Episode 2
Write by Mona Lys
2
***ALANA
— Alors, qu’a-t-il dit quand il l’a vu ?
— Il m’a demandé, avec beaucoup d’insistance, ce qu’il représentait pour moi.
— Et que lui as-tu répondu ?
— Que voulais-tu que je lui réponde ? Qu’il est juste un plan cul.
Inayah sourit.
— Ne dis pas ce que tu as en tête.
Elle lève les mains et m’apporte ensuite mon plat. Cette fille cuisine super bien. C’est pourquoi je prends un malin plaisir à venir plus tôt, manger avec elle avant de sortir avec Chris.
— Alors, tu me le présentes quand ? me demande Inayah en piquant dans son assiette.
— Je n’ai pas à te présenter mon plan cul.
— C’est ça, rigole-t-elle.
L’un des changements qu’il y a eu dans ma vie, c’est mon attachement à Inayah. Elle est d’une telle simplicité qu’il ne m’a pas été difficile d’y arriver. Elle est ce que je peux qualifier de la seule amie que j’ai. Pour moi qui ne suis pas bavarde, je le suis maintenant. Pas une grande bavarde, mais quand je suis avec elle, je parle beaucoup plus qu’avant.
— Chris a quand même mis du temps, tu ne trouves pas ? fais-je remarquer.
— C’est toujours comme ça quand il est avec sa Shana, me répond Inayah avec déception et jalousie.
— Je t’avais prévenue.
— Je le sais.
Chris apparait, seul.
— Elle est où Shana ? lui demandé-je.
— Elle est partie depuis plus de trente minutes.
— Ah, je vois.
— On y va !
Je remercie Inayah et suis mon frère. Je m’assieds près de lui sur le siège arrière. Il me briefe sur son rendez-vous de ce matin. C’est un rendez-vous d'affaires. Pour les affaires légales je veux dire. Pas les choses de l'ombre.
— Dis-moi, pourquoi fais-tu ce que tu fais avec Shana à la maison en sachant bien qu’Inayah, TA femme est présente ?
— Il se situe où le problème ? Je fais ce que je veux chez moi.
— Mais penses-tu à Inayah ?
— T’a-t-elle dit quelque chose à ce propos ?
— Non !
— Ça prouve donc qu'elle s'en fiche. Notre mariage c’est juste du pipo.
— Tu ne t'es pas dit qu'elle pourrait être amoureuse de toi et dans ce cas elle souffrirait de ta liaison avec Shana ?
— Aucune femme qui a vu un homme tuer n'en tombe amoureuse. A condition qu'elle soit elle-même une meurtrière. Ce qui est de loin le cas d'Inayah. Elle s'en fiche de ce que je peux faire.
Moi je pense plutôt qu'il fait tout ça pour pousser Inayah à s’éloigner de lui. Il utilise cette méthode pour éviter qu'il ne se passe quoi que ce soit entre eux. Je connais cet homme comme la paume de mes mains. Mais je me retiens de le lui faire savoir au risque de me prendre une de ses foudres au visage.
Je marche derrière Chris jusqu’à la suite de son futur partenaire. Trois de nos hommes restent plantés devant, quant aux autres, ils sont déportés un peu partout dans l’hôtel et devant. Je vois le partenaire de Chris jeter sur moi des coups d’œil qui m’interpellent sur ses intentions. Je reste concentrée sur la conversation entre les deux hommes. Je joue parfois le rôle de conseillère auprès de mon frère. Je me dois donc d’être informée de tout. Après près de deux heures de conversation, ils y mettent fin avec une poignée de main.
— Je peux avoir quelques minutes avec ton bras droit ? demande l’homme à Chris.
— Si vous voulez que notre accord tienne, évitez de regarder dans cette direction, l’avertit Chris sur un ton dur et un regard menaçant.
Le visage de l’homme se décompose. Nous prenons congé de lui sans perdre de temps. Lorsque nous sortons de l’ascenseur, nos hommes qui étaient postés dans le hall se mettent en mouvement. Sur notre passage, les femmes sont en admiration devant la carrure imposante et pleine de charisme de Chris. Ce dernier n’y accorde aucune importance. Il fut un temps où les gens le pensaient gay, dû au fait de son indifférence envers les femmes. Jamais aucune ne lui a fait de l’effet. Jamais aucune ne l’a marqué au point de la présenter lui-même au monde entier. Ses défuntes fiancées, eh bien elles ont essayé et résultat des courses, elles sont six pieds sous terre. Aucune femme n’est assez forte pour affronter le monde de Chris IVANOV.
