Entre mère et fille
Write by Aura
Je sors de ma chambre et tombe sur ma mère qui me regarde les yeux dans les yeux. Elle porte un complet haut en tissu pagne et deux pagnes qui recouvrent la partie inférieure de son corps. Le même pagne lui sert de foulard sur la tête qui me paraît un peu trop voyant.
16 Hum la mère ! Tu veux déjà qu’on te traite de Yemi Alade !!!
17 Je vais te gifler tu vas voir ! Même bonjour tu ne sais pas dire ? J’ai l’impression d’avoir raté ton éducation.
18 Humm toi aussi ! Tu m’agresses en pleine matinée. Qu’est-ce que je t’ai fait ?
19 Tu ne sais pas ? Laisses-moi te le rappeler ! Jeune fille tu as oublié que tu as une mère ? Seigneur !!! Trois mois et je n’ai pas de nouvelles de toi !!! Pas d’appel ma fille. Comment vais-je ne pas m’inquiéter ? Comment ne pas faire palabre ? Je me demande pourquoi tu me fais subir ça. Ne suis-je plus ta mère ?
Dès qu’elle dit cela, elle commence à pleurer et je ne peux m’empêcher d’en faire autant. Je la serre dans mes bras et enfouie ma tête au niveau de sa poitrine et je me lâche vraiment et pleure tout mon soul.
Au bout de quelques minutes, nous nous calmons toutes les deux et elle reprend la parole
20 Je te trouve changée, amaigri. Qu’est ce qui ne va pas ?
21 C’est le boulot qui me fait ça !
22 J’ai l’impression que tu ne me dis pas tout
23 Non ce n’est pas ça, je ne peux rien te cacher et tu le sais bien.
24 Ok si tu le dis, mais apprends à donner de tes nouvelles. Tu ne sais pas comment est-ce que je peux devenir maboule quand je n’entends pas ta voix.
25 Humm c’est quel amour ça lui lançai-je avant de m’éclater de rire.
26 Limani je vais gifler ta bouche. C’est l’amour maternel dont je te parle et toi tu penses à tes bêtises. Tu en auras une idée quand toi aussi tu auras des enfants. Je t’ai apporté certains vivres, je sais que tu ne manges que vos conneries là, donc je préfère que tu puisses consommer un peu plus local pour que tu prennes davantage de poids.
27 Je suis si mince que ça ?
28 Viens prendre mes yeux et tu sauras. Eh mon enfant !!!
29 Et Fallone (ma sœur) ?
30 Elle va bien. Je suis juste étonnée qu’elle qui est à l’extérieur du pays me contacte tout le temps. Mais toi qui est juste dans une autre ville que moi, tu n’en fais pas autant. Eh Limani, je me demande même ce que je t’ai fait de mal.
31 Ah maman, tu n’as rien fait, c’est juste le boulot.
32 Le boulot hein ? Tu crois que c’est ce qui raffermit les liens de famille ? Tu vas me dire que ton boulot est plus important que moi ? Quel mépris !!!
33 Maman ce n’est pas ce que j’allais dire.
34 Ah non ! Et qu’est-ce que tu voulais dire par là ?
35 Je travaille sous pression ces temps-ci et je t’assure que c’est comme si je marchais sur des œufs.
36 Saches une chose mon bébé, le travail tu peux le perdre et le récupérer mais moi je ne suis pas éternelle. Et si je veux m’enquérir de ta situation c’est juste pour être tranquille, dormir paisiblement la nuit. Mais ces temps-ci mon esprit est tout le temps en alerte, j’ai ressenti des émotions bizarres. De la colère, de la tristesse, de la joie aussi, mais surtout de la détresse. Je ne savais pas d’où ça venait, mais je supposais que c’était de l’une de vous. J’ai parlé avec Fallone, mais c’est une RAS de son côté, je me suis donc dite que c’était de ton côté. Et comme tu refoules mes appels, je suis donc venue de pied ferme, quitte à toi de me chasser ou pas.
37 Maman, pourquoi est-ce que je vais te chasser ? Tu es ma mère toi aussi !!!
38 Ce n’est pas l’impression que tu me donnes.
39 Je suis désolée.
Le silence s’est installée avant que Lucien ne sorte de sa chambre. Il est allé à la cuisine pour nous préparer un bon petit-déjeuner, qu’il nous a servi par la suite. Nous avons mangé ensemble dans la bonne humeur avant que je me charge de débarrasser et faire la vaisselle.
