Dualités

Write by Meritamon

Institut psychiatrique. Conakry.


« Sadisme sexuel : Recherche de la satisfaction érotique par la souffrance physique et/ou morale infligée à autrui avant ou pendant des relations sexuelles ou leurs substituts, sans se préoccuper des conséquences pour la victime ».

Je lus et relus la définition telle qu’elle apparaissait dans le Dictionnaire de la psychiatrie. Je refermai brusquement le volumineux ouvrage comme s’il me brûlait les doigts et le remis à sa place dans les rayons de la bibliothèque du médecin qui suivait ma mère. Je me trouvais alors dans son bureau et j’avais profité d’un moment pour fouiner dans ses livres alors qu’il était sorti chercher son rapport d’examen.

À son retour, le Docteur Bâ ne verra pas le bouleversement provoqué par ce que je venais de lire, ni le léger tremblement de ma voix qu’il mit sans doute sur le compte de mon anxiété quant à la santé de Maman. Il ne remarquera pas mes mains moites quand je le saluai.

Alors que le médecin me débitait les résultats d’examen, la définition que je venais de lire, clignotait dans ma tête comme un néon, mon cerveau m’envoyant des signaux de détresse sur une mer agitée.

Je me mis à penser inexorablement à Alexander Nielsen et à ce qu’il représentait pour moi, ainsi qu’à nos liens troubles. Aicha l’escorte croisée à la soirée du Russe, de son expérience de femme rompue aux choses de la vie, avait mis le doigt sur la plaie. Ses remarques avaient tellement exacerbé le malaise que j’avais quant à la nature de mes rapports avec Xander, que je me mis à y penser de jour comme de nuit, obsédée.

De Xander, je ne sais pas grand-chose ou ce que je sais de lui est ce qu’il veut bien me dire.


Il est né dans une petite ville montagneuse au Danemark.  Ses parents avaient été des toxicomanes et l’ont abandonné enfant, incapables de s’en occuper. Il alors a passé son enfance dans plusieurs familles d’accueil : certaines étaient bonnes et aimantes, d’autres toxiques, déséquilibrées. De cette vie-là, il partage peu de souvenirs. Ainsi, j’ignore s’il avait été un enfant heureux ou triste, s’il avait des frères ou sœurs, s’il avait eu un animal de compagnie, un hobby, un flirt d’ado, les films qu’il a vus.  De cette époque, il n’y a rien, que le néant, comme s’il avait été un touriste de sa propre vie. À 18 ans, il est parti vivre et étudier le Droit à Copenhague, ensuite il a découvert le voyage à travers des photos dans des albums documentaires.  À la première occasion, après l'École du Barreau, il a parcouru le monde, sans relâche, inlassablement.

 

-         Pour te trouver, toi. M’avait-t-il confié, un jour.

Et Dieu! Ça me flatta, ça me gonfla l’ego.

-         Tu t’en iras de nouveau, lui avais-je répondu, lucide, en caressant son épaule nue, ma tête posée sur sa poitrine, nos cœurs battant à l’unisson, ses doigts courant dans mes cheveux nattés, par un après-midi pluvieux. Nous nous trouvions lovés dans le hamac, sur la véranda du bungalow des îles de Loos, au large de Conakry. Dans cet endroit où il arrivait que nous refassions le monde.

« Tu partiras ».

-         C’est vrai, je m’en irais. Cette fois, veux-tu venir avec moi?

Je soulevai la tête pour plonger mes yeux dans les siens rieurs. J'étais incrédule.


-         C’est vrai? Tu m’emmèneras avec toi? Tu ne racontes pas des conneries?

Il m’avait seulement souri et s’était renversé sur moi, menaçant le hamac de tanguer. Je sentis le poids de son corps sur le mien. Il avait enfoui son visage dans mon cou pour me humer longuement, comme s’il avait voulu s’imprégner de mon odeur. Cela m’avait émue.


-         Qu’est-ce que je ferais sans ma petite Éva?

 

Xander peut être affectueux et prévenant avec moi autant qu’il a des accès de colère redoutables qui le rendent détestable à mes yeux. Il peut me traiter comme une fleur délicate et à la moindre contrariété, me punir par le silence, le rejet ou les mots qui blessent. Sans compter toutes les fois où Il pose des gestes de possession troublante, surtout pendant l’amour.

