Épisode 15
Write by Mona Lys
Episode 15
LAURENCE
Nous avons finalement terminée la journée chez Hélène. Nous avons déjeuné dans un restaurant avant qu'elle ne propose de nous rendre chez elle prendre le dessert. Il y aurait des restes de la bûche de Noël qu'elle avait elle-même faite. Hélène, je l'ai connu il y a six mois. Elle était la parente d’un de mes patients à la clinique. Jusqu’à ce que son parent guérisse, nous avons sympathisé. C’est elle qui faisait le premier pas à chaque occasion. Elle ne m’a pas caché qu’elle était attirée par moi. J’ai voulu lui dire que ce n’était pas la peine de tenter quoi que ce soit parce que je n’étais pas disposé à me mettre en relation. Mais après mûre réflexion, j’ai décidé de me laisser aller. Je lui ai quand même dit que nous irions par étape sans précipitation. Dieu merci elle est compréhensive. Elle ne m’a pas brusqué une seule fois. Elle est très patiente pour une femme qui désire un homme. Et ça, ça me plait chez elle. J’aime sa compagnie. Elle est très douce. J'aime aussi ce côté indépendant qu'elle a. Elle est PDG de sa propre boite qu’elle dirige d’une main de fer. Au fait, cette femme referme en elle seule toutes ces choses qui peuvent m’attirer chez une femme. Peut-être que je devrais nous donner une chance histoire de voir ce que ça donnera.
Depuis mon dernier déboire amoureux avec Zoé, je n’ai plus fréquenté de femme. J’ai passé ces deux années à m’occuper de ma fille pour lui éviter de ressentir un manque d'affection quelconque, en l’occurrence celle d’une mère.
Hélène : Alors tu aimes mon gâteau ?
Moi : Oui. Même si je crois pouvoir faire mieux.
Hélène (souriant) : Ah bon ? J’aimerais bien voir ça.
Moi : A notre prochain rendez-vous je te ferai déguster la meilleure bûche du monde.
Hélène : Il y aura donc un prochain rendez-vous ?
Moi : Apparemment oui.
Elle se rapproche de moi.
Hélène : Est-ce que ça veut dire que je me rapproche peu à peu de ton cœur ?
Moi : Peut-être bien.
Elle rapproche doucement son visage du mien.
Hélène : Peut-être que tu devrais ôter pour de bon cette barrière autour de ton cœur pour m’y laisser entrer.
Moi : J’essaie, je t’assure.
Hélène : Si je fais ça, ça t’aidera sans doute à faire un plus gros effort ?
Elle rapproche ses lèvres et capture les miennes. Je la laisse faire. Ça me fait étrange de laisser une femme m’embrasser. Elle ne me laisse pas le temps de réfléchir qu’elle s’assoit sur moi en califourchon. Je la laisse encore faire. Elle s’attaque aux boutons de ma chemise. Je sens par la suite le contact de ses mains sur mon torse.
Hélène (gémissant) : Oh Laurence !
Cette façon qu'elle a de prononcer mon nom me ramène violemment deux ans en arrière. Zoé adorait dire mon nom quand nous faisions l’amour. Elle adorait me toucher. Des flashs de nos ébats remplissent mes yeux clos. Je la vois s’agripper à moi à chaque coup de rein. Je me revois embrasser son ventre arrondi et je la vois heureuse dans mes bras.
Moi : Non, stop. Je ne peux pas.
Hélène : Quoi ?
Je me masse le visage.
Moi : Je… je ne me sens pas encore prêt. Il faut que je rentre. La nuit commence à tomber.
Je la relève de sur mes jambes sous son regard plein d’incompréhension et de frustration. Je mets de l’ordre dans la tenue, prends mes clés et sors. Je lance un juron quand je suis seul. Zoé, Zoé. Je croyais que te détester tuerait l’amour que je ressentais pour toi. Mais faut croire que non. Je sais que je lui en veux terriblement de nous avoir abandonné Malia et moi. Ça n’aurait dépendu que de moi que jamais je ne l’aurais laissé revenir dans nos vies. Mais il n’y a pas que moi dans cette histoire. Je l’ai détesté pendant deux ans. Seulement, sa réapparition a tout chamboulé. Depuis son retour je ne fais que penser à elle. Je me tue pourtant à éviter cela mais elle force l’accès à mon esprit. C’est pour cette raison que je reste loin d’elle. C'est pour cela que je continue à être des plus désagréables avec elle. Pour ne pas succomber. Je veux continuer à la voir comme une ennemie. Je ne veux même plus lui donner accès à ma vie.
