Contraception

Write by Les Chroniques de Naty

Chapitre  20

 

Il releva la tête et nos yeux se croisèrent. Ce que j’y vis me glaça le sang ; il avait le regard dur et froid. Les lèvres tremblantes, il me demanda une explication.

—Qu’est-ce que c’est que ça ?

—Tu ne sais pas lire ou quoi ?

Il remua la tête.

—Je sais lire, mais je veux que tu me le dises ! Qu’est-ce c’est que cette merde ?

—Ce sont mes pilules contraceptives.

—Et depuis combien de temps en prends-tu ?

A quoi riment toutes ces questions débiles ? Je prends des pilules pour ne pas tomber enceinte. Alors pourquoi en faire un problème d’Etat.

—Depuis un certain temps déjà.

Il s’assit sur le lit et se pris la tête entre les mains. Il resta dans cette position pendant ce qui me parut une éternité. Je décide alors de ranger mes affaires, lorsque je pris le sac, il me saisit la main et tira très fort.

—Arrête Aly tu me fais mal. Me plaignais-je.

—Je veux te faire plus mal que ça Ayana ! Tu viens de me briser le cœur. Pourquoi me fais tu ça ? Pourquoi Ayana ? POURQUOI ???

Je restais là à le regarder. Ma main me faisait souffrir et je ne n’arrivais pas à parler.

—J’ai tellement mal au cœur ; la douleur que tu ressens n’est rien comparée à la mienne. Tu sais très bien à quel point je rêve d’être père et toi tu joues avec ce rêve en prenants ces maudites pilules.

Il balança toutes mes affaires contres mur. Mon flacon de parfum se brisa ainsi que ma montre.

—Tu es fou où quoi ? Tu viens de foutre ma montre Cartier en mille morceaux ; Lâche-moi.

—Je ne te lâcherais pas. Et je me fiche bien de ta montre, c’est moi qui te l’ais donnée alors je peux en faire ce que je veux. Tu es ma femme, putain Ayana tu es ma femme et tu es censée tout faire pour me rendre heureux et non le contraire. C’est ton devoir de m’aimer et de prendre soin de moi, tu as juré devant Dieu et les hommes de t’occuper de moi pour toujours. Alors pourquoi prends tu un malin plaisir à me faire souffrir de la sorte… tu... je ne Meri…

Il arrêta de parler et ses larmes mirent à couler.

Oh mon dieu, il pleure, Aly pleure !!!

—En plus la journée d’aujourd’hui devrait être en principe l’une des meilleures de ma vie; c’est mon anniversaire et tu dois être à mes côtés pour le fêter avec moi, mais au lieu de cela tu sors pour passer la journée je ne sais où à faire je ne sais quoi ! Tu as la priorité dans ma vie Ayana, je veux également être prioritaire dans la tienne.

Cette vision me brisa le cœur. Et ses paroles m’ont fait me sentir super mal, Je ne voulais pas qu’on en arrive là. Sauf que ce sentiment ne dura qu’un court instant car je ne sais pour qu’elle raison, au lieu de le calmer, j’éclatais de rire pendant que lui est en larme.

—Tu savais depuis le début que je ne t’aimais pas et que je ne t’aimerais jamais. Alors ne vient pas jouer aux madeleines en pleurant. Un homme un vrai ne pleure pas pour ce genre de broutilles.

Il renifla et me lâcha la main.

—Je ne comprends pas ce que j’ai pu bien te faire pour que tu me déteste autant. Pourtant je fais tout pour que tu puisses m’aimer aussi fort que moi je t’aime. Plaida-t-il. Je serai prêt à donner ma vie pour toi, je serais prêt à tout pour toi, pour te voir heureuse et sourire pour toujours. Je serai prêt à me mettre entre toi et une voiture, prêt à me mettre entre toi et le malheur, la douleur et toutes les pires choses que tu puisses imaginer. Je n’ai pas choisi de t’aimer ! Ça m’est tombé dessus comme ça sans que je ne puisse y faire grand-chose, mais je vois que tu t’en fous bien de moi et de mes sentiments. Tu te donnes du plaisir à me torturer et à me tourmenter. Cela fait combien de temps que tu refuses que je te touche, et les rares fois que je le fais c’est juste pour quelques instants. Et là pour m’achever, tu prends des pilules ; alors que moi comme un idiot je prie pour que tu puisses tomber enceinte. Je vais jusqu'à compter ton cycle pour pouvoir mieux connaitre ta période d’ovulation. Comme un pauvre con je t’aime malgré tout ce que tu me fais vivre. Tu m’as mis en froid avec ma mère, et maintenant c’est avec mes sœurs. Et moi toujours comme un pauvre idiot, je continue de t’adorer.

