Eclipse Féminine : Quand on sème la graine

Write by Pullar Debô

[Assa Ba]

Deux jours se sont écoulés depuis cette fameuse histoire de changement de régime. Quelle folle je suis ! Sincèrement je ne sais pas ce qui m’a pris. Je n’y ai pas vraiment réfléchi.

Quand je suis rentrée ce soir-là après avoir déjeuné avec Amsa, Kadia n’a pas manqué de me faire la morale. La femme qu’elle connait est tout simplement incapable d’abandonner, de baisser les bras.

Alors j’ai décidé de faire le « énième » pas de plus vers mon mari. Après que les filles se soient endormies, j’ai attendu dans le salon jusqu’à son retour. Je m’étais maquillée et avait enfilé une robe en wax. Je l’espérais de bonne humeur pour m’encourager.

Et quand il accéda au salon, à ma vue, il parut surpris, mais agréablement.

  • Tu es très en beauté. Une sortie avec Kadia ?

  • Merci. Dis-je en me levant. Je… Enfin, c’est toi… Toi que j’attendais…

  • Moi ? Ok. Pas pour une dispute j’espère, s’il te plait, je n’en ai plus la force.

  • Ni moi, la volonté. Tu veux bien t’assoir ?

Il considère un instant le canapé, avant de porter son attention sur moi en souriant.

  • Je te promets que ce ne sera pas une dispute. Assieds-toi… Notre famille est tout ce que j’ai de plus précieux au monde, et je sais, qu’elle mérite tous les efforts. Ce que je désire, Omar, c’est que tu me comprennes. Avoir d’autres enfants, ce n’est pas l’envie qui me manque, seulement… C’est une chose qui ne dépend forcement pas de nous. Toutes ces années à essayer de tomber enceinte, a eu raison de la magie qui enchantait notre vie. J’ai été heureuse, dans le passé, oui, mais aujourd’hui, je ne le suis pas… J’ai envie de retrouver mon mari, l’homme joyeux et aimant que tu étais. Celui qui plaçait mon bien-être avant tout et qui tenait compte de ce que je ressentais. C’est tellement important pour moi. Je voudrais que tu fasses l’effort de mettre notre couple au-dessus de tout ce que nous traversons, et moi, je m’assurerais de trouver en moi la force de reprendre les traitements…

  • Assa…

  • Chuttt… J’y ai longuement réfléchi. Je sais tout ce que cela implique, mais je suis prête. Et je veux que tu saches que je suis sincèrement désolée pour les documents… C’était stupide de ma part. Dieu sait, combien l’idée même de te partager avec une autre m’insupporte…

  • Tu sais quoi ? Tu fais de moi, en cet instant, l’homme le plus heureux qui soit. Je sais que te mettre la pression n’est vraiment pas digne de celui que je suis. Je te promets, moi-aussi, d’être plus attentif à ta personne et je suis tellement désolé de t’avoir poussé vers cette voie-là… Tu es la plus belle chose qui soit arrivé.

Il s’avance pour m’embrasser et je cède. On ne fait pas de manières à l’amour, la chaleur de sa présence m’avait manqué, comme presque tout ce qui compose notre couple.

  • J’ai des jours à rattraper, mon cœur… Je préfère te prévenir. En me lançant un clin d’œil avant de carrément me manger le cou.

  • Omar ! Non, mais, quelle façon ! Fis-je l’air offusquée mais amusée.

  • Une semaine ! Allez viens… Faut qu’on se remette au sport, chérie, j’ai trois kilos à perdre là.

Il me porte jusqu’à la chambre en faisant semblant de tituber. Je pars en éclat de rire alors qu’il me chuchote dans l’oreille, « Si tu savais combien je suis affamé de toi ». Je sais, comment nos retrouvailles peuvent être à hauteur de tout.

[Marie Dial]

Au volant de ma voiture, je discute au téléphone avec Antoinette. Il est assez tard, j’ai eu une urgence à l’hôpital. J’espère que Cheick a pu s’en sortir avec Oumou. Elle peut être difficile qu’elle peine à dormir.

  • Je lui ai filé ton contact, il t’appellera surement !

