Crushzone

Write by Farida IB


Eddie…


Voix d’Adriana : bonjour vous êtes bien chez Adriana Mwinyi laissez-moi un message... Au revoir !


Je range le téléphone et pose mes deux mains à plats sur le comptoir de la cuisine avant de vider la canette de Pepsi à côté de moi d’un trait. Ça fait des jours que j’essaie de la joindre sans succès. J’ai pris une certaine décision par rapport à elle et j’aimerais qu’on en parle. Je ne veux plus me contenter d’être son ami, j’ai décidé de franchir la barrière et de sortir avec elle. J’ai bien réfléchi et j’en suis arrivé à la conclusion que si je dois choisir un partenaire cela ne peut être qu’elle. En dehors de son intérêt pour moi, c'est une fille formidable et sans histoire. Je veux donc lui en parler dans le plus bref délai, mais depuis notre dernière conversation téléphonique elle a pris ses distances même si je me demande pourquoi. Depuis elle me manque, je ressens comme un vide à chaque fois que je rentre chez moi et que je ne la vois pas en train de ranger par ci par là. Elle est introuvable chez elle et à l’hôpital, on se parle à peine. Et pour couronner le tout, nos heures ne concordent plus. C’est son jour de repos aujourd’hui et moi, je me prépare à y aller. 


Aujourd'hui c'est lundi et habituellement, la journée du baptême de feu. La plupart des premiers rendez-vous chez le gynécologue sont calés sur ce jour. Je termine mon petit-déjeuner et mets les ustensiles utilisés dans l’évier ensuite, je me prépare pour l’hôpital. Avant de démarrer, je passe par la barrière qui me sépare de la maison d’à côté pour arroser les plantes de madame Coralie notre voisine à Adriana et à moi. Elle oublie souvent de le faire. C’est une femme d’un certain âge qui n’a plus toutes ses facultés en place. Elle vit seule avec un chat que je finis par nourrir également avant de me mettre en route.


J’arrive à l’hôpital et la première personne sur qui je tombe, c’est Adriana. Elle sort des vestiaires avec son sac accroché à l'épaule et me fait un coucou bref de la main. J’attends qu’on se croise pour se faire la bise.


Moi : bonjour,


Adriana : bonjour Eddie, c'est l'arrivée ?


Moi : oui, tu étais où durant le week-end ? Ton téléphone ne passe pas.


Adriana : je l’ai égaré.


Elle toussote avant de poursuivre.


Adriana : en fait, on s’est retrouvé à Santa Fe avec Tony et ses potes (je tique) et dans l’euphorie du moment, je ne sais plus où je l’ai mis.


Moi : tu traînes un peu trop avec ce mec dernièrement, c’est toujours pour lui sucer le gain comme ça ? 


Adriana : mais bien sûr ! En plus, il sait nous mettre à l’aise, mais vraiment. 


Moi sceptique : il trouve tout cet argent où ? Il…


Je m’interromps pour répondre à la salutation des collègues.


Moi : tu le connais où pour le suivre hors du pays ?


Adriana ton exaspéré : Eddie ne commence pas s'il te plaît. 


Je la regarde en plissant les yeux, elle hausse les épaules.  


Moi : enfin bref ! Tu fais quoi ce soir ? Je voudrais qu’on ait une discussion tous les deux.


Adriana : une discussion ?


Moi : oui et c’est important, on se voit à mon retour ?


Adriana : tu m’appelles… Pardon, je n’ai plus de téléphone.


Moi : ok, je passe chez toi ce soir à 20 h.


Adriana (faisant mine de réfléchir) : 20 h ? (elle chuchote son programme de la journée avant de me revenir) 20 h ce n’est pas possible. Disons demain.


Moi : tu travailles le matin et moi je fais la garde.


Adriana : c’est vrai, bon on déjeune après demain ça te va ?


Moi arquant le sourcil : après demain ? Pourquoi si loin ?


