Épisode 21

Write by Mona Lys

Episode 21



KENDRICK


Je ressors de chez les parents d’Aurélie où nous avons eu une discussion. Aurélie a fait le déplacement uniquement pour informer ses parents de notre divorce. Nous leur avons fait comprendre que c’était un choix commun et murement réfléchi. Leur fille leur a avoué qu’elle n’était pas amoureuse de moi mais d’un autre. Bon, ils ont demandé à parler à leur fille en privé donc j’ai pris congé d’eux. J’attends donc le retour d’Aurélie. Je prends le chemin directement pour la clinique où se feront les tests ADN. Mon père était vraiment sérieux quand il le disait. Je suis un peu anxieux concernant ces tests. C’est vrai que je n’ai jamais douté des tests que Kennedy avait fait mais le fait de les refaire me fait beaucoup cogiter. Et s’ils étaient en réalité mes enfants ? Ce serait vraiment un truc de dingue. Me retrouver du jour au lendemain avec deux gosses que j’ai toujours considéré comme mes neveux. Oublions. Je préfère ne pas y penser pour finir déçu. La première personne que je trouve quand j’arrive à la clinique c’est mon père. Je fais une petite prière avant de m’approcher de lui. Nous ne sommes pas encore restés en tête à tête depuis les révélations. Je sais néanmoins que je l’ai grandement déçu.


– Bonjour papa.


Il me lance un regard qui en dit long sur sa pensée.


– Ne m’appelle plus papa. Tu n’es pas digne d’être mon fils.

– Je suis désolé papa.

– C’est bien trop tard pour l’être. Vous avez déjà gâché la vie d’une innocente fille. Je n’aurai jamais cru que tu puisses tomber aussi bas en suivant ton frère dans ses frasques. Mais je vais bientôt la délivrer de vos mains. Ni toi ni ton frère ne devriez l’approcher.


Il finit sa phrase et s’éloigne. Au même moment Cindy entre suivie de Kennedy et des jumeaux. Quand je la vois je me lève sans la quitter des yeux. Quand nos regards se croisent, elle détourne le sien. Ken leur demande de rester dans un coin loin de moi. Je sais qu’il le fait exprès pour ne pas que je m’approche de Cindy. Mais ce n’est pas cette petite distance qui va m’empêcher d’aller vers elle. Luzolo fait appel à Kennedy. J’en profite pour rejoindre Cindy.


– Bonjour Cindy. Comment vas-tu ?

– Bien, répond-t-elle avec désinvolture.

– Maman, s’étonne la petite fille, papa est deux !?


Je souris devant sa mine surprise. Le garçon aussi a l’air sous le choc. Je pose un genou par terre devant eux.


– Bonjour, je m’appelle Kendrick. Je suis le jumeau de votre papa.

– Jumeau ? Appuie la fille. Comme moi et Nael ?

– Oui comme toi et Nael.

– Tu es donc aussi notre papa ? Demande cette fois Nael le garçon.


Je lève les yeux vers Cindy qui me regarde discuter avec les enfants.


– Oui, répondé-je en ramenant mon regard sur les jumeaux. Oui je suis aussi votre papa.


Nous sommes interrompus par deux infirmières qui demandent à ce que les enfants les suivent pour prendre leurs échantillons. Cindy veut les suivre lorsque je la retiens.


– Est-ce qu’on peut parler deux minutes ?

– Qu’est-ce que tu veux Kendrick ?

– Je… c’est par rapport aux enfants. S’ils sont de moi, tu permettrais que je les connaisse ?

– Tu feras tout ce que tu veux avec eux.

– D’accord. Je…

– Excuse-moi je dois aller les assister.


Je la laisse partir en la regardant. Je dois absolument me faire pardonner. Je ne supporte pas qu’elle me déteste. Nous donnons tous nos échantillons et on nous fait savoir que les résultats seront prêts dans une semaine.  


Je retourne à l’appartement que mon pote m’a prêté pour  me reposer. Mais je l’y retrouve regardant un match. Dès qu’il me voit il décapsule une sucrerie qu’il me tend.


– Merci pote. Dis-je en m’asseyant.

– Alors ça a été ?

– Oui. Nous aurons les résultats sous peu.

– Que comptes-tu faire maintenant ?

– M’assurer que Cindy divorce de Kennedy. C’est ça ma mission première.

– T’a-t-elle dit qu’elle voulait divorcer ? Après toutes les révélations, n’est-elle pas retournée avec lui ?

– Ce doit être à cause des enfants. Mais peu importe, je la ferai sortir de ce mariage. C’est moi qui l’ai laissé entrer sachant les risques et aujourd’hui je vais me racheter.

– Je te soutiens frangin. Aucune femme ne doit être battue. Elles sont porteuses de vie.

– Ouais.