Pourtant, malgré tout ça, je l'observe lorsqu'elle a le regard tourné. J'ai remarqué son grand changement. Je peux dire qu'elle est loin d’être la Zoé d'il y a deux ans. Elle m'a l'air plus mature, plus déterminée, plus courageuse. Toutes ces choses que j'ai toujours voulu qu'elle soit. Mais maintenant qu'elle l'est, il est trop tard pour nous. Je ne me sens pas prêt à retourner avec elle.
Pendant que je conduis, je reçois un appel d'un numéro inconnu.
Moi : Allô ?
« Voix : Allô tonton. C’est Nadia. »
Moi : Pourquoi m'appelles-tu d'un numéro inconnu ?
Je remarque après ma question son air affolé. Je crois même qu'elle pleure. Je perçois dans le fond du grabuge.
« Nadia : Tonton, il y a incendie à la maison. Tout est en train de prendre feu. »
Moi : QUOI ? Et Malia ?
« Nadia : Elle est avec moi. Elle va bien. Mais… »
Elle se met à pleurer bruyamment. Elle parle mais je ne comprends rien. Il y a trop de bruit. Je crois même entendre le bruit d'une sirène. Je raccroche et appuie sur l’accélérateur. N'étant pas très loin, j'arrive très vite mais je suis obligé de garer à une bonne distance. Je cours vers mon immeuble qui est en feu à un étage en dessous de là où je vis. Si les pompiers ne se magnent pas le feu s’étendra sur un autre étage. Ils sont déjà en train de s'activer. J’aperçois à une cabine de l’autre côté de la voie, Nadia qui tient Malia. Je cours vers elle. Je prends ma fille dans mes bras et la serre très fort.
Moi : Nadia ça va ? Vous n'avez rien ?
Nadia (pleurant) : Ça va tonton.
Moi : Arrête donc de pleurer. Tout va bien. Les pompiers vont vite éteindre le feu.
Nadia : Tonton c’est pas ça. Tantie… tantie est restée là-bas.
Moi : Quelle tantie ?
Nadia : Maman Zoé. C’est elle qui nous a fait sortir quand le feu a commencé mais quand elle voulait descendre, ça explosé et elle est tombée dans le feu.
Cette information fait un beugue à mon cerveau. Mes mains deviennent toutes moites. Tous les scénarios possibles me passent par la tête. Zoé est coincée là-haut. C'est une explosion qui me ramène sur terre. Les personnes curieuses qui observaient le feu se dispersent en paniquant. Je jette Malia dans les bras de Nadia et fonce vers l’immeuble. Je veux entrer dans l’immeuble, essayer de voir si je peux faire quelque chose lorsque je suis accosté par un pompier.
Moi : Il y a une personne coincée là-haut.
Pompier : Oui nous le savons. C'est justement elle que mes collègues sont montés chercher. Il y a des ambulanciers avec eux. Veuillez rester à l'écart s'il vous plaît.
Sa phrase à peine terminé qu'un brancard est tiré et encerclé par quatre hommes. Je cours vers eux avant qu'ils n'arrivent à mon niveau. Je suis d’abord accueilli par l'odeur de la chaire brûlante. Quand par la suite je vois Zoé, je sens mon âme me quitter. Elle est toute recouverte de fumée et le côté droit de ses habits est calciné. Je vois même sa chaire brûlée. Je suis pris dans un torrent d’émotion et je me surprends à verser une larme. Étant Docteur je peux aisément deviner son état. Je tourne la tête vers Malia qui s'est mise à pleurer. Je suis à ce moment piqué par une sorte d’optimisme, de déni je dirai. Au fait je n’en sais rien. Je suis Docteur et tant que le cœur n'a pas encore arrêté de battre, il y a de l’espoir. Je me précipite vers les ambulanciers qui ont installé Zoé dans l’ambulance. Je sors la carte professionnelle.
Moi : Je suis Docteur. Quel est son état ?
