Déterminés

Write by deebaji

J’avais enfin pu échapper à ce monde de rêve assez glauque et je venais enfin de retrouver mes esprits. Nom d’une pipe que s’était bon d’être en vie, d’être de retour parmi les vivants. Si jusqu’à ce moment, je croyais que l’enfer était sur terre et bien je peux vous dire que je me trompais sur toute la ligne. L’enfer n’avait absolument rien à voir avec que j’avais pu m’imaginer et, même si ce n’était qu’un songe, cela paraissait tellement réaliste, on entend des voix partout, des voix de gens qui se maudissaient, et hurlaient de douleur, des voix de gens qui se déchiraient de regrets et de chagrins, quel songe effroyable, mais c’est sans doute lui qui m’avait permis de revenir à la vie, je venais quand même de recevoir deux balles à bout portant d’un pistolet de calibre sept cent soixante et cinq et bordel, qu’est-ce que ça pouvait faire mal de se prendre une balle. Plus jamais de la vie ça. Mais ce que je ne vous ai pas dit, c’est que ma vie était toujours en danger, la balle que j’avais reçu dans le dos était remonté et s’était logé juste en dessous de mes poumons. Celle que j’avais reçue dans la jambe m’avait presque perforé l’os et j’aurais pu finir, handicapé. Quelle histoire folledingue ! Malgré déjà tout cela, je restais quand même vif, même si ma vie ne tenait plus qu’à un fil mais, hors de question de partir sans avoir goûté à tout ce magot pour lequel je m’étais autant battu car, croyez-le ou non, même commettre des vols et surtout des braquages de bijouterie où je me faisais passer pour un membre du personnel de cette bijouterie. Hors de question de partir de ce monde sans avoir pu m’acheter une Benz, sans avoir pu rouler dans les plus belles Foreign et les plus belles berlines. Je tenais à cette vie et je savais pertinemment ce qui m’attendait de l’autre côté du rideau donc, j’allais profiter à fond de cette vie et pour rien au monde je ne laisserais qui que ce soit me l’enlever. Ça serait de la folie. Je tenais à vivre, je tenais à m’enrichir, je tenais à bâtir mon empire, je tenais à redorer l’image de ma famille, je tenais à sauver mes parents, ma famille, mes frères et sœurs, et à laver la honte qu’on avait eu à encaisser durant tout ce temps. Tant pis pour le prix à payer. L’eau lave mais l’argent rend propre. Et j’étais prêt à me salir de toutes les façons pour blanchir ma famille avec l’argent que j’amasserais. Estamos Banditos, comme le disait si bien Gustavo Gaviria, le bas droit de Pablo ! J’allais survivre même si les soins qu’on me prodiguait ne faisaient pas leur effet. Mais il fallait déjà que je survive à l’opération qu’on me faisait suivre pour retirer de mon corps les balles qui s’étaient logés dans les parties de ce dernier. L’ambiance dans la salle d’opération était assez morbide, j’étais seul entouré d’une panoplie de personnes vêtues de sortes de toges pour médecins qui me regardaient et agitaient des scalpels et des bistouris dans tous les sens, puis me les enfonçait dans le corps mais étrangement, je ne ressentais pas la moindre douleur pendant qu’il faisait son office. Au contraire c’était assez agréable et j’avais l’impression d’être sous drogue dure, je ressentais une étrange sensation de plaisir et de bien-être, c’était assez dérangeant parce que je me mettais à avoir des hallucinations. Pendant mes fameuses hallucinations, il y avait ce monsieur au fond de la pièce qui m’observait d’un regard persistant et oppressant, il y avait du mépris dans son regard et il semblait me vouloir du mal. Son regard me rappelait quelque chose mais je n’arrivais pas à me souvenir, je ne pouvais pas non plus parler parce que j’avais une sorte de machine qui aide à respirer dans la bouche, une bombe d’oxygène je crois que c’est