Épisode 18
Write by Mona Lys
Episode 18
KENDRICK
Il faut que je fasse quelque chose. Je ne peux pas rester là à ne rien faire et laisser Kennedy continuer à traiter Cindy comme il le fait. J’ai entendu tout ce qui s’est passé jusqu’à ce que l’appel se coupe après un fracas. J’ai entendu Ken lui hurler dessus et j’ai entendu aussi Cindy crier sans cesse. J’ai entendu Ken la frapper. J’ai entendu Ken frapper la femme que j’aime et il m’est dorénavant impossible de rester dans l’ombre. Il faut que je fasse quelque chose. Mais avant de prendre une décision je veux d’abord entendre la voix de Cindy pour savoir comment elle va. Ça fait une semaine que je n’ai plus de ses nouvelles. Son contact ne passe plus pourtant je ressens grave le besoin de l’entendre. Je veux l’entendre me dire ce qui se passe. Il faut qu’elle me confirme que ce que j’ai entendu est vrai. Putain elle m’a appelé à l’aide et moi je n’ai rien pu faire. Que pouvais-je bien faire quand je suis aussi loin d’elle ? Je devrais retourner en Côte d’Ivoire.
Je prends mon portable pour encore tenter de la joindre. Pour ma plus grande surprise ça sonne. Je me lève aussitôt du tapis de course que je venais d’utiliser pour une course à cent à l’heure. Après une autre sonnerie elle décroche.
– « Allô ! »
Je souffle de soulagement en entendant à nouveau sa voix.
– Bon sang Cindy ça fait une semaine que j’essaye de te joindre. Qu’est-ce qui se passe ?
– « Rien j’étais beaucoup… »
– N’ose même pas me mentir ok ! J’ai tout entendu l’autre jour donc là tu vas me dire la vérité. Qu’est-ce qui s’est passé ?
Un silence se fait. Un moment je crois entendre un sanglot. Mon cœur se comprime.
– « J’en peux plus, je suis fatiguée. Snif. Je suis à bout Drick. Toutes mes forces m’ont lâchée. »
– Parle-moi ma belle. Dis-moi ce qui ne va pas.
– « Ken avait cassé mon portable avant de se remettre à me battre de plus belle. »
Une rage m’anime aussitôt.
– « Il me bat depuis cinq ans que nous sommes mariés. Pour peu, je reçois des coups. Il me fait cocu avec toute la terre et comme si ça ne suffisait pas, il a osé engrosser l’une de ses maîtresses. Snif. Je ne suis pas heureuse dans mon mariage. J’ai eu plus de chagrin que de bonheur. (Elle éclate en sanglots) Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter cela ? Ai-je fait du mal à quelqu’un dans une autre vie ? Je souffre Drick tu comprends. Je suis à bout. »
Elle se met à pleurer sans se retenir. Une douleur sans nom me traverse le cœur. Puis c’est au tour de la culpabilité. C’est de ma faute. C’est moi qui l’ai mise dans cette merde tout en sachant clairement que Kennedy la ferait souffrir. Je savais qu’il ne ferait pas un bon mari. Mais malgré tout ça, je l’ai jetée dans ses bras. J’ai jeté volontairement la femme que j’aime dans les bras de mon salaud de frère et par ricochet, dans la souffrance. J’aurais dû… J’aurais dû me battre pour la garder. Tout ça c’est aussi ma faute.
– Pourquoi est-ce que tu ne le quittes pas ? Demandé-je de but en blanc.
– « Je ne sais pas Drick. Peut-être parce que je crois l’aimer, peut-être à cause des enfants. Je ne sais pas. »
– Est-ce que tu l’aimes ?
– « Avant je t’aurais répondu oui sans hésiter. Mais là présentement, je n’en ai aucune idée. Je ne crois même plus en l’existence de l’amour Drick. »
– L’amour existe Cindy. L’amour c’est ce que je vais faire pour te sortir de ce cauchemar.
– « Quoi ? »
– À bientôt.
Je raccroche et fonce à la maison. La première chose que je fais c’est mes valises. Il est temps que tout ce manège finisse. J’ai assez gardé le silence. Je suis resté longtemps dans l’ombre. J’irai en Côte d’Ivoire tout raconter à Cindy et essayer d’arranger les choses. J’appelle Aurélie pour lui faire comprendre que je souhaite la voir de toute urgence. Elle est sortie se balader avec ses copines. Le temps qu’elle rentre je range mes affaires sans rien oublier. Heureusement qu’entre Aurélie et moi ce n’est pas une vraie histoire d’amour encore moins un mariage basé sur l’amour. Ce sera donc facile de mettre fin à ce manège. Je pense même qu’elle doit avoir un amoureux quelque part. Mais bon bref, je m’en fiche. Une quarantaine de minute après mon appel, Aurélie fait son entrée dans notre chambre. Elle s’arrête lorsqu’elle voit mes valises.