Infirmier : Critique Docteur. Il nous reste peu de temps pour la sauver.
Moi : Je demande à ce qu'elle soit conduite dans ma clinique sur le champ.
Infirmier : Le CHU attend déjà son arrivée.
Moi : Et moi je dis de me suivre. Il s'agit de ma… femme. Elle s’appelle Zoé AMENAN.
Ils acquiescent. Je leur donne le nom de ma clinique qu'ils connaissent et nous nous y rendons sans perdre de temps.
J'ai confié Zoé à mon collègue. Je ne me sentais pas prêt pour affronter une telle chose. La femme que j'aime à moitié calcinée. C'est au-dessus de mes forces. Je tourne en rond sur moi dans mon bureau. J'ai prévenu la famille de Zoé qui m’a très vite rejoint. Ils sont aussi dans mon bureau. J'ai envoyé Nadia et Malia chez ma mère.
Selon les informations, le corps de Zoé était à deux étages plus bas après qu'elle ait été propulsée par une explosion. C’est ce qui a évité qu'elle soit totalement calcinée. Mais elle est quand même brûlée. A première vue, je dirais au premier degré. Mais rien n'est encore clair. J’attends toujours mon ami. La mère de Zoé ne cesse de pleurer tout en essayant de formuler des prières.
Après 6 heures d’attente, mon collègue Albert fait son entrée dans mon bureau. Nous lui tombons presque dessus.
Moi : S'il te plait dis-moi qu’elle est en vie.
Albert : Elle l'est. Mais.
Mon cœur tombe direct dans mon ventre.
Albert : Nous allons attendre les prochaines heures ou jours pour savoir si elle est réellement tirée d’affaire. Pour les brûlures, elle s’en remettra. Néanmoins, son état est un peu critique.
Maman Zoé : Ça veut dire quoi ?
Albert : Elle est présentement dans le coma. Si elle survit, il est possible qu'elle perde la mémoire parce qu'elle a reçu un choc au crâne. Aussi...
Il pousse un soupir.
Moi : Quoi ?
Albert : Il est aussi possible qu'elle perde la mobilité de ses jambes. Sa chute a fait plus de dégâts que le feu. L’explosion l’a violemment projeté contre le mur et si elle s’est retrouvée à deux étages plus bas, c’est qu’elle a beaucoup roulé dans les escaliers. Mais comme je l'ai dit, ce sont des possibilités. Tout sera plus clair quand elle se réveillera. Espérons donc qu'elle contre les diagnostics.
Cette nouvelle nous plonge tous dans une profonde désolation. Je me rassois dans mon siège lentement comme si on venait de m’annoncer qu’il ne me restait qu’une heure à vivre. Mais c’est tout comme. Je ne me sens pas capable de regarder Zoé soit mourir, soir être transformée en une loque humaine. Il y a de fortes chances qu’elle sorte amnésique et paralysée. J’ai déjà eu des patients avec ces mêmes diagnostics et c’était facile pour moi de l’accepter, bien que compatissant, parce que je ne les connaissais pas. Mais là il s’agit de Zoé, la mère de ma fille, la jeune femme qui détient mon cœur depuis qu’elle est entrée dans ma vie. Je ne me sens pas capable de supporter une telle épreuve. C’est au-dessus de mes capacités. M’occuper d’autres patients c’est facile, mais d’une personne qui m’est proche et qui plus est dans cet état, me dépouille de tout courage.
Albert : Tu veux prendre la relève ?
Je passe une main sur mon visage.
Moi : Non, continue. Je t’assisterai juste.
Albert : Ok.
Joe, le frère de Zoé, lâche sa mère qui pleure dans les bras de son autre fils, et il vient vers nous.
Joe : Quand est-ce qu’on pourra la voir ?
Albert : Une fois ses pansements terminés. Je vous ferai signe. J’aurai aussi besoin d’autorisation pour lui faire subir une opération crânienne. Comme je l’ai dit, elle a reçu un choc à la tête et quelques infimes caillots de sang s’y sont logés. Nous devons aussi lui opérer les jambes pour mettre assez de chance de notre côté pour qu’elle puisse remarcher.
Joe : Pas de souci Docteur. Faites tout le nécessaire pour la sauver. Pour les factures, on pourra gérer.
