Épisode 2

Write by Mona Lys

Episode 2



TRISHA


Je lis et relis encore les différentes maladies de la reproduction masculine qui nécessiteraient un examen du spermatozoïde et je prie Dieu que Terry n'ait aucune de ces maladies aux noms bizarres. Nous avons discuté tard dans la nuit d'hier par appel vidéo et il m'a informé qu'on lui avait demandé un échantillon de son sperme pour des analyses approfondies afin de s’assurer qu’il n'y ait rien d'assez grave qui atteindrait sa fertilité. J’espère que ce n’est pas le cas. J’ai vraiment eu peur le premier jour où il a grogné de douleur en éjaculant. Il y a eu aussi les jours suivants ce qui nous a obligé à stopper les rapports le temps qu'il se fasse consulter. Mais bon comme il y a un lapin qui sommeille en moi comme aime si bien le dire Terry, je l'ai obligé à me faire l’amour et Dieu merci il n'a plus eu mal. J’espère que ça c'est bon signe et qu’il n'a rien d'alarmant.


Bref, je ferme tous les onglets de recherche sur Google et me concentre sur le travail. Ma boite a bien grandi. Mieux elle s'est multipliée en trois. Ma réputation est grande dans tout le pays et même en dehors. Certes, mon talent a été un facteur mais le fait que je sois la femme de Terry YOUL y a joué pour beaucoup. Je suis constamment sollicitée pour les grandes occasions. Le nombre de mes employés a aussi augmenté. Je les ai tous formé à la peinture et perfectionné à la décoration. Je peux donc rester chez moi parce qu’ils arrivent à assurer l’intérim. Mais j'aime trop mon travail pour rester chez moi.


– Comment va la plus belle des femmes de cette terre ?


Je décolle mes yeux de mon Mac et quand je vois Jamal faire son entré dans mon bureau je souris.


– Quelle est la nouvelle arnaque ? Demandé-je en croisant les bras sur ma poitrine.

– Pourquoi à chaque fois que je te fais des compliments tu penses à une arnaque ?


Je croise d’avantage les bras en le fixant.


– Bon ok tu as gagné. J'ai un service à te demander.

– Fhum !


Il s'assoit en souriant.


– J'ai un énorme contrat de cérémonie et pour la déco je ne veux pas la confier à tes filles. Je veux que ce soit toi en personne qui t'en occupe.

– Et combien j'ai en retour ?

– La vielle mère, toi tu as déjà tout l'argent du pays. Est-ce que moi je peux te payer ?


Je souris. Quand il commence à me parler avec ce jargon c'est pour me mettre dans film comme il aime bien le dire.


– Jamal je n'ai pas tout l’argent du pays et je ne suis pas ta vielle mère. Nous sommes promotionnels.

– Tu es la femme de mon vieux père donc tu es ma vielle mère. Bon je vais t'acheter une tonne de poulet KFC. Je sais que mon futur bébé en raffole en ce moment.

– C'est Terry qui te l'a dit ?

– Non Emy. Elle la remarqué lors de votre dernière rencontre. Alors ?

– Laisse-moi d’abord en parler à Terry.

– Il le sait déjà et il est même d’accord.

– Attends donc vous complotez dans mon dos ? Et je suppose que je ne peux dire non ?

– Absolument.


Je roule les yeux en souriant.


– Ok c'est bon. Mais je vais néanmoins dire à Emy que tu trouves une autre femme plus belle qu'elle.

– Oh elle sait que c’est pour le business.


