Dix-neuf.
Write by PaulBernardAMGL
Jos le déposa quelque part en ville. Après avoir échangé leurs numéros, il le laissa rentrer par ses propres moyens.
Une fois à la maison, Terry appela Jessica.
- J'avais pensé t'appeler ce soir après le boulot, lui dit-elle.
- Je peux passer te chercher ?
- Oui. Je veux te parler.
Le cœur de Terry s'emballa en entendant cette phrase. Il venait de se rappeler leur discussion de la veille au sujet d'une potentielle grossesse.
- Fais moi signe vingt minutes avant de sortir.
- D'accord à ce soir, répondit-elle avant de raccrocher.
Après le coup de fil, il décida de passer la nuit à l'appartement maintenant qu'il savait l'endroit sûr.
Terry n'aimait pas les fêtes de fin d'année. C'était la période où il avait perdu son père. Et quand les fêtes s'approchaient, tous ses souvenirs de quand il était là revenaient à la surface. Il sombrait dans la dépression pendant tout le mois de décembre et même plus certaines années. Dans ces moments là il ne sortait que très peu. Alors quel meilleur endroit pour ne pas être dérangé qu'un appartement où il habitait seul.
Le soir, il alla chercher Jessica à son boulot comme prévu.
- J'ai beaucoup réfléchi depuis notre discussion d'hier soir, débuta cette dernière une fois qu'ils furent dans la voiture.
Il démarra la voiture avant de répondre.
- Et qu'est-ce que tu as décidé ?
- J'ai deux choses à t'annoncer. La première est que j'ai fait le test de grossesse ce matin. La deuxième est que j'ai réfléchi par rapport à ta proposition d'hier. Mais je préfère te parler de tout ça quand tu ne seras pas au volant.
Terry sentit son cœur s'emballer à nouveau. L'idée d'être père l'excitait et l'inquiétait à la fois. Il assumerait son enfant et avec joie. Mais avec le temps, il allait devoir choisir entre son travail et lui, et il redoutait ce moment. Quant à sa relation avec elle, quelque chose lui disait que c'était bien parti, qu'il avait fait mouche la veille.
Il l'emmena à l'appartement. Il ouvrit la porte et ils y entrèrent. Bien que l'endroit soit presque hermétiquement fermé, une fine couche de poussière recouvrait tout. Il alla chercher des chiffons et avec l'aide de Jessica, ils époussetèrent l'essentiel. Ils s'assirent ensuite dans le salon pour parler.
- Je t'écoute à présent.
- Je ne suis pas enceinte, lâcha-t-elle sans trop de cérémonie.
Terry s'adossa à son siège, déçu. Il avait espéré qu'elle soit enceinte. Qu'elle attende un enfant de lui. Qu'elle lui donne une vraie raison de quitter le milieu du crime.
Mais il ne dit rien de tout ça à Jessica. Il se contenta de hocher la tête d'un air absent.
- Hier tu m'as montré une partie de toi que je ne connaissais pas. Tu m'as montré un Terry pas sûr de lui, presque vulnérable. Et j'ai aimé que tu m'aies fait assez confiance pour me montrer cette part de toi. Maintenant que je connais Je veux bien me mettre avec toi à une condition.
- Laquelle ? risqua-t-il bien que la réponse fut évidente.
- Je ne veux pas que tu joues un rôle avec moi. Ne sois pas un gangster qui accomplit sa mission. Sois mon potentiel mari et le potentiel père dont je pourrais rêver pour mes enfants. Ma condition est aussi simple que ça. Tu penses que c'est possible ?
Il hocha la tête.
- Je veux te l'entendre dire, insista Jessie.
- Je te promets de ne pas jouer de rôle avec toi. Et je te promets de tenir parole.
Il s'était déjà promis de ne plus lui mentir. Dans sa vie de gangster, il avait besoin de quelqu'un pour le faire revenir à la réalité de temps à autre, histoire de ne pas complètement se perdre dans la peau du personnage qu'il s'était créé. Et c'est ce que Jessica représentait à ses yeux : son point d'ancrage dans la réalité.
Jessica posa sa main sur la sienne en se promettant de ne pas lui poser de questions sur son travail (i). Elle ne voulait pas savoir pour ne pas en être complice et pour ne pas le savoir si proche du danger.
- Est-ce que tu veux bien te blottir contre moi à présent ? demanda Terry.
Elle ne se fit pas prier, elle en rêvait depuis le début de la soirée.
- Qu'est-ce que tu as fait en mon absence ? lui demanda-t-il.
- Rien de très spécial. Dans mon mémoire, je bloque sur une histoire de faux ordres de virement. Je ne comprends pas vraiment comment ça marche. Mais je dois en parler dans le mémoire.
Terry sourit, elle venait de lui trouver le moyen de voler sa moto sans avoir à droguer qui que ce soit.
- Je peux me renseigner sur le sujet si tu veux, répondit-il. Je te dirai.
- Ça me ferait beaucoup avancé.
Un court moment de silence s'installa entre eux.
- Tu l'as déjà essayé ?
Elle se mordit tout de suite la lèvre, regrettant sa question. C'était le genre de question qu'elle s'était promise de ne pas lui poser.
- Non pas jusque-là, répondit-il le plus naturellement du monde. Mais je connais quelqu'un qui doit maîtriser le sujet. Je lui demanderai dès demain et je te dirai.
Elle soupira en se promettant à nouveau de ne plus rien lui demander de son travail.
