Départ 1
Write by Aura
Eh ZAMBE !!! J’ai vu le travail de plusieurs jours et nuits se réduire en poussière. J’ai eu mal au cœur. Mon Dieu, qu’est-ce que cette fille a fait ? J’aurai préféré qu’elle casse je ne sais quoi, mais pas qu’elle touche à mes vêtements, à ma collection, aux produits à présenter au concours. Là il n’y a plus rien à faire. Je ne peux plus compétir. Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour subir ce genre de problèmes ? Pourquoi faut-il que mon bonheur me soit toujours arraché lorsque je commence à vivre un semblant de normalité. Je reste complètement immobile, c’est à peine si j’entends les appels d’Alex. Il ne cesse de me remuer pour que je réagisse, mais à quoi bon ? Je me détache de lui avant de me rendre dans notre chambre. Là je m’enferme à double tour, pendant qu’Alex essaie de me persuader de sortir de là. Je me couche sur le lit et je pleure tout mon soul. J’en ai marre de cette vie. J’en n’ai marre de me laisser marcher dessus, j’en ai marre de toujours subir, de toujours souffrir. Les choses doivent changer à présent. Mais pour l’instant j’ai encore besoin de m’en remettre. A l’instant une idée me vient en tête. Je contacte Fallone, ma sœur ainée. Il y a longtemps que nous ne nous sommes plus parlées. Je lance l’appel sur whatsapp, question d’économiser mon crédit. La sonnerie retentit, au cinquième coup, elle me répond.
- Salut ma mangue adorée, me lance-t-elle.
- Salut ma banane à croquer lui répondis-je.
- Toi aussi, depuis que je te répète qu’on ne croque pas les bananes.
- Mouais, mais la première bouchée nous pousse à croquer dedans.
- Pff, toi et ton français.
- Toi et ton anglais.
Là nous y allons dans un fou rire. Elle m’a manqué et elle le sait. Là, un silence s’impose ; qu’elle vient briser.
- Comment vas-tu Riella ?
Oh punaise !!! Elle n’a pas utilisé ce sobriquet. Non !!! Il remonte à lui, à papa. Cela fait tellement longtemps qu’on ne m’a plus appelé ainsi. Je me sens tout de suite à ma place. Comment elle fait pour faire baisser ma pression. Riella, Riella, hummmm. Maman disait que Fallone n’arrivait pas à bien prononcer mon nom étant petite. Au lieu de dire Arielle, elle disait Rielle. Ce qui faisait rire tout le monde. Plus tard, papa pour la taquiner disait Riella. Et c’était devenu une habitude. Papa et même Fallone étaient les seuls à m’appeler de la sorte. A sa mort, Fallone était partie, et avec elle ce petit nom qui nous rendait complice. Pour tous c’était Arielle et rien d’autre et j’avais l’impression d’avoir perdu une partie de mon identité. Au fil du temps, Fallone ne l’a plus utilisé préférant le remplacer par « ma mangue » et moi je l’appelle « ma banane » en retour. Maintenant que Riella revient, les souvenirs remontent à la surface.
- Tu es toujours là s’enquiert-elle ?
- Oui, oui.
- Est-ce que tout va bien ?
- Oui.
- Ce n’est pas l’impression que tu me donnes.
- C’est juste que ça fait un moment que l’on ne s’est pas parlé.
- Mouais c’est vrai et tu me manques ma banane.
- Tu me manques aussi Fa.
- Je suis encore navrée pour ce qui t’est récemment arrivée. J’aurai aimé être là pour toi. Mais tu sais que je ne peux pas.
Son éternelle phrase…. Si elle savait un seul instant combien j’attends impatiemment ce retour.
- Oui je comprends parfaitement.
- Je suis désolée.
- Non, il n’y a pas de quoi.
- Alors quoi de neuf ?
- Bof rien du tout, je suis toujours au chômage. Donc la routine quoi.
