Épisode 3
Write by Mona Lys
Episode 3
TERRY YOUL
J'ai du mal à retrouver le sommeil après ce rêve qui me tourne la tête. Trisha se faisait renverser par une voiture. Depuis notre réconciliation, je vis constamment dans la peur de la perdre, elle et Teyana, tout comme j'ai perdu Perla et Inès. Tout en moi refuse de revivre cette épreuve. Je refuse de perdre de nouveau ma famille. J'aime plus que tout Trisha et l’idée de la perdre d'une manière ou d’une autre me donne des sueurs froides. Je ne peux m’empêcher d’avoir peur, de penser que ça risque d’arriver, qu'un mal puisse lui arriver. Je vis sans cesse dans cette peur-là.
Je tourne la tête vers Trisha. Elle est tellement belle quand elle est si paisiblement endormie. Je pose un baiser sur son front et me lève du lit. Je me sers un verre de Whisky dans le petit bar de la chambre. Je m’installe dans le salon et regarde ma femme dormir. J'ai gardé cette habitude malgré les années. Me réveiller en premier et rester là à l'admirer dans son sommeil. J’allais vraiment passer à côté de ce cadeau du ciel à cause de cet orgueil auquel j’étais attaché. Combien de fois l'ai-je fait souffrir ? Combien de fois l'ai-je humilié ? Mais elle m'a toujours pardonné. Je n'ai jamais rencontré une femme aussi patiente qu'elle. Une femme qui, à chaque rejet, s'arme de force pour revenir à la charge. Elle est celle qu'il me fallait. Elle me complète totalement et je ne me vois pas vivre sans elle. Je veux la garder éternellement. Si dans la vieillesse l'un d’entre nous deux doit mourir en premier, je préfère que ce soit moi, parce que je refuse de continuer à vivre si elle n'est plus là. Elle est celle qui me donne la force d’être un homme meilleur. Grâce à elle, j'ai changé un bon nombre de chose dans mes habitudes. J'ai changé des choses que je n'aurai jamais pensé changer.
Elle bouge sur le lit en baladant sa main sur ma place.
– Ty !
Je pose mon verre et la rejoins.
– Je suis là trésor, chuchoté-je en prenant sa main.
Ses petits yeux magnifiques se posent sur les miens dans cette pénombre. Je lui pose un baiser sur les lèvres.
– Tu ne devrais pas boire de si tôt.
– Je sais.
– Ton bébé me donne des envies ce matin, susurre-t-elle en glissant son doigt sensuellement de mon torse à mon jogging.
Je glisse sous le drap en reprenant possession de ses lèvres. Je réponds à son envie en éteignant ce feu qui embrasait nos reins à tous les deux. J'ai l’impression à chaque moment intime de redécouvrir ma femme pour la première fois. Je ne me lasserai jamais de lui faire l’amour. Je me rendors aussitôt avoir fini.
Quand je me réveille de nouveau, Trisha n’est plus dans le lit. Je jette un coup d’œil à la veilleuse. Il est l’heure d'aller bosser. Mes comptes ne se rempliront pas tous seuls. Il faut que je maintienne ma famille dans ce train de vie. C'est pour elle que je travaille deux fois plus. Je veux que tous vivent sans se soucier du lendemain. Les trois femmes qui composent ma famille sont certes financièrement indépendantes. Mais ça ne m’empêche pas de leur verser de l'argent chaque fin de mois. J'aime prendre soin d'elle. Je suis le seul homme et c’est tout à fait logique qu'en tant que chef de la famille je subvienne à leurs besoins.
Je reviens dans la chambre en terminant le nœud de ma cravate. La porte s’ouvre sur Trisha et Teyana qui est en tenue d’école. Elle court se jeter dans mes bras. Je me baisse et la relève de sol. Je lui fais ensuite pleins de bisous sur le visage. Elle rit à gorge déployée.
– Comment va l’amour de ma vie ? Lui demandé-je.