Adriana fixant un point derrière : lol Eddie après demain, c’est dans deux jours. Je n’ai pas dit dans un an.


Elle se met à agiter ses mains, je suis son regard pour tomber sur le fameux Tony.


Adriana : hi Tony ! (à moi) Je vais devoir te laisser, bonne journée à toi.


Elle s’en va aussitôt vers « Tony », ils se font des accolades puis discutent quelques minutes. Il prend même le temps de l’escorter dehors et revient avec un sourire malicieux sur les lèvres au moment où je pointe à la réception. Pfff, il me tarde d’être ce soir.


Je sursaute quand je sens une main me toucher.


Marrion (une collègue interne) : tu comptes rester ici toute la journée ou quoi ? (désignant le couloir du service gynécologie) Les consultations, c’est par ici et nous en avons une tonne ce matin.


Moi soupirant en la suivant : bonjour,


Marrion : bonjour, tu t’es bien reposé ?


Moi : reposer c'est peu dire, je me sens d'attaque.


Marrion : bonne nouvelle alors, j'aurai besoin de toi sur un cas. Ma  patiente, la petite de 20 ans (je hoche la tête) elle se plaint que le loulou ne bouge plus.


Moi : depuis quand exactement ?


Marrion : depuis hier soir.


Moi : ça arrive, mais il faut quand même lui faire une écho pour voir si l'enfant se porte bien. 


Marrion regard contrit :  je n'ai pas encore appris à le faire.


Moi : ok, je m'en occupe. Elle est où ?


Marrion : dans la salle d'attente.


Le Tony nous dépassant : bonjour les docs !


C’est Marrion qui lui répond, je lui lance un regard sans plus.


Marrion quand il est loin : ce mec se la pète trop, je me demande ce que toutes les filles de l’hôpital lui trouvent.


Là au moins nous sommes d’accord.


Moi las : beh il a un certain charme.


Marrion faisant un drôle de visage : je ne lui trouve aucun charme, juste parce que son père est le PCA de BancWest qu’il doit prendre des airs...


Moi l’interrompant : quelle BancWest ?


Marrion : la filiale de BNP Paribas en Californie.


Elle me suit même dans les vestiaires pour finir potin. 


Moi : je vois.


Marrion : surveille bien tes arrières parce qu’il n’est pas loin de te raser ta copine.


Moi perdu : quelle copine ?


Marrion : la chaudasse en cardio, ce n’est pas ta petite amie ?


Moi : tu parles d’Adriana ?


Marrion : yass !


Moi secouant la tête : c’est ma pote pas ma copine.


Marrion ton sceptique : ouais, c’est ça !


Je change subtilement de sujet dès qu’on ressort des vestiaires.


Moi : tu n’as rien d'autres à faire ? M. Orghen (notre) n’est pas encore arrivé ?


Marrion : non, bon je vais m'occuper des consultations.


On se déplace devant le vestiaire et je me rends dans la salle d'échographie. Je m'occupe de la patiente de Marrion avant de la rejoindre pour les consultations. Je travaille préoccupé par ce qu'elle avait dit ce matin. Je ne sais pas pourquoi, mais penser que ce Tony puisse arriver à ses fins avec Adriana suscite une sorte de frustration en moi par rapport à ma mésaventure avec Yumna. Surtout, qu’il y en a que pour lui en ce moment. Quoiqu’il en soit, je compte aller droit au but cette fois. Gosse de riche, ou pas, il ne me fera pas de l’ombre. D‘autant plus que j’ai mon meilleur allié avec Adriana, elle en pince pour moi. 


