Mort ou Vif

Write by deebaji

J’ai reçu deux balles, deux balles sèches et froides de Jeremy, l’atmosphère n’était encore que plus terrifiante, j’avais servi d’exemple pour tous les timides courageux qui tenteraient de jouer les King Kong avec eux. Jeremy se leva fit deux pas vers mon corps, m’asséna une vague de coup de pied dans les côtes puis, il fit signe à Koba de me prendre puis de me jeter par-dessus le bord où Jeronimo et Alfred m’attendraient en voiture. Tout se passa comme prévu Koba me prit et me jeta par-dessus le bord, j’atterris ensuite devant la camionnette de service de Jeronimo qui s’empressa de me remorquer et de prendre la tangente. Jimmy arriva à son tour puis fit signaler sa présence à Jeremy qui s’empressa de le rejoindre avec Koba pour qu’ils s’enfuient en voiture. Après quelques dizaines de kilomètres, nous nous sommes finalement recroisés pour nous féliciter mutuellement et décider quoi faire ensuite de tout l’argent qu’on venait de se faire, Jeremy parlait d’environ quarante mille dollars mais Koba disait en voir plus, il eut donc un quiproquo et il fallut que l’on se réunisse pour compter puis pour retourner à notre planque, une espèce de taudis abandonné pour discuter du partage. Le souci c’est que, Jeremy m’avait collé pas une mais deux balles, et que personne ne s’était aperçu que c’était de vraies balles de pistolet sept cent soixante et cinq alors que je gisais sur le siège arrière dans une mare de sang. Eux ils s’imaginaient c’est-à-dire Jeronimo et Alfred, que j’avais juste eu mal et que je n’avais pas vraiment envie de parler mais c’était tout le contraire, j’avais reçu une balle et le temps qu’ils me fassent passer par-dessus le bord pour que Jeronimo me remorque avait suffi pour que je m’évanouisse et que je sois inconscient. Ils allaient sans s’arrêter et Alfred finissait de remettre en marche les divers systèmes d’alertes qu’il avait désactivé pendant que Jeronimo était au volant, ils ne se doutaient pas une seule seconde de l’effroyable situation dans laquelle je me trouvais et continuait de rouler jusqu’au point de rendez-vous avec Jimmy et le reste de la bande, c’est-à-dire, Koba et Jeremy. Jeremy lui-même ne s’était même pas aperçu qu’en réalité ce n’était pas une arme de paintball qu’il tenait mais un calibre sept cent soixante et cinq, qu’il avait pointé sur moi. Il avait tiré à deux reprises et n’avait pas prêté attention à ce qui se faisait et avait juste demandé à Koba de me jeter par-dessus le bord. En même temps, il est vrai que s’il s’était intéressé un peu trop à mon cas, cela aurait paru bizarre, voir même que cela aurait grillé ma couverture de gentille joaillier québécois qui venait de se faire flinguer à deux reprises. Et voilà comment, je me suis retrouvé touché par deux balles tirées de la main de mon propre coéquipier, une dans le dos et l’autre dans la jambe, la douleur était si forte que j’avais fini par m’évanouir quelques instants après avoir reçu les balles. Jeremy et Koba eux, s’imaginaient que ce n’était que de la comédie et que de toute manière s’ils tentaient quoique ce soit pour savoir si j’allais mieux cela pourrait éveiller les soupçons sur ma personne et griller ma couverture de gentil petit québécois. Chose qui aurait été bien dommage après tous ces efforts et cette belle prestation charismatique de Jeremy lorsqu’il commanda à lui tout seul sans arme ni cris toute une assistance de riches arrogants et pervers. Ce braquage était le summum de la perfection en matière de délinquance et de crime en tout genre, Jeremy avait su imposer sa personne sans même avoir besoin de se mettre à crier comme une grosse brute sans tenue. Il savait que les gens à l’intérieur de cette bijouterie se donnaient elles-mêmes le titre de personne distinguée alors il allait s’adapter et agir à la perfection comme une personne de leur rang ou carrément au-dessus. Il avait