Un homme accoste Chris avant que nous n’atteignions la sortie. Je le reconnais comme un autre partenaire d’affaire. Je reçois aussitôt un message qui me ralentit. Je reprends ma marche vers Chris quand je sens tout à coup une main m’agripper la taille et me tirer derrière l’un des gros piliers de l’hôtel. Je suis plaquée contre le pilier et à peine je reconnais le parfum de Jeoffrey qu’il écrase ses lèvres sur les miennes. Je suis partagée entre l’envie de savourer ce baiser et la peur d’être choppée par mon frère.
— Jeoffrey, que fais-tu là ? je lui demande en le repoussant.
— Je déjeunais avec un client lorsque je t’ai aperçue. Ça fait trois jours que tu es en mode silence radio. Qu’ai-je fait ? Tu me manques. Tu…
— Chut ! Arrête de parler. Mon frère est là et je n’ai vraiment pas le temps de parler de tout ça.
— Oui, je l’ai également aperçu. C’est une bonne occasion de faire les présentations. Tu ne crois pas ?
Il essaie d’aller vers Chris mais je le ramène avec force.
— Tu es fou ? Qui crois-tu être pour moi pour rencontrer mon frère ?
— Bah ton petit ami. N’est-ce pas ce que je suis ?
J’ai bien envie de lui répondre par la négative mais il a raison. Nous n’avons pas eu besoin de nous dire que notre relation devenait sérieuse. Les choses ont évolué toutes seules et nous nous sommes laissés entrainer.
— Si, mais pas au point de se présenter à nos familles. Bref, je dois y aller.
— Je passe ce soir.
— Non, je…
— Lana arrête de me fuir, tu veux ?
— Ok. A ce soir. Lâche-moi maintenant.
Je fais un pas quand il me ramène en arrière et m’embrasse une dernière fois avant de me laisser m’en aller. Heureusement pour moi, Chris est concentré sur sa conversation. Il ne tarde pas à y mettre fin et nous pouvons nous en aller. Il me confie une tâche à accomplir ce soir même.
*Mona
*LYS
J’ai reçu un appel inquiétant de mon frère qui m’a fait sauter de mon lit. Je reprenais des forces après cette journée chargée, avant que ne vienne Jeoffrey. Chris ne m’a rien dit d’autre si ce n’est “Emmène-toi immédiatement’’. J’ai enfilé un jean et crop-top et j’arrive maintenant chez lui. Inayah mange du pop-corn devant le home cinéma.
— Où est-il ?
Elle me pointe le couloir qui mène à son bureau. Je m’y rends à grands pas. Je cogne deux fois et j’entre. Il est assis derrière son bureau, la chemise ouverte aux premiers boutons et les cheveux en pagaille.
— Je suis là !
Il lance à mes pieds une enveloppe. Il est de mauvaise humeur.
— Jeoffrey DAVIS, dit-il calmement. C’est bien ça ?
— Oui, lui répondé-je sans comprendre.
Il fait tressauter ses mâchoires.
— As-tu fait des recherches sur ton “plan cul’’ avant de lui donner total accès à ta vie ? me demande-t-il en me fixant durement.
— Euh, non.
Pour dire vrai, je n’en ai pas vu l’utilité puisque nos rapports n’étaient que platoniques. Je ramasse l’enveloppe.
— Saches donc que tu couches avec l’ennemi.
— Pardon ?
— Ce type que tu embrassais ce matin à l’hôtel, il est le cousin du Lieutenant Marc FLYNN.
Cette révélation me fait l’effet d’une douche froide.
— Comment ça se fait ? J’ai…
— Tu as baissé la garde, Alana. Tu t’es faite avoir comme une débutante. Je t’ai pourtant enseigné de faire des recherches sur chaque personne qui entre dans ta vie.
— Je n’en ai pas vu l’utilité.
— (Tapant du poing) Tout est utile. Dans notre milieu, tout l’est.
— Je suis désolée. Je… je…
— Eprouves-tu des sentiments pour lui ?
Cette question tombe dans mes oreilles comme une bombe qui explosera si je donne la mauvaise réponse.
— No… non. Non je ne le suis pas.