– Bien.
– Tu as pris ton petit déjeuner ?
– Oui. Mamie et tata Carine sont en bas.
Je tourne la tête vers ma femme.
– Ah bon ?
– Oui, répond-t-elle avec une mine sérieuse. (A Teyana) Mon amour, va rejoindre ta nounou devant la porte. Tu seras en retard à l'école.
J’embrasse une dernière fois ma fille avant de la laissée s'en aller. Trisha vient à son tour vers moi et ajuste ma cravate.
– Pourquoi fais-tu cette tête ?
– Tu devrais descendre écouter ta mère et ta sœur.
– Il y a un problème ?
– Pas vraiment. Ne t’inquiète pas.
Après un dernier baiser, nous descendons tous les deux. J’embrasse ma sœur et ma mère qui discute dans le salon principal.
– Vous êtes matinales dis donc.
– Oui ! Répond ma mère. On doit te parler.
– Pourquoi faites-vous toutes ces têtes d’enterrement ? Quelqu'un est mort ?
Elles s’échangent des regards. Je commence à m’inquiéter. Carine se racle la gorge.
– Personne n’est mort, mais ça ne saurait tarder.
– Quoi ?
– Maman m'a appelé.
Je tourne la tête vers ma mère.
– Maman, tu es malade ?
– Ce n’est pas moi chéri.
– Qui donc ? Demandé-je en me retournant vers Carine. Tu as bien dit maman.
– Léontine, répond Carine.
– J'ai l’impression d’avoir mal compris.
– Maman m'a…
– Arrête de l'appeler maman, grondé-je. Comment le peux-tu ?
– Je…
– Tu n'as qu'une seule mère et c’est cette femme assise à ta gauche.
– Terry…
– Et d’ailleurs comment ose-t-elle t’appeler alors qu'elle en avait une formelle interdiction ? J’appelle mon Avocat.
Je sors mon portable de ma veste quand Trisha me l'arrache.
– Trish !
– Écoute d’abord ta sœur.
Je pousse un soupir devant le regard grondant de ma femme. Je me tourne donc vers ma sœur.
– Vas-y.
– Je ne sais comment elle a fait mais elle m'a contactée hier. Elle dit être entre la vie et la mort.
– Et que veut-elle ? De l’argent pour ses soins ?
– Non ! Juste nous voir pour nous demander pardon de vive voix. Il lui reste une semaine à vivre.
– Ne compte pas sur moi. Et je ne veux surtout pas apprendre que tu t’es rendue à son chevet.
– Terry !
– Je pars travailler.
Les trois femmes soupirent toutes en même temps. Je prends mon portable des mains de ma femme et prends congé d'elles. Comment peuvent-elles penser que j'irai voir cette femme ? Qu'en ai-je même à foutre d'elle ou de ce qui lui arrive ? Elle va mourir ? Bah qu'elle meurt. Elle ne sera pas la première.
L’ascenseur s'ouvre sur mon étage. Rama m'attend juste devant avec sa tablette en main.
– Bonjour Monsieur. Soyez le bienvenu.
– Bonjour, répondé-je en marchand vers mon bureau.
– Vous avez…
– Dis à Ryan de venir me faire le point de son rendez-vous d’hier soir.
– Ok. Vous avez…
– Maya est-elle arrivée ?
– Non pas encore. Elle a dit avoir un peu de retard à cause des bouchons.
– Bien.
J'inspecte mon bureau. Il est propre. Je m’installe derrière mon bureau. Rama reste debout.
– Est-ce que je peux continuer Monsieur ?
– Vas-y.
– Vous avez rendez-vous avec un ancien client qui désire refaire la décoration de son hôtel que nous avions construit.
– Rama, faisons-nous dans la décoration ?
– Non Monsieur.
– Donc conduis-le vers ma femme.
– C'est noté Monsieur. Vous avez trois autres rendez-vous pour des constructions.