C'est ce soir la fameuse soirée que doit diriger Jamal et son équipe. C'est une soirée gouvernementale avec toutes les grosses têtes du pays. Je crois même que le président sera présent. Jamal et moi sommes donc assis dans une très grande et magnifique salle d'un hôtel à Grand Bassam. Ça fait deux jours que j’y suis avec Jamal pour cette soirée. Je séjourne même chez ce dernier avec sa magnifique petite famille. Je ne me sens vraiment pas à l’étranger. Jamal tout comme sa chérie sont super agréables à vivre, surtout Jamal. Terry n'a pas eu tort de se designer auprès de tous comme son mentor. Son protégé le lui rend bien. Il est tellement cool qu'il nous a fallu une minute pour sympathiser. Je le dis toujours à Emy qu'elle a de la chance de l'avoir comme homme.


Teyana est restée à Abidjan chez sa mamie. C'est soit là-bas soit chez Carine que je la jette quand je suis super occupée ou en déplacement pour le boulot et que son père est aussi en déplacement. J'ai donné des instructions à mes éléments concernant la décoration et là je suis assise à les observer. J’avais commencé moi-même mais là je suis épuisée. Cette grossesse qui n'est encore qu’à son début m'épuise énormément.


– Pourquoi toutes les filles adorent autant les perruques ?


Je détourne les yeux des autres pour les poser sur Jamal qui est assis près de moi.


– Parce que c'est beau et ça facilite la vie.

– Pff n’importe quoi ? C’est devenu une épidémie. Il n’existe aucune fille qui n'en porte.

– Si si. Il y en a qui n'en portent pas.

– Je peux te prouver que si. Je peux tirer les mèches de trois filles maintenant à commencer par toi.


Il lève la main sur moi.


– Si tu me touches je t'étripe.


Il rigole. Ce mec est fou et je sais qu'il est capable de tirer les perruques des filles. Son portable sonne dans sa main. Je vois la photo d’Emy s'afficher avec le nom Jolie mignonne. Je souris. Sacré nom de caresse. Contre toute attente il coupe l'appel. Elle rappelle et il coupe de nouveau.


– C'est pas trop le love en ce moment on dirait.

– Ouais. Elle est dans ses délires de jalousie sans tête ni queue.

– Toutes les femmes sont jalouses.

– Mais quand ton homme t'a à maintes reprises prouvé que tu étais la seule il n’y a plus de raison d’être jalouse.

– Peut-être que tu devrais l’épouser pour lui donner une assurance à 100%.


Il soupire en coupant de nouveau l'appel d'Emy.


– Justement elle ne veut pas se marier. Elle dit ne pas être prête.


Bon là c'est un peu complexe. Je sais que ce n’est pas facile pour Emy d’être avec un homme de dix ans plus jeune qu'elle. Elle va toujours s’imaginer qu'il est avec des filles de sa promotion et tout. Mais bon j'ai foi que ça lui passera surtout que Jamal est l'un des hommes les plus fidèles que je connaisse.


Jamal change de sujet en un clin d'œil pour raconter des anecdotes. Je ris à m'en faire mal au ventre.


– Je jure que tu es le plus grand menteur que je connaisse Jamal.

– Ça me fait mal que tu ne me crois pas. Pourtant c'est la vérité vraie.

– Est-ce qu'Emy sait que tu es comme ça ?

– Comment crois-tu que je l'ai séduite ? Aucune femme ne peut résister à un homme drôle.

– En tout cas moi ce n'est pas avec la comédie qu'on m'a eu.

– Pourtant Terry est drôle.


Je le regarde faussement choquée. Il éclate de rire.


– Moi-même je sais que ma phrase n’a pas de sens, dit-il sans cesser de rire.


Je le rejoins dans son rire. Terry drôle ? Bon c'est vrai que des fois il a de petites répliques qui arrachent le sourire mais de là à dire qu'il est drôle, y a pas moyen.


« Arrête de faire ainsi rire ma femme, Jamal. »


Nous tournons ensemble nos têtes vers la voix. Terry avance vers nous élégamment avec ses yeux cachés derrière ses lunettes de soleil. Je me mets à sourire quoi que surprise. Il est censé être en France. Il se baisse pour m’embrasser avant de saluer son protégé.


