Épisode 10

Write by Mona Lys

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AALIYAH


Je l’ai attendu toute la nuit mais il n’est pas revenu. J’ai voulu aller le chercher mais généralement quand il vient, il s’installe à l’étage. J’ai préféré rester sur place pour m’éviter un incident. J’ai donc fini par m’assoupir, difficilement.


Je n’ai rien compris à ce qui s’est passé hier. Tout se passait si bien. J’avais même eu ce que je pense être mon premier orgasme. C’était tellement bon, si intense. J’en voulais encore et encore. J’en voulais toute la nuit. C’était la première fois qu’un homme me voyais nue. La première fois que je m’offrais à un homme. J’ai adoré chacune de ses caresses et chacun de ses baisers. Je ne voulais plus que ça finisse. J’ai grave été frustrée quand il y a mis fin. Je me suis posée des questions toute la nuit. Etais-je trop serrée ? N’avais-je pas une bonne odeur ? Je prends pourtant soin de ma féminité bien que n’ayant jamais eu de rapports sexuels avant. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? J’ai eu mal sur le coup mais les secondes qui ont suivi, j’ai aimé le sentir en moi. J’en voulais plus. Je voulais connaitre cette sensation que n’ont cessé de me chanter mes copines de la fac. Je voulais goûter aux plaisirs de la chair. Mais j’en ai goûté qu’à moitié et mon corps tout entier réclame l’autre moitié.


Il faut qu’il revienne terminer ce qu’il a commencé sinon je risque de mourir. J’ai envie de lui en ce moment. Même la douche que j’ai prise n’a pu l’éteindre. Je reste assise sur le lit à l’attendre. Peut-être qu’il viendra pour que nous ayons une conversation en privé.


Je prends mon portable à la hâte quand je l’entends sonner. Je me presse de décrocher pensant fortement que c’est lui.


‒ Allô ?

‒ « Coucou ma puce. J’espère que je ne te réveille pas ? »

‒ Non, dis-je toute découragée. Quoi de neuf ?

‒ « Houlaaaa ça n’a pas l’air de bien aller. C’est quoi cette voix ? »

‒ Il s’est passé un truc hier et je ne sais pas trop comment le prendre.

‒ « Explique toujours. »

‒ Hier nous avons fait, ou failli fait l’amour.

‒ « Vous qui ? Et vous avez fait ou n’avez pas fait l’amour ? »

‒ Moi et mon bienfaiteur. Je t’explique. Tout se déroulait bien et il m’a donné mon premier orgasme sans encore… tu vois un peu ? »

‒ « Oui. »

‒ Après ça, il m’a enfin… pénétré mais il n’a pas continué. Il s’est figé lorsqu’il s’est rendu compte que j’étais vierge et il est sorti de la chambre en répétant qu’il était désolé et qu’il ne pouvait pas me faire ça. Depuis, plus de nouvelle.

‒ « Attends stop. Il est rentré et est ressorti aussitôt sans être allé jusqu’au bout ? »

‒ Oui. Là je ne sais plus si je suis encore vierge ou pas.

‒ « S’il est rentré c’est que tu ne l’es plus mais ce sera total lorsque tu auras des rapports plus approfondis pour mieux t’ouvrir sinon ça se refermera. Enfin je pense. Mais qu’est-ce qui n’a pas marché pour qu’il prenne la tangente ? »

‒ Qu’est-ce que j’en sais ? Je me sens mal et encore excitée. Je ne cesse de me poser toutes sortes de questions. Peut-être qu’il n’aime pas les filles vierges.

‒ « Je ne pense pas. Il doit y avoir quelque chose d’autre. Mais ça c’est à lui de le dire. Dis-moi, qu’est-ce que tu as ressenti pour cette demie première fois ? Tu as même eu un orgasme. »

‒ Oui, dis-je en repensant à cette nuit. C’était si bon Mira. Mon Dieu j’en veux encore. Il était tellement doux avec moi. Il a parcouru chaque partie de mon corps. Je n’ai cessé de frémir encore et encore. Cet homme ne me laisse pas indifférente Mira. J’aime être avec lui, parler avec lui. J’aime quand il prononce mon nom. On aurait dit qu’il me caressait avec sa voix. J’aime quand il me touche. Et hier j’en ai été servie. Mira j’ai encore envie de lui. Je veux qu’il termine ce qu’il a commencé. Je veux qu’il me fasse l’amour.


Elle éclate de rire. 


– Arrête de rire.

– « Je sens que quelqu’un est en train de tombé amoureux. Si tu ne l'es pas déjà. »

– Tu le penses ? Est-ce possible que je tombe amoureuse d'un homme sans l’avoir jamais vu ?

