Épilogue
Write by Farida IB
*** Deux ans et demi plus tard ***
Nadine GBEGNON épouse GBEVOU…
Je ferme la dernière valise et le met de côté avec les autres lorsque Florent me rejoint dans la chambre.
Florent : tu as fini ?
Moi : affirmatif et de votre côté ?
Florent : idem.
J’avise l’heure sur la pendule.
Moi : il nous reste encore deux heures avant notre départ mais si nous ne voulons pas accuser de retard faudrait que nous commençons à nous apprêter.
Florent (désignant la salle de bain) : après toi ma reine.
Moi souriant : c’est une invitation ?
Florent (voix suave) : une manière d'économiser l'eau
Moi : lol.
Nous avons décidé de partir en croisière rien que nous deux pour les vacances de cette année. Puisque depuis la naissance de Mauro, notre petit dernier, nous n’avons pas eu de vacances. Sa mère s'est proposée de garder les enfants pour les deux mois que cela prendra, elle est revenue exprès de la France où elle vit depuis un ??? avec son mari et ses quelques petits enfants qui ont été acceptés dans des universités sur place. A l'instar de Florent et ma mère, ma relation avec elle s'est nettement améliorée. Nous ne sommes pas devenues les meilleures copines du monde du jour au lendemain mais il y a un semblant de convivialité entre nous.
Avec Florent nous sommes repartis sur de nouvelles bases et notre vie de couple n’en est que meilleure. Jusque-là, nous avons reçu de cette Fifamè que des papiers de divorce qu’elle a envoyé par le biais de son avocat qui les a récupérer dès que Florent les a signés. En ce qui concerne leur fils, elle s’arrange pour lui faire parvenir des photos et vidéos de toutes ses premières fois. Elle a inscrit dans les clauses de leur divorce qu’ils auront une garde partagée de l’enfant une fois qu'il sera en mesure de voyager tout seul et moi, je ne trouve aucun inconvénient à cela. C’est son fils après tout.
Voix des enfants dans la cour : méméééé !!!
Mère Florent : mes amours !!
Nous nous dépêchons de sortir de la salle de bain avant qu’elle ne fasse irruption dans notre chambre. Je m’habille ensuite rapidement pour les rejoindre, je les retrouve en pleine festival de bisous et me prête également au jeu avec elle.
Moi : bonsoir maman.
Mère Florent (tout sourire) : bonjour ma belle, j’espère ne pas vous avoir retardé.
Moi (pendant qu’on rentre tous à l’intérieur) : pas du tout, tu as une heure d’avance.
Mère Florent : ah bon ? Je ne m’habituerai donc jamais au décalage horaire.
Moi (pince-sans-rire) : tu n'es plus du tout dans notre gamme.
Mère Florent (voûtant l’épaule) : et comment ?
On se retrouve une heure plus tard dans le terminal des départs internationaux à l’aéroport. Nous avons fini nos enregistrements et il nous reste une quarantaine de minutes avant le départ. Nous discutons entre adultes, histoire de donner quelques recommandations à ma belle-mère par rapport aux enfants. Hervé, qui jouait pas loin avec ses frères, débarque au bout d'un moment.
Hervé : mémé, on part quand nous autres ? J’ai hâte de voir pépé pour prendre ma revanche sur notre dernière partie d’échec en ligne.
Mère Florent : je vois que mon vieux mari t’a marqué au fer rouge et je suis sûr qu’il va te battre encore une fois et en live cette fois !!
Hervé farouche : même pas, je me suis entraîné dur pour ça. Hier, j’ai battu papa cinq fois d’affilé.
Florent : ça, c’est vrai.
Mère Florent : ah oui ? (il hoche la tête.) On verra ça d’ici peu.
Hervé insistant : quel jour exactement ?
Mère Florent : dans deux semaines.
Jennifer : pourquoi deux semaines ? C’est trop, j’ai hâte d’aller pécher avec pépé. Il me l'a promis hier au téléphone.
Paul sautillant : moi aussii je veux nazé avec pépé.
Mère Florent (faussement contrariée) : étèèè !! Et moi, je compte pour du beurre, c’est cela ? On verra qui va vous amener chez votre super pépé !
Les aînés (se jetant sur elle) : on est désolé mémé, ce n'est pas ce qu'on voulait dire.
Nous partons dans un fou rire, c’est dans cette ambiance que nous traversons quelques minutes plus tard la porte d’embarquement.