– Qu’est-ce que tu fais là ? Je ne savais pas que tu venais.

– Je viens d’arriver et j'ai tenu à venir t'assister.

– Tu es trop chou, fais-je le sourire grand sur les lèvres. On va rentrer ensemble sur Abidjan ?

– Oui. Tu as fini ?

– Non il y a encore des choses à faire.

– Je t'attendrai donc à l'hôtel. J'ai besoin de me reposer.

– Vas-y.


Il me baise le front et s'en va. Deux heures de temps plus tard Jamal et moi sommes en pleine course. La déco a été faite et maintenant l’équipe de Jamal se prépare pour la soirée. J'ai acheté quelques petits trucs pour Teyana et même pour le bébé à venir. Je n’ai pas oublié des cadeaux pour les enfants de Jamal. Nous sortons de la boutique les bras chargés. Jamal et mon chauffeur rangent les affaires dans le coffre de ma voiture. Je sens mon portable vibrer à l’intérieur de mon sac. Je me mets à fouiller lorsque je me sens bousculée puis l’instant d’après mon sac être arraché. Je n'ai même pas le temps de hurler ni le jeune agresseur le temps d'aller loin qu’il est très vite appréhendé par Jamal et mon garde. Jamal qui l'a saisi en premier le projette au sol. Mon garde lui arrache mon sac et me le rend.


– Je vous demande pardon ne m’emmenez pas en prison, implore le jeune.

– Tu aurais dû y penser avant pauvre abruti.


Jamal le relève et c'est à ce moment que je constate qu'il est vraiment jeune.


– Madame je vous demande pardon. Je n'ai jamais volé. C'est ma première fois et c'est pour soigner mon petit frère sinon il va mourir.

– Vous avez toujours le même discours à la bouche, lui répond Jamal. Tu vas aller le dire au Commissariat. Il y en a un pas très loin d'ici.


Le jeune se met à pleurer à chaudes larmes.


– Je vous en supplie ne me mettez pas en prison maintenant. Mon petit frère va mourir si je n’envoie pas l'argent. Je dois aller chercher. Madame pardon je ne vais plus voler.


Les pleurs de ce jeune me touchent au plus profond de moi. Il a l’air vraiment sincère.


– Il est où ton petit frère ? Demandé-je.

– À l’hôpital général. Ça fait une semaine qu'il est hospitalisé. On me demande 500 mille avant de l'opérer pourtant 5 FCFA je n’ai pas. Nous sommes orphelins et nos oncles nous ont abandonné. Madame j'aime trop mon petit frère et je ne veux pas qu'il meurt. (Il se met à genou) Je vous en supplie si vous pouvez m'aider faîtes-le et après envoyez moi en prison. Lui on pourra le mettre à l’orphelinat le temps que je purge ma peine.


Je me sens de plus en plus mal face à son récit.


– Nous allons nous rendre à l’hôpital.


Jamal me regarde surpris. Il vient vers moi.


– Qu’est-ce que tu fais ?

– Je veux lui venir en aide.

– Il vient de te voler.

– Et tu as entendu la raison.

– Rien ne prouve qu'il dise vrai.

– Raison pour laquelle nous allons nous rendre à l’hôpital pour vérifier.

– Et s'il nous menait dans une embuscade.

– Jamal !

– Si Terry apprend qu'on a laissé filer un type qui t'a agressé nous allons passer un sale quart d’heure.

– Je lui parlerai moi-même. Jamal on sait tous les deux ce que c'est que d’être abandonné et de lutter pour survivre. S'il te plaît.


Il me regarde méchamment. Je l’implore du regard.


– Ok on y va. Mais s'il a menti je lui arrache toutes ses dents.

– Bien, monsieur le gros bras, dis-je en souriant.


Il fait signe à mon garde et nous prenons la route pour l’hôpital. Quand nous arrivons il nous montre le docteur en charge de son frère. Nous échangeons avec lui et il nous confirme les dires du jeune.