– Programme-moi pour la plus importante et confie les deux autres à Ryan. D’ailleurs pourquoi n’est-il toujours pas devant moi ?
– Je l'appelle tout de suite Monsieur.
– Vous avez besoin de…
– Non !
Elle s’excuse et se retire. J'allume mon ordinateur sur lequel je me concentre jusqu’à l'arrivé de Ryan.
– Bonjour Monsieur.
– Bonjour, répondé-je en continuant à regarder l’ordinateur.
– Le client d'hier désire acheter la maquette que nous lui avons proposée pour son building. Il désire aussi que ce soit nous qui construisions.
– Mais ?
– Le prix qu'il propose pour le tout est en dessous de notre marge.
– Combien ?
– Trente millions.
Je lève un œil vers lui.
– Mais ne vous inquiétez pas. Je n'ai pas accepté. Il dit vouloir vous rencontrer en personne afin de mieux discuter.
– Tu lui diras qu'il me rencontrera lors de la signature du contrat. S'il n'a pas une meilleure offre qu'il ne nous fasse pas perdre notre temps.
– C’est compris Monsieur.
Une trentaine de minute après sa sortie, c’est au tour de Maya de faire son entrée. Je lui permets de s’asseoir après les politesses.
– Alors, j'ai tenu à te rencontrer pour louer tes services. Depuis ton départ je n'ai pas trouvé d'employé aussi compétent que toi. Je sais que tu as ta boite. Mais je veux néanmoins que tu continues à travailler pour moi. J'ai besoin que tu gères les finances de l’entreprise. Ton prix sera le mien.
– Je suis vraiment flattée Monsieur que vous vouliez de moi à vos services. Je l'accepte sans hésiter. Je ferai parvenir un mail pour les closes.
– Ok. Tu peux, en attendant, faire un tour pour voir les changements.
– Bien Monsieur.
– Au passage, félicitations pour ton mariage avec Ryan.
– Merci Monsieur. Bien de chose à votre femme.
Je hoche la tête. Je passe le reste de la journée entre mes rendez-vous et les visites sur les chantiers. Nous avons eu un énorme contrat de construction d'une cité de la part du gouvernement. J'ai vraiment été flatté que le Président de la République fasse appel à moi pour son projet. Ce contrat est l'un des gros que j'ai eu au cours de cette année. Ça m'a permis de finaliser les constructions de mes deux structures dans l’intérieur du pays. Nos services sont beaucoup demandés dans les localités, alors pour faciliter les choses, j'en ai construit deux petites. Ça fait six mois qu'ils ont ouvert et les comptes se remplissent déjà bien.
Je prends enfin le chemin de la maison quand Trisha m’appelle.
– Trish !
« – Bébé, l’école de Teyana vient de m’appeler. Il y aurait eu un incident. »
– Quel incident ? Demandé-je tout inquiet.
« – Je n'en sais pas plus. Je m'y rends justement. »
– Ok je te rejoins.
Je raccroche et glisse mon portable dans ma veste.
– On part à l'école de Teyana, dis-je à Rico.
Il change automatiquement de direction. Lorsque nous arrivons, je vois la voiture de ma femme garée devant l'école. Elle descend en même temps que moi. C'est donc ensemble que nous nous rendons dans le bureau de la directrice de l'école. Deux autres parents y sont déjà. Trisha salue et nous prenons place. La directrice se racle la gorge et prend la parole.
– Monsieur et Madame YOUL, je vous ai demandé de venir parce qu’il y a eu un léger incident. Teyana a reçu un coup de la part d'un petit garçon de la classe de CP1.
– Attendez, j'ai dû mal entendre, la coupé-je. Vous avez dit que ma fille a reçu un coup de la part de plus grand qu'elle et vous qualifiez cela de léger incident ?
– Monsieur YOUL, je peux vous rassurer qu'elle se porte bien. J'ai tenu à vous en informer avant que vous ne la voyiez ce soir avec une légère bosse sur son visage.
