Épisode 16

Write by Mona Lys

Episode 16



KAYLA


Je me sens épuisée. Je n’ai pas eu de repos depuis la mort de mamie Kossia et l’isolement de Darnell. Hier j’ai procédé à la mise en terre de mamie. J’avais trouvé des contacts de sa famille au Ghana et je les ai contactés. Ils m’ont tout simplement fait comprendre qu’ils ne se sentaient pas concernés par ce décès et que ça faisait des lustres qu’il n’y avait plus aucune relation entre la défunte et eux. Il n’y a donc pas eu de funérailles. Juste un enterrement avec quelques voisins de son quartier et Ashley. Darnell était absent. J’ai pourtant tout essayé pour le convaincre de venir mais je n’ai reçu aucune réponse. Il refuse même de m’ouvrir la porte. Je suis donc obligée de lui parler au travers la porte.


Je suis désespérée à ce niveau. J’ai tout fait pour convaincre Darnell de me laisser le voir mais en vain. Depuis une semaine qu’il est enfermé chez lui, je ne sais même pas comment il se porte. S’il mange, s’il prend soin de lui. Je n’en ai aucune idée. Hier j’ai dû lui demander de faire du bruit pour me rassurer qu’il est encore en vie et Dieu merci il l’a fait. Mais cet après-midi, je compte l’obliger à ouvrir la porte et pour ça il n’y a qu’un seul moyen. Ses enfants. Mon père a dû les faire partir en France le temps que leur père se reprenne. Je n’ai pas voulu qu’ils le voient comme ça. C’est aussi un moyen pour eux de visiter d’autres cieux. J’espère que d’ici la semaine prochaine Darnell se reprendra.


Après la visite à la clinique pour voir Zoé qui n’est toujours pas encore sortie du coma, je suis rentrée chez moi, me reposer et maintenant j’arrive chez Darnell,  essayer de le faire sortir de sa cachette. Nous sommes le 31 Décembre et je refuse de rentrer dans la nouvelle année dans cette situation. Je ne veux pas non plus que lui y entre dans cet état. Il doit se reprendre et si je ne l’y oblige pas, il restera ainsi encore longtemps.


Je frappe à sa porte et comme toujours je n’ai aucune réponse.


Moi : Darnell, s’il te plaît ouvre. Tu ne peux pas continuer ainsi.


Silence.


Moi : Ça fait une semaine que les enfants demandent de tes nouvelles. Ils désirent te parler.


Silence.


Moi : Je leur ai promis que tu les appellerais aujourd’hui.


Silence.


Moi : Teddy a pleuré hier parce qu’il voulait que tu lui racontes une histoire au téléphone avant qu’il ne dorme. Tes enfants se sentent abandonnés, Darnell. Que tu veuilles te couper du monde, ok. Mais ne te coupe pas des enfants. Ils sont tout petits et ils ont besoin de toi. Ouvre-moi s’il te plaît pour que je puisse les appeler. Je t’en prie.


Silence.


Moi : Ne le fais pas pour moi, mais pour les enfants. Après, je pars et je te laisse tranquille.


Je reste derrière la porte à attendre. Je n’entends aucun bruit. Je prie qu’il accepte de m’ouvrir. J’entends subitement le craquement de la serrure. Je souffle de soulagement. La porte s’ouvre légèrement mais pas plus. Je pousse et je vois Darnell se diriger vers le divan dans lequel il s’assoit. Il s’est caché la tête avec la capuche de son sweet.


Moi : Darnell !


Darnell : Tu as parlé d’appel.


Entendre de nouveau sa voix, bien qu’elle soit brisée, fait battre mon cœur d’amour deux fois plus que quand je l’ai vu. Sans attendre, je lance l’appel vers la France et après une brève discussion avec mon père, il me passe les enfants. Je leur passe à mon tour Darnell. Je reste à l’écart à l’observer. Il parle très faiblement mais je peux percevoir une fine joie dans la tonalité de sa voix. Je l’entends même rire doucement. Je balade mon regard dans la pièce. Tout est propre. Je me rends à la cuisine histoire de m’assurer qu’il se nourrit. Tout est propre. Néanmoins il y a des paquets de nourriture vide dans la poubelle. Je suis soulagée. Quand je reviens dans le salon, il a fini de discuter avec les enfants. Mon portable est posé sur la table devant lui. Je m’assois dans le fauteuil près de lui. Il garde la tête baissée.