Albert : Bien. Je vais voir où ils en sont avec les pansements et je vous reviens.
*Mona
*LYS
Après avoir passé toute la nuit et la moitié de cette nouvelle journée enfermé dans mon bureau de peur d’aller voir Zoé dans sa chambre, je rentre chez moi tout épuisé et les yeux près à se fermer. Autant il m’était difficile de me maitriser, autant il était difficile à la mère de Zoé de quitter la clinique. J’étais à deux doigts de lui permettre de rester au chevet de sa fille mais il était impératif que Zoé reste isolée dans une chambre après son opération qui a été un succès. Il ne reste plus qu’à attendre son réveille. Je n’ai toujours pas eu assez de courage pour la voir. J’ai juste assisté à l’opération sans intervenir afin d’être sûr que tout est fait comme il se doit.
Le feu a fait plus de dégât dans les maisons du deuxième étage que dans les escaliers. Le proprio est présent pour constater les dégâts. Je monte chez moi et la première image qui me fouette au visage, c’est Zoé arrêtée près de la table à manger dans cette jupe taille haute qui dessinait parfaitement sa silhouette. Je l’avais trouvé tellement belle dans sa tenue si sexy mais qui était loin d’être vulgaire. Je crois que je ne l’avais jamais vu aussi belle. J’en avais été troublé mais j’ai dû me contenir. La dernière fois que je l’avais vu c’était exactement là, où elle avait servi mon plat préféré mais j’avais refusé de manger. J’avais été surpris qu’elle ait fait la cuisine mais en même temps enchanté qu’elle ait fait cet effort rien que pour moi. J’aurai dû accepter et manger ce qu’elle avait cuisiné pour moi avec amour. Si je l’avais fait, je serais présent quand l’incendie a éclaté et j’aurais pu la protéger. C’est de ma faute si elle se retrouve dans cet état. Tout est entièrement ma faute. Elle a eu cet accident en voulant sauver notre fille. Mais c’était mon rôle à moi de les sauver. Je ne sais pas si je me pardonnerai cette absence.
La sonnerie du portable de Zoé posé à même le sol me fait sortir de ma torpeur. Je marche lentement le récupérer. Je vois le nom de Kayla s’afficher. Ce doit être son amie, sinon l’une de ses amies. Je me permets de décrocher. Je dois informer ses meilleures amies de ce qui lui arrive.
« Kayla : Enfin Zoé tu réponds. »
Moi : Bonsoir Kayla. C’est Laurence.
« Kayla : Oh. Désolée. Bonsoir Laurence. Comment te portes-tu ? »
Moi : Ça pourrait aller.
« Kayla : Elle est là, Zoé ? »
Moi : Au fait euh, je n’ai pas de très bonnes nouvelles.
« Kayla : Qu’il y a-t-il ? »
Moi : Il y a eu un incendie dans l’immeuble où je vis. Et Zoé, Zoé en a été victime.
« Kayla (hurlant) : Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Ne me dis pas s’il te plaît qu’elle est… Non ! »
Moi : Non, non. Elle est en vie mais dans un état un peu critique.
Par le bruit qu’elle fait, j’en déduis qu’elle retient un sanglot. Elle ne cesse de répéter le nom de Dieu avec une voix brisée. Cette fois elle pleure.
Moi : Je suis désolé. Je n’aurais pas dû te l’annoncer comme ça.
« Kayla : Non, ce n’est pas toi. Elle se trouve dans ta clinique ? »
Moi : Oui. Mais elle ne peut recevoir de visite jusqu’à demain, le temps qu’on termine toutes les interventions sur elle.
« Kayla : Oh mon Dieu ! Pourquoi ? Et Malia ? »
Moi : Elle se porte bien grâce à Dieu et à Zoé qui l’a sauvé à temps.
Elle pousse un soupir de soulagement mais en même temps de désespoir.