– « Est-ce que ton cœur se trouve dans tes yeux ? »


J’éclate réellement de rire.


– T'es bête Mira.

– « Mais je dis pourtant la vérité. On n'a pas forcément besoin de voir une personne pour l’aimer. Rien que la voix peut nous faire craquer. L’amour ce n’est pas la vue. Mais l’alchimie. »

– Je ne sais pas si ce que je ressens c’est de l’amour. Mais bref, toi dis-moi pourquoi tu m’as appelé de si bonne heure ?

– « Je voulais te dire qu’il y a de forte chance qu’on se voit en France. Demain mon oncle, sa famille et moi y allons pour passer les congés. »

‒ Vraiment ? Fais-je toute heureuse. Tu viendras me voir à l’hôpital ?

‒ « Ça dépendra de si c’est dans la même ville. Je veux être la première personne que tu verras. »

‒ Ce serait vraiment super. J’ai subitement hâte d’y être.


Quelqu’un l’appel dans le fond.


‒ « Ecoute j’y vais. On s’appelle après. Bisou. »

‒ Bisou.


Je décide de sortir après l’appel. J’entends Pauline chanter depuis la cuisine. Je la rejoins.


‒ Bonjour Pauline.

‒ Bonjour ma belle. Bien dormi ?

‒ Oui. Monsieur est là ?

‒ Non. Je ne l’ai pas entendu depuis que je suis là. Je crois qu’il est déjà parti au travail.

‒ Ah ok.

‒ Au fait, tante Mimi a appelé.

‒ Comment va-t-elle ? Quand revient-elle ?

‒ Justement, elle ne reviendra pas maintenant. Elle a eu d’autres imprévues.

‒ Ah ok.


DEUX JOURS PLUS TARD


Il n’est plus revenu. Deux jours qu’il n’a plus mis pieds dans l’appartement et qu’il ne m’a pas appelé une seule fois. Il a disparu. Hier Pauline m’a dit qu’il se pourrait qu’il soit allé en France mais qu’elle n’en avait pas la certitude. Je me sens tellement mal. Pourquoi disparait-il juste après cette nuit ? J’ai été si nulle que ça ? C’est aujourd’hui mon voyage. J’ose espérer qu’il viendra me chercher. Je ne veux pas faire ce voyage sans lui. Il m’a promis être à mes côtés tout le temps. Pourvu qu’il vienne.


‒ Aaliyah ?


Je lève la tête vers la voix de Pauline.


‒ Il est l’heure de partir à l’aéroport.

‒ Il est venu ?

‒ Non mais il a envoyé quelqu’un te chercher.

‒ Qui ?

‒ Je ne la connais pas mais elle vient de sa part. Elle sera avec toi jusqu’en France et reviendra aussi avec toi.

‒ Mais et lui ?

‒ Vous vous verrez sans doute là-bas.

‒ Ok.


C’est toute triste que j’embarque dans la voiture avec cette inconnue. Il m’évite de nouveau. Moi qui voulais pourtant franchir cette étape avec lui près de moi. Moi qui avais pourtant hâte de le voir. J’espère vraiment qu’il sera là.


QUELQUES JOURS PLUS TARD


‒ Alors prête ?

‒ Oui !


Le Docteur ordonne à son infirmière de me retirer le bandage qui me couvre les yeux. L’opération se serait bien passée. Reste plus qu’à voir le résultat. En plus de mon bienfaiteur et de tante Mimi, papi Xavier non plus n’était pas présent. A croire qu’ils se sont passés le mot. J’ai plus d’une fois senti son parfum à lui dans ma chambre à mes réveils mais il n’était plus là. Je veux pourtant lui demander les causes de sa réaction. Qu’est-ce qui n’a pas marché avec moi pour qu’il remettre une barrière entre nous ? Mon enthousiasme pour revoir a baissé d’un cran depuis qu’il est parti.


‒ Maintenant ouvrez lentement les yeux.


Mon rythme cardiaque commence à s’accélérer. C’est l’heure de vérité. Et si je ne voyais toujours pas ? Et si je ne voyais plus jamais ?


‒ Allez-y n’ayez pas peur.


Je bouge les paupières. Malgré la peur, j’ouvre les yeux.


‒ Est-ce que vous me voyez ?


Je souris.


‒ Oui. Oui je vous vois. (Je tourne la tête) Je vois aussi votre infirmière avec son chignon.


Tous deux sourient de satisfaction. Mon Dieu enfin je vois. Je vois de nouveau. J’ai l’impression d’avoir été délivrée des ténèbres. Je peux enfin me voir. Je n’ai pas vraiment changé. Je regarde partout. Je veux tout voir en même temps. Tout ce que je n’ai pas vu ces trois années. L’infirmière me tend un petit miroir.