Moi : chéri j'ai une sorte d'appréhension, tu te rends compte que c’est la première fois qu’on voyage sans eux ?
Florent : t'inquiète, ils sont entre de bonnes mains. Je me demande pourquoi on n’y avait jamais pensé, deux mois de sérénité absolue.
Moi : tu veux dire que nos enfants te stressent ?
Florent : pas du tout, j’aime simplement l’idée qu’on fasse le tour du monde rien que nous deux.
Moi lui souriant : me too darling.
*
*
Cynthia CLARK…
J’ouvre mes yeux lorsque les voix et le bruit des pas me parvient depuis le couloir, je sais déjà que c’est la meute et qu’en sus la grâce matinée que j’avais prévu faire vient d’être annulée. Les enfants, c’est le fun dans la mesure où ils t’apportent du sourire et de la joie, mais pour ce qui est du reste, c’est sans commentaire lol.
J’essaie de me redresser pour me mettre en condition, mais la main de Joe se fait plus pressant sur mes seins.
Joe : joyeux anniversaire ma perle.
Moi : joyeux anniversaire à nous mon saint Joe.
J'essaie une seconde fois de me lever.
Joe (gardant les yeux fermés) : tu vas où ?
Moi : les renforts arrivent !
Joe : alors je veux mon baiser matinal avant qu’ils ne débarquent.
Je n’ai pas le temps de répondre qu’il pose ses lèvres sur les miennes.
1…
2…
3…
Jarod : mamannnnn !!
Je me redresse alors que Joe referme les yeux comme si de rien était.
Jayna (le ton boudeur) : papa, Jayce a pouché Jayna.
Jayce : c’est faux ! E-èèè-èè tombé.
Là, monsieur est en colère !
Jarod (s’adressant à sa sœur en bon médiateur) : ça fait bobo ?
Jayna (la petite voix) : ouiii
Je suis sa progression avec un petit sourire au coin des lèvres, elle fait la même tête que moi quand je tire la tronche. Je pense que celui qui a dit que les chats ne font pas les chiens parlait sûrement de nous deux. Bof, comme toujours, j’accueille les garçons dans mes bras et la princesse se dirige vers son amour qui fait semblant d’être endormi.
Moi : je n’ai pas droit aux bisous ce matin ?
Je reçois deux bisous bien sonores sur mes joues.
Jayna : papa ?
Il garde les yeux fermés un moment puis lorsqu’elle essaie de soulever une paupière, il ouvre un œil ce qui la fait sursauter.
Joe : je t’ai attrapééé !!
Jayna : krkrkr papaaa krkrkr…
Je les laisse avec leur père entre câlins et papouilles pour me diriger vers la salle de bain. Dans quelques heures, les filles débarqueront pour me donner un coup de pouce pour les derniers préparatifs de notre fête d’anniversaire de mariage. Ça fait trois ans que Joe et moi sommes mariés et nous avons décidé de faire une grande fête pour l’occasion. C’est en fait une double fête, Austine a également prévu faire une surprise à son chéri. Ça promet d’être une méga giga fête, Joe m’a offert Event planner de Eyday qui nous a été d’une aide précieuse. Il faut dire que nous n’avons pas eu l’occasion de faire une vraie fête depuis belle lurette. Du moins une fois pour le mariage d’Austine et Daniel, mais ils avaient préféré le faire à deux devant monsieur le maire et pour la réception, juste un brunch entre familles proches et amis. Du coup, nous sommes toutes en pleine effervescence à l’idée de faire cette fête.
Au fait pour tout vous dire, nous vivons une vie dorée depuis le temps, je pense que nous avons eu notre lot de soucis donc la vie nous gratifie de beaux jours sans grandes embûches. Nous allons tous bien, Joe s’est complètement rétabli. Actuellement ses garages auto « Joeland » défie toute concurrence. En ce qui me concerne, je peux aussi affirmer qu’émotionnellement je vais bien, et même que Jason fait partie intégrale de mon passé. D’autant plus qu’il ne hante plus du tout mes rêves et ça je le dois à Joe et à mes petits bouts de chou avec qui je file le parfait bonheur un peu chaque jour.
Austine et Abigaël accompagnées de leurs compagnons respectifs débarquent à temps pour prendre le petit-déjeuner avec nous. Nadia n’a pas pu venir, apparemment, elle a dû envoyer son fils d’urgence à l'hôpital. C’est de ça qu’on parle en ce moment.