— Dans ce cas, cherche-toi un autre objet sexuel.
— Que… que vas-tu faire de Jeoffrey ?
— Ce que nous avons l’habitude de faire de nos ennemis. Je te fais un dessin ?
Un frisson glacial fait vibrer mon corps. Je serre mes poings. Imaginer Jeoffrey avec une balle dans la tête fait accélérer mon rythme cardiaque.
— Non attends. Laisse-moi lui parler avant. Peut-être qu’il ne sait pas qui nous sommes.
Il plonge son regard dans le mien. Il me connait, il sait lire en moi et je crains qu’il ne lise dans mes yeux ce que je cache depuis deux ans. Il se lève de toute sa hauteur et vient devant moi.
— Tu as 24h pour trouver une solution, après quoi, je m’occuperai de lui.
Il me plante là. Dans quoi me suis-je mise ? Et ce Jeoffrey qui joue avec moi depuis le début. Une sourde colère s’empare de moi. Je rentre chez moi avec les informations recueillies par Chris. Je sors mon arme de mon armoire, je la charge et je pars attendre Jeoffrey dans le salon. Ce sac à merde m’a piégée. Il s’est mis dans la peau d’un mec bien pour m’attirer dans son filet. La lumière jaillissant de mon allée me prévient qu’il est là. Je me poste derrière ma porte, l’attendant comme un lion guettant sa proie. Il ouvre la porte. Je le regarde avancer sans faire de bruit.
— Alana !!! Je suis là !
Je marche dans son dos sur la pointe des pieds. Il pose un paquet MacDo sur la table. C’est à cet instant précis que je lui saute dessus. Je le fais tomber dans le divan et place l’arme sur sa tête. Pour un homme aussi imposant que lui, il me fallait le mettre à plat au risque de me faire surprendre.
— Mais qu’est-ce qui…
— Quelle est ta mission et pour qui bosses-tu ?
— Quoi ? De quoi parles-tu ?
— Je parle du fait que tu m’aies caché ton lien avec Marc FLYNN.
Il pousse un soupir.
— Pouvons-nous parler calmement, s’il te plaît ?
— Non. Tu me réponds et maintenant.
— Alana…
Je charge mon arme.
— J’ai dit, tu me réponds, maintenant.
Il souffle. Puis, contre toute attente, il se relève, me faisant basculer sur un côté. Je me maitrise et tente de le maintenir à sa position. Je découvre une force en lui que je ne lui savais pas. Je découvre surtout une technique de combat. On aurait dit qu’il pratique ou a pratiqué. Prise de surprise, je baisse ma garde. Il en profite pour prendre le dessus. Je me retrouve à mon tour couchée dans le fauteuil, lui entre mes jambes, ses mains bloquant les miennes sur ma poitrine et mon arme jetée sur la moquette.
— Tu restes tranquille ! m’intime-t-il.
— Tu veux me tuer ? Me faire avouer mes crimes et ceux de mon frère ? Pour ensuite nous livrer à la police ? Eh bien tu seras obligé de me tuer au plus vite parce que je ne céderai à aucune de tes menaces. Jamais tu n’obtiendras des aveux pour ton imbécile de cousin.
Je me débats sous lui mais c’est comme si je ne faisais absolument rien. Il est beaucoup trop costaud.
— Si tu me fais du mal, mon frère te traquera et te fera la peau.
— Arrête de raconter n’importe quoi. Je n’ai jamais eu l’intention de te faire du mal.
— Ah bon ? Pourquoi m’as-tu donc caché ton lien avec ce flic si tu n’étais pas en mission ?
— Je n’ai rien à avoir avec lui. Oui, nous sommes cousins mais je ne trame rien avec lui et jamais je ne l’aiderai à te faire du mal.
— Pourquoi ?
— C’est simple. Parce que je suis fou amoureux de toi et que j’avais peur que tu me chasses de ta vie si tu savais la vérité.
Cette réponse a pour don de me faire perdre toute envie de le tuer.
— Lâche-moi, dis-je en me dégageant après qu’il ait desserré son emprise.
Il me laisse me relever. Je continue d’être en colère.
— Tu m’as menti.
— Et je viens de t’en donner la raison. Et si tu veux tout savoir, effectivement Marc m’a proposé, il y a deux ans, de l’aider à avoir des preuves contre ton frère et toi. Bien évidemment, j’ai refusé. Il insiste encore et ma réponse demeure la même. Je t’aime et je ne pourrai jamais te faire de mal ni aider une personne à le faire.