‒ Regardez vos nouveaux yeux.


Je prends le miroir et quand je le place devant moi, je suis subjuguée. J’ai maintenant les yeux bleus. Je n’avais plus pensé à mon souhait d’en avoir vu les récents évènements. Mon Dieu je suis tellement heureuse. En plus de voir, j’ai de nouveaux magnifiques yeux. Les gens croiront que je porte des lentilles pourtant ce sont mes yeux. J’adore.


Le Docteur me fait quelques petites analyses.


‒ Nous allons vous garder encore quelques heures et demain vous pourrez sortir. Tout est ok.

‒ Merci Docteur. Je pourrais avoir mon portable s’il vous plait.

‒ Bien-sûr. Mais veillez l’utiliser avec une luminosité moyenne. Faudrait pas déjà abimer vos nouveaux yeux.

‒ C’est compris.


La première chose que je fais avec mon portable, c’est de chercher son numéro. Il m’a plus d’une fois appelé donc son numéro y est encore. Le numéro de Mira est enregistré en son nom. Son numéro à lui n’a pas été enregistré. Il m’est donc facile de le reconnaitre surtout qu’il n’y a que ces deux numéros qui m’ont constamment appelé. Je lance l’appel le cœur battant. J’attends, j’attends. Rien. Ça ne sonne même pas. Je relance. J’attends, j’attends. Encore rien. Soit il a bloqué mon numéro soit il a changé le sien.


Une femme entre dans ma chambre.


‒ Bonjour et félicitations pour vos yeux.


C’est celle qui m’a accompagné. Je reconnais sa voix.


‒ Merci dis-je faiblement.

‒ Tenez ceci. C’est de la part de votre bienfaiteur.


Je me précipite de prendre la grosse enveloppe kaki qu’elle me tend en espérant qu’il y ait des photos de lui. Ce sont plutôt des documents, une petite enveloppe blanche et une clé.


‒ Lisez la lettre qu’il y a dans l’enveloppe.


Elle sort. J’ouvre la petite enveloppe avec crainte. Qu’il y-a-t-il d’écrit dans cette lettre. J’ai peur d’apprendre une mauvaise nouvelle. Je déplie la feuille et pour la première fois depuis trois ans, je lis.


« Si tu lis cette lettre, c’est que ton opération a été un succès et aussi que je suis parti. Ma mission dans ta vie est achevée, je peux enfin retourner d’où je viens avec la tranquillité d’esprit. Dans la grosse enveloppe, tu trouveras le contrat de baille de ton nouvel appartement que tu auras l’occasion de découvrir à ton retour au pays. Il y a aussi des papiers et une carte bancaire du compte que je t’ai ouvert. Je te laisse les lire pour plus en apprendre. C’est pour que tu puisses reconstruire ta vie sans avoir à quémander l’aide de qui que ce soit.


Je te souhaite tout le meilleur du monde. Ne doute jamais de toi. Fonce toujours et réalise tes rêves. Prends surtout soin de toi et de tes nouveaux yeux.


Ton bienfaiteur. »


Je plie la feuille et c’est à ce moment je me rends compte que je pleure. Il est parti. Je ne saurais donc jamais à quoi il ressemble. Pourquoi est-ce qu’il fait ça ? Ce n’est pas juste. Je veux le connaitre. Je veux plus de lui. Je veux encore entendre sa voix, sentir son parfum, sentir ses mains sur moi, ses lèvres sur les miennes. Je le veux bon sang.


Je me couche avec ma joie totalement disparue. Je ne prends plus la peine de consulter ce qui se trouve dans l’enveloppe. Il fallait qu’il soit là pour partager ce moment. Il devrait être là avec moi. J’éclate en sanglot, la lettre serrée contre moi. Cette nuit n’aura donc plus jamais de suite ? Il ne viendra donc pas terminer ce qu’il a commencé ? Je n’entendrai plus sa voix bon sang.


Je reste dans cette position pendant des heures à repenser à mes moments avec lui. Ce peu de temps que nous avons passé ensemble a changé quelque chose en moi. Je ne m’étais jamais sentie aussi bien avec un homme avant lui. Pourquoi diable est-il parti ?


J’entends la porte de ma chambre s’ouvrir mais je ne me retourne pas.


‒ Ma puce !


Je reconnais cette voix. Je me retourne. Une jolie fille au teint foncé se tient près de mon lit avec un magnifique sourire sur les lèvres.


‒ Mira ? Demandé-je pour avoir certitude en me redressant.

