Episode 20

Write by Annabelle Sara


 

Recevoir l’appel de Gérôme quand je prenais ma pause au boulot me rappela l’appel de cette fameuse nuit. Je venais de prendre ma douche dans la chambre de Jules et venais d’enfiler un de ses t-shirt qu’il m’avait prêté lorsque mon téléphone avait sonné. Je n’ai pas voulu décrocher en voyant le nom s’afficher, je n’avais pas besoin d’être plongée plus qu’il n’en fallait dans l’horreur de ce qui venait d’arriver à ma petite sœur ! Mais je n’avais pas le choix, s’il insistait pour me parler à une heure aussi avancée alors cela devais être pour une bonne raison !

J’ai pris l’appel sans parler dans le micro.

Gérôme : Kiki ? Ça va ?

Moi : Je vais bien Gérôme !

Gérôme : Je sais que ma question est idiote excuse moi… mais… je dois te dire quelque chose !

De quoi voulait-il me parler encore ? Magon s’est réveillée ? Elle n’était pas partie ? C’était   une fausse alerte ?

Mon cœur battait encore, quelque chose en moi espérait que ce soit ce qu’il voulait me dire.

Moi : Vas-y !

On pouvait lire l’espoir et l’impatience mêlés dans ma voix.

Gérôme : Nous avons trouvé le bébé de ta sœur dans la maison…

J’ai failli lâcher le téléphone ! Le bébé ! Je n’y ai même pas pensé !

Moi : Et ?

Je m’étais levé comme si j’allais sortir de chez Jules pour retourner à l’hôpital.

Gérôme : Il ne va pas très bien ! C’est un garçon, il est très faible mais il respire… Les médecins se sont occupés de lui, il est sous une couveuse…

Moi : J’arrive !

Gérôme : Non !

Sa voix tranchante m’avait coupé dans mon élan !

Moi : Quoi ?

Gérôme : Ne viens pas ! Je t’ai dis tout à l’heure que personne ne doit savoir que tu connais la vérité sur les activités de ta tante. Si ces gens te voient avec un bébé prématuré ils vont te cibler pour le récupérer !

Je ne comprenais rien à ce qu’il me racontait. Mon Neveu était vivant et il ne veut pas que je le vois ?

Moi : De quoi…

Gérôme : Kiki si je te dis que ton neveu va bien comprend qu’il va bien ! Le pédiatre qui l’a pris en charge dit que ses jours ne sont pas en danger, ils vont le garder sous couveuse pendant un moment… Moi ce que je vais faire c’est que je vais demander à une amie de le prendre dans sa clinique privée jusqu’à ce qu’on puisse trouver une solution !

Je comprenais le besoin qu’il avait de vouloir nous protéger le petit et moi, mais je n’allais pas tranquillement rester loin de mon neveu sachant qu’il est en vie.

Moi : Gérôme, je vais te dire ça une fois ! Je ne vais pas me répéter. Cet enfant c’est mon neveu, il n’y a personne qui puisse s’occuper de lui comme moi donc je te le dit dès que nous aurons fini avec les obsèques de ma petite sœur tu as intérêt à avoir trouvé la réponse aux questions de ton enquête parce que moi je viendrais récupérer cet enfant !

Gérôme : Sans problème enterre d’abord ta sœur d’ici là il sera déjà sorti de couveuse, les docteurs disent qu’il n’est pas un prématuré grave, ta sœur devait déjà être à 8mois de grossesse…

Moi : Oui je crois que c’est parce que l’infirmière que ma tante avait vu pour l’opérer avait refusé de le faire et avait fait trainer leur plan…

Gérôme : Comment tu sais ça ?

Alors je lui avais raconté l’épisode où j’espionnais ma tante à l’hôpital central.

Gérôme : Pourquoi tu te mets toujours dans des situations difficiles ? Je venais tout juste de te sermonner pour ce que tu avais fais à Bastos et quelques minutes après tu te retrouves en train de suivre ta tante dans un hôpital, imagine qu’elle n’était pas seule le jour là… Vraiment Kiki !

Je ne comprenais pas pourquoi il se fâchait contre moi, toutefois il m’avait promis qu’il s’occuperait de mon neveu et me ferais signe à mon retour des obsèques de ma sœur.

Alors recevoir son appel qui m’invitait dans une clinique privée fit battre mon cœur. Je savais de quoi il était question et j’étais impatiente. Je m’étais retenue pendant deux semaines, que ce soit dans les commentaires, devant la famille de mon père surtout, soutenant que le bébé de ma sœur avait disparu, que la police ne l’avait pas trouvé.

J’étais tellement convaincante que personne n’avait douté de cette version et à présent que j’utilisait mon heure de pause pour aller retrouver Gérôme afin de faire la rencontre du nouveau membre de ma famille, je regrettais d’avoir dit à ma mère que sont petit-fils avait été enlevé hier soir.

Elle méritait de le voir elle aussi, mais cela elle arrivera en temps et en heure. Le véhicule de fonction de Gérôme était garé dans la cour arrière de la clinique, il m’avait expressément demandé de passer par cette entrée pour ne pas attirer des regards. Je ne sais pas comment je faisais pour vivre cette vie où je suis toujours sur mes gardes quand je mets le nez dehors mais je n’ai pas le choix.

Pour le bien de ce bébé je devais suivre les instructions de Gérôme qui avait pris sur lui de biaiser son enquête afin de nous mettre tous les deux à l’abri.

Une infirmière vint m’accueillir à la porte arrière et me demanda d’entrer, elle me conduisit dans le bureau de l’amie de Gérôme, elle était le directeur de la clinique. C’était une femme d’un certains âge, mais bien conservée, elle me salua avec chaleur.