« Kayla : Ok, je vais prévenir les filles. On passera la voir donc demain. Prends soin d’elle s’il te plaît. Et sans vouloir te dicter quoi que ce soit, je te prie de ne pas l’abandonner. Elle t’aime tellement si tu savais. Elle a besoin de toi à ses côtés pour mieux guérir. »
Je ferme les yeux. Ces propos me font de l’effet. « Elle t’aime tellement si tu savais. » c’est bien ce qu’elle venait de dire. Face à mon silence, Kayla raccroche. Le portable de Zoé toujours en main, j’ouvre les yeux et tombe sur son fond d’écran dont la lumière est vive dans mes yeux. Je manque de sommeil. Voir son visage si souriant avec près d’elle Malia me comprime le cœur. J’image ce sourire disparaitre à jamais et mon cœur bat douloureusement. Je ne veux pas que ce sourire disparaisse. Je veux continuer à le voir, à la voir elle, avec notre fille. Comme je donnerais tout pour reprendre la journée d’hier exactement au moment où elle m’invitait à table. S’il m’était possible, plutôt que la planter et partir avec une autre, je l’embrasserais et lui dirais à quel point elle m’avait manqué ces deux dernières années. Et que même si je me tuais à la détester, mon cœur lui n’était pas de cet avis.
Je ferme les yeux quand un flot d’émotion me parcourt tout le corps. Je la revois couchée sur ce brancard à moitié morte et le côté brulé. Je lâche un sanglot que j’ai trop longtemps retenu. Je ressens un profond vide en moi à l’idée qu’elle ne pourrait survivre. Ça faisait aussi partie des possibilités dans son état. Albert n’avait pas voulu causé des maux de cœur à la mère de Zoé raison pour laquelle il a juste parlé des effets secondaires de l’incident. Je ne me sens pas prêt à supporter une mort, déjà que j’ai du mal à me rendre dans sa chambre. Mon cœur se brise encore plus si bien que j’ai l’impression de manquer d’air. Je me libère totalement de toute cette amertume dans un grognement. Je sens des mains aussitôt m’entourer. Sans ouvrir les yeux, je reconnais le parfum de ma mère. Je me souviens n’avoir pas fermé la porte en rentrant. Je me laisse aller dans ses bras en pleurant comme un gamin. Ma mère me serre très fort.
Maman : Libère-toi chéri. Vas-y !
Moi : Je ne veux pas qu’elle meure. Elle a fait des erreurs, mais elle ne mérite pas un tel sort. Je suis prêt à tout lui pardonner mais il faut qu’elle reste avec moi. Elle doit s’accrocher, maman.
Maman : Dieu fera grâce. Garde la foi en lui.
Je reste ainsi dans les bras de ma mère et me libère de cette boule sur mon cœur jusqu’à m’en dormir.
Ça fait cinq jours que Zoé est toujours dans le coma et son état n’a toujours pas évolué. Il est statique. Je passe mes jours et mes nuits à la clinique et ne rentre que pour prendre une douche et me changer. Malia est toujours avec sa nounou chez ma mère. Les amies de Zoé, Kayla et Ashley viennent tous les jours à son chevet. Même ce matin elles étaient présentes. Vanessa est encore convalescente à cause de son accouchement mais elle a fait un virement d’une somme conséquente comme participation pour les soins de son amie. Tout le monde passe la voir, sauf moi. Mais il va bien falloir. Arrêté à ma fenêtre à regarder la pluie s’abattre sur la ville, j’entends mon assistante poser les résultats des derniers examens de Zoé sur la table. Elle m’informe par la même occasion qu’il y a quelqu’un qui désire me voir. Je lui demande de faire entrer la personne en allant reprendre place derrière mon bureau. Quand elle sort, c’est au tour d’Hélène de rentrer. A sa vue, je me retiens de lancer un juron. Je l’avais complètement oublié. Depuis l’incident, je l’ai complètement zappé. Je ne prenais même plus ses appels tant mon esprit était préoccupé.
Je lui demande de prendre place en accordant dans mon esprit les bons mots pour éviter de lui faire mal.
Hélène : Comment vas-tu ?
Moi : Bien, et toi ?
Hélène : Idem. Ça fait une semaine que je n’ai plus de tes nouvelles et je suis passée voir si tout allait bien. J’ai rencontré Nadia au supermarché hier et elle m’a tout raconté.
Moi : Je suis désolé pour mon silence. J’avais besoin de m’être un peu d’ordre dans les émotions. Ecoute, je…
Je prends une profonde inspiration.
Moi : Je suis désolé que les choses se passent ainsi. C’était à moi de venir à toi mais bon.