‒ Oui. Enfin tu me vois.


Elle se jette sur moi en hurlant de joie. Son étreinte me fait un bien fou bien que cela ne fasse pas disparaitre ma tristesse.


‒ Je suis heureuse pour toi. Heureuse que tu voies enfin après tout ce temps.

‒ Merci !

‒ Oh mais c’est quoi cette tête d’enterrement ? C’est un jour de joie aujourd’hui.

‒ Il est parti. Je ne le verrais jamais.


Elle prend la lettre et la lie.


‒ Oh je suis sincèrement désolée ma puce.

‒ Pourquoi me fuit-il ? Ne suis-je pas assez belle pour lui ? C’est pas juste qu’il parte alors que je ne l’ai jamais vu.


Je me remets à pleurer. Mira me prend dans ses bras.


‒ Arrête de pleurer je t’en prie. Ce n’est pas une bonne façon d’inaugurer ces nouveaux yeux.


Je me reprends. Je ne sais même pas pourquoi je pleure.


‒ Comme je te l’ai dit une fois, il est un ange venu dans la peau d’un homme pour te venir en aide.

‒ Les anges ça n’embrasse pas et ça ne donne pas des orgasmes.

‒ C’est justement pour cela qu’il a fui de ta chambre cette nuit-là. Il savait qu’il venait de désobéir à Dieu son maitre. Dans la Bible, lorsque les anges ont commencé à coucher avec des humains jusqu’à faire des enfants, Dieu a envoyé un déluge pour tous les tuer. C’est un sacrilège.


Je regarde cette fille sans vraiment croire un seul mot de ce qu’elle me dit. En plus elle a l’air très sérieuse. Je finis par éclater de rire. Je n’avais jamais vu, ni connu quelqu’un avec un tel esprit d’imagination.


‒ T’es dingue.

‒ Ah moi au moins j’essaie de trouver une explication rationnelle à ce qui t’arrive. C’est tout ce que j’ai trouvé.

‒ C’est absurde.

‒ Mais au moins ça t’a fait rire.


Je roule les yeux.


‒ Tu as des yeux bleus. C’est magnifique.

‒ Merci.

‒ Dis-moi, que comptes-tu faire maintenant ?

‒ Reprendre ma vie en main. Je vais retourner sur les bancs pour avoir mes diplômes et après on verra.

‒ Avec quel argent ?


Je récupère la grosse enveloppe.


‒ Il m’a laissé ça. Un appartement et un compte en banque.


Nous parcourons ensemble les documents.


‒ Mon Dieu tout ça pour toi ?

‒ Je n’en reviens pas.

‒ Il t’a gâté dis donc. Seul un ange peut donner autant d’argent à une femme sans rien lui demander en retour. Sinon si un homme donne une telle somme à une femme, il va la sucer jusqu’à la vider de son sang.

‒ Je suis vraiment choquée.

‒ Dieu te donne la chance de repartir de nouveau. Tu as beaucoup trop souffert. Maintenant sois heureuse. Tu le mérite ma puce.

‒ Merci !


*Mona

*LYS


Quand le chauffeur gare devant l’immeuble où je suis censée vivre, j’ouvre grandement la bouche de stupéfaction. Ce sont les riches qui vivent dans un tel lieu. Je n’en reviens pas que moi aussi j’ai un appartement ici en mon nom. Tout est magnifique. L’intérieur donne envie de se coucher sur le sol et de dormir tellement ça brille. Le chauffeur m’aide à monter ma valise. L’ascenseur s’ouvre sur le quatrième étage. Mon appartement c’est le 16A. Quand j’ouvre, le premier mot qui sort c’est “wahoo’’. J’ai 23 ans et je vis dans un tel appartement ?


Je prends près d’une heure à visiter mon nouveau chez moi. Il y a en tout trois chambres, un immense salon, une magnifique terrasse au balcon avec une très belle vue sur la ville. J’ai remarqué aussi un Mac sur mon lit. Toutes mes affaires m’ont été rapportées ici. J’ai tout ce qu’il me faut pour repartir de nouveau. Mais il me manque encore quelque chose.


Sa présence.


Je me laisse tomber dans le sofa sur la terrasse en soupirant bruyamment. Il m’a donné tout ça mais il n’est pas là. Je suis prête à échanger toutes ces choses contre sa présence près de moi. Je veux ne serait-ce que l’entendre, le voir, juste pour cinq minutes. Mira avait raison.


Je suis amoureuse de lui. Amoureuse d’un homme que je n’ai jamais vu. Et dire que je ne sais toujours pas comment il s’appelle.


Plus qu'un regard