Il se tut comme pour que je puisse mieux assimiler tout ce qu’il vient de me dire. Pour que je puisse enfin saisir la portée de son amour pour moi. Mais tout ça ne me dit absolument rien ; et j’en rajoute à sa douleur en remuant le couteau dans la plaie.

—Je ne ferai pas d’enfant avec toi ! Je ne tomberai pas enceinte de toi. Et même si par malheur cela devait arriver, je me ferrai avorter.

Il se leva et me regarda droit dans les yeux. Il ne pleurait plus, mais des gouttes de larmes perlèrent encore sur ses joues.

—Si jamais tu oses avorter de mon enfant, je te ferrai enfermée pour le restant de tes jours. Menaça-t-il. Tu seras surprise de voir que tout l’amour que j’ai pour toi peut se transformer en une haine encore plus immense que cet amour. Tu iras croupir en prison ; et crois-le ou non je le ferai. Ce ne sont ni des menaces vides ou encore moins des paroles en l’air. Je vois Ayana que tu te méprends sur moi. Je suis aussi doux qu’un agneau ; mais je peux être très dur, plus dur même que du granit. Alors pour ton bien, n’essaie pas de réveiller cet Aly. Sinon tu prieras Dieu pour qu’il puisse se rendormir pour que revienne l’Aly que tu as toujours connue. Termina-t-il les dents serrées.

Sur ce il prit toutes mes pilules et alla les jeter dans les toilettes en prenant soin de tirer la chasse d’eau.

—Pourquoi as-tu fais ça ? Tu es vraiment malade. Pauvre débile, je te déteste au plus haut point. Et sache que tes menaces ne me font pas peur ; je n’ai pas peur de toi.

—Tu devrais pourtant ma douce. Mais ce n’est pas pour t’effrayer ou encore moins pour que tu ais peur de moi, c’est juste pour te mettre en garde. Et je ne plaisante pas. Et puis tu ne prendras plus jamais de pilule ; si jamais j’en trouve encore dans tes affaires, j’irai le dire à tes parents.

—Ah bon hein ?

—Si, je convoquerai une réunion et nous tirerons toute cette histoire au clair.

Je lui souris en gloussant. Il vient de me tendre un perche sans le savoir, dès demain j’irai m’achetais des pilules et je ferai en sorte qu’il les voient. Ainsi on pourra la faire cette réunion. J’espère qu’il y aura assez de personne. Parce que je compte bien profiter de ça pour dire mes quatre vérités à mon père.

Et hormis ces comprimés je peux bien me faire mettre un stérilet, ou encore une injection renouvelable chaque trimestre. Là c’est clair que je ne serai jamais enceinte. Jusqu’au retour de Léon ; je ne veux pas d’enfant pour me pourrir la vie quand il sera l’heure de divorcer.

—D’accord. Commence à informer les membres de ta familles et la mienne. Car ta réunion aura lieu plus tôt que tu ne le crois.

Il me parut perplexe.

—Ca veut donc dire que tu vas reprendre ces foutues comprimés.

Il se tut un instant, et soudain son visage s’illumina. Ok comme tu veux. Mais pour l’instant j’ai bien envie de toi, dit-il en s’approchant de moi. Il me poussa sur le lit, et se coucha sur moi.

—Je veux juste te faire l’amour ma chérie murmura-t-il. Et après tu pourras faire ce qui te semble juste. Tu es ma femme Ayana et je suis ton mari. Rien ni personne ne peut changer ça.