– Vous êtes sérieuse ?
– Ty calme-toi, me chuchote Trisha en posant sa main sur ma cuisse. (A la directrice) Madame, comment cela a pu arriver alors qu'ils sont constamment sous surveillance ?
– C'est justement pour cette raison que j'ai fait appel au couple KAPA qui sont les parents du garçon. (Au couple) Monsieur, Madame, ça fait le troisième enfant que votre fils agresse en deux semaines. Pour les deux autres enfants nous avons laissé passer mais je crois qu'il est temps que vous preniez vos responsabilités.
– Ok tout ceci est un ramassis de foutaise, lancé-je en interrompant au passage l'autre homme qui voulait prendre la parole. Vous dites qu'un gosse agresse d’autres enfants et tout ce que vous dites c’est que ses parents doivent prendre leurs responsabilités ? Non ! C’est plutôt à vous de le faire. Que fout ce garçon encore dans cette école ?
– Monsieur…
– Monsieur YOUL, veuillez s'il vous plaît vous calmer, dit l’autre père. Notre fils a fait une erreur et nous allons nous en occuper.
– Si vous aviez éduqué plus convenablement votre fils nous n'en serions pas là. Tenez votre fils en laisse ou je prendrai des mesures.
– Vous croyez pouvoir m’intimider avec votre argent ?
– Ce n’est pas une question d'argent. Il s'agit de ma fille et pour elle je suis prêt à tout. Maintenant je pars la chercher et je rentre avec elle.
Je me lève et ajuste ma veste.
– Monsieur YOUL s'il vous plaît, les cours ne sont pas encore terminés.
– Vous allez m’empêcher de sortir ma fille d'ici ?
Elle baisse le regard.
– C'est bien ce que je pensais. Trish on rentre.
Sans attendre de réponse de ma femme je sors chercher ma fille dans sa classe. Elle nous rejoint près de ma voiture. Nous montons tous les trois et un garde prend la voiture de Trish. Une fois chez nous, je confie la petite à sa nounou et monte en chambre. Trisha me suit. J'ai besoin d’une douche après cette journée chargée. Je retire ma veste que je jette sur le lit. Je m'attaque ensuite à ma cravate.
– Qu’est-ce qui t’arrive ? Me demande Trisha.
– Comment ?
– Tu es bavard ces derniers temps. Qu’est-ce qui ne va pas ?
– Si tu veux parler de ce qui s'est passé à l'école de Teyana, tu sais parfaitement que j'ai eu raison de la ramener avec nous.
– Mon mari n'aime pas se fatiguer à parler. Il est du genre à placée deux phrases qui résument le fond de sa pensée. Pourquoi ai-je l’impression que quelque chose te chiffonne depuis ce matin ?
Je retire ma cravate qui part rejoindre ma veste. Je m'assois ensuite sur le lit en lâchant un soupire.
– Je ne veux pas qu'il vous arrive la moindre chose.
– Tu as encore fait un mauvais rêve ?
– Oui. Je ne veux pas vous perdre Trish. Je…
– Chuuut ! Fait-elle en venant vers moi. Tu n'as pas à avoir peur, termine-t-elle en s’asseyant en califourchon sur moi.
– Je sais, répondé-je en lui caressant le dos. Je ne peux juste pas m'en empêcher. Vous êtes toute ma vie.
– Plus tu crains une chose, plus elle a des chances de t'atteindre. Ce qui est arrivé dans le passé est arrivé. Oublie et pense à comment rendre ta famille heureuse.
– Je sais. Désolé d’avoir été désagréable.
– Ils l'ont tous mérité à vrai dire.
Je souris.
– Je t'aime Ty.
– Que deviendrai-je sans toi ?
Elle baisse la tête en souriant. Je prends possession de ses lèvres pour lui communiquer tout l’amour que j'ai pour elle. Je sens ses mains descendre vers ma ceinture. Je l'aide à ouvrir mon pantalon. Quand elle se sent plus à l'aise, lentement elle s'empale sur moi. Je lâche un grognement en accompagnement son long soupire de plaisir.