J’essaie tant bien que mal de me concentrer sur ce que je fais toute la matinée. Je prends ma pause en début d’après-midi et pendant que je mange, je commande un téléphone en ligne pour Adriana que je récupère en même temps que sa carte SIM avant de lever le camp pour la maison. Je m’arrête au supermarché du quartier pour faire des courses. Dans les rayons, je prends juste l’essentiel pour la semaine. Le temps de mettre la main sur Adriana parce que d’habitude, c’est elle qui se charge de faire les courses pour nous deux. C’est elle qui me gère ici. 


Au moment où je gare devant la villa, j’entends mon téléphone vibrer dans mon sac à dos. À coup sûr c’est Bradley, c’est son heure. La vie du bro est compliquée en ce moment, il s'est pris la tête avec sa femme. Du coup, j’ai droit à son appel chaque soir pour ruminer son problème. 


 À l’intérieur je range les courses et me fait des nouilles sautées que je mange vite fait. Après la douche, je m’installe devant un documentaire et décide de rappeler Bradley qui a déjà explosé le record des appels en absence.


Bradley d’entrée de jeu : Elli ça fait une heure que j’essaie de te joindre.


Moi : excuse-moi, je viens de rentrer, mon téléphone était quelque part dans mon sac.


Bradley : ah ok, tu veux que je te laisse faire tes bails ?


Moi : non, tu peux parler. Où en es-tu ? La situation s’est quelque peu arrangée ?


Bradley : pas du tout, je vais devoir passer au plan B. 


Bruit de porte qu’on ouvre. 


Voix suspicieuse de Tina en fond : c’est qui ? 


Bradley : bébé, tu ne dors pas ?


Tina : avec qui parles-tu ?


Bradley : Eddie.


Tina sceptique : hmmm.


Bradley : tu veux lui parler ? (dans l’appareil) Petit, tu es sur haut parleur.


Moi : bonsoir ma chérie.


Tina : bonsoir, comment vas-tu mon chéri ? (pause) Le vrai !


Moi amusée : bien, même si tu me fais ça dur depuis des semaines.


Tina : il le faut comme tu veux me remplacer avec les microbes de Lomé.


Moi : on ne peut remplacer l’irremplaçable.


Tina ton rieur : toi, tu deviens comme tes frères. Tu traînes un peu trop avec atavi (beau frère) Armel.


Moi : la vérité rien que la vérité.


Tina : mouais c’est ça ! Je vous laisse causer ton frère et toi.


Bradley ton pressant : nous avons fini de causer.


Moi : moi je n’ai pas fini de parler avec toi. Enfin, j’ai quelque chose à te dire.


Bradley : plus tard petit.


Tina : en tout cas moi, je vais dormir.


Moi : c’est important.


Bradley après un flottement : petit ça fait 21 jours qu’elle ne m’adresse presque pas la parole, mais la façon dont elle vient de balancer ses hanches en dit long sur... 


Moi l'interrompant : Bradley !!


Bradley : les choses vont peut-être se régler entre nous.


Moi : c'est ce qu'on souhaite, mais je n’ai pas très envie de savoir que ta femme roule des hanches devant toi.


Bradley : désolé, on s’appelle demain.


J’entends la porte s’ouvrir à nouveau.


Tina : Brad les enfants...


Bradley la coupant : je viens de changer la couche de Junior et Léana a déjà pris son bibi.


Tina : ok moi, je retourne me coucher.


Bradley à moi : bye bro.


Moi riant : après, c’est moi qu’on traite de chochotte ici. Espèce de nunuche !


Bradley : moulon (j’accepte) !


Il raccroche et je rigole doucement. Ces deux là vraiment, un amour intrigant. Autant elle le malmène, autant il devient fou d'elle.  En tout cas il a trouvé une femme à sa pointure, il venait trop avec les allures de son père krkrkr. C’est vrai que Tina la ramène un peu trop souvent, mais il faut reconnaître que Bradley n'aurait pas pu trouver  mieux. 