Moi : Darnell…


Darnell : Tu as dit que tu partirais après.


Je ne m’attarde pas sur sa phrase.


Moi : Comment vas-tu ?


Darnell : Qu’est-ce que ça peut te faire ?


Moi : Beaucoup, parce que je t’aime. Bébé, tu ne peux pas continuer ainsi. Une nouvelle année va bientôt commencer et il te faut repartir de nouveau.


Darnell : Tu devrais t’en aller.


Moi : Oui, je m’en irai. Mais avant, je voudrais que tu saches que tu n’arriveras à rien comme ça. Tant que tu continueras à te morfondre tu n’arriveras à absolument rien. Tu as passé 33 ans de ta vie à penser que tu étais orphelin, et là tu découvres que non. Qu’il y a des chances que ta mère soit en vie et que quelque part encore tu as une sœur. Tu ne savais même pas que tu en avais. C’est donc là le moment pour toi de prendre du courage et te mettre à leur recherche. Ton but maintenant devrait être de les retrouver plutôt que de t’apitoyer sur ton sort. Sans t’en rendre compte tu délaisses tes enfants, ceux pour qui tu te bats pour être un bon père. Ils seront bientôt de retour. Tu veux qu’ils te voient dans cet état ?


Je pose ma main sur sa cuisse.


Moi : Tu ne me crois peut-être plus, mais je t’aime. Et je ne te le redirai jamais assez, je suis là pour toi. Je n’ai aucunement l’intention de t’abandonner, encore moins pour un autre. Mon homme c’est toi et je t’attendrai le temps qu’il faudra. Mais ne tarde pas s’il te plaît.


Je me lève et pose un baiser sur sa tête par-dessus la capuche. Je récupère mon portable et sors. J’espère que mes paroles le feront réagir.


Ma mère a organisé une fête avec ses amies pour le réveillon du nouvel an. Elle et ses copines que j’ai surnommées les cougars et chasseuses de diamant font à tour de rôle ce genre de fête juste pour s’exhiber et faire jalouser les gens. Il y a tout un tas de gens à cette soirée qui m'auraient intéressé si j’étais la Kayla d’avant. La croqueuse de diamant. Il y a des hommes de ma tranche et super classe comme j’aimais. Tous les parfums de qualité sont mélangés dans cette salle comme s’il s’agissait d’une concurrence. Les femmes sont en robe de soirée et les hommes en smoking. Tout respire le luxe à cette soirée. La Kayla d’il y a deux ans ce serait déjà chopée un ou deux mecs à qui elle ferait saigner les cartes de crédit. Mais celle qui est assise là, indifférente à tout ce qui se fait, ne désire qu'une seule chose. Être dans les bras de son photographe. Il n'y a que son parfum que je désire sentir. Il n’y a que ses bras que je désire sentir se refermer autour de moi. Il n'y a que de ses lèvres que j’ai envie de me délecter plutôt que ces champagnes hors de prix. Mon Dieu comme je peux l’aimer ce photographe. J'ai travaillé plus d'un an avec lui sans savoir que c’était lui l’amour de ma vie. La vie est bizarre parfois.


Je regarde mon portable et j'ai envie de l’appeler. Je lui envoie plutôt un message. Juste un “ Je t'aime ”.


« Puis-je vous inviter à danser ? »


Je relève la tête vers un des invités de ma mère. Je vois celle-ci derrière lui me faire des gestes d’accepter. Je suis sûre que c'est elle qui l'a conduit vers moi. Toujours à vouloir me mettre avec un homme.


Moi : Désolée, je ne ferai pas une meilleure cavalière ce soir.


Lui : J’insiste.


Moi : Moi aussi.


Voyant le sérieux sur mon visage, il renonce. Je vois ma mère foncer vers moi.


Maman : Non mais qu’est-ce qui te prend ?


Moi : Je n’ai pas envie de danser c'est tout.