Lucien a fini par sortir voir des potes et nous laisser ma mère et moi. J’ai juste compris que c’était une façon pour lui de ne pas nous déranger et nous laisser discuter tranquillement.
40 Il est gentil ce gamin. Qui est-ce ?
41 Un ami !
42 Hummm !
43 Humm quoi toi aussi ?
44 Je n’ai rien dit oh. Mais à la façon dont il te regarde, on sent qu’il éprouve des sentiments pour toi.
45 C’était le cas mais plus maintenant.
46 Mais qu’est-ce qu’il fait ici ?
47 Nous sommes colocataires
48 Encore vos choses des blancs. Si seulement tu pouvais me dire pour une fois que tu as rencontré quelqu’un, j’aurai à me faire moins de soucis. Depuis cette affaire avec Alex, tu n’as plus revu qui que ce soit. (Silence…..) Je me demande toujours pourquoi il s’est volatilisé du jour au lendemain. Tout allait pourtant bien entre vous. Mais honnêtement tu devrais penser refaire ta vie mon cœur. On ne sait pas s’il est mort ou vivant et tu ne peux pas t’accrocher à l’espoir qu’il va te revenir. Cela fait 5ans Arielle !!! Tourne la page. Je suis sûre qu’il y a des hommes bien qui attendent simplement que tu leur ouvres ton cœur. Tu as 27 et tu n’as pas toute la vie devant toi. Et moi qui suis ta mère je voudrai déjà porter mes petits-fils avant d’aller rejoindre ton père.
49 Ne dis pas ça.
50 Mais c’est la stricte vérité pourtant. On t’a dit que je suis éternelle. Ecoutes-moi stp, parce qu’il y aura un moment où je ne vais plus dire quoi que ce soit sur cette affaire. Tu me connais bien.
51 J’ai compris maman.
On toquait à la porte. J’étais surprise au point où ma mère m’a jeté un coup d’œil rapide l’air de dire « tu attends quelqu’un ? »
La personne a continué de toquer, au point où je me suis finalement décidée à aller ouvrir.
J’ai fini par constater que c’était un livreur. Il m’a remis un paquet. Je croyais qu’il appartenait à Lucien ou à une autre voisine. Mais non, il m’était destiné. J’ai signé pour accuser réception du paquet et je suis retournée dans la maison.
J’ai lu la note et je suis tombée sur ceci : « Je suis tombée sur ceci et je n’ai pas pu résister au plaisir de l’acheter pour toi, mon rayon de soleil. Saches que tu me manques et je ne veux plus qu’on se prenne la tête. ML. Evina »
1 Qu’est-ce que c’est ? me dit maman intriguée ?
2 Je n’en sais rien.
3 Ouvres donc le paquet ou je te jure que je le fais à ta place.
Je l’ai ouvert et j’y ai découvert une robe de soirée de couleur rouge bordeau.
4 Elle est magnifique et tu devrais l’essayer.
5 Non ! je vais le restituer à l’expéditeur.
6 Pourquoi ?
7 Parce qu’elle ne me plait pas.
8 Tu plaisantes ? Elle t’ira à merveille. Et je ne le dis pas pour te faire plaisir.
9 C’est non. Je ne reçois pas des cadeaux de la part d’inconnus.
10 Vraiment ! Si un homme t’offre une robe pareille c’est qu’il te connait dans les moindres détails. Et la robe est la preuve tangible qu’il te connait par cœur.
11 Maman !!! Tu ne le connais même. Mais je peux te rassurer que je vais lui retourner sa robe.
12 Avant ça, j’aimerai que tu l’essayes !
13 C’est hors de question.
14 Fais-le pour ta vieille mère au moins.
15 Non et tu n’es pas si vieille.
16 Quelle tête de mule !!! Mais pourquoi tu ne me raconterais pas toute l’histoire parce que crois-moi, tu as beaucoup à me dire. Et je ne vais pas rentrer sans que tu ne me dises ce qui se passe. Je veux tout savoir. N’omets même pas un seul détail sinon je te dévisse la tête.
17 A ce point ?
18 Oui jeune fille, parce que tu suffoques. Il suffit de te regarder pour comprendre que rien ne va. Alors tu ne vas t’échapper. Pour ça tu peux compter sur moi. A toi la parole et que ça saute……
Bienvenue à la déesse démoniaque, ma mère dans sa version Margaret Thatcher.