la jalousie n’est pas une preuve d’amour mais la preuve d’un manque de confiance, en son partenaire. Dans les débuts d’une relation, c’est assez rare d’accorder toute sa confiance à son partenaire, et on cache ce manque de confiance derrière la jalousie, qui fait « plus joli ». Dans le cas de votre couple, nous connaissons toutes les deux les circonstances qui vous ont amenées à vous marier, ce qu’il s’est passé entre vous, son passé avec Irène et le flirt qu’il y a eu entre elle et lui et qui date de pas si longtemps que ça. Tout ce cocktail ne te permet pas de dire que tu lui fais confiance, et ta jalousie se manifeste fortement. Mais si tu prends le temps de mettre en pratique « LA » recommandation que je t’ai donnée, je peux d’assurer que ton degré de jalousie s’atténuera et finira un jour par partir. 
—Emeraude. je souffle la tête toujours entre mes mains. T’as suivi un semestre de psycho relations humaines et neuroscience, viens pas jouer les psychanalystes avec moi. 
—Je ne joue pas les psychanalystes. Je te dis et te le redis parce que je ne te le dirais jamais assez ; la discussion est primordiale dans toute relation de couple. Ce n’est peut-être pas la chose la plus facile pour toi, mais c’est un aspect que tu dois bosser, parce que c’est ce qui va te permettre de le comprendre et surtout te faire comprendre. Tu as vu ce que ça a donné jusqu’à présent, et pour ne pas passer pour celle qui ne sait que donner des conseils, je te laisse te remémorer ce qu’il s’est passé entre Jesse et moi. Lui et moi avons perdu énormément de temps parce que je ne parlais pas puis par la suite, il ne voulait pas parler à son tour. Heureusement pour nous, nous n’avions pas de soucis de compréhension, ce qui aurait pu ajouter de la complexité à notre affaire… Pour en revenir à Dylan et toi, il faut vraiment que tu fasses un effort dessus. Quand tu as des choses sur le cœur, tu dois pouvoir en parler avec lui, pour éviter les incompréhensions et tout ce qu’elles peuvent engendrer comme malentendu. »

Je le sais bien. Je le sais bien… Je soupire en retirant mes mains de mon visage, consciente qu’elle a raison et que je dois faire un effort plus important que ce que je pense avoir fait jusqu’ici.

« —….T’en fais pas ça ira. Puis avec un peu de chance votre discussion vous emmènera dans la chambre et tu seras moins frustrée. D’ailleurs, c’est peut-être la raison de ta névrose amplifiée, ton manque de sexe. »

Je me tourne vers elle en arquant un sourcil.

« —Et là tu jubiles n’est-ce pas ? 
—Un peu quand même. elle me répond en allant prendre de nouveau place sur sa chaise. La grande Tiya, qui ne court pas derrière les hommes, un peu perturbée et frustrée à cause de son homme ! Son homme !
—Je pourrais m’attendre à ce genre de remarque venant d’une pétasse qui ne me supporte pas, mais toi ? Ma sœur, mon presque sang ? Comment oses-tu ?
—Disons que j’ose de la même façon que tu t’es moquée de moi à chacun de mes chagrins d’amour. Et puis je suis gentille. elle ajoute en prenant son verre en main. Moi je me moque de ta frustration sexuelle et rien d’autres ! »

Elle porte son verre à ses lèvres puis sirote une gorgée avant de m’offrir son plus beau sourire machiavélique. 

Honnêtement, c’est de bonne guerre, je mérite ses petits piques. Le nombre de fois où je l’ai consolé tout en la traitant de femme stupide parce qu’elle se laissait affecter par ses relations, ne se compte plus. Qu’elle tire une petite satisfaction de ma condition n’est qu’un juste retour des choses, d’autant plus qu’entre nous, nos vannes et moqueries n’ont rien de semblable à celles que l’on voie entre deux amies « hypocrites ». Non, nous c’est toujours bon enfant, et pas dans le but de narguer ou blesser l’autre. D’ailleurs, en temps normal, j’aurais probablement ri avec elle, mais aujourd’hui, je ne suis pas d’humeur à me montrer fair play, puis ma pause déjeuner est terminée alors je me lève de table, sous ses rires et prends la direction de la sortie du restaurant sans la saluer. 