Maman : Kayla tu veux rester mère célibataire ?


Moi : Ne t’inquiète pas. Je te présenterai bientôt un homme.


Maman : Qui s'est ? Il gère quelle entreprise ?


Je roule les yeux.


Moi : Bonne soirée maman. Et bonne année.


Je récupère ma pochette et me lève.


Maman : Où pars-tu ?


Moi : Je suis épuisée. Je rentre.


Maman : Mais la soirée commence à peine.


Je ne lui prête aucune attention. Je sors sans me préoccuper de tous ces regards d'hommes en chasse. Darnell a de plus beaux yeux et un plus beau regard qu'eux.


Il est 19h et je n'ai pas envie de rentrer chez moi. Il n'y a personne. Je conduis donc jusque chez Béca. Nos rapports se sont beaucoup améliorés même si je ne la fréquente pas beaucoup. Mais ce soir j'ai envie de discuter avec quelqu’un. J'ai déjà passé la journée avec les filles. Ce soir je veux me retrouver en famille. Je suis accueillie par la servante qui me conduit au salon où Max joue avec ses enfants. Ils sont accrochés à ses pieds. Cette image me fait sourire.


Moi : Bonsoir Max.


Max : Oh Kayla ! Bonsoir ma beauté.


Il marche difficilement avec ses enfants toujours accrochés et il vient me faire la bise.


Max : Béca s'est enfermée dans sa deuxième chambre pour fuir nos bruits.


Moi (riant) : Ok je l’y rejoins.


Je marche vers la chambre personnelle de Béca. Elle s'est choisie une deuxième chambre en dehors de la conjugale pour se retrouver seule de temps en temps. Je tape et entre. Béca mange des chips, assise sur son lit devant l'écran accroché au lit.


Moi : C’est donc ici que tu te caches.


Béca : Ouais. J'en ai marre des bruits de Max et ses gosses. Je me cache le temps que le dîner soit prêt.


Je m'assois près d'elle. Elle me tend les chips 


Béca : Tu en veux ?


Moi : Non merci.


Béca : Alors ? Comment vont papa et les enfants beaux yeux ?


Moi (souriant) : Les enfants vont bien. Le papa, c’est compliqué. (Je soupire) L'amour, c'est compliqué. Avant j'avais les hommes que je n'aimais même pas à mes pieds. Et maintenant, celui que j'aime me repousse sans cesse. Il me manque tellement.


Elle sourit.


Moi : Pourquoi souris-tu ?


Béca : Je suis juste heureuse qu'enfin tu sois une femme mature.


Moi : Je ne l’étais pas avant ?


Béca : Si je me réfère à la définition que tu donnais à l'amour, je dirai non. Tu veux savoir pourquoi je n’ai rien fait pour te mettre avec l'un des amis de Max ?


Moi : Pourquoi ?


Béca : Parce que tu les voulais juste pour te faire un nom et te faire voir. Tu n'aurais jamais pu séduire André ainsi. Il se coltinait déjà une arriviste donc il n'allait même pas te regarder. Léo était un coureur de jupon. En plus tu n'es pas son genre de femme. Maintenant, Terry YOUL. Tu devrais me remercier de t'avoir sauvé de cet homme. Toi tu es trop sensible et peureuse. Jamais tu n'aurais pu tenir avec lui. Terry avait besoin d'une tigresse à ses côtés, d’une femme plus folle que lui pour le dompter et dans ce vaste monde il n'y en avait qu'une seule qui soit faite à sa taille, Trisha. Tu n'aurais jamais supporté le 1/3 de ce qu'elle a vécu. Sais-tu que Terry avait mis sa femme en prison ?


Moi : Quoi ? Vraiment ? C’était donc lui ?


Béca : Eh oui. Elle était même enceinte. Mais tu vois qu'elle est encore là. Toi à sa place, tu serais déjà morte. Tu vois maintenant pourquoi je n'ai pas voulu que tu tentes quoi que ce soit avec lui. Je voulais que tu rencontres l’homme qui t'étais destiné, celui-là qui te ferait connaitre le vrai sens de l’amour et crois-moi, je savais que ce n’était pas Marc-Arthur.