J'aspire également à cette vie, avoir une femme avec qui former l’équipe rêvée. Une femme qui sera toujours là pour moi et m’apportera une plus value. J'envisage sincèrement fonder ma petite famille et construire ma petite vie tranquille. Parce qu'il faut le dire, la vie de solitaire, c’est bien, ça évite les prises de tête de femme mais ce n’est pas l’idéal. Comme ma mère aime souvent le dire, il n’y a rien de plus agréable que d’avoir un foyer où il y a quelqu’un qui nous attend le soir à notre retour. En parlant d’elle, je reprends mon téléphone pour l’appeler afin de prendre de ses nouvelles et celles des filles. C’est Marianne qui décroche, elle me dit qu'elle s’apprête pour l’école. Elle me raconte sa vie de collégienne un moment avant que maman ne lui arrache le téléphone de la main. On discute une dizaine de minutes, c'est le crissement des pneus de la voiture d’Adriana qui nous interrompt. Je regarde l’heure, il est 00 h passé de 16 minutes. Je m’excuse auprès de maman et sors aussitôt de la maison avec son paquet que je pose par terre pour l’aider à refermer son garage. 


Adriana lorsqu’on finit : krkrkr krkrkr merci.


Moi fronçant les sourcils : ça va ?


Adriana gaîment : trop bien.


Elle titube et tombe presque sur moi, je la soutiens par le bras.


Moi : hoo Ana qu’est-ce que tu as ? Tu as bu ?


Adriana toujours joyeuse : j’ai pris quelques verres avec Tony.


Moi : un soir de semaine ? Et il a te laisse rentrer toute seule dans cet état ?


Adriana (s’appuyant sur mon coude) : j’étais fatiguée, je voulais dormir. Lui non, ils ont continué la fête.


En voilà des comportements, tu laisses une femme saoule conduire seule pfff ! Celle là, elle a des comptes à me rendre demain.


Moi : où sont tes clés ?


Adriana : chai pas !


Je soupire.


Moi : ton sac est où ?


Adriana balançant sa main : chai pas, ah peut être si ! Dans la voiture krkrkr, on a fait la fêteee ! 


Moi chuchotant : parle moins fort, tu vas réveiller les voisins.


Adriana criant de plus belle : madame Coralie ! Combo (son chat) je suis rentrée !!


Moi : Chuttttt !!! Tu dors chez moi ce soir, on va chercher tes clés demain.


Adriana : tu vas me violer ?


Je roule des yeux, mais ne répond pas.


Moi prenant le paquet : suis-moi !!


Adriana trépignant devant moi : tant mieux si tu me violes, tu es trop bandant. (ton suave) Depuis le temps que j’attends ça.


Moi : Ana tais-toi pour l’amour de Dieu.


Adriana pendant qu’on franchit le pas de ma porte : je vais dormir chez Eddie ! Je vais dormiiirrrr chez Eddie !!!


Je referme la porte et jette le paquet sur un fauteuil avant de la conduire tout droit dans la salle de bain. Je la pose dans la baignoire et ouvre le jet d’eau sur elle. Elle hurle à tue-tête, heureusement que les portes et les murs de cette maison sont insonorisés. Elle commence par retirer ses vêtements, je tends la main et change la température de l’eau avant de la laisser seule pour lui chercher des vêtements secs. Je lui prends un ensemble pantalon et sweat-shirt que je pose sur l’armoire de la douche avec une serviette et un peignoir.


Moi détournant mon regard : ça va ? Tu peux t'habiller seule n'est-ce pas ?


Adriana : non, je préfère que tu le fasses toi même.


Moi ne relevant pas : j’ai posé des vêtements secs ici pour toi.


Adriana : ummm merci.


Je retourne dans la chambre où elle me rejoint tout habillée.


Moi : comment tu te sens ?


Adriana : j’ai la tête qui pèse une tonne, je dors où ?


Moi : chambre d’ami.


Adriana ton boudeur : pourquoi pas ici ? Moi, je veux dormir avec toi.