– Promets-moi que quoi qu'il arrive, tu ne me quitteras point. Que tu resteras à jamais près de moi.
– Je te le promets mon amour. Je suis ta femme pour la vie.
Elle continue de bouger avec toute la grâce qui la connait jusqu’à atteindre le sommet du plaisir. Je la serre dans mes bras avec toujours dans mon cœur cette peur de la perdre.
– Je suis là bébé, souffle-t-elle à mon oreille.
Elle me caresse à son tour mon dos.
– Nous devons nous préparer pour la soirée.
– Ok.
Nous sommes à une soirée de charité organisée par ma mère. C'est pour venir en aide aux mères célibataires et les veuves dans les quartiers précaires. Elle le fait chaque année et avec les fonds récoltés, elle fait des dons de tout genre. Elle en a aidé plusieurs à mettre sur pied une activité qui leur permettrait de subvenir à leur besoin. Je suis fière de la femme qu’elle est. Elle est aujourd’hui un modèle pour des femmes et des jeunes filles. Chaque jour, des personnes demandent à la rencontrer pour prendre des conseils. Même dans mon milieu, certains partenaires m'ont dit rêver d’une mère comme elle, parce que la leur n'était pas vraiment ce qu'on peut appeler une mère. C’est elle la clé de ma réussite. Je n’aurais jamais été Terry YOUL sans Nathalie YOUL. C'est pourquoi, bien qu’étant mariée, je continue de prendre soin d'elle. Peu importe les millions de son époux, elle doit aussi dépenser les miens. Je ne cesserai jamais de la couver.
À la fin de la soirée, ma mère a récolté près de cinq millions. Ça c'est ce que les autres ont donné. Il y aura en plus ce que nous, nous donnerons. André, Max et Léo n'ont pu être présents pour cause de travail. Max et Léo sont hors du pays et André en dîner d’affaire. Je suis donc entouré, en dehors de ma famille, de mon meilleur ami Mike et de sa femme Kim. Ils sont au pays juste pour ce week-end. Ils en ont profité pour se joindre à nous. Nos femmes sont sorties bien avant nous parce que Trisha avait une envie. Nous les apercevons de l'autre côté de la voie achetant je ne sais quoi. Elles finissent et reviennent vers nous. Kim est la première à traverser. Trish est retardée par la sonnerie de son portable. Je regarde ma femme traverser quand subitement, comme sortie de nulle part, une voiture fonce sur elle.
– Trisha attention !
Ma femme est alertée par mon cri. Elle fait rapidement un bond en arrière pour éviter la voiture. Elle se foule la cheville et tombe.
– Rico arrête le moi, ordonné-je en courant vers ma femme.
Tout le monde se précipite vers elle.
– Trish ça va ? Demandé-je, mort d’inquiétude.
– Oui. Mais j'ai un peu mal à la cheville.
Je bouillonne de rage. Je laisse ma femme aux soins des autres et me retourne à la recherche du gars. Je constate que mes gardes lui ont coupé la route avec leur voiture. Il va me sentir ce gars. Je marche vers lui en retirant ma veste. Faudrait pas la tâcher de sang. Je jette ma veste à Rico qui la réceptionne. Le chauffeur descend à ce moment de la voiture.
– Je suis vraiment désolé Mons…
Je lui envoie mon poing dans sa face. Il dandine en arrière mais ne tombe pas. Je lui envoie une autre droite qui cette fois le fait tomber. D’une main je le relève légèrement par les colles et de l'autre j'enchaine coup sur coup. Ses excuses et supplications se perdent entre les coups. Son visage commence à devenir rouge de sang. Il saigne de la bouche et du nez. Mais je ne m’arrête pas. Il a failli tuer ma femme putain. Et mon enfant en plus. Je vais le tuer.