– D'accord vous pouvez commencer l’opération. Je prends tout en charge.

– Très bien madame.


Le docteur se retire et le jeune tombe à mes pieds en pleurant.


– Merci infiniment madame. Dieu vous bénisse à jamais.

– De rien, relève-toi !


Il s’exécute et pendant qu'il se nettoie le visage le docteur revient vers nous.


– Qu’est-ce qui se passe docteur ? Demandé-je en remarquant son air bizarre.

– Je crains qu'il n'y ait plus d’opération à faire.

– Comment ça ? S’enquiert le jeune en s'approchant.

– Je…


Le phrase du docteur se meurt dans un soupire. Jamal et moi nous regardons ayant compris ce qu'il voulait dire.


– Je suis navré jeune homme, reprend le docteur. Ton petit frère nous a quitté pendant qu'on le préparait pour l’opération.


Le jeune n'en croyant pas un mot court vers une chambre dans laquelle il rentre. L’instant d’après nous l’entendons pleurer. Nous allons tous voir et là encore je suis prise de chagrin. Il tient le corps de son petit frère dans ses bras et le supplie de se réveiller. Je ne peux m’empêcher de verser une larme. Jamal me tend un mouchoir pour essuyer mes larmes. Je retourne m'asseoir dans le coin réservé pour les attentes. Jamal s’éclipse sûrement pour aller voir le jeune. Il revient me trouver et s’assoit près de moi.


– Comment tu crois qu'on peut l'aider ? Lui demandé-je les yeux rivés droit devant moi.

– Peut-être lui trouver du boulot pour qu'il ne se tourne pas vers la délinquance.

– Tu as quelque chose pour lui ?

– Je crois bien. On va en parler avec lui.


Le jeune apparait et s’assoit par terre le visage rempli de larmes. Nous allons vers lui.


– Toutes nos condoléances champion, dit tristement Jamal. Tu dois être fort.

– Je n’ai plus personne. Je suis maintenant seul au monde. Ma vie est fichue.


Jamal s’accroupit devant lui.


– Ecoute champion. Ta vie n'est pas fichue. Il te suffit juste d'être courageux et tu pourras te reconstruire.

– Par où je commence ? Par quoi ? Je n'ai aucun bon diplôme pour penser à un boulot. J'ai arrêté les cours en première après la mort de mes parents. J'ai glané çà et là pour subvenir aux besoins de mon petit frère. Mais il n'est plus là. Je n'ai donc plus de raison de vivre. Je ne veux pas devenir un brigand donc le mieux c’est que moi aussi je meurs.

– Ne pense pas ainsi. Tu dois maintenant te battre pour faire plaisir à tes parents et à ton petit frère. Tu dois lutter pour réussir. Je suis aussi passé par là. J'ai vendu des papiers mouchoir pour avoir de quoi manger jusqu’à ce que je trouve ma voie. Ne baisse pas les bras. Comment t’appelles-tu ?

– Jérôme.

– Ton âge ?

– 23 ans.

– Ok nous voulons t'aider. J'ai une villa de séjour et j'ai besoin d'un gardien pour la garder. Le quartier est déjà sécurisé mais n’empêche qu'il faut quelqu'un pour la garder. Les clients aiment se sentir en sécurité. Il y a déjà un vigile mais je peux bien te prendre pour aussi l'aider. Tu pourras dormir sur place dans la petite maison des gardiens. Tu auras 50 mille comme salaire pour commencer. Qu’est-ce que tu en dis ?


Son visage s’illumine.


– Vous êtes sérieux ?

– Oui.

– Et ne t’inquiète pas on prend en charge l’enterrement de ton frère, ajouté-je.


Il se remet à pleurer mais cette fois de joie. Il nous remercie sans cesse. Jamal et moi le laissons se reprendre.


– Merci Jamal. Je t'aiderai avec son salaire.