Je prends une grande inspiration avant de lui faire de la place sur le lit. Elle me rejoint presqu’aussitôt. Je reste éveiller toute la nuit parce que madame ronfle. Je me lève de bonne heure pour lui préparer un petit-déjeuner, si on peut l’appeler ainsi. C’est un remède qui lui permettra de se remettre de sa gueule de bois parce qu’elle travaille toute à l’heure. Après plusieurs allers-retours pour la réveiller, elle me rejoint enfin dans la cuisine. Elle a même pris le temps de se doucher.


Adriana : bonjour,


Moi : bonjour.


Elle prend place et se met à masser ses tempes.


Adriana : que s’est-il passé hier pour que je me retrouve à dormir chez toi ? (grimaçant) J’ai une migraine pas possible.


Moi la fixant sévèrement : tu étais partie où hier avec (appuyant) Tony ?


Adriana : il m'avait invité à sortir, nous étions au Duke (bar) pour prendre quelques verres. Ensuite, ses potes sont arrivés et c’est parti en cacahuète. C'était trop fun.


Moi la réprimandant : donc tu trouves ça fun de lever le coude un soir de semaine alors que tu travailles le lendemain ? 


Adriana grimaçant : parle doucement s’il te plaît, tu as de l’aspirine ?


Je dépose un gros verre devant elle.


Moi : bois ça !


Elle fixe le verre les sourcils froncés.


Adriana : tu es sûr que c’est buvable ? Enfin, ça ne sent pas du tout bon.  Je crois que je vais gerber.


Moi brute : bouche tes narines !


Ce qu’elle fait en vidant le contenu avant de faire un énorme rot.


Moi en colère : je ne sais pas, c’est quoi exactement ton intention avec ce type, mais laisse-moi te dire qu’il a une mauvaise influence sur toi. Non seulement, il t’amène boire comme un trou, il te laisse toute seule conduire la nuit dans un pareil état. Tu aurais pu avoir un accident ou pire ou je ne sais pas moi.


Adriana baissant la tête : je suis désolée.


Moi dans ma lancée : tu es une grande fille et tu sais ce qui est bon pour toi. Toutefois, je dois te dire que je t’ai toujours apprécié pour tes grandes qualités, mais j’apprécie surtout ton côté soft et réfléchi. Si c’est ce genre de fréquentation que tu veux suivre, mieux j’enlève dans ma tête l’idée de vouloir construire ma vie avec toi. Si tu as décidé de donner une chance à « Tony », tu me le dis comme ça, j’arrête de faire des plans sur les comètes…


Adriana me fixant l’air perdu : wait, que viens-tu de dire ?


Moi la fixant dans les yeux : que j’ai l’intention de nous donner une chance donc il faut que tu me dises déjà si je dois…


Elle hurle à casser les tympans.


Moi me bouchant les oreilles : non mais Ana, tu es folle ?


Elle glisse de la chaise haute et se retrouve devant moi.


Adriana la voix tremblante : tu veux que je sorte avec toi ? Enfin, tu veux sortir avec moi ? Tu veux dire…


Moi hochant la tête en riant : je veux qu’on sorte ensemble, enfin si tu veux bien me donner une chance.


Adriana se jetant à mon cou : ohh yeah yeah yeah !! Je te donne mille chances si tu veux.


Moi riant : une me suffira.


Elle se décolle et s’en va en direction de l’entrée.


Moi intrigué : mais tu vas où ?


Adriana : il faut que je l'annonce  aux filles, je suis genre très méga hyper heureuse.


Moi : reviens ici !


Elle revient s’arrêter au pas de la porte.


Moi : tu veux leur annoncer ça comment ? Tu as un téléphone ?


Adriana se grattant la tête : oops !


Moi secouant la tête : regarde au salon, je t’ai pris un nouveau téléphone. Regarde au salon.


Adriana regard émerveillé : tu as fait ça pour moi ?