Moi : qu’est-ce qu’il a encore ?
Austine : une bronchiolite
Moi (me touchant le cœur) : ohh le pauvre ! Mais ça, c’est depuis quand ? Il avait pourtant l’air bien portant hier soir lorsque je suis partie le récupérer à la crèche, encore qu’il était le chef de file de la cavalerie qu’ils ont formée ici.
Abigaël : quand je vous dis que Mylan a hérité de la sorcellerie des « Lossos » (nous s’amusez solomen lol) il s’arrange toujours pour tomber malade à l’approche d’une réjouissance.
Austine riant : kiakiakia pour faire rater les grooves à sa mère.
Moi (l’accompagnant dans son rire) : ça ne doit pas être beau à voir dans le cœur de Nadia en ce moment.
Abigaël : dis encore ! Elle a failli péter un câble lorsque le docteur a décidé de les garder pour trois jours.
Moi : oulala, et vous l’avez laissé seule ?
Austine : maman est avec elle.
Moi (prise de compassion pour elle) : là, elle est mal ! Elle n’aura pas de répit tant que Mylan ne se remet pas sur pied.
Austine mdr : ça, c’est sûr, elle nous a une fois de plus sortie le discours qu'elle regrette d'avoir fait cet enfant etc ! Maman a failli lui rentrer dedans ce matin, c'est Daniel qui a pu calmer le jeu à temps.
Moi : lol j'imagine. Bon, l'heure file, c’est quoi le programme ?
Abigaël : on fait comme prévu, on finit avec les gâteaux ensuite salon de beauté.
Moi : top (m’adressant à Austine) sinon ça va toi ?
Austine : RAS pour le moment.
Moi : oh la chance !
Abigaël : ça, tu l’as dit !
La journée se passe très vite, à la fête, nous renouvelons nos vœux Joe et moi après une petite collation. Ensuite, Joe lance une vidéo rétrospective résumant des moments forts de notre vie à deux avec des messages pleins d’émotions et d’amour qui m’a fait couler mon maquillage. Austine attend que nous reprenions notre place après l’ouverture du bal pour entraîner Daniel sur la piste. À sa demande, le Dj change le rythme sur "Love me now" de John Legend. Ils dansent un moment avant qu’elle ne lui murmure quelque chose à l’oreille ensuite, il se retourne vers nous tout ému. Le Dj coupe la musique en prélude des consignes qu’il a reçu.
Daniel euphorique : elle est enceinte, nous allons avoir un bébé !!
Il la soulève puis l’embrasse tendrement sous nos applaudissements. La fête tire encore sur deux heures, mais nous n’avons pas attendu la fin pour nous éclipser dans notre intimité laissant les enfants aux soins des autres.
Moi (m’affalant sur le lit) : ouff quelle soirée !!
Joe (faisant de même) : belle soirée, je dirai.
Moi sourire satisfait : tout à fait.
Je me lève subitement pour me diriger vers le dressing.
Joe (se redressant) : où est-ce que tu vas ?
Moi : c’est mon tour de t’offrir un cadeau et j’espère être à la hauteur des tiens avec ce que je te réserve.
Joe : tu es enceinte aussi ?
Moi (me tournant vers lui) : non, euhh pourquoi tu me demandes ça ?
Joe : je croyais que... Non rien. Laisse tomber.
Moi (revenant sur mes pas) : tu veux un autre bébé ? (oui de la tête) Je pensais que les trois étaient plus que suffisant.
Joe : je me contenterai des trois si c’est cela ton désir.
Moi (lui relevant le menton) : je te ferai autant d’enfants que tu voudras, à condition que tu me chouchoutes à la manière de ma première grossesse.
Joe (me tirant vers lui) : on s’y met de suite.
Moi (riant aux éclats) : pas ici, à Athènes. Nous partons dans une heure.
Il arque un sourcil.
Moi expliquant : je nous ai dégotés un voyage en méditerranée pour deux semaines.
Joe : qu’est-ce que je t’aime ma femme !
Moi souriant : qu’est-ce que je t’adore mon mari !
Il a un geste rapide qui me fait pousser un cri de surprise et je me retrouve allonger sur le lit lui au-dessus de moi.
*
*
Nihad ANOUAM…
Devinez qui j’ai retrouvé au cours de mon premier voyage d’affaires au Maroc !