– Non ça va. Ça me fait plaisir d'éviter la croissance de la délinquance. En plus disons que c'est pour te remercier pour la déco.

– Non ça ne compte pas. Je veux mes poulets.

– On ne peut même pas te blaguer un peu.


J’éclate de rire. Je jette un coup d'œil au jeune qui semble s’être repris. Je suis heureuse d'avoir aidé une personne.


*Mona

*LYS


J’entre dans notre suite à notre hôtel de Bassam en faisant le moins de bruit. Je n'avais pas voulu dormi seule ici raison pour laquelle j'ai accepté d'aller séjourner chez Jamal et sa famille. J'y reviens d’ailleurs pour dire merci à Emy pour l’hospitalité. Mon mari est là, je vais donc rester avec lui. Je pénètre la chambre et le trouve allongé dans le lit sur le ventre. Il doit vraiment être épuisé pour dormir jusqu’à cette heure. Je retire mes chaussures et monte sur le lit. Je m’assois en califourchon sur son dos nu et y pose de petits baisers. Il bouge. Je le sais réveillé même s'il garde toujours sa position. Il bouge de nouveau et cette fois se met à tourner sous moi pour se mettre sur le dos. Ses yeux sont à peine ouverts.


– Pourras-tu dormir cette nuit ?


Il soupire et ouvre enfin ses yeux. Son second geste c'est de poser sa main sur mon ventre.


– Comment vous allez ? Demande-t-il doucement.

– Bien.


Il caresse tendrement mon ventre.


– Vous m’avez manqué.

– Toi aussi. J'ai terminé le boulot, on pourra rentrer demain.


Il m’attire vers lui pour me serrer dans ses bras. Je me détends totalement et me couche près de lui la tête posée sur son torse. Il ferme les yeux et je sens des caresses de mon dos à mes fesses.


– Il y a eu un incident aujourd’hui.


Il ouvre les yeux d'un coup.


– Il y a un jeune qui m'a arraché mon sac à main mais Jamal et Jean l'ont très vite intercepté.

– Ils l'ont conduit au commissariat j’espère.

– Euh non.


Il tique ensuite fronce les sourcils.


– Il avait des problèmes alors nous l'avons aidé.

– Attends, tu es en train de me dire qu'un jeune t'a agressé et plutôt que de le conduire à la police vous l'avez aidé ? C’est ça ?

– Oui !


Il se lève subitement et sors du lit. Je le vois chercher son tee-shirt. Une fois trouvé, il cherche son portable.


– Bébé ce n'est pas la faute à Jean ou Jamal. C’est moi qui l'ai décidé. Il avait besoin d’argent pour les soins de son frère mais lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital il était déjà trop tard. J’ai pris en charge l’enterrement.


Il se tourne vers moi, choqué.


– Et donc vous l’avez laissé filer comme ça en plus de lui avoir donné de l’argent. Alors qu'il aurait pu te faire du mal à toi et au bébé.

– Mais il ne l'a pas fait. Ty, il était désespéré.

– Et c'est moi qui serais mort de désespoir s'il vous était arrivé quelque chose.


Il a hurlé. Il passe sa main sur son visage pour se reprendre. Je me rapproche de lui.


– Je suis désolée d’avoir hurlé. C’est juste que je vis avec la peur de vous perdre.

– Tu n’as pas à avoir peur. Rien ne nous arrivera. Ça m’a fait énormément de bien d'aider ce jeune homme. Il n'a plus personne parce que sa famille l'a abandonné après le décès de ses parents. Tu aurais dû voir comment il était heureux quand Jamal lui a offert un travail. Je me suis vue en lui Terry. Moi aussi je me suis débrouillée toute seule dans la rue. Je sais que c’est difficile alors j'ai voulu lui alléger la tâche. Il n’est pas méchant. Il était juste désemparé.