– TERRY ARRÊTE, me hurle la voix de Trisha.
Je les entends tous m’appeler mais je n'ai que faire. Je continue de cogner le gars jusqu’à ce que Mike me saisisse et m'oblige à le lâcher.
– Tu vas le tuer, arrête.
– Il le mérite bien.
– Vas t'occuper de ta femme.
– Conduis-la à l’hôpital. Moi j’envoie ce connard au Commissariat.
– Ty laisse-le partir.
– Pas question.
Sans répondre ni à ma femme, ni à ma mère, je récupère le mouchoir des mains de mon autre garde et m'essuie les mains. Le commissariat est juste à quelques pas. Je fais signe à mes hommes de le relever et de le conduire dans le commissariat. Je marche à leur suite. Quand nous arrivons, nous le jetons aux pieds des flics.
– Faites-moi enfermer ce type.
Je ressors comme je suis entré, suivi de Rico. Je me rends maintenant à la clinique où se trouve Trisha et tous les autres. Ils sont dans une chambre sans aucun infirmier ou docteur à leur côté. Ma femme n’a pas encore été consultée.
– Pourquoi personne ne s'est encore occupé de toi ?
– Il y a d’autres urgences, répond Mike.
– Mike à quoi te sert ton titre de Prince ? Je vais régler ça moi-même.
– Ty pas de scandale s'il te plaît.
Je ne prête pas attention aux mots de ma femme. J’interpelle une infirmière qui passait par là.
– Je peux savoir pourquoi est-ce que ma femme n'a pas encore reçu de soin ?
– Euh Monsieur, le Docteur sera là dans une dizaine de minute.
– Que fout-il ?
– Je ne sais pas Monsieur. Il est peut-être avec un patient.
– Ok nous n’avons pas dix minutes. Je veux le voir auprès de ma femme dans la minute qui suit.
– Monsieur…
– Pourquoi êtes-vous encore plantée devant moi ?
Elle me regarde avec un air choqué.
– Mademoiselle vous voulez que je me répète ?
– Non Monsieur.
Elle se décide enfin à s'en aller.
– Ty arrête d’être désagréable avec tout le monde, me reprend Trisha.
– Ce n'est pas normal qu'il ne vienne pas te consulter alors que tu as presque eu un accident.
– Il y a certainement d'autres patients dans des cas plus grave que moi. Arrête avec ton autorité.
– Arrête de te plaindre et contente-toi d'attendre qu’on vienne s’occuper de toi.
– Tu ne me parles pas ainsi, s’énerve-t-elle. Je ne suis pas ton enfant.
– Les enfants calmez-vous, intervient tonton Vincent.
Le docteur entre enfin la consulter. Il nous prévient qu'il n'y a rien de grave. La douleur passera d'ici deux jours. Il lui prescrit quand même une pommade en cas d’enflure.
– Qu’as-tu fait du chauffeur ? Me questionne ma femme en se chaussant.
– En prison.
– Quoi ? Terry tu n'as pas fait ça ?
Je ne lui réponds rien.
Nous rentrons à la maison avec une tension qui plane au-dessus de nos têtes. Trisha entre la première dans notre chambre et claque la porte. J’entre ensuite. Elle retire ses chaussures qu'elle balance n’importe comment.
– Terry je peux savoir ce qui te prend au juste ?
– Arrête d’autant gesticuler, lui dis-je en m’asseyant sur le lit. Tu es enceinte.
– Arrête de me parler comme à un enfant, hausse-t-elle le ton.
Je lève les yeux sur elle. Elle souffle pour se calmer.
– Ton attitude de ce soir m'a vraiment choqué. Tu as failli tuer un homme et maintenant tu le fous en prison.
– Oui, parce qu’il t'a heurté.
– Mais bon sang tu as vu que je n'avais rien.
– Peu importe Trisha. Il t'a touché et je ne pouvais pas laisser passer ça.