Moi : Je t'ai donc détesté pour rien.


Béca : Absolument. Raconte-moi comment ça s’est passé avec monsieur beaux yeux.


Je souris. J'aime tellement ce petit surnom.


Moi : Je dirais que les choses se sont passées de sortes à ce que je n’ai le contrôle sur rien. Le temps pour moi d’ouvrir mes yeux, j’étais déjà tombée dedans comme on le dit. Mais je ne voulais pas l’accepter. Il ne remplissait en rien mes critères. Même au niveau beauté, il ne faisait pas le poids face à Marc-Arthur. Rien ne concordait entre nous. Te rends-tu compte que je suis son aînée de deux ans ? C’est tout ça qui m'a fait le fuir. A peine s’il arrivait à subvenir lui-même à ses besoins.


Béca : Les femmes rêvent toutes d'avoir des hommes riches. Pourtant la meilleure richesse c'est celle qu'on construit avec son mari ensemble. C'est tellement beau quand deux personnes vont de zéro pour devenir grand. Et crois-moi que tous ces hommes lâches qui ont abandonné leur femme après que la richesse ait frappé à leur porte ont fini par s'en mordre les doigts et les femmes ont trouvé mieux. Dieu rend toujours justice. Quand j’ai rencontré Max, il gérait les biens de sa famille. Mais il a eu envie, tout comme André de quitter l'ombre de son père. Il a quitté l’entreprise familiale pour créer la sienne. On dira que l’argent était déjà là, mais il fallait de bonnes idées pour fructifier cet argent. J'ai aussi passé des nuits blanches avec lui pour trouver des stratégies et des idées productives. Il y a eu des échecs par moment, mais j’étais là pour l'encourager. C’est ça le rôle de la femme. Si ton homme n'est pas à ta hauteur, bah tire-le vers le haut pour qu'il le soit. S’il n’est pas comme tu le veux, éduque-le. Ne dit-on pas que c’est l’homme qui fait l'homme ?


Ses paroles me réconfortent dans ma décision de rester avec Darnell et me donnent même des idées. Je savais que venir ici me ferait du bien. Je demande la route après encore quelques instants. Elle insiste pour que je reste dîner mais là je suis vraiment off.


Lorsque je gare ma voiture, je remarque une autre voiture magnifiquement décorée. Je me tourne vers le gardien mais il a déjà disparu chez lui. Il n’y a aucune carte. Je continue de me demander qui a pu me faire un tel cadeau en rentrant. Il y a des pétales depuis la porte jusque dans le salon. Par précaution je ne ferme pas la porte au cas où il s’agirait d'un psychopathe qui a des vues sur moi. Quand j'arrive au salon, je suis en même temps surprise et énervée. Marc-Arthur est debout avec un bouquet de rose dans une main et un cadeau dans l'autre.


Moi : Je peux savoir comment tu es rentré chez moi ?


Marc : Ta mère m'a donné un double des clés.


Moi : Je ne…


Je me souviens que lors de sa dernière visite elle n’arrêtait pas de jouer avec mon trousseau de clé.


Moi : Je peux savoir ce que tu me veux après m'avoir abandonné dans les filets de la police ?


Marc : Je suis sincèrement désolé bébé. Je devais disparaitre pour pouvoir prouver mon innocence.


Moi : Ah, parce que tu es innocent ?


Marc : Bien-sûr. Tu me connais très bien. Tu sais que je suis un mec réglo. Mais tout ça c'est derrière nous maintenant. J'ai pu prouver mon innocence donc maintenant je suis un homme libre. Je suis revenu pour que nous reformions notre famille. Je t'ai apporté des cadeaux.


Il s'avance avec ce qu’il a en main. Voyant que je n'ai pas l’intention de les prendre, il les pose et se rapproche encore plus de moi.


Marc : Tu m'as manqué ma puce.


Moi : Désolée mais ce n'est pas réciproque.


Je recule quand il passe rapidement son bras autour de ma taille et me colle à lui.


Marc : Je t’aime, Kayla.


Avant que je ne réplique il m’embrasse. Je suis prise de dégoût. Je me dégage violemment quand un bruit résonne dans mon dos. Je me retourne et qui vois-je ?