– Tu pars en voyage ? Demande-t-elle en refermant la porte derrière elle.
– Oui. C’est pour cela que je t’ai demandé de rentrer. Nous devons parler.
Elle s’assoit dans le fauteuil près du lit. Je me tourne pour être face à elle.
– Je veux être franc avec toi et je crois même que tu n’es pas sans ignorer le fondement de notre mariage. Nous nous sommes mariés juste à cause de nos parents. Moi, pour faire plaisir à ma mère et toi, pour obtenir ton indépendance vis-à-vis de tes parents. Mais je crois que maintenant ça ne sert plus à rien de continuer à faire semblant.
– Que veux-tu dire ?
– Qu’il est temps que nos chemins se séparent.
Elle fronce les sourcils.
– Ce n’est pas la peine de faire semblant Aurélie. Tu ne m’aimes pas et je sais que tu as une autre vie. Je ne te le reproche pas sois en sûre. Moi aussi j’aime une autre femme et ça depuis le début, tu le sais. Si j’ai fait mes affaires c’est pour retourner en Côte d’Ivoire tenter de la reconquérir.
– N’est-ce pas qu’elle est mariée à Kennedy ?
– Oui mais… bref, je ne veux pas te mêler à cette histoire. Aujourd’hui tu es mannequin, tu es indépendante donc tu n’as plus vraiment besoin de moi. Tes parents ne peuvent plus t’empêcher de faire quoi que ce soit.
– Je sais. Tu vas donc demander le divorce ?
– Toi fais-le pour garder ta dignité. La femme est toujours mal vue quand c’est son mari qui demande le divorce. Tu le fais ensuite on ira voir tes parents pour leur dire qu’on se sépare d’un commun accord parce qu’on ne s’aime pas.
– D’accord. Tu pars quand ?
– Tard cette nuit. Le temps d’informer la famille.
– Tu as tout raconté à ton père ?
– Non ! Mais ça ne saurait tarder.
– Ok. Je te souhaite bonne chance alors.
– Merci !
Ça c’est régler. Il reste maintenant à informer ma famille. Je vais prendre une douche une fois mes valises prêtes. Je fonce ensuite chez mes parents. C’est mama So et Charlène que je trouve en pleine rigolade.
– Oh comment va mon grand frère chéri ?
– Ça va petite.
– Oulaaa tu ne fais pas une bonne tête ! Remarque mama So.
– Ouais. Je suis venu vous dire au revoir. Je retourne en Côte d’Ivoire.
Les deux femmes se regardent.
– Ne me dis pas que c’est pour ce que je crois ? S’enquiert mama So.
– Ah maman toit aussi, s’exclame Charlène. Pour quelle autre raison Ken irait en Côte d’Ivoire ? Papa je suis derrière toi.
– Charlène arrête de l’encourager. Ken ce n’est pas pour elle n’est-ce pas ?
– Si mama. Mes doutes sont avérés. Kennedy la bat et… j’en ai même été témoin.
Je me lève d’un coup en me massant le front. J’ai mal. Je me sens coupable.
– Elle m’a appelé à l’aide alors que Kennedy l’a frappait.
Je soupire.
– Ca a été un supplice pour moi de vivre ça. L’entendre hurler, pleurer, supplier Ken d’arrêter les coups et pour finir me demander de l’aider alors que je suis très loin d’elle. J’en ai fait des cauchemars et maintenant qu’elle m’a elle-même dit qu’elle n’est pas heureuse, je suis plus que déterminé à la sortir de cet enfer.
– Ça va déclencher une guerre tu en es conscient ?
– Ah maman nous sommes prêts à faire la guerre-là, lance une Charlène toute excitée.
– Charlène je vais finir par te taper.
– Mais maman je dis la vérité.
– Laisse-nous !
– Ah mama c’est comment ?
– Charlène nako beta yo soki o tiki biso te (je vais te taper si tu ne nous laisses pas.)
Elle se lève en tirant la bouche.
– En tout cas Ken va et défonce sa gueule à ton faux jumeau.
Mama So prend un coussin qu’elle lui lance. Charlène s’en fuit en évitant le coussin. Maman So se retourne vers moi. Je m’assois.
– Comme je disais, tu sais que ça va créer une guerre dans la famille. Non seulement entre toi et ton frère, mais aussi entre vos parents.