Il me regarde avec beaucoup d’attention. Depuis notre réconciliation Terry est à cheval sur notre sécurité si bien qu'il en fait des cauchemars. Il dit sans cesse qu'il mourrait s'il nous arrivait quelque chose. J’essaie donc chaque jour de le rassurer que tout va bien. Il passe son bras autour de ma taille et me tire contre lui.


– Si ça t'a fait plaisir ok.

– Merci ! Je t’aime Ty.


Il me serre mais vraiment très fort dans ses bras. Il enfoui son visage dans mon cou et hume mon parfum.


Nous sommes maintenant en route pour Abidjan. Il pleut dehors. Terry tient fermement ma main dans la sienne. De son autre main il manipule son ordinateur. Moi je regarde le film qui passe sur les petits écrans collés sur les sièges et sur le tableau de bord. Je regarde de temps à autre dehors pour voir à quel niveau nous sommes. Un moment mon regard tombe sur une femme âgée. Elle marche seule sous la pluie. Je crois même qu’elle veut traverser mais aucune voiture ne s’arrête pour la laisser passer. Poussée par je ne sais quoi j’ordonne à Rico de se garer sans même prendre la peine de consulter Terry.


– Qu'il y a-t-il ? S’inquiète ce dernier.

– Je veux aider cette vielle femme à traverser.

– Quoi ? Trish tu es enceinte et tu dois éviter de te choper des maladies.

– Il y a un parapluie dans le coffre donc ça va.

– Trisha !

– Terry s'il te plaît !


Il me dévisage un moment.


– Ok on y va ensemble.

– Ce n’est pas la peine, je…

– Je ne t’ai pas demandé ta permission.


Ok bon ça ne sert à rien de discuter. Rico sort le premier et du coffre fait sortir deux parapluies. Terry lui prend un des mains. Rico veut m'escorter avec le parapluie mais je lui demande de retourner dans la voiture. Je m’avance vers la femme qui boite dorénavant.


– Bonjour maman. Je peux vous aider ?

– Hé ma fille, depuis là je veux traverser pour aller chez moi qui est juste de l'autre côté mais les voitures-là ne veulent pas s’arrêter. En plus mon rhumatisme veut me tuer.

– D’accord. Mon mari et moi allons vous aider à traverser. 

– Ah merci ooh mes enfants.


Rico qui nous observait se place sur la route pour stopper les voitures du geste de la main. J’attrape le bras de la femme et ensemble nous traversons. Terry nous suit comme notre ombre. Nous arrivons de l’autre côté juste devant une petite cour.


– Merci mes enfants, fait la femme en souriant.


Son regard envers moi change subitement. Il devient plus tendre. Elle prend ma main dans la sienne contre toute attente.


– Le bien que tu as fait hier à ce jeune garçon va te revenir.


Je fronce les sourcils. Comment elle c'est ça ?


– Quel que soit la méchanceté de l'homme, continue de faire le bien.


Elle passe son regard de Terry à moi en souriant.


– Il t’aime beaucoup hein. Ne doute jamais de son amour. Les jaloux vont tout faire mais ils ne pourront vous séparer. Et vous aurez un magnifique bébé.


Comment elle sait pour la grossesse ? Mon ventre n’est pas encore visible. Elle pose un baiser sur le dos de ma main.


– Bientôt ta famille sera au complet. Tu connaitras ton histoire et tes origines.


Là je suis totalement perdue. De quoi parle cette femme ? Elle nous remercie une dernière fois avant de rentrer dans la cour. Je reste là à regarder la direction qu'elle a prise en me posant des questions.


– Nous devons y aller Trish. Tu vas prendre froid.

– Ok.


Nous retournons à notre voiture et quittons les lieux. Je suis torturée par les propos de la femme. Comment elle sait pour le jeune ? Pourquoi me dit-elle de ne jamais douter de l'amour de Terry ? Et que veut-elle dire par ma famille sera bientôt au complet ?


T.Y : Cet homme à to...