  • Oh Marie, te rappelles-tu combien on était bien tous ensemble ? ça me manque souvent ces années, où nous n’avions pas tous ces problèmes d’adultes. Et dis-moi, qu’est ce qu’il est devenu ?

  • PDG du « Jackpot Market ». Rien que ça.

  • Le chanceux ! Il y’en a qui réussisse dans l’entreprenariat tiens !

  • Et qui donne tout pour y arriver…

  • Marié ? Célibataire ?

  • Marié et 02 enfants.

  • Ça aurait été vous deux, si, vous n’aviez pas réussi à tout gâcher.

  • Ça s’appelle le destin, Antoinette. Nous n’étions pas faits pour finir ensemble. Je te laisse, je suis presqu’arrivée à la maison.

En sortant de la voiture, je jette un coup d’œil vite fait sur ma montre. Seigneur, il je vais encore me prendre un shoot avec Cheick.

Lorsque je rentre dans le séjour, ce que je vois, me surprend beaucoup. Cheick, endormi sur le canapé et des bougies prêtes à s’éteindre après avoir fini de se consumer. Incroyable. Pour une fois, qu’il fait des efforts. La table était dressée. Ce qui ressemble fort à un diner de chandelle foiré.

Je dépose mon sac sur le tapis et m’agenouille près du canapé pour caresser son front.

  • Cheick ? Chéri, il faut que tu te réveilles. Cheick ? Réveille-toi mon cœur.

Tout doucement il sort de son sommeil et alors que je m’attendais à ce qu’il adopte son mauvais comportement, il se contente de me sourire.

  • Tu as manqué le diner…

  • Je sais. Je suis désolée. Une urgence à l’hôpital. Tout ça… (En parcourant la pièce du regard)

  • C’était censé être une surprise. Une soirée, tous les deux.

  • Elle est nulle ta petite femme.

  • Non, elle est parfaite ma petite femme. Et je sais que le dessert que j’avais prévu sur le menu, sera à la hauteur.

  • Le dessert ?

  • Oui, Madame Touré.

Il m’embrasse sur les lèvres, puis dans le coup et je devine le fond de ses pensées. Je suis son dessert. Je délaisse mes affaires dans le salon, et le suis dans notre chambre.

Deux semaines plus tard….

[Walid Tall]

Malgré toutes les retenus auxquels elle fait preuve, je sais que Zeina porte en elle, des sentiments pour moi. Comme moi, à son égard.

Je sais aussi combien il est facile de me juger. Mon apparence porte à confusion. Je ne suis ni un coureur de jupons, ni un homme à femmes. Alors comment expliquer mon attirance pour elle ?

J’aime tout ce qui la compose. Ça part de sa beauté, aussi bien extérieure qu’intérieure, qu’à ses réflexions sur les sujets de la vie qu’on aborde souvent. Elle a la tête sur les épaules, drôle, manifestement compatissante.

Nous avions eu notre premier baiser il y’a deux jours. Nous étions dans mon atelier. Elle avait trébuché sur un petit morceau de bois et avait atterri dans mes bras. Alors j’ai saisi l’occasion et elle y a répondu. Il n’y en n’a pas eu d’autres.

Nous ne sommes pas officiellement ensemble, mais nous passons toute la journée à s’écrire ou à s’appeler, et la nuit, quand nous ne sortons pas, on en fait de même.

Je sais exactement à quelle heure, elle s’est endormie. Les activités qu’elle a faites. Je suis capable de reconstituer sa journée entière si, on me le demandait. Et elle, de même, c’est sûr.

Ses amis m’ont complètement adopté et, pour ma part, je crois avoir trouvé la femme de ma vie. Certain, de la vouloir pour toujours.

  • Encore sur ce croquis ?

Elle sortait de la piscine et avait passé sur son maillot, une serviette. Je l’ai amené dans la villa de notre premier rendez-vous, je désirais passer du temps avec elle tout en travaillant. Mais en y pensant, c’est chose impossible.

  • Eh oui, je crois que je vais signer forfait et me joindre à toi pour une baignade.

  • Je refuse d’être l’alibi face à ta conscience professionnelle qui te chiffonne là, tout de suite.

  • Je crains de n’être pas assez inspiré. Ni pour les croquis, ni pour les dossiers administratifs.

  • Je pourrais peut-être t’aider ? (En s’approchant)

  • Et comment ?