comme ça que ça s’appelle. Si je la retirais je pouvais foutre toute l’opération en l’air et perdre la vie. Je voyais un tas de choses étranges et j’étais à quelques doigts de retirer le masque qui me servait à m’alimenter en oxygène pour hurler ensuite comme un possédé, tellement ces choses étaient horribles à voir. C’était comme si justement, les images que je voyais étaient là pour me ramener de l’autre côté du rideau. Mais jamais de la vie je n’allais céder à la tentation, je tenais à vivre. Alors ce fut ainsi pendant des heures et des heures d’opération, j’entendais des voix, je voyais le monsieur qui me fixait se changer en l’œil que j’avais vu pendant mon songe, il devenait de plus en plus menaçant puis, il se changea en boule noire poilue comme un oursin mais celle fois avec des dents et deux mains, son regard se changea et il se mit à me sourire. Le souci c’est que son sourire était encore plus effrayant que lorsque j’avais l’impression de voir du mépris dans son œil. Il disparaissait et apparaissait un peu partout dans la salle d’opération mais personne ne le voyait, ce qui m’eut permis de comprendre que ce n’était qu’une illusion et que je ne risquais rien. Dès lors, je n’avais plus peur de lui, il ne m’effrayait plus, ma respiration s’était stabilisée et je j’ai donc repris mon calme. Tout se passait bien jusqu’à ce moment où il ouvrit la bouche et se mit à me parler, sa voix semblait démoniaque, elle était rauque et imposante, elle ne semblait pas humaine on aurait dit celle d’un démon ou d’un diablotin mais ce n’était pas une voix nasale. Il avait certes un petit corps mais sa voix était si imposante qu’il paraissait tout de suite beaucoup plus grand et effrayant, il parlait dans une langue étrangère que je ne comprenais pas, je regardais de gauche à droite alors et, encore une fois, j’étais le seul à le voir et à l’entendre parler. Quelle corvée, que pouvait-il bien me raconter encore ce petit homme en boule de poile là ? J’étais entre la vie et la mort et tout ce que j’avais pour m’accompagner c’était un monsieur qui me regardait mal, des voix étranges et enfin un petit bonhomme oursin qui s’amusait à me parler une langue que je n’avais entendu auparavant. J’ai donc décidé de fermer les yeux pour ne plus le voir dans l’espoir qu’il disparaîtrait mais non, cette fois c’est dans ma tête qu’il s’était logé, il voulait à tout prix me rendre dingue et me forcer à débrancher la bombe à oxygène pour crier au secours. Pour parler de frayeur et de gêne, c’était la personnification de ce truc qui se tenait devant moi dans ma tête et qui continuait de me raconter son gros n’importe quoi. Et ce fut ainsi tout le long de l’opération, il apparaissait puis il disparaissait, puis il ré apparaissait au moment où je croyais enfin m’être débarrassé de lui. Si je ne lui répondais pas en lui demandait de m’expliquer ce qu’il me chantait c’est parce que je savais pertinemment que j’étais dans mon corps physique, si jamais j’ouvrais la bouche et que je me mettais à parler dans le vide cela serait encore plus déstabilisant pour les membres du bloc opération qui se diraient surement que mon cas était perdu et qu’il fallait m’abandonner à mon sort parce que j’avais perdu la tête et que j’étais entré dans un état critique. Bon c’était un peu abusé mais je ne voulais pas qu’on me prenne pour un malade. En plus de cela, il fallait que je lutte pour ne pas tomber dans les pommes parce que, j’avais trop peur de m’évanouir ou de m’endormir puis que mon cœur arrête de battre. Je voulais, je tenais, je désirais ardemment survivre à cette opération et rien n’allait m’en empêcher, pas même la mort ou ce vilain petit bonhomme qui souriait en me regardant mal. Il fallait que je vive, que je vive pour