tout pour parfaire ce moment et peut-être que cela peut paraître assez bizarre de s’extasier sur un braquage qui allait me couter la vie mais cela restait un braquage mémorable. Il n’était pas comme les autres ou encore ceux qu’on voyait à la télévision dans les films et les séries d’action. Non, il était unique de par le calme et l’ambiance dans lequel tout se déroula. Mais un problème subsistait, j’étais entre la vie et la mort et j’avais commencé à faire une hémorragie. Alfred et Jeronimo trop occupés par leurs diverses tâches n’avaient pas vraiment l’œil sur moi et donc ils ne pouvaient pas savoir ce qui m’arrivait. Mais par chance pour moi, Alfred se retourna pour m’appeler et me demanda de venir voir, il voulait me montrer l’exploit informatique qu’il venait d’accomplir. Effectivement, il venait d’effacer l’intégralité des vidéos de surveillance où j’apparaissais et de fait, c’était impossible de prouver que j’avais un jour été dans cette bijouterie ou même que j’y avais travaillé. Quelle ingéniosité de sa part ! Bref, voyant que je ne lui répondais pas il décida alors de se joindre à moi pour voir si j’étais bien là et qu’ils ne s’étaient pas trompés en croyant m’avoir remorqué dans la camionnette de Jeronimo. Ce qu’il vit en entrant le figea sur place, j’étais là, presque raide mort gisant dans une mare de sang et inconscient. Il s’affola et se mit à crier en se précipitant vers moi pour vérifier si j’avais encore du pouls. J’en avais mais il était trop faible et il craignait pour ma vie. J’étais à ce moment précis aux portes de l’au-delà, entre la vie et la mort, entre le début et la fin, ou plutôt le début de la fin. Jeronimo, alerté par les cris d’Alfred s’arrêta en pensant qu’une bagarre avait éclaté entre nous et ne prit pas tellement la situation au sérieux, jusqu’à ce fameux moment où lui aussi aperçut mon corps sans vie, qui baignant dans la grosse flaque de sang que j’avais perdu. Jeronimo contrairement à Alfred ne paniqua pas, il sut directement ce qu’il avait à faire passa la première vitesse et se mit à rouler à toute vitesse jusque l’hôpital le plus proche pour que j’y reçoive les premiers soins et que je puisse être hors de danger. Tout se fit en une fraction de minutes et nous fûmes enfin arriver aux portes de l’hôpital. Pendant que j’étais inconscient, j’ai eu un songe, un songe pas comme les autres, loin d’être un songe comme ceux qui apportent la rédemption aux gens qui avaient commis des crimes de leur vivant, loin d’être le songe où un ange viendrait me souffler à l’oreille d’arrêter de mener la vie que je vivais, non.  Mon songe fut tout autre. Tout d’abord, je me suis retrouvé dans un vaste étendu vide peint de gris sombre où il n’y avait qu’une seule sortie. C’était une porte, une porte en fer rouillé, l’endroit semblait délabré et dépossédé de toute sa splendeur et il y avait cette porte dressée devant moi, que pouvait-elle bien ouvrir ? On aurait dit qu’elle était le passage vers un autre monde. Entre les trous de la ferraille il y avait des sortes de tourbillons avec des astres et des étoiles. Cela sortait de l’entendement, je n’avais pas vraiment envie de me prêter au jeu en ouvrant cette porte alors que je me suis mis à chercher une autre sortie mais tout me ramenait toujours à cette porte, une ambiance sinistre s’installait et la peur commençait à gagner mon esprit, après tout, j’étais au beau milieu de nulle part dans un rêve avec un environnement assez déprimant et l’idée de me retrouver à chaque fois, malgré tous mes efforts devant cette porte ne faisait qu’augmenter mon angoisse. C’est alors qu’une main surgit de nulle part avec un œil, un œil géant, de la taille d’un camion voir plus grand, il me fixa avec persistance et il y avait du rejet, du mépris, de l’étonnement dans son regard, il m’observait constamment, et sa pupille ne cessait de tournoyer, quel cauchemar !! Au