Elle atteint le tabouret sur lequel j’étais assis, et alors que je pensais qu’elle allait m’embrasser, elle se place derrière moi et me masse les épaules. Ça fait un bien fou.

Je ferme les yeux afin d’en apprécier tout le confort et me retourne pour lui faire faire face. Je place mes mains tout autour d’elle. Elle sourit, surprise.

  • Le massage, ça ne marche pas ?

  • Si, mais je désire t’embrasser… Cette envie est plus forte que toute autre. Mais seulement si je le peux.

Elle se penche et m’offre un long baiser. J’ai senti tout contrôle m’échapper. Sa serviette glisse au sol. Elle ne la récupère pas. Pas tout de suite. Mes mains se baladent sur son dos, les siennes sur mon cou et mon torse. Ma chemise est légèrement déboutonnée.

Dans ma tête, je place des barrières. Faut-il aller loin ? En a-t-elle envie ? Mais elle ne m’arrête pas, ne freine pas l’élan de la chose.

Je sens ses mains, encore froides, frôler mon ventre. Elle écarte ma chemise tout lentement et se place entre mes cuisses. Je me laisse faire.

De ses yeux étincelants, elle me libère de ma chemise, puis du débardeur que je porte en dessus. Je suis torse nu face à elle, haletant. Elle m’attire de telle sorte, à quitter le tabouret et à me mettre debout. J’obéis.

  • Ton pantalon, enlève-le.

Je ne sais pas pourquoi tout semble figé en moi, mais je m’exécute comme une marionnette. Je retire mon pantalon sous ses yeux. Elle a l’air amusée. Quand je termine et que je ne me retrouve qu’en boxer.

Convaincu qu’on allait sauter le pas, elle sort de l’atelier et court, plonger dans la piscine.

  • Je t’ai eu ! Allez viens ! L’eau est bonne ! ça nous évitera de faire des bêtises ! Crie-t-elle en se pouffant de rire et en tirant la langue.

Ça part en rire, et je cours plonger à mon tour en soulevant l’eau. Nous passons le reste de la journée à se câliner dans la piscine avant de se commander à manger et de regarder un film Netflix à la télé.

[Leila Boukenem]

Je ne me sens pas bien d’un coup. Je ne suis pas vraiment dans mon assiette. J’ai l’impression de n’être capable de ne rien digérer depuis un moment.

Ce qui me préoccupe à l’instant, c’est de savoir, comment joindre Ilo. Il ne décroche toujours pas mes appels et ignore complètement les messages que je lui envoie. Mais qu’est-ce qui m’a pris de baisser la garde surtout pour un homme déjà marqué, pour ne pas dire marié ?

Ai-j seulement tenu compte de l’attirance que j’avais pour cet homme plus âgé de dix ans mon ainé ? Pourtant, je sais que pour me blesser autant par son silence, je dois certainement avoir pour lui, des sentiments réels. Je l’aime.

Ce n’est pas tant sa beauté physique qui m’attire, c’est son être, en entier, qui met en désordre tous mes sens. Et il a décidé, par je ne sais quel bon sens de couper les ponts. J’estime mériter des explications.

Si c’était un autre, j’aurais certainement pensé comme avant « ce n’est qu’un homme, il y’en a d’autres ». Seulement, là, c’est différent, cet homme, je lui ai donné mon cœur et il me l’a rendu brutalement.

Peut-être une dispute aurait pu justifier son comportement ? Un ex qui a décidé de trop parler ? Il est malade ? Mort ? Il a des problèmes ?

Je revois en boucle, tous ces moments que nous avons passés ensemble et je me dis que finir ainsi, ce n’est tout simplement pas possible.

Il faut une raison. Et cette raison, je compte bien la découvrir. Peu importe, ce que cela peut me couter.

[Assa Ba]

Mon foyer a repris ses couleurs, si on peut dire ça. Ça me laisse assez d’énergie pour m’adonner à mon travail.

  • Mme Keita ?

  • Oui Tenin ? Tu as un appel entrant de Mrs Ayesé. Je te transfère l’appel ?

  • Oui, s’il te plait. Merci.

  • Allô ? Bonjour Mr Ayesé.