M. ANOUAM en personne, c’était dingue !! Nous n’avions pas eu besoin de test d’ADN. Il était ma copie couleur ou moi dans la peau d’un homme plus âgé. Je vous dis, c’était une histoire de ouf ! En tout cas les vieilles braises se sont vite rallumées, encore qu’il fût veuf avec deux enfants. Et ce n’est pas dans ma bouche que vous allez manger votre piment ! Tout ce que je sais, c’est que je suis heureuse d’avoir maintenant une vraie famille avec un père, un grand frère superprotecteur et une petite sœur un peu particulière avec qui je partage la direction du plus prolifique empire textiles de la sous-région.
Brrrrr Brrrr Brrrr.
Gabrielle (tendant la main vers moi): tiens, c’est ton téléphone qui sonne.
Moi intriguée : c’est qui ?
Gabrielle (sourire narquois) : My Dy !
Moi : roohh, ça fait la centième fois depuis ce matin.
Gabrielle riant : il est pressé guéee.
Moi la toisant : tchuuiippp !! Pressé pour quoi ? Que je vais encore aller où ?
Gabrielle : décroche le téléphone au lieu de faire le bavardage inutile.
Moi brusque : qu’est-ce que tu veux encore ?
Dylan : rohh même le jour de ton mariage, tu es grincheuse ? Bon bref, je voulais te prévenir que nous sommes là depuis un moment déjà.
Moi : je le sais, l’organisatrice de mariage m’a déjà prévenu.
Dylan : ah ok, et tu fais quoi en ce moment ?
Moi : je me rhabille.
Dylan : comment ça, tu te rhabilles ? Tu es censée être prête depuis fort longtemps, tu dois sortir d’ici peu.
Moi : les bouffées de chaleur ont repris.
Dylan : et maintenant ça va ?
Moi : Rassondji tu m’énerve avec tes questions !!
Gabrielle me jette un coup d'œil.
Dylan : je demande seulement ?
Moi : ça peut aller !!
Dylan : j'espère que tu ne vas pas te barrer à la moindre occasion.
Moi souriant : je suis bien calée même, tu vas devoir supporter mes humeurs jusqu'à la fin de ta vie.
Dylan le ton rieur : de toute façon, tu n’as pas le choix, tu es déjà plongée la tête y compris.
Moi : c’est pour ça que tu m’as fait quatre gosses en moins de trois ans ? Tsssrrrrr !!
Dylan : ce n’est pas de ma faute si nous sommes très féconds.
Moi : Dylan, je te déteste !
Dylan : je t’aime aussi bébé.
Il raccroche sans me laisser en placer une.
Je sais déjà ce que vous pensez et je ne vais pas non plus le nier (rire), mais je vous assure que c’est un véritable carnage. Ce Mpongwè de fils de Dylan ne me laisse pas de répit, de jour comme de nuit. C’est à croire qu’il veut rivaliser avec Babyboom. Mais bon, j’avoue que c’est un amour de mari et de père. Pas qu’il soit devenu parfait, il ne me donne plus simplement de raisons d’avoir des regrets sur ma décision de revenir avec lui. Nous essayons chaque jour de remonter la pente et tout baigne, enfin en dehors du fait que je me retrouve enceinte à chaque fois qu’on décide d’officialiser les choses. La première fois nous avons juste fait une sorte de présentation devant mes oncles lorsque je me suis retrouvée enceinte de notre première fille (Jihad)#ça veut dire guerre ou bataille en arabe hein.# tout juste après notre réconciliation. La petite Hosniath a suivi l’année dernière et là, on vient d’apprendre que dans sept mois et demi, si tout va bien, on va accueillir deux nouveaux membres dans la famille et tout juste à trois jours de nos noces. Vous me voyez les choses comme ça ?
Critiquez-moi doucement pardon, votre copine Gabrielle me regarde déjà mal ici.
Moi (faisant genre) : quoi ????
Gabrielle (faisant sa pointue) : quatre gosses ? Où sont les deux autres ?
Moi la petite voix : bah dans mon ventre.
Gabrielle (ouvrant les yeux) : ehh beuhh, ça vous arrive de dormir la nuit ? Ou vous comptez seulement repeupler la terre ?
Moi faisant la moue : huit heures par jour !
Gabrielle : on ne dirait pas lol.
Moi : après ceux-ci, on arrête.
Gabrielle l’air sceptique : on est sûr de rien, je veux d’abord voir ça pour le croire.
Moi roulant des yeux : et toi, tu attends quoi ?