— Tu aurais pu tout m’avouer dès le début.
— Si je t’avais dit la vérité, m’aurais-tu laissé entrer dans ta vie ? Serais-tu tombée amoureuse de moi ?
— Qui t’a dit que j’étais amoureuse de toi ?
Il me regarde et sourit.
— Va-t’en ! Tu m’as menti et je ne peux l’accepter. Reste loin de moi dorénavant, si tu veux avoir la vie sauve.
— Alana !
— Tu es parenté à mon ennemi. Je préfère t’éloigner avant que tu ne retournes réellement ta veste.
— Jamais je ne le ferai.
— Désolée, mais je ne te fais pas confiance. Je ne fais confiance à personne. Continuer notre idylle, c’est prendre le risque de détruire ma famille, la seule que j’ai.
La déception se lit sur son visage. Je suis également déçue mais je reste convaincue que c’est l’idéal. C’est prendre un très gros risque que de continuer à le fréquenter. Il ramasse ses clés et part. Je range la bouffe dans le réfrigérateur et je m’enferme dans ma chambre.
***CHRIS IVANOV
Le diner avec Inayah se passe dans un grand silence. Comme tous les précédents. Je la sais bavarde, mais avec moi, elle est plutôt réservée. Elle se met dans une certaine bulle et je n’arrive pas à me l’expliquer. Est-ce parce qu’elle n’a pas envie de discuter avec moi ? Est-ce sa technique à elle pour éviter un quelconque rapprochement entre nous comme nous l’interdit notre contrat de mariage ? Il nous arrive d’échanger des civilités mais sans plus. En même temps, ce n’est pas pour me déplaire. Je n’ai jamais eu le temps pour les bavardages inutiles et blagues sans importance. Elle, apparemment, elle adore.
Son visage se referme tout à coup en regardant derrière moi. Je devine tout de suite l’arrivée de Shana.
— Salut la compagnie !!! salue joyeusement celle-ci.
Ni Inayah, ni moi ne répondons. Shana se penche vers moi et tente de m’embrasser. Je l’arrête automatiquement.
— Que fais-tu ici ? je lui demande sèchement.
— J’avais envie de passer du temps avec toi.
— C’est la dernière fois que je te le dirai. Tu ne mets jamais les pieds ici quand ce n’est pas moi qui l’ai demandé.
— J’ai envie de toi.
— Tu dégages maintenant et tu attends mon appel.
Elle se redresse en regardant Inayah qui a gardé sa tête dans son plat.
— Ok. Comme tu veux. Mais avant de m’en aller, laisse-moi t’informer que mes hommes ont aidé les tiens à maitriser le petit copain d’Alana. Il était beaucoup trop costaud.
Inayah relève la tête.
— Tu as fait enlever Jeoffrey ? me demande-t-elle toute inquiète.
— En quoi ça te regarde ? l’agresse Shana.
— Je m’adressais à mon mari. Merci de la boucler.
Shana la fusille du regard. Inayah me regarde.
— Comment es-tu informée de l’opération ? je demande à Shana sans me préoccuper du regard interrogateur d’Inayah.
— Ça s’est passé devant mon bar. Il y était avec des amis à lui.
Mon portable posé sur la table se met à vibrer. Je décroche et le place à mon oreille.
— « Boss. Nous l’avons. »
— J’arrive.
Je récupère ma veste accrochée sur ma chaise et l’enfile. Je mets par-dessus mon manteau. Je tourne dos à Inayah mais je reviens sur mes pas.
— Depuis quand connais-tu ce type ?
— Je connais tous les objets sexuels de la famille IVANOV.
La réponse était plus destinée à Shana qu’à moi. Je tourne les talons et cette fois je pars. Shana me suit de très près.
— Chris ! m’appelle-t-elle quand j’ouvre la portière de ma voiture.
— J’ai dit tu rentres chez toi et…
Je me rapproche d’elle.
— Tu fais gaffe à ta manière de t’adresser à Inayah. Que ce soit du vent ou pas, madame IVANOV, c’est elle et à cause de ce titre, tu la respectes. Me suis-je fait bien comprendre ?
Elle fait la moue.