  • Fred. Je vous prie. C’est un plaisir, chère dame, de vous avoir au téléphone. Ma femme et les enfants sont arrivés. Et je me suis dit qu’on pourrait vous inviter à diner chez nous pour le vendredi soir ?

  • Euh… Je suis dans le regret de refuser. C’est bien, à nous, mon époux et moi, de vous avoir à la maison pour ça. Ce sont nous les hôtes. Si ça vous convient bien-sûr.

  • C’est parfait et vraiment gentil de votre part.

  • Génial. Donc vendredi à la maison ? Je vous enverrais l’adresse et si vous préférez afin de ne pas avoir à trop chercher, je vous enverrais le chauffeur.

  • J’opte pour l’adresse, ça nous permettra d’apprendre à connaitre la ville.

  • D’accord. Alors à vendredi Fred.

  • Merci Assa.

Ça fait longtemps qu’Omar et moi, n’avons pas reçu de gens à la maison. Ni la famille, ni les amis proches. Ça nous fera un bon changement et du bien surtout.

Je l’appelle pour l’informer et il en est ravi. Les filles qui ont retrouvé leur bonne humeur pourront se faire de nouveaux amis.

[Jean Diarra]

Je suis heureux de pouvoir revoir Marie et Antoinette comme avant. Nous remontons nos vieux souvenirs de la fac et de toutes les folies qu’on a pu réaliser au nom de cette fameuse phrase « On ne vit qu’une seule fois ».

Je ne me mentirais pas. L’avoir de nouveau dans ma vie, ravive des sentiments que j’avais cru oubliés, égarés. Quand on a vraiment aimé une personne, les années ne comptent pas, et le cœur ne doit pas l’oublier.

Mais je la vois, posée et heureuse dans son couple. Je n’ai pas envie de lui causer des soucis, pas envie de la mettre dans une histoire chelou. Alors je refreine tous ardeurs.

Même si, Antoinette n’a pas l’air d’aimer le mari de son amie, Marie, elle vit le bonheur absolu. C’est suffisant, c’est même le plus important.

J’aurais aimé tombé sur ce genre d’histoire. Peut-être que de cette façon, mon cœur aurait pu oublier cet amour que j’ai nourri en moi pour elle.

Devrais-je lui dire que je suis un homme célibataire ? Un homme, que sa femme a abandonné au profit de la belle vie ? Voyage de luxe, voiture de luxe. Me laissant avec nos deux enfants ?

J’ai cru devenir fou quand Jackie est partie. J’ai cru que la terre se dérobait sous mes pieds. Nous étions bien. Je le pensais. Ce n’est pas les moyens qui manquaient de lui offrir tout ce qu’elle désirait, mais à mes yeux, ces choses-là, étaient futiles. Je désirais qu’elle encre sa foi en la richesse humaine plutôt qu’aux biens matériels.

Elle voulait toujours une maison plus grande, une voiture plus luxueuse, des voyages dans les quatre coins du monde. Elle aimait se faire belle. Son apparence était toute sa vie. Même s’occuper de ses enfants, était à ses yeux une charge qui la dépérissait. Elle avait donc des nounous pour chacun d’eux.

J’ai donné. Mais quand j’ai voulu qu’elle change et qu’elle fasse le choix d’une autre vie, elle s’en est allée vivre l’aventure de sa vie aux bras d’un saoudien. Quel triste choix si, elle savait !

Nous avions signé les papiers du divorce et elle m’a, sans problème, accorder la garde des enfants. Elle ne saurait être une bonne mère si elle les assumait. J’aurais dit une « bonne pute », mais ça, je l’ai tu.

Mon cœur s’est brisé. Et malgré qu’un an se soit écoulé, je refuse de céder de sitôt ma confiance une deuxième fois.

Mais je sais que revoir ces deux-là, me donnera foi en la gente féminine à nouveau. Aussi loin que je me rappelle, elles ont toujours été de bonnes personnes.

Et pour le dernier rendez-vous d’Elis, ma petite fille, je dois justement me rendre à l’hôpital.

[Zeina Walet]

Après avoir quitté Walid, je passe chez Leila pour voir comment elle se porte. Ça fait quelques jours, qu’elle dit ne pas se sentir bien.

  • Tu es sûre de ne pas vouloir aller à l’hôpital ?