J’acquiesce et elle vient comme une furie me faire un smack.


Moi plissant les yeux : c’est le genre de bisou que tu me fais alors qu’on vient de se mettre ensemble ?


Elle me sourit, sourire auquel je réponds ensuite on s’embrasse franchement. Je suis le premier à me détacher.


Moi : tu vas être en retard au boulot.


Adriana ton excitée : oui, mais il faut que j’annonce ça d’abord aux filles. (geste de la victoire) J’ai attendu cinq années pour ça, fichtre ! Cinq ans, mon endurance a payé.


Moi : lol.


Adriana : dommage qu’on ne puisse pas fêter ça ce soir, tu seras de garde.


Moi : ce n’est que partie remise.


Adriana hochant la tête : tu l’as dit !


Moi : doucement à l’hôpital, plus question de Tony. Sinon je lui défonce la gueule.


Adriana un geste évasif de la main : on se fout de Tony.


Moi : c’est bon à entendre.



Ussama…


Khadija (fixant le bébé de Cartia avec émerveillement) : mâcha Allah, elle est à croquer.


Je regarde la petite en me disant quelle pure merveille. Elle est née, il y a quelques heures. J’étais rentré d’un séjour de trois semaines de Dublin pour voir Khadija avant son départ à Singapour, elle me manquait énormément. Même si les circonstances dans lesquelles je suis venu les retrouver (maman et elle) n’étaient pas si plaisantes que ça (l’accouchement de Cartia a été un peu compliqué) je suis content d’être là et de voir la nuance de couleur dans ses yeux quand elle me regarde.


Lorsque je décolle enfin mes yeux sur le bébé, je croise ceux de Khadija. On se fait un sourire que Cartia capte.


Cartia sourire narquois : ce n’est pas difficile à faire vous savez ? Dites à vos darons de vous libérer la ligne.  Moi, j’ai hâte de voir votre futur bébé.


Khadija : c’est si facile à dire.


Cartia : bah allez vous mariez à Las Vegas alors.


Je la regarde genre, tu es sérieuse ? Elle hoche la tête et je ris franchement. Au même moment Abdallah, entre dans la pièce et s’avance à tâtons vers nous.


Moi : le nouveau papa !


Abdallah sourire béat : elle est où ma petite puce ? 


Cartia : ici, approche. C’est ton portrait craché chéri.


Il arrive et se penche sur la tête du bébé.


Abdallah : non, c’est la sienne.


Khadija tranchant : je dirai plutôt un mélange de vous deux.


Moi : c’est exact, un beau mélange en plus. Mes félicitations cousin, tu as fait un travail impeccable.


Abdallah sourit fièrement et Khadija se lève du lit pour lui faire place à côté de Cartia. 


Cartia : tu veux la prendre ?


Abdallah secouant vigoureusement la tête : elle est trop petite, je risque de lui casser les côtes.


Nous : lol.


Il s’abaisse quand même pour lui faire un bisou, Khadija tire une photo des trois puis le bébé seul. 


Khadija : j'enverrai tout ça à Nahia, elle est impatiente de la voir.


Cartia regardant Abdallah : dis-lui que nous sommes heureux de leur présenter Sana et qu'elle dise à  Khalil de m’envoyer mon cadeau. (se tournant vers moi) Toi, je te guette.


Moi souriant : ne t’inquiète même pas, ton cadeau sera aussi beau que celui que tu viens de nous faire.  


Maman et une infirmière entre en ce moment là.


L'infirmière se dirigeant vers eux : il est l’heure pour ce petit ange de se reposer.  


Maman : et la nouvelle maman également, laissez la seule s’il vous plaît.


Abdallah passant son regard de Khadija à moi : je crois qu’elle s’adresse à vous.


Maman le fixant : à toi aussi, d’ailleurs, tu étais passé où ce matin ?


Abdallah : j’étais au bureau, mon téléphone était en mode silencieux.