Mon corps est couvert par ses morsures, ses griffures dans sa façon particulière de me posséder comme s’il voulait me marquer. S’il était un animal, un fauve, il aurait vite fait de me dévorer et me consumer. 

J’ai arrêté de lui désobéir, de me rebiffer comme un cheval sauvage et indomptable. Parce qu'il a développé des pratiques pour me faire comprendre que je suis Sa chose. 

  

Cet homme était peut-être une belle charogne mais c’était le seul qui, à ce moment de ma vie, me faisait du bien.

Et puis, si Xander était sadique comme le prétendait Aicha, qu’est-ce que j’étais, moi? La perspective de répondre à cette question me donna froid au dos.

 

-         Il fait froid, non? Docteur, on peut baisser l’air climatisé?

Le médecin me scruta à travers ses lunettes et me sourit bienveillant. Il faisait 25 degrés dans le bureau. Il n’y avait que moi qui était grelottante.

-         Tout va bien, Éva? J’espère que vous ne couvez pas quelque chose, me demanda-t-il.

« Ne vous inquiétez plus pour votre mère. Les nouveaux psychotiques que je lui ai prescrits fonctionnent à merveille. Ses épisodes de délire se sont espacés, elle retrouve sa lucidité. Même sa perte d’appétit, provoquée par l’ancienne médication, s’est résorbée. Son état est moins apathique, quand vous passerez la voir, vous verrez aussi qu’elle est beaucoup plus réactive qu’à son arrivée, il y a quelques mois ».

Je m’emballai, heureuse :

-         C’est des bonnes nouvelles, n’est-ce pas? Quand peut-elle sortir d’ici?

Je ne rêvais qu’à ça, que maman puisse être libre, qu’elle redevienne la même qu’avant. Le docteur crut bon de refréner mon enthousiasme.

-         Il est encore tôt pour la laisser partir. Je préférerai que sa condition se stabilise. Elle va commencer un programme de rééducation qui lui permettra de retrouver au moins ses facultés. J’ai peur qu’elle ait eu une partie du cerveau endommagé par sa maladie. J’ai besoin de faire plus d’examens pour confirmer cela. 

Il reprit en croisant les bras.

-          Je vous ai fait venir pour vous dire qu'il est plus raisonnable de la garder dans notre institut sachant qu’elle peut être un danger pour les autres et pour elle-même.

-         Je comprends. Merci pour ce que vous faites pour elle.

-         C’est mon travail, ne me remerciez pas. Et puis, heureusement que vous pouvez compter sur Monsieur Nielsen. Il tient aussi que je fasse un suivi personnalisé auprès de votre mère, avec tous les coûts que son hospitalisation implique, c’est une chance d’avoir quelqu’un pour vous aider à porter ce fardeau.

-         Oui, c’en est une, dis-je mollement.


-         À propos, c’est un homme charmant. Qu’est-ce qu’il est pour vous? Me demanda encore le médecin.

-         Alexander Nielsen est un ami de la famille, dis-je sobrement.

Tout ce qu'il fait a un prix, j'ai failli ajouter. Mais le bon docteur n’avait pas besoin de le savoir.

Le merveilleux et charmant Alexander Nielsen qui ne me veut que du bien, pensai-je sarcastique.

Je soupirai, au plus bas du découragement.

-         Tout cela, cette maladie de ma mère ne serait jamais arrivée si mon père n’avait pas foutu le camp. C’est aussi simple que ça.

Le Docteur Bâ crut bon m’expliquer comment les choses fonctionnaient.

-         Éva, le déclenchement de sa maladie mentale est plus complexe que ça. Bien que le départ de votre père ait été un événement douloureux pour elle, ce n’est qu’un des nombreux facteurs déclencheurs de sa dépression.

Mes yeux allèrent du docteur au dictionnaire de psychiatrie que j’avais posé précipitamment plus tôt dans la bibliothèque avec la définition qu'il contenait.

-         Est-ce que ça peut être héréditaire ce que ma mère a?

-         Vous voulez savoir si l’un des membres de votre famille ou vous-même, êtes à risque de souffrir de ce qu’elle a? précisa le docteur.