  • Non. Ça va passer. C’est plutôt la fatigue de ne rien faire qui snobe ma santé.

  • Et surtout le fait que ce cher monsieur Ilo n’est pas donné signe de vie.

  • S’il était mort, Zeina, crois-moi, ça aurait été dit partout.

  • D’accord. Je t’aurais prévenu.

  • Et Walid ? Vous êtes ensemble ?

  • Je suis encore vieille école. Il ne m’a pas demandé d’être sa petite-amie…

  • Vieille école ? Tu portes de la rouille, oui ! Et donc vous allez continuer de vous faire des petits câlins jusqu’à ce qu’il se décide ?

  • Pourquoi pas ? On n’est pas vieux nous.

  • Et si j’allais à son bureau ?

  • Ilo ? T’es folle ! Il va te mettre dehors. Et ce n’est pas du tout bon de mélanger vie privée et professionnelle. Il va t’en vouloir et ça ne risque pas vraiment d’arranger les choses.

  • Moi, je lui en veux déjà beaucoup.

  • Mauvaise idée. N’y va pas. Au mieux, dis-moi où je peux le trouver. Avec moi, il n’y aura pas de scènes.

  • Toi ?

  • Oui, moi. Je vais lui parler et comme ça c’est réglé.

  • Et tu lui diras quoi ?

  • D’arrêter d’être aussi con et d’assumer votre relation ou sinon qu’il aille voir ailleurs.

  • Je te donne l’adresse, mais promets-moi, de ne pas t’emporter.

  • Promis.

Elle note sur un bout de feuille l’adresse de la compagnie d’Ilo. J’irais le voir demain ce lâche. Quel homme peut autant fuir la discussion ?

Alors qu’elle se lève pour récupérer son téléphone en charge, elle a comme un malaise et fait vite de s’adosser à l’armoire.

  • Est-ce que ça va Leila ?

  • Oui, je n’ai pas mangé à midi…

Je la considère un instant et ça part dans tous les sens dans ma tête. Quelque chose cloche. Y-a-t-elle au moins pensé ?

  • C’était quand la dernière fois ?

  • Qu’est-ce que tu racontes ?

  • La dernière fois que tu as vu les anglais débarquer ?

  • Non. Pas ça.

  • Je suis très sérieuse Leila. Dis-moi, c’était quand la dernière fois ?

  • Il y’a un mois…

  • Je vais à la pharmacie te chercher un test de grossesse.

  • Tu es malade ! Je ne suis pas enceinte !

  • D’accord. Alors le test sera négatif et on en parle plus…

  • On s’est protégé. A chaque fois, nous avions été prudents.

  • C’est juste pour être sure… J’arrive de suite.

J’en tremble de partout. J’espère de tout cœur avoir tort et que mes soupçons soient infondés. Ou sinon, nous sommes dans de beaux draps.

[Leila Boukenem]

Zeina vient de quitter la chambre. Je tente une nouvelle fois de joindre Ilo, comme si mes peurs à l’instant pouvaient faire en sorte qu’il décroche. Mais rien y fait. Silence radio.

Une grossesse ? Mes parents vont me tuer s’ils l’apprennent. Et de plus, celle d’un homme plus âgé et marié. Dans quel pétrin, je me suis fourrée ?

Une bonne trentaine de minutes est passée quand j’attends une voiture se garer. Elle est surement de retour.

  • Désolée, il y’avait un monde fou à la pharmacie… Tiens.

Je considère un instant le petit carton de test emballé dans ses mains.

  • Je n’en ai pas envie.

  • Leila, prends ça et tout de suite. Comme ça on est fixé…

  • J’ai tellement peur… Qu’est-ce que je vais faire ?

  • D’abord, on fait le test et après on décidera. Chaque chose à son temps. Vas-y, je suis là et je ne te laisserais pas.

Je rentre dans les toilettes. L’instruction c’est de faire pipi dessus et d’attendre quelques minutes. Mais à l’instant où j’ai fini, je sors remettre le test à Zeina. Je n’ai pas la force de découvrir le résultat par moi-même.

Mais le visage de Zeina ne laissait plus place au doute. Son visage et son silence.

  • Zei… Zeina ?

  • Tu es enceinte…  

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