Gabrielle (secouant vigoureusement la tête) : pour l’instant trop peu pour moi, je veux profiter au maxi de notre vie à deux avant de me lancer.
Moi : lol je suis là pour te filer un coup de main au besoin.
Gabrielle catégorique : je me plais dans mon rôle de tata pour le moment.
Moi lui souriant : une tata formidable d’ailleurs.
Elle me fait à son tour son plus beau sourire. En fait, il y a six mois qu’elle par contre a convolé en juste noce avec son King. Disons, c’est le couple que de l’année lol, Christian (son vrai nom) s’est rangé depuis leur dernier forfait. Ils ont dû s’exiler un moment avant que tout ne rentre dans l’ordre. Toutefois, on peut le traiter de tous les noms, mais il reste un partenaire généreux et attentionné et par-dessus tout, il rend ma Co heureuse et ça, c’est tout ce que nous souhaitons.
On attend encore un moment avant que maman ne rentre avec Hosniath callée sur sa hanche. Elle est suivie de ma sœur et mes cousines qui traînent Jihad par la main. Je tends la main pour prendre la petite à qui je fais des bisous, puis à sa sœur qui est venu se jeter dans mes bras à son tour.
Elodie (une de mes cousines) : deux millions et des présents très coûteux pour la dot qui dit mieux ?
Gabrielle : peu mieux faire, il vient d’être promu DGA quand même.
Moi : c’est déjà trop pour moi.
Elles me regardent tout étonnées.
Kaisa (ma petite sœur) : Ya Allahhhh, tu refuses l’argent ? On devait même le saigner plus que ça, il t’a déjà pompé deux enfants !
Gwen : vraiment !
Gabrielle : bientôt quatre !
Je lui lance un regard meurtrier.
Les autres : quatre ?
Je me redresse pour parler lorsque l’organisatrice de mariage arrive pour me chercher. C’est ça qu’on appelle sauver par le gong non ? (rire).
J'avance au milieu de la haie que forment autour de moi le cœur battant. Cette histoire que je dois exécuter une danse marocaine me fait vraiment flipper. Lorsque les filles s’écartent, je pose un regard circulaire dans la salle et je peux lire le sourire sur les lèvres de tout le monde, de la fierté sur le visage de mes parents et tout le bonheur autour de moi et tout se fait naturellement.
À la fin de la cérémonie, je remonte cette fois avec Dylan en attendant la cérémonie civile. Il referme à peine la porte qu’il me plaque contre lui et capture mes lèvres. On s’embrasse comme deux assoiffés.
Dylan (lorsqu’on se détache) : ça fait deux semaines que je rêve de faire ça.
Moi : faire quoi ?
Dylan : t’embrasser, tes lèvres mon manqué.
Moi (empoignant son membre) : c’est lui qui m’a manqué (au tac) on peut le faire maintenant non ?
Voix de Kaisa depuis la porte : attendez encore un peu !! Je suis juste derrière la porte pour vous surveiller au cas où vous l'ignorez.
Moi : rohh vous n’êtes pas sérieux.
Kaisa : déjà, commence par m’expliquer cette histoire de quatre enfants.
Je donne une tape à Dylan qui se tord de rire.
Dylan : ta sœur, c’est un cas.
Moi m’accrochant à son cou : as qui le dis-tu ?
*
*
Axel BENAN…
Moi : mais enfin, tu étais où ?
Elle prend le temps de poser ses affaires, de se débarrasser de ses échasses et de s’asseoir à l’autre bout du canapé avant de répondre.
Dorcas (passant la main sur son visage) : bae ne commence pas, je t’ai expliqué que la voiture était en panne. Tu n’as aucune idée de la galère dans laquelle j’ai trimé pour être là.
Moi sceptique : c’est pour ça qu’il vous faut six heures pour arriver à Bohicon ? En plus, tu étais injoignable.
Dorcas agacée : je t’ai pourtant prévenu que la charge de ma batterie était en sursis !
Moi : et vous étiez combien de femmes dans le véhicule ?
Dorcas (me fusillant du regard) : tu veux maintenant faire la police ?
Moi : je n’aime pas l’idée que ma femme traîne longtemps dehors, la prochaine fois, je viens te chercher moi-même.
Dorcas : pardon, mon père n’a jamais reçu de dot venant de toi.
Moi : et c’est ma faute peut être, je suis prêt depuis 1920.
Dorcas faisant la grimace : oui, c’est ça !