Moi : Darnell ?


Darnell est là, passant son regard de moi à Marc-Arthur.


Darnell : Désolé de vous avoir dérangé.


Il tourne les talons.


Moi : Darnell attend !


Je veux le rattraper mais je suis retenue de force par Marc-Arthur.


Marc : Tu restes ici avec ton mari.


Je me dégage et lui administre une baffe.


Moi : Tu ne poses plus jamais tes sales mains sur moi. Je ne suis plus ta femme parce que j’ai déjà entamé la procédure de divorce. Je ne t’aime plus. J'aime Darnell, le père de mon fils, et si tu essaies encore une fois de m’empêcher de le rattraper, je t'écrase les testicules. Retourne d’où tu viens.


Je sors en courant de la maison en espérant voir encore Darnell. J’espère qu’il n'est pas encore sorti du quartier et qu'il n'a pris aucun taxi. Je n'ai même pas pris ma pochette ni mon portable ni ma clé de voiture. Tout ça à cause de ce fou de Marc-Arthur.


Je cherche Darnell du regard mais ne le vois pas. Je continue d’avancer en courant presque lorsque je l’aperçois déjà à la sortie du quartier. Je me mets à courir derrière lui. Des gouttes de pluie commencent à tomber sur ma peau. Plus j’avance plus les gouttes tombent. Puis un coup, la pluie s’écrase sur le sol. Les gens courent se réfugier mais Darnell marche comme s'il ne sentait pas cette pluie sur son corps. Ma belle robe est toute mouillée, mes cheveux n'en parlons pas. Mais je m’en fiche. Je veux juste rattraper Darnell. Fatiguée de courir sur ses talons, je m’arrête et hurle le nom de Darnell qui n'est plus qu’à quelques pas de moi. Il s’arrête. Je souffle de soulagement. J’avance vers lui. Il est de dos 


Moi : Darnell !


Il ne se retourne toujours pas.


Moi : Je suis désolée pour ce que tu as vu. Ce n’est pas ce que tu crois.


Darnell : Retourne près de lui.


Moi : Je ne peux pas. Je ne peux pas être avec lui alors que celui avec qui je désire être c'est toi.


Il ne dit rien. Je me rapproche beaucoup plus de lui.


Moi : Tu me connais. Tu sais que si c’était lui que j'avais de nouveau choisi je ne me serais pas aventurée à te courir après sous cette pluie. Tu penses vraiment que je me serais permise de mouiller une robe de 100 000 FCFA et gâcher une coiffure de 125 000 FCFA pour quelqu'un qui n'en vaut pas la peine ? Tout ça n'a plus d’importance pour moi. Je suis prête à rester sous cette pluie avec toi jusqu’au levé du jour.


Je lève lentement la main et la pose sur son dos. Il frémit.


Moi : Parle-moi bébé. Je suis là.


Un ange passe et repasse. Par sa respiration je le sens se détendre peu à peu. Il desserre ses poings. Lentement il se retourne. Quand il lève les yeux, mon cœur se brise. Son regard est plein de tristesse. J'arrive même à voir ses yeux se remplir de larme.


Darnell : Je… Je me sens seul.


Je me rapproche de lui.


Moi : Et je suis là.


Darnell : J’ai mal.


Moi : Je sais, bébé.


J'ai du mal à ne pas pleurer devant autant de désolation. Mes larmes se mêlent à l'eau qui tombe sur mon visage.


Darnell : J'ai… besoin de toi. Ne me laisse pas s'il te plait.


Moi (pleurant) : Oh Dieu ! Je ne pourrai jamais t'abandonner.


Je passe mes doigts tous tremblants sous ses yeux pour essuyer ses larmes que je vois couler sous ces grosses gouttes d'eau.


Moi : Comment veux-tu que je parte si tu tiens mon cœur ? Laisse-moi te donner une famille. Avec les enfants, tous les quatre, nous formeront une belle famille. La nouvelle famille MENSAH. On aura même d’autres enfants si tu le désires.


Je colle mon front au sien. Je tremblote légèrement.


Darnell : Tu vas prendre froid.