- Désolée ma puce. Je suis sûre que tout rentrera dans l’ordre dès que possible. Il suffit d’être patiente. Le bonheur fini toujours par se pointer, au moment où on s’y attend le moins.
- Je l’espère.
- Tout ira bien ne t’en fais pas. Mais je sens que tu es complètement larguée. Je sais que tu ne me dis pas tout. Mais saches que je comprends. Tu as besoin du temps pour tout cela. Et crois-moi, il t’en faut et suffisamment.
- Mouais.
- Au fait j’ai une idée qui me traverse l’esprit en ce moment, mais je sais que tu vas encore répondre par non.
- Laisses-moi deviner. Est-ce que j’ai un copain ?
- Non.
- Est-ce que je suis allée sur sa tombe récemment ?
- Non
- Est-ce que mes créations marchent ?
- Non
- Je donne ma langue au chat. Laquelle est-ce ?
- Pourquoi tu ne viendrais pas passer quelques temps ici avec moi.
- Quoi ? Non tu plaisantes.
- Ai-je l’air de plaisanter ?
- Je suis sûre que je vais t’embêter.
- Du tout. Je prends mes congés dans deux jours, et ça me plairait de te savoir près de moi pour une fois.
- Fa, je ne veux pas t’ennuyer avec mes histoires. Je suis fauchée et je ne peux pas…
- T’inquiète Riella, je prends tout en charge. Tout ce que tu peux faire c’est ramener tes fesses ici. Je t’envoie ton billet d’avion dès que possible. Tu m’as trop manqué et je veux que pour une fois l’on se revoit. Alors ça te dit de manger des mangues avec moi ?
- A condition que tu sois plus ordonnée.
- Ah là c’est une mince affaire.
- Fa !!!
- Chérie, ce n’est pas facile de gérer et le boulot et l’appart et… Il y a du désordre mais pas comme avant.
- Toi alors tu ne changes jamais.
- C’est ma marque de fabrique, que veux-tu ? Et la meilleure en plus. C’est bien pourquoi tu m’aimes non.
- Pfff, n’importe quoi.
- Je le prends pour un oui.
- Je t’aime Fa,
- Je t’aime Riella.
- C’est bon, tu m’as convaincu. Je vais venir chez toi.
- Youpi !!!! Je sens que je vais faire la danse du pingouin.
- NONNN !!!
- SI !!!!!!!!! Attends je te l’envoie en vidéo.
- Je vais tout de suite l’effacer.
- Hein, essaies. La vidéo là vaut des millions. Si je la poste sur YouTube, j’aurais 5 milliards de followers.
- N’importe quoi. Quelque chose qui ne peut même pas attirer un moustique.
- Tu n’y connais rien dis-donc.
- Pff, je préfère. Et surtout ne dis pas que je suis ta sœur, au risque de porter la honte sur moi.
- Ecoutes-moi celle-là. Tu refuses les honneurs. Ne viens pas pleurer après quand je serais une grande star.
- Pff, mieux de toi.
- Ahh, ta frimousse m’a manqué.
- La tienne aussi.
« Fallone, le chef a besoin de toi »
- Ma puce tu as entendu.
- Il faut que tu y retournes. Désolée de t’avoir pris ton temps.
- Cela m’a fait plaisir que tu l’as volé. Bien je vais montrer aux autres qui est la diva de cette boîte.
- C’est ça.
- Bon à plus. Bisous.
- Bisous.
- Au fait, tu auras ta vidéo tout à l’heure.
- Non merci.
- Tu n’y connais rien.
- Tant mieux. Bon va bosser maintenant.
- Ok. Je t’aime, ne l’oublies jamais.
- Je sais. Je t’aime aussi.
- Take care of you sweetie.
- You too sisi.