profiter des bénéfices que j’avais faits pour tous les risques encourus. Je n’allais pas mourir comme ça non, c’était trop tôt, je devais encore faire de l’argent, il m’en fallait encore, encore plus, toujours plus, beaucoup plus. Soudain, l’inévitable arriva, je me mis à somnoler puis plus rien, le noir total, je m’étais endormi, avant de me réveiller quelques heures plus tard lorsque l’opération était enfin terminée. L’opération dura environ deux heures trente et cinq minutes et je fus enfin tiré d’affaire. Enfin il fallait maintenant que je me rétablisse mais j’avais réussi à survivre même en ayant frôlé la mort de si près. Deux heures de pur cauchemar avec un vilain bonhomme en boule de poile qui s’amusait à m’effrayer heureusement que ce n’était qu’une illusion. Un truc pareil dans la vraie vie, dans ma vie et, je me serais dépêché de me tirer une balle. Mais grâce à Dieu, j’avais réussi à survivre à cette opération, j’avais réussi à transcender la mort en quelques sortes ou plutôt à l’éviter de vraiment très près. Plus jamais je ne me mettrais en danger de la sorte et, je pense que c’était ça la leçon que cet incident tragique voulait m’apprendre, qu’il ne fallait tout simplement pas jouer avec mon corps avec ma vie et avec ma personne. Et cela m’avait d’autant plus permit d’ouvrir l’œil sur un tas d’autres choses. Etant donné que je venais à peine de sortir du bloc opératoire et que j’étais encore très mal en point, il m’était impossible alors de sortir. Et pourtant je n’attendais que ça, j’attendais impatiemment le moment où j’irais retrouver ma bande qui d’ailleurs m’attendait sagement dans les couloirs de l’hôpital, j’attendais impatiemment de pouvoir enfin goûter à ce que l’on appelle la richesse et à la faire prospérer j’attendais de pouvoir enfin, respirer l’air naturel sans avoir besoin de masque à bombe d’oxygène. J’attendais tout cela impatiemment dans ma chambre d’hôpital où je me reposais. Les médecins eux, s’étaient empressés d’aller annoncer la bonne nouvelle à ma bande qui attendait d’avoir de mes nouvelles. Le pauvre Jeremy, il ne revenait toujours pas du fait qu’il avait failli me tuer et se sentait si coupable, qu’il se mit à pleurer. C’est ce qui était le plus touchant. Certes nous n’avions rien dans les poches mais nous avions le cœur et la loyauté. Et puis, comment pourrait-il regarder ma mère, mon père et mes frères qui avaient si besoin de moi, dans les yeux en leur disant qu’il m’avait collé deux balles et que je n’avais malheureusement pas pu survivre. Comment réagiraient-ils en sachant que leur mère et leur père ne pourraient plus avoir l’aide financière dont ils avaient tant besoin pour assurer le paiement de leur traitement médical ? Qui pourrait bien leur venir en aide régulièrement comme je le faisais jadis ? Comment pourraient-ils vivre en sachant qu’ils avaient perdus leur fils et leur frère dans un braquage qui a mal tourné ? Jeremy se posait ces questions. Tous se sentaient mal, Alfred et Jeronimo pour ne pas m’avoir secouru à temps, Koba pour ne pas s’être aperçu que j’avais effectivement reçu des balles réelles et non des fausses, Jeremy pour m’avoir tiré dessus et enfin Jimmy pour ne pas avoir pu être là pour moi. Et c’est vrai que quelque part cela semblait étonnement curieux que tout cela se soit passé, que Jeremy m’ait tiré dessus avec une vraie arme, que Koba m’ait porté puis jeté hors de la bijouterie sans se rendre compte que j’étais réellement blessé et finalement que Jeronimo m’ait mis dans la camionnette sans s’apercevoir que je perdais du sang mais bon, bref je savais tout de même à présent que je devais être sur mes gardes et ne pas leur donner mon dos. Dorénavant ça serait eux qui iraient au front…
Braquages et Romance...