– Arrête de te prendre pour le maitre du monde. Tu dépasses les bornes.
– Je dépasse les bornes ? Répété-je en me levant. Tu trouves que veiller à ton bien être c'est dépasser les bornes ? Sais-tu combien d’accident se produisent par jour ? Combien de personne meurt à cause de satanés chauffards ?
– C'est la vie, on y peut rien.
– Si, on y peut quelque chose. Il faut régler leur compte à ces imbéciles.
– Tu penses que c'est ce qui me garantira une bonne sécurité et une longue vie ? Tu n'es pas le maître de la vie. Nous tombons tous malade, des accidents, nous en sommes tous exposés et nous sommes appelés à mourir.
– NE ME PARLE PAS DE MORT. Pété-je un câble. Je t’interdis de parler de mort dans ma maison.
– C'est aussi MA maison et je parle de ce que je veux. Tu vas beau mettre tous les chauffards en prison, m'entourer de centaine de gardes, mais si un malheur doit m'arriver, il m'arrivera sans que tu ne puisses rien faire. Parce que tu n’es pas Dieu. Comprends le une bonne fois pour toute.
Elle entre dans la salle de bain et claque la porte. Je ressors de la chambre en desserrant le nœud de ma cravate. Je descends m’enfermer dans mon bureau. J'y reste même plusieurs heures pour la laisser se calmer. Sirotant mon verre de Jack, je la regarde dormir sur la tablette reliée à la caméra de notre chambre. J'ai tellement peur que ce genre de moment où je l'observe dans son sommeil s’arrête. Elle ne comprend pas que je vis dans la peur constante de la perdre. A chaque journée de travail, j'exige un rapport chaque heure de ses gardes afin de m'assurer qu'elle va bien. Je ne me vois plus côtoyer une autre femme encore moins me marier une troisième fois. Je ne veux que Trisha dans la vie. J'ai déjà traversé tant d’épreuves avec elle pour laisser tout ça disparaître.
J'ai finalement passé la nuit dans le divan dans mon bureau. J'ai voulu laisser de l’espace à Trisha. Je ne veux rien faire qui puisse la mette de nouveau en colère. Elle est partie très tôt au travail. Elle n'a pas fait de petit déjeuner parce qu’elle sait que sans elle je n'en prends pas. Je me rends chez ma mère car son mari, tonton Vincent a demandé à me parler. Je suis accueilli par ma mère.
– Bonjour chéri, me salut-elle en me faisant la bise.
– Bonjour maman.
– Tu n’as pas bien dormi on dirait.
– Ouais. Mais ça va. Il est où tonton ?
– Il arrive. Comment va Trisha ?
– Elle va bien.
Son mari nous rejoint. Ma mère nous laisse entre homme.
– Comment ça va Ty ?
– Bien tonton.
– Et ta femme ?
– Bien. Elle est au boulot.
– Bien. J'ai tenu à m’entretenir avec toi de ce qui s'est passé hier. Je t'ai vu vraiment très inquiet pour ta femme. J'ai vu la peur en-dessous de ta colère. Sachant ce qui t'est déjà arrivé dans le passé, je te comprends parfaitement. Mais, lâche un peu prise. A force de vouloir trop protéger ta femme, tu risques éventuellement de la mettre en danger.
– Je ne peux m’empêcher d’être inquiet.
– Et c'est normal. Mais tu ne pourras jamais la protéger à 100%. Tu n'es pas Dieu. Tu peux faire tout ce qui est en ton pouvoir pour sa sécurité mais il y aura toujours une faille quelque part. Fais l'effort de déstresser. Elle est enceinte et elle n'a pas besoin d'un mari constamment en colère.
– Je sais, reconnais-je dans un soupir.
– C'est bien. Pars donc arranger les choses avec elle.
– Merci tonton.
– De rien.
Ma mère arrive vers nous rapidement.
– Terry avant que tu ne partes, mon placard…
– Chérie c'est ton dressing. Ce n'est pas un placard.