bout de quelques instants l’œil se ferma, puis il disparut au moment même où j’allais entamer une discussion avec ce dernier. Mon Dieu !! Je venais encore de me retrouver seul. Qu’est-ce que pouvait bien signifier cette mascarade ? Après plusieurs tentatives vaines de trouver une autre sortie, j’ai finalement décidé de me prêter au jeu de mon songe et d’aller à la porte qui se présentait droit devant moi. Tant qu’à faire, il fallait bien trouver un moyen de se sortir de cet enfer infini. Alors je me mis à marcher, je marchais, je marchais mais plus j’avançais vers cette satanée porte plus elle s’éloignait de ma portée. Plus vite je courais et plus vite elle s’éloignait. Et lorsque je faisais des pas en arrière cette dernière se rapprochait de plus en plus de moi à peine avait-je le temps de faire un pas en avant pour la rattraper qu’elle s’éloignait aussitôt, je commençais à regretter amèrement de ne pas mettre jeter sur cette porte dès mon arrivée dans ce monde sans sens et sans raison d’être. Et puis il y avait cet œil mystérieux qui m’était apparu, d’où venait-il ? Pourquoi me regardait-il de la sorte ? Je n’en avais la moindre foutue idée. J’étais là couché sur le dos sur le sol gris et triste de la pièce où je me retrouvais et je pensais, je pensais à tout et rien et je me demandais bien où était passé le vrai monde, celui dans lequel je vivais, celui où mon équipe m’attendait, celui où je me battais pour ma vie et celle de ma famille. C’est alors que je me suis souvenu que j’avais reçu deux balles mais, c’est également le moment où je me suis rendu compte qu’une vague de voix se mettaient à hurler de toutes leurs forces, les voix hurlaient au désespoir et semblait maudire l’existence humaine même, je venais de comprendre, je me trouvais en enfer. J’y étais mais, je n’étais pas encore mort, j’avais vu ce qu’était l’enfer ou plutôt un bref aperçu et il était hors de question que j’y reste plus longtemps. Il fallait que je trouve le moyen de revenir à l’état de conscience pour prévenir Alfred afin qu’il sache que j’étais entre la vie et la mort et qu’il me conduise de toute urgence dans un hôpital. Je le savais, mon cœur n’avait pas encore cessé de battre, mon corps n’avait pas encore cessé de vivre, il n’avait pas encore dit son dernier mot. Il restait encore de l’espoir, je pouvais encore m’enfuir à temps de cet endroit morbide. Alors au lieu de me mettre à courir après la porte qui se tenait devant moi cette fois, je me suis assis et je me suis mis à méditer, j’étais sûr et certain que ce n’était pas en courant après cette porte comme un demeuré que j’arriverais à sortir de ce bourbier, alors je me suis assis et j’ai médité, j’ai pensé et j’ai fait le vide, je me suis aperçu que la porte qui était face à moi s’éloignait à chaque fois que je me mettais à la suivre, mais qu’elle semblait immobile et ne bougeait pas d’un pouce, le sol non plus n’avançait, tout semblait figé et immobile sauf moi et tout l’était. C’est alors que me vint l’idée de réessayer de la suivre non pour me perdre à nouveau dans le jeu sordide de mon songe mais pour mieux comprendre le mécanisme de cette prison. Alors en m’avançant, je me suis aperçu que si la porte ne bougeait pas mais qu’elle restait tout de même plantée là à attendre que je lui coure après pour s’éloigner considérablement ou en proportion à la distance que j’avais parcouru c’est parce que cette porte était en fait un reflet, le reflet d’un miroir inversé suffisamment au loin. Ce qui voulait indique que la porte ne se trouvait pas face à moi non, elle était juste derrière moi et c’est lorsque je courais en croyant rattraper son reflet qu’elle s’éloignait de moi. Et voilà comment je pus me sortir de cet enfer, de ce songe. En ouvrant cette porte c’était mes yeux qui s’étaient ouvert et je me trouvais dans un hôpital…

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