-         Oui. Est-ce le cas?

-         Certaines pathologies telles que la schizophrénie et l’anxiété pourraient être génétiques. En fait, certaines études scientifiques le suggèrent. Votre mère a souffert d’une sévère dépression, en plus d’être bipolaire. Elle peut s’en sortir avec la médication adéquate et un suivi en thérapie.

 

« Éva, avez-vous des raisons de croire que vous souffrez d’une maladie mentale? »

-         Non. Aucune.

-         Vous m’en parlerez, n’est-ce pas? Il est important de prévenir cela.

-         Oui, je le ferai.

La réponse que je donnais se voulait aussi ferme que possible.


Au fond, ce que j’aurai voulu savoir c’était s’il y avait de la place pour quelqu’un comme moi dans son hôpital. S’il était possible de me guérir de la chose que je personnifiais pour Xander, et qui me troublais. Cette dualité que je n’assumais pas très bien : moitié petite amie et moitié pute, moitié muse et moitié objet, moitié enfant et moitié femme. Surtout moitié douleur et moitié plaisir.

J’étais des morceaux épars et complexes de moi-même comme un puzzle dont j'avais perdu certaines pièces.

 

Xander me convainquit (et il y parvenait souvent), alors qu’effrayée je questionnai nos liens et ce qu’ils représentaient pour moi. Je questionnai surtout les jeux auxquels nous jouions, qui nous emportaient loin de la décence, auxquels je voulus un jour cesser de prendre part. À son grand désarroi.

Il m’expliqua avec son assurance habituelle: « Kaere, je suis tel que je suis en partie à cause de ce que tu es. Eva, une part de toi aime ce que je te fais. Une part de toi voudrait que je te fasse mal. Telle a toujours été ta nature.  On ne fuit pas sa nature profonde, au contraire on l’apprivoise ».

 

Je le crus. Telle fut mon erreur. Je crus que j'étais aussi dérangée que lui.

 

 En parfait manipulateur, l’étranger ajoutait aussi que j’étais sa symétrie. S’il aimait me dominer, c’était parce que nécessairement j’aimais être dominée par lui. S’il me soumettait à ses désirs les plus décadents c’était que je recherchais des plaisirs décadents et coupables.

J’étais le récipient créé à sa mesure. Celui qui le contenait, qui l’empêchait de déborder. « La preuve, tu finis toujours par éprouver du plaisir » me dit-il encore, avec un sourire .

« À quel prix, ce plaisir? Ne pourrait-on pas être normaux,? » avais-je quand même rétorqué. Ça l’a fâché.

 

J’étais également convaincue que la douleur que l’homme m’infligeait faisait taire pour un temps les douleurs plus intimes de mon âme torturée, comme une sorte d’anesthésie.

 

C'était à ce point l'emprise qu'il a eue sur moi et qu'il aura sur moi, bien longtemps après qu’il sorte de ma vie. Des années plus tard, à l’âge adulte, je me suis parfois égarée à rechercher les mêmes rapports de force dans mes liaisons, ce besoin de retrouver un peu de Xander dans chacun de mes amants, anéantissant mes chances de former quelque chose de normal et stable avec quelqu’un. En effet, les hommes que je rencontrais, une fois la première étape de séduction passée, fuyaient, effrayés par mes exigences; à tel point que j’atterrisse en thérapie chez une psy qui m’aidera à faire face à mon trauma et à mon trouble de l’attachement. Mais ça c’est plus tard.

 

Pour le moment, je me souviens de la soirée chez Serguei, à l’instant où le magnifique gâteau arrive, recouvert de bougies. Le dj, en l’honneur de l’hôte de la fête, fit jouer une musique folklorique russe. Les invités s’agglutinent en chantant Happy birthday autour de Serguei qui est rouge de plaisir et même ému. Le Russe a un large sourire en me voyant et m’invite à souffler les bougies en sa compagnie. Tigrista (tigresse). Embarrassée par l’attention non désirée, je croise les yeux de Xander qui, d’un hochement de tête me donne l’autorisation d’y aller. Il y a une lueur trouble dans ses yeux bleus que je ne saisis pas sur l’instant. Je comprendrais la signification de son regard plus tard dans la soirée. Sur insistances du Russe, il avait consenti à ce que je sois le cadeau d’anniversaire de ce dernier.