*
* *

« —Toc, toc, toc. je dis en ouvrant un peu plus la porte de son bureau restée entrouverte. Je te dérange ? 
—Non…Non. il répond distrait, les sourcils froncés, tout en pianotant sur le clavier de son ordinateur. Je….. Je…finissais, ça-là. Voilà. Et je vais déjeuner ! »

Il lève enfin ses yeux vers moi et m’offre un large sourire tout en se levant de son siège.

« —Tu as déjeuner ? il me demande en s’avançant vers moi ?
—Oui, je rentre de pause-dej’. J’ai déjeuné avec Emeraude. je réponds en pénétrant dans son bureau et en refermant la porte derrière moi.
—Oh d’accord. Effectivement. Vu l’heure ! il s’exclame en avisant l’heure sur sa montre. T’as mangé tard !
—Pas plus tard que toi… »

Il garde le silence pendant quelques secondes, les mains enfoncées dans ses poches, avant de retourner à son bureau et y mettre de l’ordre. Je le regarde faire, un petit sourire en coin aux lèvres. Y’a pas qu’à la maison qu’il joue les maniaques, même dans son bureau. Il ne supporte pas qu’un dossier ne soit pas ordonné, tout comme il ne supporte pas que son espace de travail à petit échelle, et sa maison à grande échelle, ne le soit pas. Au début, je me moquais un peu de lui parce que je le trouvais tatillon pour pas grand-chose, mais aujourd’hui, j’arrive à m’en accommoder. Je me moque plus pour l’embêter qu’autre chose.
C’est fou ce que j’ai appris en si peu de temps…

« —Tu voulais quelque chose en particulier ? 
—Oui…..un baiser. »

Ce n’est pas vraiment ce que je voulais lui dire, mais ce n’est pas plus mal. Ça peut sûrement me décoincer. 
Putain, c’est dingue comme il a réussi à me rendre mollassonne et niaise. 
Avant, je me serais avancer vers lui et je l’aurais tiré par la ceinture ou par la cravate pour le faire venir à moi et capturer ses lèvres, non pas sans avoir joué avec les siennes du bout de ma langue… Mais ça c’était avant…Il va vraiment falloir que je me reprenne.

Il revient vers moi, le nez maintenant plongé dans son téléphone, et dépose un baiser presque aérien sur mes lèvres. De quoi me frustrer un peu plus…

« —Je vais me prendre un truc rapide et je reviens.
—D’accord. Dans ce cas, préviens-moi quand tu reviens parce que je voudrais…
—Dis-moi que j’ai laissé mon….Oh ! »

Je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase que la porte s’est ouverte avec fracas sur Irène ! Sans surprise ! A croire qu’elle a un détecteur qui se déclenche à chaque fois que j’ai besoin de me retrouver seule avec Dylan ! C’est pas possible !

« —Bonjour Tiya !
—Irène…
—Désolée, je ne voulais pas vous déranger. Je voulais savoir si je n’avais pas oublié mon organiseur ici. Je le cherche depuis plus d’une heure, alors que j’ai une faim de loup !
—Tu parles de ça ? dit Dylan en brandissant ce qui ressemble à un organiseur.
—Oh ! Merci ! elle soupire en levant les yeux au ciel, une main sur sa poitrine. Je désespérais de le retrouver. Avec tout ce qu’il se passe, je ne sais plus où mettre de la tête et ni mes affaires ! Bon, au moins maintenant, je vais enfin pouvoir aller manger !
—Heureusement que je suis là. la taquine Dylan. Je descends avec toi, je vais également me prendre un truc à mettre sous la dent. Tiya on se voit plus tard. »

Et la seconde d’après, ils ne sont plus dans mon champ de vision, mais je peux entendre leur éclat de rire à travers le couloir de l’entreprise.
Je sens juste un amas d’émotions vifs se répandre en moi à une vite exponentielle et une envie folle de leur faire la peau. 
Il m’a laissé en plan comme si je n’étais rien qu’une vulgaire chose, insignifiante à ses yeux, et tout ça pour être avec elle. Elle qui se croit au-dessus de tout, qui ne se donne même plus la peine de faire semblant. Elle entre et sort de ce bureau comme s’il s’agissait du sien, avec une familiarité sans pareille. Que je sois présente ou pas, ça lui est complètement égale. 
Je n’auraispas du accepter sa proposition de venir travailler à ses côtés. J’avais peut-être envie de retrouver une activité, mais j’aurais du refuser son offre et cherche à travailler ailleurs, quand bien même ça l’aurait irrité. Ça m’aurait évité de vivre tout ça…
Je soupire, lasse de cette situation, puis retourner dans mon bureau faire ce que je sais faire aussi bien que Dylan, me plonger dans mes dossiers et oublier tout ce qui m’entoure. 