— Me suis-je fait BIEN COMMPRENDRE ? je réitère ma question en lui empoignant le bras.
— Oui ! Aïe, tu me fais mal.
Je remonte dans ma voiture et démarre. Je dois me rendre à mon entrepôt avant de me rendre à un rendez-vous d’affaire. J’ai des comptes à régler avec ce DAVIS. J’ai donné 24h à Alana pour me régler cette histoire mais elle ne m’a rien trouvé de convainquant comme solution. J’ai tout de suite compris qu’il est un élément gênant au point de distraire Alana. Jamais elle n’avait été autant à la ramasse. Jamais elle n’avait perdu le contrôle de quoi que ce soit. Je l’ai formée comme il se devait. Elle est moi en version féminine. Si je veux lui faire reprendre ses esprits, il me faut éliminer ce gars. Je ne peux pas me permettre de laisser mon bras droit se faire manipuler par un homme, qui plus est, lié à notre ennemi. Cela fait donc de lui, notre ennemi.
J’enfile mes gants en cuir noir en marchant vers la petite porte dans l’entrepôt qui débouche sur la pièce sécrète destinée à mes règlements de compte. Je sors mon arme de mon dos une fois devant ma prochaine victime. Il est attaché à une chaise. Ses lèvres et le côté gauche de son visage saignent.
— Vous savez qui je suis ? je lui demande en le fixant.
— Chris IVANOV, frère d’Alana IVANOV, me répond-t-il, avec une certaine énergie qui me surprend vu la baston qu’il a subie.
— Vous n’auriez jamais dû vous approcher d’elle.
— Il m’était aussi impossible de rester loin d’elle avec l’emprise qu’elle a sur moi. J’aime votre sœur. Aussi surprenant soit-il.
Je souris devant tant d’assurance. C’est bien une première pour moi de voir un homme à quelques secondes de sa mort être autant rempli d’assurance.
— Votre discours sur l’amour que vous prétendez ressentir pour elle ne m’atteint pas. Je ne suis pas dupe. Marc FLYNN vous a certainement envoyé en espion dans la vie de ma petite sœur.
— Oui, il m’en a fait la proposition. Proposition que je lui ai jeté à la figure avec un grand non. Je ne sais rien de vous que ce qui se raconte déjà. Et pour être sincère, je ne veux rien savoir.
— Je vais vous tuer malgré votre beau discours.
— Et je vous demande de ne pas le faire. Laissez-moi vous prouver que mes intentions envers votre sœur sont nobles. Je suis fou d’elle, vous comprenez ?
— L’amour n’existe pas pour nous. Vous devriez le savoir.
Je charge en un coup sec mon arme et la lève vers sa tête. Il ferme les yeux. Le doigt sur la gâchette, je me prépare à appuyer quand mon portable se met à sonner dans ma veste. C’est Alana. Je le devine grâce à la sonnerie.
— Oui ? je réponds au téléphone sans quitter l’autre connard des yeux.
— « Ne lui fais rien, je t’en supplie. Laisse-moi gérer ça à ma manière. »
— Je t’avais déjà laissé 24h.
— « Oui, j’en suis consciente. Je peux gérer. Il ne sera pas un problème pour nous. Je t’expliquerai mon idée quand on se verra. Mais laisse-le vivre. Fais-moi confiance, s’il te plaît. Jamais je ne t’ai déçu. Jamais je ne t’ai demandé chose pareille. »
Et c’est ce qui m’inquiète. Je baisse mon arme et me retourne. Ça me fout en rogne qu’elle m’empêche de tuer cet homme qui représente visiblement un danger pour nous.
— Si jamais cet homme fout le bordel dans mes affaires, je vous tue tous les deux. je la menace, en russe. Mon business, c’est toute ma vie. Je ne laisserai jamais qui que ce soit le détruire, même pas toi. Est-ce que c’est clair ?
— Ochen’ yasno (Très clair), répond-t-elle en russe également.
Je raccroche, souffle un coup et me retourne.
— Razvyazhite eto (Détachez-le), j’ordonne à mes hommes.
Ils s’exécutent. L’homme en est surpris.
— Tu n’aurais jamais dû commettre l’erreur de tomber amoureux de ma sœur. Ta vie, je la tiens dorénavant entre mes mains. Un petit écart de ta part et je t’écrase comme une vermine. Dans le sens propre du terme.
Je range mon arme et sors.