 

*

**

***

 

Il est 10H30 lorsque je garde ma voiture devant le lycée Mamie Faitai de Bingerville. J’envoyais un message à ma sœur pour la prévenir de mon arrivée. Et dix minutes plus tard, je la vois sortir. Elle repéra assez vite la voiture.

—Bonjour Madame Diakité me taquina-t-elle. Elle sait très bien que j’ai horreur qu’on m’appelle comme ça ; mais elle et sa jumelle adore me mettre en rogne.

—Je vais m’énervée contre toi. Je ne suis pas Madame Diakité. Mais bon bref, de quoi veux tu me parler ?

—Ah toi aussi on ne va quand même pas parler dans ta voiture. Même si elle est super confortable.

—Où veux-tu qu’on aille ? Je ne maitrise pas bien les environs.

Elle me sourit.

—Mais moi si. Je connais un petit coin tranquille en bordure de lagune ; nous y serons bien et on pourra parler sans être déranger. En plus ils servent de la bonne bouffe, et j’ai super faim. Donc tu m’offre mon déjeuner. Proposa-t-elle.

—Tu semble bien connaitre le secteur on dirait.

—Bien sûr ; depuis la classe de 6eme je suis ici, alors que maintenant je suis en classe de première. Donc imagine un peu le nombre d’année. Bon on se met en route ?  Je reprends les cours à 16H. Mais je dois être de retour aux environs de 15H. J’ai dû me cacher pour sortir ; tu sais à quel point nos encadreurs sont stricts et sévères, alors si je me fais choper c’est sûr que je serais renvoyé illico presto.

—D’accord.

Nous nous mettons en route, et c’est Mouna qui me guidait vue que je ne connaissais pas bien l’endroit. Durant le trajet nous parlions de tout et de rien ; elle me parlait de tout ce qui se passait à la maison depuis mon départ.

Nous arrivons très vite à l’endroit. Ma sœur avait raison, le coin est vraiment tranquille, et c’est agréable. C’est une sorte de resto maquis. Il ya des bungalows, et des appâtâmes sous lesquels on peut s’asseoir pour manger. Les clients ont le choix entre rester dehors pour manger et profiter de l’air frais, ou encore la grande salle à manger climatisée.

Mais entre l’air conditionné et l’air frais naturel, nous préférions profiter de cette magnifique vue sur la lagune, Et de cette odeur que dégageait la lagune Ebrié. Car étrangement, elle n’était pas sale de ce côté. Il n’y a pas cette odeur de pourri que dégage toujours la lagune. Je me suis toujours demander comment des gens normaux pouvaient jeter les ordures dans la lagune. En plus de la salir, ils empoisonnent les poissons qui y vivent ; et ce sont ces mêmes poissons qui seront péchés et viendront se retrouver dans nos assiettes.

Rien qu’en y pensant, je préfère commander une soupe à la viande de lapin ! Ma sœur opta pour du foufou avec de la sauce gnangnan bien épicée.

—Comment peux-tu manger ça, demandais-je dégoutée, c’est trop amer.

—Mais ça des vertus thérapeutiques. Tu devras en consommer fréquemment ma sœur, ça t’évitera certaines petites maladies.

—Tu as recommencé à prescrire des recettes bizarres non ? Ce n’est pas avec moi hein.

Nous partons d’un grand éclat de rire. Nous restons là à parler avant que la serveuse n’apporte nos commandes. Je sirotais mon jus de tamarin et elle jouait avec la pipette de sa boisson.

-Qu’est ce qu’il ya Mouna ? Tu m’as l’air triste d’un coup. Et puis tu vas encore me faire languir avant de me dire ce qui ne va pas !

—Isaac est passé à la maison avant-hier commençât-elle. Il est venu voir papa pour l’informer de son mariage.

QUOI ???

Je restais là sans voix ! Je pense à ma sœur ; Oh pauvre Mina ! Cet idiot va encore la faire souffrir. Déjà qu’elle n’arrive pas à avoir d’enfant, il va en rajouter a son chagrin en lui imposant une coépouse. Mais cet homme est un vrai imbécile. Il mérite d’être castré.

—Le salopard. Pestais je furieuse.

—Je te dis. Tu t’imagines un peu dans quel état doit être notre pauvre Mina.

—Et qu’est ce papa a dit ?