Gérôme : Tu vas bien ?

C’est plutôt à moi de poser cette question, il me semblait pâle.

Moi : Je vais bien…

Le docteur : on peut y aller puisque vous n’avez pas beaucoup de temps !

Elle se leva et nous mena dans le service de Néo-nat de sa clinique, sur place elle nous remis des caches nez et des gants avant d’entrer dans une grande salle. Il n’y avait que des bébés, tout petit qui gigotaient en s’époumonant pour certain, dormant à poings fermés pour d’autres. Elle se dirigea vers un berceau dans le coin de la pièce.

Elle s’arrêta et me fit signe d’approcher. Je me suis dirigée vers elle à petits pas.

Il était là ! Il dormait ! Son visage, me fit tout de suite penser à mon père, il était tout petit dans sa tenue bleu bien trop grande pour lui. Il était couché sur le ventre donc je ne pouvais apercevoir qu’un coin de son visage.

Il fit un sourire dans son sommeil.

Mon cœur fondit, mes yeux se remplirent de larmes.

Magon était peut-être partie, mais elle m’avait laissé le cadeau le plus précieux qu’on ne m’ait fait. Je me suis rapprochée pour admirer ce petit miracle de plus près.

Le docteur : Vous pouvez le prendre si vous voulez…

Moi : Mais il dort… Je e veux pas déranger son…

Le docteur : Prenez-le ! Il ne va pas se plaindre de recevoir un peu d’amour, le lien que nous pouvons avoir avec lui est différent de celui que vous avez avec lui… Il faut qu’il vous sente.

C’est avec une douceur infini que j’ai donc pris mon neveu dans mes bras, il était tout frêle, il se trémoussa dans mes bras me reprochant de perturber son repos. Je souriais en pleurant, c’était un sentiment bizarre d’avoir cet enfant dans mes bras, c’était comme assister à un miracle, à une renaissance. Il ressemblait tellement à sa maman !

Je le regardais, essayant de mémorisant ses traits lorsqu’il ouvrit les yeux.

Un petit cri m’échappa, il était tout Magon, frêle, avec une pureté dans les yeux qui me faisait instantanément penser à ma petite sœur.

Il me sourit !

Le docteur : Vous voyez ? Il sent que vous êtes de sa famille…

Moi : Seigneur, il est beau !

Je tâtais ses membres comme si je cherchais à vérifier qu’il allait bien, qu’il avait tous ses membres, Il sembla apprécier ce petit massage de ses pieds et de ses mains.

Le docteur : Il n’a pas eu de problème à respirer seul mais comme il n’était pas tout à fait à terme il a fait un petit séjour en couveuse !

Moi : Il n’a aucun problème ?

Le docteur : Non il se porte bien !

Moi : oh merci Docteur !

Le docteur : Vous avez pensé à un nom ? Il est le seule ici qui n’a pas de nom ni de prénom…

Mon cerveau fit une recherche rapide, il est vraie que je n’avais pas réfléchit à un prénom mais tout ce qui me trottait dans la tête c’était que cet enfant était un miracle…

Moi : DAM… Dam veut dire miracle dans mon patois ! Loïc Dam !

Ils me regardaient couvrir mon neveu de larme et de bisou tout en lui chuchotant son nom, je venais de faire la première chose importante dans la vie de cet enfant. Lui donner une identité.

Je ne l’avais peut-être pas mise moi-même au monde mais j’étais responsable de lui et ceci depuis le tout début de la grossesse de sa mère. Il était donc normal pour moi de le serrer dans mes bras.

Le docteur : Vous allez nous écrire son nom sur avant de partir tout à l’heure…

Gérôme : Kiki… Il faut partir !

Moi : Attends encore un peu !

Il ne dit rien mais se rapprocha de moi ! Et posa sa main sur mon dos !

Gérôme : Il faut que tu retournes au travail… et moi aussi ! Loïc ne va pas bouger d’ici ! Tu pourras revenir le voir…

Moi : Demain ?

Gérôme : Non tu dois rester discrète dans deux ou trois jours oui…

J’avais mal à l’idée de rester loin de ce petit ange aussi longtemps.

Gérôme : Tu pourras le récupérer lorsque toutes les conditions seront réunies, pour sa sécurité et la tienne tu dois être très discrète.

Le docteur : Notre service de Néo-nat est plus sûr pour lui pour le moment !

Je savais qu’ils avaient raison, mais ce fut très difficile de reposer Loïc dans son berceau et le quitter pendant qu’il gazouillait en me regardant m’en aller. Ses yeux ne me quittaient pas, mais je savais que c’était la meilleure décision. Après que j’ai remplie la déclaration de naissance de Loïc comme si je l’avais mise au monde dans cette clinique, laissant naturellement la case de père vide, afin que la clinique dépose dans la Mairie de son district pour qu’on lui établisse un acte de naissance, Gérôme et moi avons quitté la clinique dans son véhicule.

Moi : Tu ne m’as pas parlé des frais…

Gérôme : Elle ne m’a rien demandé pour ton bébé ! Elle a accepté d’apporter son aide quand je lui ai expliqué à quoi cet enfant était destiné !

J’ai souris en l’entendant appeler Loïc mon fils, pour lui comme pour moi ça avait été naturelle.

Moi : Je ne veux même plus penser à cela…

Gérôme : Tu dois déménager avant de le prendre et aussi expliquer à ta mère que personne ne doit connaitre son existence… comme tu marche avec la team Kongossa de Yaoundé je te conseil de ne rien leur dire !

Moi : Je vais faire attention !

Pour une fois j’étais prête à suivre aveuglément les directives de Gérôme, je ne ferais rein qui mette en danger mon fils

 


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