De glace et de feu (2)

Write by Saria

***Anya***

Je sais que Tobi est parti un peu déçu de chez moi. Il s’attendait à ce que je lui dise quoi faire exactement ou lui trouver le remède miracle  mais cela aurait été trop facile. S’il l’aime pour de vrai, il trouvera le moyen de réparer ce qu’il a cassé. Mon rôle est de l’orienter, ce que j’ai fait en lui donnant des clés de lecture, après il devra trouver le chemin seul.

 

Quelques jours plus tard***

***Maïté***

Tous les jours je me lève le cœur lourd depuis notre retour du Nigéria. J’ai eu des moments douloureux là-bas mais aussi de bons…Nikè, nous nous écrivons tous les jours via whatsapp. Elle me raconte les potins de la Cour, ses études etc.  Je m’investis dans mes tâches à la maison, avec Loan et au Centre. Je réfléchis de plus en plus à la possibilité d’ouvrir mon institut de beauté, ça devrait me m’occuper et me procurer une source de revenus pérennes. J’ai besoin de ne pas dépendre de mon « mari ».  En parlant du loup…Tobi vient de faire son apparition.

Dès qu’il arrive dans le patio, vous vous rappelez le coin dans la maison avec  une fontaine, nos regards s’emboîtent. Je fais un effort pour le saluer avant de me lever pour « tracer » ma route, il me rattrape par la main. Je reste figée, le cœur battant, Dieu faites qu’il ne m’embrasse pas ! Dès qu’il le fait j’oublie tout, mon chagrin, mon besoin de mettre de la distance entre nous…Tout ! Mais ça il ne le sait pas.

Il se contente de serrer ma main comme pour m’inciter à le regarder mais je garde obstinément mon regard ailleurs. Il insiste encore quelques minutes mais je reste aussi immobile que me permet l'émoi dans lequel sa proximité me plonge.

Tobi : Chérie je n’en peux plus !

Moi : ….

Tobi : Dis-moi quoi faire s’il te plaît

Moi : …

De guerre lasse, il me lâche la main et je file comme si j’avais le feu aux fesses. Je vais me réfugier dans ma chambre, mon antre.


*** Tobi***

Là je n’en peux plus, je suis épuisé ! Je ne m’en sors pas là…Restaurer la confiance c’est facile pour Anya de le dire, au fond elle m’a envoyé balader juste avec une série de  mots qui ne veulent rien dire.

J’étais rentré plutôt du Centre parce que j’ai sa leçon de piano à donner à Loan. Il adore les mélodies et il est plutôt très réceptif. J’ai fait installer mon vieux piano dans sa salle de jeu.

Le contact entre nous est excellent, je l’aime ce petit. Il lui arrive souvent de poser ses grands yeux noirs sur moi avant de me faire un grand sourire. Un vrai coquin, la dernière fois je l’ai emmené à Erevan, il a chipé plein de trucs, j’ai dû racheter pas mal de choses, on en a rendu d’autres. Lui riait aux éclats et faisait du charme aux dames. C’était une expérience inédite, je n’ai même pas pu partager ça avec sa mère.

Maïté…Je la perds et dire que c’est moi qui ne lui parlait pas il y a quelques semaines! Maintenant, le vent a changé et je réalise à quelle point c'est pénible... je guette le son de sa voix, son rire,  j’en ai besoin comme d’une drogue.


Loan : Maman elle est triste…il faut lui donner des fleurs

Moi : Quoi ?! Pardon mon grand ?


Il se referme dans sa bulle et se met à caresser les touches du piano, en tendant l’oreille. Mais ce qu’il venait de me dire est arrivé à mon cerveau ! Mais oui ! Restaurer la confiance, il faut que je montre à Maïté que je suis le même homme que celui qu’elle a aimé ! Lui donner des fleurs, lui faire la cour ! Ah qui a dit que les autistes ne communiquaient pas ! Merci Loan, j’ai envie de le serrer mais je me souviens à temps qu’il ne le supporte pas, alors je lui fais un bisou au sommet du crâne.

Ouf ! Je peux souffler ! J’étais heureux comme un enfant… Bon rien ne me garantis que ça marchera mais au moins c’est un bon début. Mais avant je crois que j’ai quelque chose à faire…


 

***Maïté***

Je venais de sortir de la douche, j’ai enfilé un long T-shirt et un pantalon kawé, lorsque j’entends frappé à ma porte. Intriguée, je vais ouvrir en me posant un tas de questions… Je suis dépassée quand je vois Tobi se tenir devant moi.


Tobi : Je peux ?


Je n’étais pas très à l’aise à le faire entrer ici, il n’y avait encore jamais mis les pieds. C'est une pièce qui réflète la femme que je suis... Bref mon intimité quoi! Mais bon quoiqu'on dise , il est encore chez lui. Je lui fais le geste d’entrer, il obtempère.  Il s’assoit sur le lit et moi je reste debout contre le mur de ma penderie. Comme ça il fera vite, s'en ira comme il est venu et moi je pourrai enfin me reposer.


Moi : Que puis-je pour toi ?

Tobi : Maï…Je voulais te dire que je suis sincèrement désolé… je...

Moi (voix lasse) : Tu me l’as déjà dit des milliers de fois ! Arrête un peu !


Il lève les mains en signe de paix et continue.


Tobi : Je sais…Mais à chaque fois j’ai voulu justifier certaines choses…que je t’ai faites. Mais au fond, ce que je t’ai infligé est inqualifiable. Je ne suis pas sûr que tu arrives à oublier un jour mais je voudrais au moins que tu essayes de me pardonner. Je sais que ce sera long pour que tu y arrives mais je peux attendre, tout le temps que tu voudras, que tu avances à ton rythme. Je te demande juste une chose laisse-moi te montrer que je m’améliore à ton contact ! Je voudrais être le meilleur des hommes pour toi. S’il te plaît !

Je le fixe et il soutient mon regard, il n'essaye pas de m'embrouiller par hasard?! Une bataille se livre en moi, si j'accepte ce qu'il me dit je m'exposerai encore. Mais...Il a l'air sincère...Sans que je ne maîtrise ce qui m’arrive, tout mon corps est secoué de gros sanglots, oh mon Dieu ! Je sens comme une chape se lever de mon cœur. L’entendre reconnaître son tort me fait un bien fou ! Je savais en moi que j’attendais quelque chose…un déclic… sans savoir ce que c’était ! Sans savoir la forme que ça prendrait ! C’était donc ça !

Il s’approche tout doucement et me prends dans ses bras. Pour une fois depuis Lagos je n’oppose aucune résistance. Je pleurais et mes larmes emportaient ma peine, ce sentiment d’avoir été bafouée et humiliée par mon homme. Lui me caressait doucement les cheveux en murmurant


Tobi : Pardon…Je te demande pardon


Combien de temps on est resté là accroché l’un à l’autre, je ne sais pas. Je me calme petit à petit... Il me soulève et me dépose sur le lit et s’allonge juste derrière moi.

Tobi  (chuchotant à mon oreille): Laisse-moi dormir à tes côtés ce soir…Je voudrais juste te garder dans mes bras toute la nuit. Émue je hoche la tête pour donner mon accord.

 

PS : Donnez-moi des ailes pour m’envoler avec vous ! Likez et surtout commentez !

Pute...et Maman