Maman : alors que tu as une femme enceinte presqu’à terme à la maison ?


Abdallah se grattant la tête : c’était un oubli tata.


Maman le toisant : on en reparlera, on vous laisse un peu d’intimité.


Abdallah : merci ma femme.


Maman : juste quelques minutes.


Abdallah : ce serait largement suffisant.


Maman le toise et tchipe avant de nous suivre dehors. L’infirmière reste près de la porte, je suis maman dans le couloir et Khadija se décale pour prendre la direction des escaliers menant au premier lorsque je l’arrête.


Moi lui lançant : tu me fais signe si tu finis.


Elle hoche lentement.


Maman : Khadija tu viens me voir avant de partir.


Khadija : d’accord oumi.


Elle nous laisse et je me tourne vers maman.


Moi : bonjour oumi.


Maman : bonjour mon chéri, c’est vrai qu’on n’a pas eu le temps de se saluer. Tu nous fais l’honneur de ta présence aujourd’hui ?


Moi : rhoo maman je suis presque tout le temps ici.


Maman : c’est cela ! Même Khalil qui vit sur un autre continent est plus présent que toi. 


Moi : accumulation de boulots maman, papa est toujours en réunion.


Maman : je pense.


Moi : ok !


J’ouvre la porte devant laquelle elle s’arrête et me décale pour qu’elle passe avant de refermer la porte derrière moi. Elle s’avance vers les  serviteurs qui sont occupés à monter les affaires du bébé.


Moi : ils reviennent vivre ici ?


Maman : pour le moment.


Moi : ah ok.


Elle donne quelques consignes aux serviteurs puis nous ressortons pour nous rendre dans leurs appartements. 


Maman : qu’as-tu décidé par rapport à Khadija ? Vous ne pouvez pas continuer sur cette lancée. 


Moi m’affalant sur le divan : je le sais, mais nous n'avons rien à faire que de patienter.


Maman : est-ce que tu as au moins essayé d’aller voir son père pour le convaincre ? 


Moi la regardant perplexe : je devrais ?


Maman haussant le sourcil : tu espérais donc un miracle ? Les hommes comme ton père et le père de Khadija, il faut parfois insister pour leur faire changer d’avis parce qu’ils sont fermés d’esprit. 


Moi remuant la tête : maman c’est compliqué.


Maman : Ussama tu es sûr de ton choix, tu tiens suffisamment à Khadija ? 


Moi : sans aucun doute 


Maman : alors bats-toi pour elle,  (baillant) il faut que je me repose un peu.


Moi : ok.


Elle me laisse pensif. Simplement, qu’il y a des batailles qui ne valent pas le coup et à force de voir Khalil essayer et encore essayer sans gain de cause alors que mon père est un ange comparativement à Ibn Bastou, j’ai préféré ne rien tenter. Nous nous sommes convenus de patienter en espérant qu’il finisse par changer d’avis un bon jour. Au fil des années, je me suis immergé dans le travail pour ne pas y penser et ça me réussit plutôt bien. Actuellement, mon entreprise détient 82 % des parts du marché de tous les Emirates. Mais bon maman a raison, la situation ne peut  perdurer. Je lui fais part de cela durant le trajet vers l’aéroport. 


Khadija : aucune solution n’est envisageable, mon père ne veut pas du tout en entendre parler.


Moi reprenant les mots de maman : je pense aller le voir pour essayer de le convaincre.


Elle se tourne brusquement sa tête vers moi.


Khadija : nonnn, ce n’est pas du tout prudent. 


Moi lui jetant un coup d’œil : Khadi ça ne peut pas continuer ainsi, j’ai de plus en plus du mal à supporter cette distance entre nous. 


Khadija ton boudeur : ça, c’est toi-même qui le veux.


Moi : j’ai promis de passer te voir.


Khadija : deux fois par mois.


Moi soupirant : Khadi….