Je suis restée pendant quelques temps encore dans la chambre avant d’y ressortir. Là, j’ai retrouvé Alex au salon, un verre de whisky dans ses mains. Il avait le regard livide, perdu. Sa bonne humeur de tout à l’heure a cédé la place à beaucoup de tristesse. Lorsqu’enfin, il se rend compte de ma présence dans la pièce, j’ai l’impression qu’il a l’air plus rassuré. Je prends place dans un des fauteuils, en face de lui. Il me fait signe de s’assoir à côté de lui, mais je refuse avec un signe de tête. Lui par contre ne semble pas lâcher prise et vient s’assoir près de moi.
- Tout ça c’est de ma faute.
- Tu n’y es pour rien.
- Bien sûr que si. J’aurai du la sortir de la maison lorsqu’elle a commencé à raconter ses sottises.
- Aucun de nous ne pouvais savoir ce qui aurait pu arriver.
- Je suis navrée. Tu as les yeux tous bouffis à cause de moi et ça me fait mal crois-moi.
- Non ça ira ….mais je dois partir d’ici.
- Quoi ? A-t-il fait en se dégageant vivement.
- Je dois partir de cette maison.
- Je t’interdis de penser de la sorte ? C’est notre chez nous et tu n’as aucun droit de t’en aller.
- Ah oui ? Figures-toi que tout à l’heure on m’a fait comprendre que ce n’est pas ma maison et que je ne suis qu’une maitresse à tes yeux.
- Non tu ne vas pas croire les âneries de cette folle.
- Elle est folle je sais mais elle n’a pas du tout tort. Et je ne veux en aucun cas perdre ma vie à cause de ce genre de choses. Elle vient de réduire mes derniers espoirs en néant, donc je ne veux pas qu’elle en arrive à m’arracher la vie.
- Elle ne pourra rien contre toi et je saurai te protéger. Pour ça tu n’as rien à craindre. Tu es ma femme, la femme de ma vie, mon début et ma fin.
- Sauf que ce n’est écrit nulle part. Il n’y a que ta bouche qui le reconnait.
- Que veux-tu que je fasse ? Que je t’offre une bague pour que le problème soit résolu ? Si ce n’est que pour ça, on a qu’à faire venir l’une de mes bijoutières préférées pour que tu en choisisses une toi-même peu importe le prix.
- Tu sais que ce n’est pas seulement un problème de bagues. Pour l’instant elle est ta femme et je suis la maitresse, croqueuse de diamants qui lui vole son mari. Et ça je ne peux l’accepter. Je préfère encore mourir au lieu de salir ma réputation. Maintenant je te laisse.
Dès que je tente de m’en aller, il me lance derrière mon dos :
- Je t’aime Arielle.
- Je sais lui-répondis-je toujours le dos tourné.
- Alors pourquoi tu veux tout gâcher ? Quoi ce n’était pas sympa ce que l’on vivait récemment ? Pourquoi veux-tu y mettre un terme ?
- Il faut redescendre sur terre Alex. Nous étions dans notre bulle à vivre notre idylle, maintenant la réalité nous rattrape, parce que nous voulions faire fi du reste. Ce n’était qu’un beau chapitre d’un livre. Maintenant, il faut passer à autre chose. Et moi, je dois d’abord retourner chez moi pour ne pas commettre plus d’erreurs.
- Il ne te reste plus qu’à me sortir la fameuse phrase : il nous faut de l’espace.
- Eh bien je n’ai plus besoin de le dire alors.
- Non, tu ne vas pas me faire ça.
- Alex ne rend pas les choses plus compliquées qu’elles ne le sont déjà.
- Je suis donc une complication alors.
- Stp…
- Non, qu’est-ce que tu veux Arielle ? Me quitter ?
Je reste silencieuse.
- Merde !!! Je n’en crois pas mes yeux. Qu’est-ce que cela représentait pour toi finalement ? Rien ? Un jeu ?
- Je n’en sais rien. Tu sais très bien que je tiens à toi, mais là je me dois d’être un peu seule. C’est trop pour moi.
- Chérie, je te l’ai dit que je ne veux plus perdre une seconde sans toi, je ne veux plus que tu t’éloignes de moi. Je ne veux pas te perdre.