Hélène : Pas grave.
Moi : Cet incident m’a permis de voir un peu clair dans ma vie, et…
Je cherche les bons mots. Je n’ai vraiment pas envie de la blesser surtout en sachant ce qu’elle ressent pour moi.
Hélène : Et tu aimes toujours la mère de Malia.
Je lève les yeux sur elle. Ça sonne comme une affirmation mais en même temps comme une question.
Moi : C’est ça. Ecoute, je n’ai jamais voulu te faire du mal. Je voulais même tenter le coup avec toi. Seulement voilà, cet incident m’a ramené à la réalité. J’aime Zoé et je veux être là pour elle. Je veux reformer ma famille. Malia a le droit d’être avec sa mère surtout quand celle-ci fait mains et pieds pour obtenir notre amour et notre pardon. Je suis vraiment désolé.
Hélène : Je comprends. Je l’ai compris quand tu m’as repoussé chez moi et pris la fuite.
Moi : Je suis désolé.
Hélène (souriant) : Non tu n’as pas à l’être. On ne peut lutter contre l’amour. Je suis ravie que tu aies été sincère avec moi. Ça prouve que je ne me suis pas trompée sur ton compte.
Son sourire m’enlève un poids. Je sais qu’elle est déçue mais telle la bonne femme que je lui reconnais, elle laisse un homme qui ne lui appartient pas partir sans essayer de le retenir malgré son gré.
Moi : Merci.
Hélène : Alors, comment va-t-elle ?
Moi : Soit elle se réveille, soit… elle y passe. Et si elle se réveille, elle risque de finir amnésique et paralysée.
Hélène : Oh. Je suis vraiment désolée. Je prierai pour qu’elle se rétablisse.
Moi : C’est gentil.
Hélène : Je vais maintenant y aller. Je dois célébrer la fête du nouvel an en famille. Bonne année en avance Laurence.
J’avais complètement zappé que nous sommes le 31 Décembre. Je me chagrine à cette pensée. Zoé qui aime tant les occasions de fête ne verra pas cette traversée.
Moi : Bonne année.
Quelques heures après le départ d’Hélène, je continue de lutter avec cette envie de me rendre dans la chambre de Zoé. Je reste dans mon bureau à jouer avec son bracelet qui se trouvait dans ses effets. Constater qu’elle le portait m’a fait me sentir deux fois plus mal. Je ressens profondément le désir d’être à ses côtés. Je veux entrer dans la nouvelle année près d’elle.
Je sors de mon bureau et le cœur battant à tout rompre, je marche vers sa chambre. J’inspire et expire plusieurs fois avant de pousser la porte de cette chambre. Un pas après l’autre, j’entre en fixant le corps allongé dans le lit. Elle a une bande sur la tête, un collier cervical au cou. Son bras droit a été bandé à cause des brûlures. Mentalement je vois la bande qui lui entoure le ventre. Elle a aussi des brûlures un partout sur le ventre, mais rien d’alarmant. Je referme derrière moi et me rapproche d’elle sans quitter son visage des yeux. Elle m’a l’air si paisible. J’ai vraiment du mal à voir cette image d’elle, celle qui aime tant s’amuser, qui aime tant la vie, qui aime tant la joie. Pourquoi a-t-il fallu que ceci t’arrive ? Ce n’est pas juste.
Je m’assois près d’elle et lui touche la main. Elle est toute glacée. Je la relève lentement et y pose dans le dos un baiser. Je repose sa main et je me penche par-dessus son visage. Je glisse un doigt sur sa joue.
Moi : Hey ! C’est moi, Laurence.
Ma voix se brise. Doucement je me racle en me retenant de me laisser emporter par les émotions.