Lorsqu’il me l’exposa sur un ton léger, trop léger pour masquer l’indécence de sa proposition, je fus totalement bouleversée. Il était alors 3h le matin, j’étais épuisée, je m’étais lovée dans un transat sous la pénombre d’un palmier dans le jardin. Xander m’avait pris dans ses bras et me réchauffait de son grand corps nerveux.

L’homme essuya mes larmes et me serra dans ses bras alors que j’étais secouée par des gros sanglots.

-         Je ne peux pas faire ça, comment veux-tu que je fasse une chose pareille? C’est tellement dégradant.

-         Chut… ma puce, tu es toute pâle…

-         Je ne veux pas que cet homme me touche!

« Regarde-moi, Kaere » en disant cela, il prit mon visage entre ses mains, et plongea son regard d’eau en moi, ce regard dans lequel je me noyais désespérément.

« Serguei ne te touchera pas. Je ne le permettrais pas, parce que tu es à moi et je ne partage pas ce qui m'appartient. Il veut seulement nous voir jouer, toi et moi. »

-         C’est insensé! Qu’est-ce qu’il retire en faisant ça?

-          Son plaisir c'est de regarder, c'est tout... ce n'est qu'un voyeur. Je te banderais les yeux, tu ne croiseras même pas son regard. Il sera simplement là et assistera à nos ébats.

-         Et toi? Que veux-tu lui prouver?

 

-         Moi?  Je veux qu'il voie à quel point tu es unique, et aussi ce qu'il manque. Souviens-toi, ce n’est qu’un jeu, un jeu excitant.

-         Tu es tordu, murmurai-je dégoûtée, en le repoussant. Je me levai et m’éloignai au fond du jardin. Je serrai les bras autour de mon corps, alors que j’étais glacée tout d’un coup. La nuit s’était soudain rafraîchie. Il menaçait de pleuvoir.

 

L'homme m’avait rejoint, insistant, en colère. Sa voix était tranchante.

-         Peut-être que je suis tordu. Mais le fait est que je t’ai connue moins farouche que ça. Il y a quelques mois, lorsque je t’ai rencontrée, tu te laissais aussi bien tripoter par des garçons, je me rappelle comment tu avais clamé ta liberté devant tes frères. Tu disais avoir le droit de disposer de ton corps comme tu le voulais.

-         Mes frères racontaient des calomnies et je me défendais! Protestai-je.

-         Tu veux dire que rien de tout cela n’était vrai? La réputation sulfureuse que tu avais? Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tout ce qui se racontait sur Éva Barry était faux, après je te laisserais peut-être me traiter de tordu!

 Il faut que tu assumes enfin ce que tu es, Éva, avait-il ajouté d’un air mystérieux. Tu me ferais extrêmement plaisir si tu acceptais.

 

Quelques jours après la fête, Sergueï Ivanov se pointe dans le penthouse. Pour l'occasion, Xander est rentré plutôt du boulot.

Lorsque je franchis la porte de l'appart, après l'école, le Russe est là qui m'attend, les bras croisés devant la baie vitrée qui donne sur une partie de la ville. Serguei, est rouge et suant. Il me salue et me lance son foutu Tigrista. Je l'ignore. Je dois faire en sorte qu’il n’existe pas, qu'il n'est pas là.


-         Tu es en retard, me lance Alexander, énervé et impatient. J’en ai assez que tu me fasses poireauter tout le temps!

-         J'avais des trucs à faire.

-         Quels trucs? Ça fait trois heures que le chauffeur t’attend. T’étais passée où?

-         Ce n’est pas tes affaires, Xander. Tu ignores que j'ai une vie, des gens qui doivent se demander où je me trouve et ce que je fais après l'école. Estime-toi heureux que je sois quand même venue pour m’exhiber devant ton gorille !

Je le laissai planter au salon et allai me changer dans sa chambre. De la fine lingerie de dentelle noire m'attend déjà sur le lit. Je remarque les accessoires et le bâillon de soie qui m’est aussi destinée. Quand j'apparais au salon, parée des sous-vêtements affriolants, Serguei, prenait ses aises dans le profond canapé en sirotant un whisky, il émet un sifflement admiratif et se lèche les babines. Je ne le vois pas, lui. Je ne veux pas regarder cet homme dégoûtant. Je fixe plutôt Xander, durement. Je vois de l'admiration dans son regard, il me fait prendre conscience de mon corps qui est parfait.