Elle ricana désabusée.

—Rien ! Il a félicité Isaac en lui disant que c’est bien et tout. Que c’est une sorte d’adoration divine et que si sa décision est déjà prise, il lui souhaite bonne chance. Il lui a fait plein de bénédictions ; et a prévue appeler Mina pour lui donner des conseils quant à la venue de sa coépouse.

Je suis de plus en plus énervée contre mon père. Non mais qu’elle genre de père ferrait ça ? Il sait très bien que sa fille souffrira de cette union, mais non seulement il le cautionne, mais le pire est qu’il donne sa bénédiction.

Ah papa !!! Je donnerai tout pour te voir couvert de honte.

—Je me demande souvent s’il n’est pas un peu fou ;

—Non ne dis pas ça Ayana.

-Avec tout ça tu continues à prendre sa défense ? Ou bien tu es d’accord avec ce qui arrive à notre ainée.

Elle me regarda en écarquillant les yeux.

—Bien sûr que non ! Que vas-tu chercher. C’est vrai que ce papa a fait est un peu tiré par les cheveux. Mais que veux-tu qu’il fasse ? Il n’a pas son mot à dire, ni son avis à donner. Isaac n’est que son beau-fils, cela dit il n’a pas de droit en tant que tel sur lui. Et puis tu ne sais pas la meilleure ! Le mariage a lieu demain.

Mais attendez c’est quoi tout ça ? Je crois que le manque de respect a atteint son summum là. Un mariage qui a lieu demain et ce n’est que maintenant qu’il informe les parents de sa femme.

—Isaac est un vrai malade. Il a vraiment eu la chance d’être tombé sur une femme comme Mina ; parce que si c’était moi sa femme, je peux jurer qu’il n’aurait plus de couille à l’heure qu’il est. Et sans couille pas de deuxième femme.

Ma sœur éclata de rire.

—Toi tu es vraiment quelque chose hein. Donc c’est ce qui est là oh. Nous sommes toutes tristes pour la pauvre Mina. Maman est bien plus calme, elle prend la chose avec foi ; disant que c’est la volonté de Dieu et que nous devons prier pour que notre sœur puisse avoir un enfant. Car il n’y a  que ça qui pourra la soulager et réparer son cœur meurtri.

—Maman et son affaire de foi là aussi !!! Elle ne peut pas essayer de faire quelque chose de concret hein. C’est toujours elle qui est là à s’en remettre à Dieu. Il ya des situations où tu dame sur Dieu et toi-même tu essaie de gérer tes problèmes. Dieu a trop de choses à faire pour s’occuper de tout ça.

—Arrête de blasphémer. Depuis que nous sommes petites, maman s’en est toujours remise à Dieu. Alors pourquoi veux-tu que ça change.

Je venais répondre lorsque la serveuse apporta nos plats. Je lui souhaitais un bon appétit et commença à manger.

J’avais la tête plongée dans mon assiette lorsque je remarque que ma sœur n’avait même pas encore fini la moitié de son plat. C’est pourtant elle qui criais famine tout à l’heure.

—Pourquoi ne manges tu pas ? Ou bien tu n’aimes pas ?

Elle ne me répondit pas, mais je vis des larmes pointer dans ses yeux.

—Qu’est qu’il ya Mouna ? Pourquoi es-tu si triste ? Est-ce à cause de ce qui arrive à Mina ? Ne t’inquiète pas tout ira bien ; nous sommes ses sœurs et nous resterons avec elle pour la soutenir. La rassurais-je. Maintenant mange ton plat avant qu’il ne refroidisse ; et puis n’oublie pas que je dois te redéposer a ton école à 15H. Et il est déjà midi.

Elle ne répondit toujours pas et ne mangea pas pour autant. Je commençais à avoir peur lorsqu’elle prit la parole d’une toute petite voix.

—En fait je voulais te voir pour autre chose que pour le mariage de Mina… je ne sais vraiment pas par où commencer.

—Par le début bien sûr. Il n’ya pas de cachoteries entre nous n’est-ce pas. Alors parle.

Elle hésita encore un instant et finir par parler.

—Je suis enceinte Ayana…

Esclave de mon cœur