– Waa c'est même chose là. Mon dreching est devenu petit.
– Ton dressing n'est pas petit. Ce sont tes affaires qui sont trop.
– Ah mais est-ce que c'est de ma faute si les gens me font plein de cadeaux ? Pardon laisse-moi parler à l'arkichecte.
– L’archi…
– Aaah laisse-moi parler mon français. Tu n'es pas encore arrivé à mon niveau.
Je souris.
– Maman ça suffit. Je vais envoyer une équipe apporter des modifications. Commence à tout ranger.
– Je savais que je pouvais compter sur toi. Si c’était Vincent là, poil allait pousser sur mes dents avant qu'il agrandisse placard là.
– Si je ne t'avais pas épousé, ma vie allait être des plus ennuyantes.
– Toi-même tu connais.
Ils commencent à se sourire amoureusement. Voir ma mère heureuse m'enlève un véritable poids sur l’épaule. Son bonheur a toujours été ma priorité. Je suis heureux qu'elle ait trouvé ce bonheur dans les bras d'un homme tel tonton Vincent. Je prends congé. Je passe dans la bijouterie de Cassie acheter une chaine à ma femme. J’en ai besoin pour me faire pardonner. Je me rends à la maison mère, si je peux l’appeler ainsi, de ses boites. Ses employés, quand ils me voient, se dégagent de mon chemin. Ils s’écartent tous et se tiennent droit. Je monte jusqu’au bureau de ma femme. Elle tient une réunion avec deux employés.
– Veuillez nous laissez, ordonné-je.
Trisha lève les yeux au ciel. Ses employés sortent sans perdre de temps. Je condamne la porte.
– Tu es venu t’assurer que personne ne m’ait marché sur les pieds ?
Je contourne le bureau sans rien répondre. Je la fais asseoir sur son bureau et je me place entre ses jambes.
– Tu es belle quand tu es en colère.
Elle croise les bras. Je sors le boitier.
– Je suis désolé. Je te promets de baisser un peu la garde.
Elle baisse les yeux sur la chaine. Elle me regarde.
– J'ai toujours aimé que tu veilles sur moi comme la prunelle de tes yeux. Mais que tu en deviennes paranoïaque, non.
– Je sais.
Je colle mon front au sien.
– Tu es ma vie Trish. Te perdre me serait fatale.
– Il ne m'arrivera rien bébé.
– Promets-moi que tu seras prudente en tout temps.
– Je te le promets. Mais je ne t'ai toujours pas pardonné.
– Si tu veux que je libère d'abord le chauffard, c’est déjà fait.
– Je veux autre chose.
– Quoi ?
Elle prend la chaine du boitier et se la passe autour du cou.
– Que tu ailles voir Léontine.
Je me sépare d'elle.
– Tu n'es pas sérieuse ?
Elle me ramène entre ses jambes et les referme autour de moi.
– Je sais ce que tu en penses, mais chéri, elle est sur le point de mourir. On ne refuse pas le pardon à une personne mourante. Elle ne demande rien. Juste d’être présents pour écouter ce qu’elle a à vous dire. Je ne veux pas que tu gardes cette haine pour une défunte.
– J'avais oublié qu’elle existait.
– Elle fait partie de ton histoire et tes enfants vont la connaître. Je ne veux pas qu'il y ait un épisode qui dit que tu as refusé d’aller voir ta mère sur son lit de mort alors qu'elle a supplié de te voir afin de mourir en paix.
– Ce n'est pas ma mère.
– Ok Léontine. Tu n’es pas obligé de parler. De toutes les façons ça t'épuise.
Elle gratte la barbe naissante.
– Si tu le fais, j’accepte qu’on appelle notre enfant Tayron, peu importe le sexe.
Je souris.
– Ça marche.
Elle se rapproche et m’embrasse. Pour ma femme je ferai n’importe quoi, quitte à aller voir cette femme qui m'horripile.