- Tu as déjà des projets pour les fêtes de fin d'année ? s'enquit-elle pour changer de sujet.
- C’est une période que je n'aime pas beaucoup. Je me cache pour la voir passer.
Jessica se redressa pour croiser son regard.
- Pourquoi ?
- C'est la période où j'ai perdu mon père, répondit-il d'une voix presque étouffée.
Elle le serra contre lui.
- Je suis vraiment désolée. J'ignorais que tu l'avais perdu.
- Oui je ne suis pas très bavard sur ces aspects de ma vie, mais on n'a le temps maintenant.
- Et qu’est-ce qui a changé maintenant ?
- Tu es ma petite amie maintenant, et tu m’as prouvé que tu me mérites ma confiance. Je peux donc t’en parler.
Terry se rappela l’année de ses huit ans. Il était au cours élémentaire et n’avait que pour seul ami, son père. Ce dernier aimait le déposer à l’école tous les matins. Et les soirs où il le pouvait, il allait le chercher. Quand il ne le pouvait pas, il s’assurait de rentrer avant qu’il n’aille au lit, histoire de tenter de combler l’attention que sa mère ne prenait pas le temps de donner au petit Terry. Puis vint ce fameux jour où il déposa comme tous les matins. Mais le soir, Terry ne retrouva pas son père à la maison. Il ne rentra pas ce soir là. Le matin au réveil, le premier réflexe de Terry fut d’aller vérifier si son père était rentré. Sa chambre était vide et son lit était fait. Il n’avait donc pas passé la nuit a la maison. Son pressentiment de la veille était revenu. Le chauffeur ne passe les matins que sur la demande de son père et son école était trop loin pour qu'il y aille tout seul. Il ne se rendit donc pas en cours ce jour là. Il resta seul à la maison avec la bonne. Dans l’après-midi sa mère, qui était partie pour un voyage de deux semaines, rentra. Elle n’était partie que depuis la veille… Tout devint limpide dans la tête du petit à ce moment-là.
- Qu'est-ce qui lui est arrivé ? lui demanda Jessica après son récit.
- Ma mère ne me l’a jamais vraiment dit, répondit-il. Et le pire c’est que je n’ai pas eu le droit de voir son corps. A l’enterrement, j’ai du faire mes adieux a un cercueil dont j’ignorais le contenu. Et par moment, j’ai la très nette sensation qu’il est en vie. Je le sens comme si c’était d’une évidence absolue. Ca dure quelques minutes puis je reviens a la raison.
Jessica se redressa et lui fit face. Sa curiosité avait repris le dessus.
- Tu penses qu’il pourrait être en vie quelque part ?
Il haussa les épaules avec lassitude.
- Il serait temps qu’il revienne s’il est toujours en vie…
- J’aurais aimé pouvoir passer tout le mois de décembre avec toi et rien qu’avec toi, lui dit Jessie. Mais mon père met un point d’honneur sur ces moments. Il fait tout pour qu’on puisse passer ces moments ensemble, tous les ans.
Terry soupira longuement.
- Et moi qui pensais t'emmener dans de petits trips journaliers, capitula-t-il. Mais c'est quand-même bon à savoir que tu profites de ce genre de moments en famille.
- Et avec ta mère ?
- Elle est trop souvent en déplacement pour qu’on ait un lien assez fort. Profite pendant que tu le peux encore.
Jessica arqua un sourcil.
- Je dis juste que j'aurais aimé passer ce genre de moments avec les miens aussi quand j'étais plus jeune. Peut-être que je n'en serai pas là aujourd'hui.
Jessica posa sa tête sur son torse et l'entoura de ses bras.
- Pourquoi faut-il que tout soit aussi compliqué avec toi, couina-t-elle. Tu ne peux pas juste être un mec tout ce qu'il y a de plus normal ? Ou un gangster que mon père ne connaîtrait jamais ?
Il soupira a nouveau, les yeux au plafond.
- J'aimerais bien n'être que ça par moment. Un homme tout ce qu'il y a de plus normal. Ne serait-ce que pour partager ce genre de moments avec toi.
Elle rehaussa sa jupe jusqu’à la ceinture et s’assit à califourchon sur lui. Elle prit son visage entre ses mains puis, tout tendrement, se mit à l’embrasser. Terry remonta doucement ses mains de ses genoux vers ses délicates cuisses. Ses baisers étaient passionnés, tendres et impatients. Le manque et le désir s'y mêlaient et chacun pouvait le sentir.
Et, puisque leurs corps parlaient déjà le même langage, ils commencèrent à se déshabiller l'un l'autre. Une minute plus tard, il était face à ses seins aux tétons durs et elle avait son érection collé contre sa culotte. Elle lui offrit ses seins pendant qu'il écartait sa culotte pour s'immiscer en elle. Elle le glissa en elle pendant qu'il aspirait son sein avec force.
Elle rejeta la tête en arrière en soupirant de plaisir. Elle se mit à onduler des hanches, savourant chaque centimètre de lui en elle. Leur langage se fit bestial, ils n'échangeaient plus que des halètements, des gémissements et des grognements.
Ils ne parlaient plus, ils n'en avaient plus besoin. Ils ne faisaient plus qu'un. Chacun comprenait le désir de l'autre et l'exécutait, si bien qu'au bout de quelques minutes, ils explosèrent ensemble. Lui, en elle. Et elle sur lui. Agrippés l'un à l'autre, à bout de souffle et les paupières closes, ils restèrent immobiles et silencieux pendant de longues minutes.
- Tu m'as manqué.