– Je sais mama, mais il le faut pour que Cindy retrouve sa liberté.
– Ken ne va pas se laisser faire.
– Moi non plus. Je suis déterminé.
– Tu es aussi déterminé à affronter Luzolo ?
Je soupire.
– Ça ne va pas être facile mais je suis prêt. Il va hurler mais ne va pas nous tuer.
– Si tu penses que c’est la meilleure chose à faire ok. Je vais te soutenir.
– Merci ! Il est où ?
– Il a raté son vol donc je pense qu’il sera là demain soir.
– Il ne va donc pas me trouver ici. Je pars cette nuit.
– Si vite ?
– Oui mama. Plus tôt j’y vais plus tôt on règle cette histoire. Donc si papa rentre informe-le. Toute façon je lui enverrai un message.
– C’est compris.
Je monte dire au revoir à Charlène qui m’encourage à nouveau et je rentre. J’appelle mon meilleur ami Stéphane pour l’informer de mon retour mais aussi pour qu’il me prête son appartement situé près de la plage. Cette même plage où a eu lieu sa fête de fiançailles.
*Mona*LYS*
– Cindy !
Je sors de la voiture que Stéphane m’a prêtée et me précipite vers elle. À peine se retourne-t-elle que je capture ses lèvres. Elle se crispe de surprise. Elle veut se libérer de mon emprise mais je la retiens et approfondi le baiser. Elle se laisse faire. Sentir ses lèvres contre les miennes me faire oublier que nous sommes juste devant son lieu de travail. Je finis par libérer ses lèvres sans pour autant m’éloigner d’elle.
– Ken que fais…
– Je t’aime Cindy. Je t’aime à la folie.
– Quoi ? Qu’est-ce qui t’arrive ?
– N’oublie juste jamais que je t’aime. Quel que soit ce que tu apprendras, retiens que je t’aime.
– Mais…
Je retourne à la voiture sans lui laisser le temps de finir sa phrase. Je sais qu’elle me haïra quand tout sera révélé mais n’empêche que je veux tout faire éclater au grand jour. Je suis conscient que je vais aussi la perdre, cependant, je préfère la perdre en la sachant en vie que de la perdre parce qu’elle est morte. Je me rends maintenant dans l’entreprise familiale que gère Kennedy. Tous ceux qui me voient tiquent. Ils ne savent pas non plus que leur patron a un frère jumeau. Je connais parfaitement les lieux et je sais où se trouve son bureau. C’était celui de Luzolo dans le temps. Ne voyant pas son assistante je fonce directement à son bureau que j’ouvre sans frapper. Le spectacle qui m’accueille ne me surprend pas. Kennedy embrassant une jeune fille. Mon raclement de gorge les éloigne. Quand le regard de Kennedy rencontre le mien il se lève tout paniqué. La fille elle, passe son regard de moi à Kennedy.
– Ken tu… tu es jumeau ?
– Sors de mon bureau Fatim. Immédiatement.
Elle reste encore choquée à nous regarder avant de prendre un dossier sur la table et de s’en aller. Je referme la porte derrière moi en dévisageant toujours mon infidèle de frère.
– C’est comme ça que se comporte un homme marié ?
– Que fous-tu ici ?
Je m’avance jusque devant son bureau sans le quitter des yeux.
– Je suis venu récupérer ce qui est à moi.
– Qu’est-ce que tu racontes ?
– Je suis là pour Cindy. Pour lui dire toute la vérité et la reconquérir.
Il contourne son bureau rageusement pour se placer devant moi.
– Ne t’approche surtout pas de MA femme.
– Une femme que tu traites comme de la merde. Une femme que tu trompes et bats ? C’est de cette femme-là dont tu parles ? Eh bien elle ne le sera plus dans peu de temps. Je t’en fais la promesse cher jumeau.
Il éclate de rire.
– Tu crois vraiment que si Cindy me quitte elle ira avec toi ? Laisse-moi rire. Elle te haïra autant que moi. Tu sortiras aussi perdant mon cher frère. Donc retourne d’où tu viens.
– Mon but premier est de lui dire toute la vérité et de l’enlever d’entre tes griffes. Après ça, je tenterai de la reconquérir. Si elle ne veut plus de moi je la laisserai tranquille. Mais une chose est sûre Kennedy, elle ne sera plus à toi. Je suis prêt à y laisser ma vie. Je n’aurai que deux options, soit elle finit seule soit elle finit avec moi. Toi aussi tu n’auras que deux options, soit me tuer pour m’empêcher d’atteindre mes objectifs soit me regarder te reprendre la femme que j’aime.