Moi (revenant à la charge) : en tout cas la prochaine fois que tu viens me voir, on fait le voyage ensemble.
Dorcas roulant des yeux : c’est même mieux je serai plus à l’aise, mais pense également à me prendre un garde du corps pour les fois où je me promène seule à Cotonou tchuiipp !!!
Moi (sourire narquois) : là, au moins je sais que ton père et ma famille te surveillent !
Dorcas : tchuiipppp !!
Moi : ma chérie, tu es trop belle lorsque tu tires la tronche.
Dorcas : retchuiippp !!
On s’affronte du regard un moment, c’est elle qui finit par lâcher prise.
Dorcas : qu’est-ce que tu m’énerves parfois avec tes scènes de jalousie ! Et dire que j’avais hâte de te voir parce que tu me manquais terriblement.
Je l’incite à s'approcher et la mets sur mes cuisses.
Moi : tu ne peux pas m’en vouloir juste parce que je m’inquiétais pour toi.
Dorcas : lol Axel arrête de me prendre pour conne, tu m’imaginais dans les bras d’un autre weh.
Moi (ne cherchant pas à nier) : et ça fait quoi ? J’ai quand même le droit d’être jaloux.
Dorcas : oui, mais tu en fais de trop, tu te fais trop de films pour un gros zéro. Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour te donner l’assurance que c’est toi l’unique amour de ma vie ?
Moi parlant vite : épouse-moi !
Dorcas arquant le sourcil : juste comme ça ?
Moi : je suis sérieux.
Dorcas : nan
J’arque le sourcil.
Dorcas ajoutant : ta demande est pas orthodoxe du tout, trop peu pour moi.
Moi : lol tu veux que je mette le genou à terre et tout le toutim ?
Elle hoche vigoureusement la tête.
Moi la taquinant : ce n’est pas mon fort mon cœur, en digne fils d’Agonli-Covè, je dirai qu’il faut voir ton père pour m’envoyer la liste. Vos choses de blanc, trop peu pour moi aussi.
Dorcas : lol, c’est ça ou rien !
Moi : on verra ça plus tard. (du coq à l’âne) Tu disais que je t’avais manqué.
Elle hoche la tête.
Moi (déchirant son haut) : il est temps de me montrer à quel point, je t’ai manqué.
Qu’est-ce que je peux vous dire maintenant ?
En gros que tout va pour le mieux dans ma vie et que Rachelle fait bel et bien parti du passé. Plus de nouvelles du tout depuis qu’elle m’a annoncé sa fausse-couche à l’époque. J’ai coupé définitivement les ponts avec Dakar avec le déménagement de ma famille au Benin, c’est ici que papa passe sa retraite.
Avec ma petite les choses se sont faites toute seule, je n’ai pas eu besoin de faire de gros efforts pour être raide dingue d’elle aujourd’hui. C’est une perle cette fille, elle sait me donner la pêche. C’est mon obsession.
*
*
Salifou DIOMANDE…
Mariam et moi, nous installons devant l’écran de l’ordinateur pour échanger avec nos ainés sur Skype. Fayez a eu le bac l'année dernière et il a été accepté à Lyon 1, sur le coup nous avons dû inscrire Islam dans un collège de la place parce qu’il trouvait qu’il était perdu entre filles. En fait Mariam a eu des jumelles ce qui nous fait trois filles contre deux garçons. En revanche, sa décision a été bien accueillie par Kismat qui se plaît à jouer à la grande sœur.
Islam plaintif : papa, il nous faut une augmentation sur notre argent de poche, ce que tu nous donnes ne nous suffit plus.
Fayez : parle pour toi !
Mariam : tu dois nous dire comment tu utilises ton argent pour te plaindre à chaque fois.
Kismat (sortant de nulle part) : il le partage avec Laure !
Islam (sur un ton de reproche) : Kis !!
Moi : c’est qui cette Laure ?
Kismat : la fille qui l’intéresse dans son école.
Fayez éclate de rire, Mariam et moi parlons en même temps.
Moi : c’est vrai ce qu’elle raconte ?
Mariam : tu as fait ça ?
Il baisse la tête pendant que Mariam lui passe un savon, on finit par passer sur des sujets plus gais. Nous discutions un quart d'heure encore avec eux et les laissons avec Kismat pour prier. C'est à chaque fois les mêmes histoires avec ces enfants, il y a toujours un qui ramène quelque chose. Sinon à part ça notre couple se porte bien, d’autant plus que Fatim ne fait plus partie du décor. Je n’ai pas eu besoin d’intervenir pour qu’on l’interne dans un centre spécialisé. Sa famille a été contrainte de l’envoyer là-bas vu qu’elle s’était carrément opposée au suivi d’un psychiatre.