« —Tiya, monsieur Buaka te demande et ce coup-ci, tu devrais vraiment y aller.
—Dis-lui que je ne suis plus là ! En plus, je suis vraiment en train de partir là. 
—Ca fait plus d’une heure qu’il te relance toutes les quinze minutes. 
—Et alors ? je réponds plus sèchement que je ne le voulais. Il attendra demain, ça ne doit pas être si urgent que ça ! »

Et je suis certaine que ça ne l’est pas. Il s’est souvenu que je voulais lui parler après avoir passé un bon moment avec sa précieuse « Irène ». Tsss.
Qu’il m’oublie !
Je range mes affaires, plus remontée que jamais, puis pénètre dans l’habitacle de ma voiture avec ce que je définis comme un trop plein de colère. Je ne m’apprécie pas spécialement dans cet état. Je suis nouée de partout, très irascible envers les personnes qui m’entourent et ça ne m’arrange pas. Je suis souvent celle qui en pâtit le plus dans tout ça alors je fais en sorte de me détendre. 
Durant ma convalescence, Jesse était venu me rendre visite avec un carton plein de pâtisseries et notamment des tartelettes au citron sans meringue. C’est la pâtisserie que j’affectionne le plus et qui sur moi à un effet similaire à la verveine. 

« —Une ou deux pâtisseries ne va pas me faire de mal ! »

*
* *

Putain, mais qu’est-ce que c’est bon cette merde ! C’est pas possible ! 
Faut vraiment que j’arrête de manger autant, ça commence déjà à se voir sur mes hanches. S’il n’y avait pas toute cette histoire autour d’Omari, j’aurais pris quelques séances avec lui. 
Mais pourquoi je ne le fais pas d’ailleurs ? Actuellement, je suis la seule à me soucier de l’impact que pourrait avoir une « amitié » sur ma relation avec Dylan, mais lui ne semble pas s’en soucier plus que ça. Il passe du temps avec Irène comme si j’étais sensée l’accepter comme un faîte, alors pourquoi je ne pourrais pas, tout comme lui, lui faire accepter, voire imposer, l’idée que j’ai besoin de voir Omari ? 

« —Ouais, je devrais faire ça. je me dis en refermant la boite à gâteaux, avant de l’ouvrir de nouveau et m’emparer d’une tartelette. Une dernière pour la route ! »

Je monte dans la chambre, complètement retourner et grimace en la balayant du regard. 
Quand Dylan a repris le boulot, il m’a proposé de reprendre à mon tour le boulot, puis il a émis l’idée de travailler ensemble. Sur la théorie, cela semblait être une idée intéressante ; on pouvait se voir plus souvent, être plus au fait de la vie de l’autre, mieux comprendre les humeurs de l’autre, mais en pratique, ce n’est plus aussi simple. Alors oui, nous sommes amenés à nous voir, mais c’est le temps d’un instant, d’une signature de document, un débriefing et puis c’est tout. Rares sont les fois où nous arrivons à passer plus de 5 minutes seuls, pour discuter d’autres choses que le boulot. Et pour cause, il essaie de mettre de l’ordre dans son département après trois mois d’interruption, et moi je dois me mettre à jour sur tout. Parce que là aussi, je ne voulais pas entendre parler de piston, bien que ce soit le cas, et de favoritisme, j’ai pris mon poste avec le nom de jeune fille de ma mère. Même si plusieurs employés m’ont vu en tout début d’année lors du Gala, personne n’a été en mesure de me reconnaitre. Résultat des courses, je croule comme tout le monde sous les dossiers à vérifier et le matin, depuis un moment c’est ma chambre qui en paie les frais. Jupe crayon par ci, veste par là, chemisier jeté sur le divan, talons aiguilles trainant sur le tapis et j’en passe. Ma chambre ne ressemble à rien. Quoique, je mens. Elle ressemble à quelque chose ; un champ de bataille. 
Je soupire en la regardant de nouveau, avant de grogner et énumérer toutes les raisons pour lesquelles je devrais reporter mon rangement, mais fini malgré tout par ranger. 
Ce n’est qu’aux alentours de vingt-trois heures, que j’en viens enfin à bout de tout ce méli-mélo, et entreprends d’aller prendre une douche. Je ne mets pas trop de temps, épuisée par ma journée puis mon rangement, et file sous les draps complètement éreintés. 