- Moi non plus, mais regarde ce que cela peut donner si nous sommes ensemble : des dégâts. Non je ne veux plus être celle qui perd beaucoup dans tout cela. Je vais donc te laisser, parce que j’ai besoin d’être chez moi en ce moment pour me retrouver.
- Ok. Je prends quelques affaires et on va chez toi.
- Tu ne comprends rien ou tu feins d’être ignorant.
- Pourquoi ?
Je le dévisage pendant un moment, avant de le laisser là en plomb. Je me rends dans la chambre range mes effets dans mon petit trolley avant de le tirer. Je passe devant lui pour me diriger dans la cours.
- Où vas-tu ?
- Chez moi ?
- Laisses-moi prendre mes clés et te raccompagner.
- Non ça ira.
- Non, j’insiste.
- Pas la peine. J’étais venue ici toute seule, je ne vais pas me perdre.
- Je veux juste être rassurée.
- MAIS PUTAIN !!! LÂCHES-MOI LES BASKETS ai-je crié.
Là il reste surpris de ma réaction, avant de me lancer
- Arielle, je suis désolé. Mais je ne tiendrai pas sans toi. Stp, ne fais pas ça.
- Laisses moi passer Alex.
- Stp chérie. On va trouver une solution. Mais ne t’en vas pas.
- Je dois y aller.
- Attends tu verras, je vais passer quelques coups de fil et tout sera fixé.
- Pas besoin. Tu ne pourras rien faire.
- Si tu verras.
- Peut-être mais je dois rentrer. Laisses-moi passer.
- Non, je ne veux pas que tu t’en ailles parce que je sais que tu ne reviendras pas.
Là c’est moi qui plonge dans le silence.
- Alex, je dois rentrer chez moi.
- Tu n’as que cette phrase à la bouche. Ton chez toi, c’est ici maintenant. Pourquoi tu t’obstines à y retourner ?
- Tu vas me faire perdre le temps, je dois rentrer.
- Non, tu n’iras nulle part. Tu es toujours ainsi, tu te braques quand il y a un problème au lieu de l’affronter avec les autres. Et je sais pertinemment que si tu te rends dans ton appart, tu feras n’importe quoi. Et c’est ce que je ne veux pas.
- Il y a maman là-bas.
- Non plus maintenant.
- Comment ça ?
- Elle est retournée chez elle.
- Et elle ne m’a rien dit ?
- Parce qu’elle m’a fait promettre de ne rien dire.
- Ah bon ? Quand comptais-tu me le dire ?
Silence
- Bravo, tu as fait du bon boulot alors. Maintenant pousses-toi avant que je ne perde patience.
Au lieu de me laisser passer, il s’approche dangereusement de moi. Il me prend dans ses bras et m’enlace, mais je le repousse. Il revient à la charge et m’embrasse cette-fois. Je n’y réponds pas, prenant juste la peine de le repousser. Il revient tentant encore de m’enlacer. Il me tient fermement dans ces bras et commence à pleurer. Je pleure, mais à l’intérieur de moi. Je me suis promise de ne laisser quelqu’un voir mes larmes depuis la mort de mon fils. Alors je les retiens en moi et trouve la force de le repousser.
- Laisses-moi passer.
- Non !!!
Il tente une nouvelle approche en disant.
- Il faudrait d’abord me passer sur le corps. Dès qu’il est plus près de moi, je lui assène une gifle qui le stoppe à l’instant. Lorsque je passe devant lui avec mon trolley, il me rattrape, m’enlace et m’embrasse de toutes ses forces. Mais je ne me laisse pas aller pour autant.
Je le gifle une deuxième fois, avant de prendre mes jambes à mon cou et de partir. Mais là je constate qu’il ne me suit plus. Je sors de la concession complètement essoufflée avant de héler un taxi. Dès que l’un se pointe, je m’y engouffre avant de souffler et de faire couler des larmes.
- Je t’aime !!!