J’ai ralenti mes activités, plus particulièrement mes voyages à partir du moment où Mariam a été hospitalisé. Elle s’en est sortie avec une césarienne à l’époque, mais tout, c’était bien passé. Ayane et Fahima, nos deux boute-en-train de filles sont nées en pleine forme. Elles sont en ce moment chez leur grand parent qui sont maintenant nos voisins d’en face. Après la prière, nous retrouvons Kismat toujours devant l'ordinateur mais avec une petite mine.
Moi : qu’est-ce qu’il y a ? Laisse-moi devinez, Islam et toi avez fini en dispute.
Kismat : non non, je me suis disputée avec mon petit ami.
Mariam (levant les yeux au ciel) : qu’est-ce qu’on ne va pas entendre ! Va prier ! Lagualagua Dooonée (Imbécillités)
Elle s’exécute en boudant.
Mariam (se tournant vers moi) : tu m’aides à préparer le dîner chéri ?
Je la rapproche et lui fait un smack.
Moi : avec plaisir Ayam.
*
*
Annick ANJO…
Moi (téléphone) : écoute arrête de m'importuner, je suis toujours l'escorte girl que tu as répudié par le passé. Sauf qu'il y a un autre qui a su me mettre en valeur donc reste loin de moi s'il te plaît. Ne viens pas perturber ma vie pile au moment où tout va enfin mieux.
Emmanuel : c'était une erreur que je regrette encore jusqu'ici. Je sais que tu n'es pas non plus mariée, tu n'avais pas de bague au doigt lorsque je t'ai vu. On peut se donner une nouvelle chance.
Moi rire sarcastique : nouvelle chance my ass. Ne m'appelle plus jamais ok ?
Monte (entrant dans la pièce) : bébé, c’est qui ?
Moi lui répondant : personne chéri.
Je profite pour raccrocher. Non mais ohh !! Le gars est devenu mon pire cauchemar depuis que nous nous sommes revus par hasard à Lomé le mois passé. J’y suis allée pour faire les courses pour mon mariage prévu dans deux semaines et c’est à croire qu’il n’attendait que moi pour refaire sa vie. Il arrive pile au moment mon rêve de convoler en juste noce avec mon ange va enfin se réaliser après tout ce temps. D’abord, il a fallu me réconcilier avec ma famille. Ce qui n’a pas été de l’eau à boire, ensuite ma belle-famille, enfin ses oncles et tantes -puisqu’il a perdu ses parents quand il avait dix ans- s’opposent frénétiquement à notre union. Ils ont tout de suite fait le lien avec Asanda et me traitent comme un paria à cause de ça. Finalement, Monte a pris la décision de le faire sans leur consentement parce qu’un petit être s’est subrepticement glissé entre nous.
…......
Fait de l’éternel ton délice, il te donnera ce que ton cœur désire. C’est la seule phrase de la Bible qui tourne en boucle dans ma tête pendant que j’avance sur le tapis rouge de l’église accrochée au bras de mon père. Durant notre progression je peux lire l'impatience dans les yeux de Monte. À quelques pas de lui, je lâche la main de mon père et cours me jeter dans ses bras avant qu’on ne se retourne tous les deux vers le prêtre. Ensuite, il commence le rituel. Nous suivons attentivement les étapes jusqu’à la bénédiction nuptiale lorsque nous sommes interrompus par un vacarme au niveau de la porte d’entrée de l’église. Mon cœur fit un bond quand je vois le patriarche que forment trois de ses tantes, les cheffes de l’opposition de sa famille dans la foulée.
La cheffe de fil : arrêtez-moi tout ça, ce mariage est un véritable fiasco.
Le prêtre : qu’est-ce qui se passe ? Qui sont ces gens ?
Moi (au bord de la panique) : seigneur, non pas ça.
Monte : ne panique pas, je vais gérer la situation. (au prêtre) Excusez-nous un moment mon père.
Pendant ce temps, l’église est de plus en plus inondée de monde et de vacarme.
Monte : qu’est-ce que vous faites là ? Qui vous a tenu informé ?