Comme à chaque fois que je m’habitue à la présence de Dylan à mes côtés et qu’il n’est pas présent, mon sommeil est assez léger. 
Je me retourne dans tous les sens puis descends le chercher dans son bureau. Excepté aujourd’hui, je ne me sens pas de le faire.
Il est actuellement dans la liste de ses personnes que je n’ai pas envie de voir.
Je récupère quand même mon téléphone pour aviser l’heure.

« —C’est pas possible ! je m’exclame en constatant qu’il est 4 heures 30 du matin. »

Je veux bien le laisser travailler ou plutôt lui faire la tête et le laisser penser que je le laisse travailler, mais avec tempérance. 
Là, à 4h30, on a dépassé le stade de la tempérance. Il va être complètement lessivé aujourd’hui et le connaissant, il ne prendra pas le temps de se reposer pour mieux reprendre. Il va continuer à travailler comme un acharné. 
« —Dylan, il est quatre heure et demi du matin. je soupire en le découvrant comme je m’en doutais en train de pianoter sur le clavier de son ordinateur, dans son bureau.
—…Ouais je sais, laisse-moi un quart d’heure. il souffle en frottant ses yeux. »

La pièce n’est éclairée que par l’écran de son ordinateur, tout le reste étant plongé dans la pénombre, mais j’arrive aisément à voir ses cernes, que dis-je, ses valises sous ses yeux plissés par la fatigue. C’en est effrayant. J’ai moi aussi était souvent emportée par mon travail mais jamais au point de négliger ma santé alors que chez Dylan, c’est une seconde nature. C’est un trait de caractère louable mais dans les limites d’une proportion raisonnable. Si seulement nos politiciens pouvaient se prévaloir du même zèle dans le travail…

« —Je te laisse deux minutes pour tout boucler et éteindre ton ordinateur. Et je ne rigole pas. 
—Tiya, je ne peux pas là. il me répond les sourcils froncés, avant d’ajouter dans un murmure presque pour lui-même. Rien ne va, absolument rien ne va…faut que je trouve une solution
—Mais ce n’est pas en t’épuisant que tu la trouveras, ta solution. »

Il soupire bruyamment et lève enfin les yeux sur moi. Son visage est tellement tiré et creusé, que la fatigue ne se dessine plus, mais se lit sur son visage.
Je tends ma main vers sa joue creuse comme si elle avait le pouvoir de lui redonner son arrondie. Il ferme les yeux un cour instant avant de les ouvrir de nouveau et me dire sur un ton grave :

« —Tiya, il faut que je trouve la personne qui donne toutes ses informations sinon, on ne va pas s’en sortir… Je suis obligé.. Tu te rends pas compte de ce que ça représente… »

Ses yeux, son expression, son air, tout chez lui montre à quel point il est affecté par cette affaire et je me sens totalement démunie. Et je le comprends, d’ailleurs toute la boite pourrait le comprendre, ce sujet est abordé au moins une fois par jour dans les couloirs de l’entreprise. Malgré toutes les enquêtes et investigations menées, l’identité de la personne fournissant des informations confidentielles n’a toujours pas été trouvée. Toutes les pistes ayant abouti à des impasses. Ce qui est inexplicable est le fait que les informations volées relèvent de différents services, ce qui laisserait sous-entendre que les informations divulguées viennent d’une personne haut placée dans l’organigramme de l’entreprise mais cette hypothèse n’a pas de sens puisque toutes les personnes haut placées ayant accès aux informations données sont toutes actionnaires et auraient gros à perdre. 

« —Ca va aller. je marmonne en le prenant dans mes bras. »

Tout en caressant sa tête, je laisse reposer la mienne sur la sienne et lui murmure des paroles d’encouragement. C’est le mieux que je puisse faire pour lui ; être à ses côtés et l’encourager. 
Il m’enlace la taille et reste silencieux pendant un long moment, sa tête reposant sur mon bas ventre.


Y'a pas une lectrice qui veut épouser Dylan ? Parce qu'on est fatigué de Tiya ! 

Qu'elle nous libère le frère !


Bisous en pagaille !

L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

Les jeux du destin