Moi : Prends-moi donc dans tes bras.


Je sens ses mains passer dans mon dos. Quand il me ramène contre lui, j'éclate en sanglot et m’accroche à son cou. Comme ça fait longtemps qu'il ne m'a pas touché. Son corps est pris de soubresaut. Il pleure. Il resserre ses bras autour de moi. Je fais de même.


Moi : Je suis là bébé. Je suis là.


Darnell : Je m'en veux tellement. C'est de ma faute s’il est mort.


Moi : Tu n'as rien fait. Tu n'avais que 3 ans et tu étais encore inconscient à cet âge-là. Tu n'y es pour rien. Ne te culpabilise pas je t'en prie.


Darnell : J'ai l’impression de ne plus savoir qui je suis.


Je me détache et prends sa tête en coupe. Je l'oblige à me regarder.


Moi : Tu es Darnell MENSAH. Le père de Coralie et Teddy MENSAH. Tu es aussi un très bon photographe qui se fait une renommée au fur et à mesure. Et tu es mon homme à moi. Je te promets, là sous cette pluie, de remuer ciel et terre pour retrouver ta sœur et ta mère. Je n’arrêterai pas tant que ça ne sera pas fait. Je resterai à tes côtés jusqu’à ce que la mort nous sépare. Je t’aime Darnell, toi et toi seul.


Ce regard qui a toujours eu pour don de me faire fondre réapparait. Il m'attire de nouveau contre lui et cette chose que j’attendais depuis des jours se produit. Ses lèvres tremblantes et mouillées se posent sur les miennes. Je plane dans un cocktail de sensations merveilleuses. Je suis enfin dans les bras de mon homme. Je sens enfin ses lèvres frémir contre les miennes. J’ouvre la bouche et nos langues valsent au rythme des battements de nos cœurs. Je perds pied par ce baiser si tendre, si envoutant. Nous restons sous cette pluie à vivre cette magie. Plus rien ne compte en ce moment. Il n'y a que nous deux. Ce baiser si doux provoque tant de chose agréable en moi. Être dans les bras de la bonne personne, c'est ça l'amour.


Nous entrons dans notre chambre d’hôtel avec nos vêtements mouillés. Darnell n'a pas voulu rentrer chez lui et moi je n’avais pas envie qu’on retourne chez moi au risque de revoir Marc-Arthur. Nous nous sommes donc rendus dans un hôtel où je suis reconnue comme une fidèle cliente ce qui me confère certains privilèges. C'est d’ailleurs un de ces privilèges qui m'a permis d’avoir droit à une chambre sans que je n’aie donné aucun sou. J'ai expliqué que mes effets étaient restés chez moi à cause d'une urgence. Vu aussi l’état dans lequel nous étions, ils ont eu pitié. La pluie avait même cessé avant que nous n'arrivions. Demain donc je pourrai rentrer et revenir payer.


J’oblige Darnell à avaler quelque chose vu comme il a perdu du poids. Pendant ce temps je vais prendre une douche. Quand je finis, il me remplace. J'en profite pour bien ranger nos vêtements mouillés que je donne au service de chambre pour qu'il les lave. Quand je reviens dans la chambre, Darnell a fini de prendre sa douche. Il sort avec une serviette nouée au rein. Je vais vers lui. Je glisse mes doigts dans sa barbe de plusieurs jours.


Moi : Que veux-tu faire maintenant ?


Darnell : Dormir. Je manque de sommeil.


Moi : Ok.


Je me couche sur le lit et je lui fais signe de venir se coucher sur moi. Il s’exécute. Il se positionne entre mes jambes et pose sa tête sur mon ventre. Je garde uniquement sur nous la lumière de la veilleuse. Je promène mes doigts dans ses cheveux et sur son dos pour l’apaiser. Sa respiration ne tarde pas à se faire régulière. Le bruit des feux d’artifices dehors me fait lever les yeux. Des cris résonnent dans la ville. Je jette un coup d'œil à la veilleuse. Il est minuit. Je regarde Darnell endormi. J'ai enfin réussi à réparer mes erreurs. Je pose un baiser sur sa tête.


Moi : Bonne et heureuse année mon amour.


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