-         Je n’ai pas toute la soirée. Quand est-ce qu’on commence?  Lançai-je, sèchement.

 

J’avais hâte d’en finir. Je songeai à mes révisions, aux tonnes de devoirs d’école que j’avais négligés à cause du temps que je n’avais plus, qui était désormais consacrés à assouvir ses désirs.


-         Viens-là… Approche, m’invita-t-il doucement en tendant la main vers moi, et sa voix douce contrastait avec l’éclat dur de son regard, chargé de colère. Je m’avançai vers lui avec une vague appréhension dans le ventre et l'envie de prendre mes jambes à mon cou.


Ses doigts me caressèrent d’abord le visage et la nuque, puis satisfait de lire mon émoi, il me donna une claque sur la joue. Il disait que j’avais l’air d’une petite biche effrayée et ça l’excitait.

-         As-tu peur? 

Ma voix est un souffle quand je lui dis oui. J'avais peur comme chaque fois. Pas du sexe, non. J'avais peur de ce que je perdais en me livrant à lui. De cette chose qu'on appelait enfance, innocence, candeur, joie de vivre, qui s'étiolait à toutes les fois qu'il m'imposait son désir bestial.

-         À genoux.


Je m’exécutai sur le carrelage froid.

L'homme m’abandonna là et se déplaça vers le comptoir pour se servir un verre. Il avait relevé négligemment les manches de sa chemise, puis avait ôté sa ceinture de cuir et l'avait posée sur le comptoir en quartz de l'îlot.

 

-         Rampe vers moi… Lentement. Tu es une sale petite impertinente et tu mérites ce qui va t’arriver.

 

Arrivée à sa hauteur, il se pencha vers moi et me flatta les fesses, caressa le creux de mes reins et mon dos. Il m’agrippa par la nuque pour que je lève mes yeux vers lui. Sa poigne est ferme. Il enroule mes longues nattes autour de son poignet et me m'oblige à me remettre sur mes jambes. J’ai un cri de douleur. Il me gifle pour que je la ferme et m’abreuve d’injures en danois, puis en français. De ses doigts, il écarte mes lèvres, découvre mes dents, fouille ma bouche avec son index et son majeur. J’ai l’impression d’être scrutée et évaluée sur un marché d’esclaves. Une boule d’humiliation brûle dans mon ventre, surtout qu'il y a Serguei de l'autre côté qui se rince l'oeil, mon humiliation est une valeur ajoutée à son plaisir.



-         Regarde-moi, tu vas me sucer d’abord, ensuite je vais te prendre comme la petite salope que tu es. Je veux t'entendre me supplier d'arrêter.


Xander a alors commencé par attacher mes poignets dans le dos. Il avait remplacé la corde de jute rugueuse qui m’écorchait à chaque fois la peau, par des menottes en métal glacé. Ensuite, je fus traînée au pied du lit. Un bandeau m'empêcha de voir ce qui se passait, où il se trouvait, partout et nulle part, dangereux et imprévisible.

La suite fut un tourbillon d'assauts répétés. J'aperçus la petite fille en moi recroquevillée sous une tempête de sable, attendant que ça passe, priant de survivre. Et je l'appelai, je criai son nom au milieu des bourrasques de vents. Cette fois, je la perdis pour toujours.

Pervers sadique. 

Voilà ce qu’était Xander.

Des dégénérés, voilà ce que nous devenions.


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Petit Blabla de l'auteur.

Ouf, ça a été difficile de créer la scène que vous venez de lire. Il a fallu que je secoue toutes les valeurs que je porte en moi. Aussi, une part de moi veut aller dans la description détaillée, l'autre part, se retient, Dit stop. Mais il faut, pour la suite des choses, que je décrive cette relation abusive entre Xander et Éva. Je suis désolée que ce ne soit pas un conte de fée ou une romance, les amis :-)

La suite ce dimanche! bisous.

 

Candeur et décadence