Khadija se calant sur son siège : c’est bon laisse tomber.


Moi : ok ok, une fois par mois.


Khadija : bon, c’est mieux que rien.  


Je vérifie les alentours et me gare sur un côté de la route.


Khadija intriguée : qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi tu t’arrêtes ?


Moi : je veux un bisou (ton suppliant) un tout petit bisou.


Elle sourit pendant qu’elle détache sa ceinture, j’enroule mes bras autour de son cou pour un long baiser.


Moi me détachant d’elle : pour un petit bisou, j’en ai eu pour mon compte.


Elle s’envole dans un éclat de rire. Le reste du trajet jusqu’à l’aéroport se passe dans une atmosphère très gai. À l’aéroport, on se fait nos adieux et elle descend pour se mettre à la portière.


Moi : n’oublie pas de m’appeler dès que tu arrives.


Khadija : sans faute.


Je me rapproche pour lui voler un baiser ensuite elle se retourne pour partir.


Moi : bébé ?


Khadija se tournant à nouveau : oui 


Moi : je t’aime.


Khadija : je t’aime aussi mon amour.


Elle s’en va et je démarre pour la maison. Je ne voulais pas insister, mais je compte vraiment aller voir le père de Khadija. Il ne risque pas de me tuer quand même, enfin  j’espère. Lorsque j’arrive à la maison, je croise les conseillers de papa dans la cour. Signe qu’il est libre donc je vais directement le saluer et lui faire part de ma décision à me rendre à Oman. J’arrive devant le bureau et heurte Yumna qui en sortait la mine renfrognée et sourit dès qu’elle me voit. Elle est beaucoup sollicitée en ce moment, les demandes de mariage affluent de partout et papa lui met la pression pour en choisir un.


Moi : bonjour sœurette.


Yumna me sautant au cou : mon franginnn ! 


Moi : Yumna mon cou.


Elle desserre l’étreinte.


Yumna : mes excuses, je suis trop contente de te voir.


Moi : lol à ce point ?


Yumna : oui, ça va me détendre de ton père et sa clique.


Je ris doucement.


Moi : il veut toujours t’envoyer en mariage ?


Yumna : le gouverneur d'Alger  est en ce moment même en train de déballer le CV de son fils.


Moi : ah bon ? Je le verrai donc toute à l’heure. À part ça quoi de neuf ?


Yumna haussant l’épaule : trois fois rien, en outre il faut que j’aille voir ma fille. À cause de papa et ses choses, je ne l’ai pas encore vu.


Moi regard insistant : tu es sûr ? Je te trouve changer, tu as l’air plus…


Yumna me coupant : mais que vas-tu inventer encore ? Je suis comme d’habitude.


Moi : en tout cas choisis vite un prétendant parmi tout ce beau monde. J’ai hâte de bouffer ta dot, j'espère qu’ils savent tous que tu vaux des milliards.


Yumna : lol.


Je la laisse devant la chambre du bébé et vais prendre un bain pour revenir voir mon père qui me répond mot pour mot de faire ce que je pense le mieux pour moi. La soirée, je la passe avec Yumna et Abdallah après le festin que maman a organisé pour la naissance de la petite Sana. On se sépare très tard dans la nuit et avant de me coucher, je tente de joindre Khadija sans succès. Elle devait déjà atterrir si tout se passe. J’attends le lendemain après la prière pour réessayer et j’obtiens le même résultat. Je m’apprête à me rendre au boulot lorsque je reçois le bip d’un message. C’est un audio whatsapp de Khadija que j’écoute avec empressement.


Voix pâteuse de Khadija : « Sama des hommes sont venus me séquestrer à l’aéroport, nous sommes actuellement dans un avion. À coup sûr, c’est mon père…


On attend du bruit ensuite son cri.


« Ils ne vont pas me ramener en vie (hurlant de douleur) je t’aime ! »










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