La cheffe de fil : je t’avais prévenu, je t’ai dit que je n’allais pas te laisser épouser cette fille, une Achéwoo (prostituée) reconnue mondialement. Mais tu veux faire qu'à ta tête.
Une autre : c’est sûr qu’elle l’a envouté.
Mon père baisse la tête et ma mère me toise au passage.
Monte : je croyais que cette histoire était déjà classée. Je fais ce que je veux de ma vie.
La cheffe de fil (se tapant la poitrine) : Monte-Carlo et je dis que tu n’épouseras pas cette Achéwooo tant que je vivrai.
Monte (voix tendue, mais calme) : Anti Yemi pour le respect et la considération que j’ai pour toi, reste en dehors de cette affaire s’il te plaît.
La cheffe de fil : sinon quoi ?
Monte grinchant : ne m’oblige pas à faire quelque chose qu’on regrettera tous ici.
Une troisième (attrapant sa tête entre ses mains) : Ayemiii ohhh (ma vie !!) qu’est-ce qu’il lui trouve ? C'est sa forme confondue waa ou son visage compliqué qui l'attire autant? De toutes les filles au Bénin, c’est (articulant) ça que tu es parti ramasser ?
La cheffe de fil criant : sens-toi libre de faire ce que tu veux, mais ce mariage n’aura pas lieu.
Les autres : vraiment !!
Monte (levant le ton pour se faire entendre) : que mettez-vous dans le mot prostitution ? C’est facile de coller l’étiquette de prostituée aux autres lorsque c’est flagrant de leur côté. Mais je tiens à vous informer autant que vous êtes que vous avez une part de prostitution dans votre palmarès, je le dis parce que je sais de quoi vous avez été capable dans votre passé. Certaines parmi vous sont passées par une vingtaine de partenaires avant de se poser dans un foyer, et même là les infidélités les plus insoupçonnées, c’est votre lot quotidien. D’autres ont attribué des enfants des uns aux autres, d’autres encore recevraient des prix Nobels de l’avortement si seulement cela existait, et j’en passe !! Vos filles se plaisent dans des relations sans promesse de mariage, tante Yemi dis moi, ça fait combien de mois ta fille aînée a dormi à dans la maison familiale ? Les plats emportés qu’elle t’apporte, l’argent que tu escroques chez ses pointeurs, est-ce le comportement d’une mère et d’une fille dignes ? Vous me faites pitié !! D’ailleurs, je n’avais besoin de votre approbation, si je l’ai fait, c’est par respect pour mes feux parents et puisque vous m’avez démontré à suffisance que vous n’êtes pas capable de soutenir mes choix de vies, faites moi le plaisir de libérer cet endroit. Ça vous dérange qu’elle ait un passé peu honorable ? C’est votre problème ! Moi, je l’aime et vous pouvez avancer toutes les raisons du monde, je l’aimerai tout autant.
Je regarde la scène interdite.
La cheffe de fil (les yeux rougis de colère) : Monte c’est moi, tu oses défier ? (entrechoquant ses pousses) Tu n’auras que tes yeux pour pleurer.
Monte : nul et sans effet.
Elles s’en vont toutes remontées et lui revient vers nous comme si de rien était.
Monte (au prêtre) : on peut reprendre s’il vous plaît.
Le prêtre/Moi : tu es sûr ?
Monte : je n’ai jamais été aussi sûr de ma vie.
Le prêtre l’air sceptique : et bien (se tournant vers l’assistance) quelqu’un d’autre a quelque chose à dire ?
Silence.
Le prêtre : au nom du père, du fils et du saint esprit…
…….
*** Mot de fin ***
L'amour, le vrai, n’a rien à voir avec la sérénité. Il n’est pas pépère, ça chavire, ça secoue, ça nous lie mystérieusement à l’autre dans une épopée qui échappe à toute rationalité. Cependant, il y a parfois des limites que la dignité doit imposer à la soumission du cœur. Ne laissons pas l’amour ni le mariage nous rendre esclaves l’un de l’autre. Il faut souvent accepter qu’une relation n’est pas uniquement une bulle de bonheur, de bien-être, mais un combat pour conserver l’équilibre entre le cœur et la raison. Ton grand amour est celui qui ne met pas en conflit ton cœur et ta raison. Il n’est pas celui qui te tourmente de dilemme en dilemme et te pousse à ternir une partie de toi, mais celui qui te permet de vivre en accord avec toi-même, de configurer valeurs et ambitions, passions et projets, sentiments et rationalité.
F.I