Moi : J’ai… j’ai besoin de toi, Zoé. Je te pardonne tu m’entends ? Je ne t’en veux plus, et tu sais pourquoi ? Parce que je t’aime comme il ne m’a jamais été permis d’aimer. Ne me laisse donc pas vivre cet amour tout seul. J’ai besoin de toi pour le partager. Malia a aussi besoin de sa petite maman. Bébé, s’il te plaît, ne nous abandonne pas. Pas maintenant. Ouvre les yeux je t’en supplie. Je te promets de manger tout ce que tu me cuisineras même si ça n’a aucun goût. Je te promets de t’envoyer tous les soirs au restaurant si tu le désires. On fera toutes les folies que tu veux. On fera l’amour trois fois par jour parce que je sais que tu aimes quand je suis en toi. On fera tout ce que tu veux bébé, juste réveille-toi. Je ne suis pas encore disposé à te perdre. Pense à tout ce que nous avons partagé il y a deux ans, pense à Malia et bats-toi pour nous revenir. Tu es celle que je désire avoir dans ma vie. Toi et personne d’autre. Je t’aime plus que l’infinie.
Je pose un baiser sur ses lèves. A ce contact de nos lèvres, je frémi. J’ai cette jeune femme dans la peau. Sentant les émotions venir violement dans mes tripes, je décide de sortir d’ici. Je pose un dernier baiser et me relève. Je marche vers la porte en essuyant cette fine larme qui menaçait de sortir. Un grondement de tonnerre me fait légèrement sursauter. Un autre bruit de tonnerre, plus fort, se fait entendre.
« Lau… rence »
Mon cœur rate un battement. Ai-je rêvé ?
« Laurence »
Je me retourne précipitamment. Non, je n’ai pas rêvé. Elle m’a bien appelé. Ses doigts bougent, ses paupières aussi. Lentement, très lentement, ses yeux s’ouvrent. Une vague de joie émerge en moi. A pas pressés, je retourne près d’elle.
Moi : Je suis là.
Elle cligne des yeux plusieurs fois avant de bloquer son regard sur moi.
Zoé : Laurence.
Je souris de soulagement. Je fais la première chose qui me passe par la tête. Cette chose que je m’étais promis faire si elle ouvrait les yeux. Je l’embrasse. Ressentir ses lèvres contre les miennes me fait un bien fou. Je libère ses lèvres et pose mon front contre le sien.
Moi : Te souviens-tu de moi ?
Zoé : Comment oublier l’homme que j’aime ?
Cette déclaration m’enlève un poids. Je souris et ouvre les yeux. Elle veut faire un mouvement mais se retient quand une douleur la traverse. Elle gémit douloureusement.
Moi : Doucement. Tu es blessée.
Zoé : Qu’est-ce qui s’est passé ?
Moi : Tu as eu un choc causé par une explosion après que tu aies sauvé notre fille.
Zoé : Oh mon Dieu Malia !
Moi : Elle se porte bien.
Je caresse sa joue.
Moi : Comme tu m’as manqué.
Elle sourit.
Zoé : Tu as dit que si je me réveillais, tu me pardonnerais.
Pour toute réponse je l’embrasse de nouveau.
Moi : Je n’ai rien à te pardonner, bébé. Je t’aime.
Zoé : Je t’aime, Laurence.
Je l’embrasse avec beaucoup plus de profondeur oubliant qu’elle revient d’un coma et qu’il me faut d’abord l’examiner. Elle lève lentement sa main valide et la pose sur ma nuque. Je sens quelque chose mouiller mes joues. J’ouvre les yeux et remarque qu’elle pleure. Je nettoie ses larmes avant de pose un baiser sur chacune de ses joues.
Zoé : J’ai mon pied qui me démange.
Cette nouvelle fait tilt dans ma tête. Je me place à ses pieds et sors de ma blouse un stylo dont je passe le bout sous son pied droit.
Moi : Est-ce que tu sens quelque chose ?
Zoé (souriant) : Oui. Ça chatouille.
Je fais de même sur l’autre pied. Elle fait oui de la tête. Fou de joie, je repars vers elle l’embrasser.
Moi : Tout va bien maintenant, bébé. Tu es saine et sauve.
Elle sourit. Nos paires d’yeux à tous les deux sont brillants de larmes. Des cris de joies proviennent du couloir. Je lève la tête vers l’horloge. Il est minuit. Elle passe son doigt sous mon œil pour essuyer une larme.
Zoé : Qu’est-ce qui se passe ?
Moi : Bonne année.
Elle sourit.
Zoé : Bonne année à toi.
Front contre front, nous restons. Nous sommes seuls dans notre monde, à ravivez notre amour dans le bruit des feux d’artifices qui explosent dans le ciel dégagé de toute pluie. Quelle belle façon de débuter l’année.