– Bon je te laisse. Je suis de garde à l’hôpital. On se dit à demain.

– À demain.


*Mona*LYS*


Ça fait trois heures de temps que je suis allongé sur mon lit à penser à Cindy. Une seule question me trottine dans l’esprit. Comment  vais-je faire ? Comment vais –je faire pour me racheter ? Comment faire pour me faire pardonner ? Comment faire pour récupérer la femme que j’aime ? Comment… La sonnerie de mon portable me ramène sur terre. Je regarde négligemment l’écran de mon portable pour voir le numéro de l’appelant mais lorsque je vois le numéro de Cindy je saute de mon lit.


– Princesse.

– « Ken est dans tous ses états. Il risque de me tuer. Aide-moi. »

– Où es-tu ?

– « À la maison. S’il te plaît… »


J’entends la voix de Kennedy gronder puis des cris de Cindy. Je tire n’importe quel tee-shirt dans mon placard puis prends ma casquette sur le lit et sors à grande vitesse en m’habillant. Étant au volant,  je jette un coup d’œil à mon portable pour vérifier si elle est toujours en ligne mais l’appel est déjà interrompu. Je conduis comme un fou en direction de la maison de Kennedy. Pourvu que j’arrive avant qu’il ne lui fasse du mal. Je suis tout tremblant de colère et lance même des jurons en Swahili. J’accélère quand j’arrive dans le quartier où vivent Cindy et Kennedy. Je suis à fond lorsque quelqu’un tombe sur mon capot. Je freine sur le coup. Je descends voir ce qui se passe lorsque je vois Cindy allongée,  inconsciente, au sol le visage en sang. Sans perdre de temps je la fais coucher à l’arrière de ma voiture et fonce pour la clinique où exerce Stéphane. Je bouillonne de rage en voyant Cindy dans cet état. J’ai envie de retourner le cogner cet enfoiré. Oser frapper une femme de la sorte ! Dès que j’arrive, Cindy est prise en charge. C’est Stéphane qui s’occupe d’elle. Tout mon être entier brule d’envie d’aller régler son compte à Kennedy mais je ne veux pas laisser Cindy seule. Il faut que j’attende ce que les docteurs vont dire.


Après une heure de temps, Stéphane apparaît.  Je n’arrive pas à définir l’expression sur son visage. Est-ce qu’elle va bien ? Est-ce qu’elle va mal ?


– Alors ? Demandé-je sans attendre qu’il arrive à moi.

– Elle va bien. Bon enfin elle est en vie. Nous l’avons plongé dans un coma partiel pour que son corps récupère un peu. Elle a assez d’hématomes internes et externes. Lorsqu’on la réveillera dans trois jours, elle va devoir rester allongée. Elle a besoin de beaucoup de repos, loin du stress et tout ce qui pourrait la remettre dans cet état. Si tu vois ce que je veux dire. Sinon, les prochains coups risquent de lui être fatals.

– C’est compris. Je peux te demander un dernier service ?

– Tout ce que tu veux.

– J’ai besoin des clés de ta petite maison en bordure de mer.


Il comprend où je veux en venir.


– Je te les apporterai demain.

– Merci !


Je suis entrée avec Cindy dans la maison près de la mer après que Stéphane l’ai ramené du coma. Mais elle n’est toujours pas réveillée. Stéphane a dit qu’elle le sera d’ici ce soir. Je l’ai donc ramené et allongé dans l’une des chambres. J’ai décidé de l’emmener loin de la ville pour l’y cacher. Elle a besoin de se reposer. Personne ne sait qu’elle est avec moi ni même où elle est. Kennedy n’a pas cessé de m’appeler mais je n’ai pris aucun de ses appels. Je risque d’aller lui refaire le portrait si j’entends sa voix. Concentré sur mon portable, j’entends des cris provenant de la chambre de Cindy. Je m’y précipite et quand j’ouvre je la vois se débattre dans son lit en hurlant le nom de Kennedy.


– Cindy ! Je suis là ! Réveille-toi !


Je la secoue et quand elle ouvre les yeux, elle panique.


– Ne me touche pas Ken. Ne me bat pas.


Elle se jette hors du lit en se protégeant le visage.


– Non c’est moi Kendrick. Je ne te ferai pas de mal.

– Va-t’en ! Ne me tape pas.


Je lui répète sans cesse que je ne lui ferai pas de mal mais elle semble être dans un état second. Je décide de la laisser seule se reprendre. Je me sens mal. Elle est maintenant traumatisée. Mais je compte la traiter comme la princesse qu’elle est durant son séjour ici. Arrêté à la fenêtre, je regarde la mer se mouvoir. Cindy et moi nous sommes aimés plus d’une fois sur cette plage. J’ai vécu des sensations extra dans ses sables en faisant l’amour à celle-là qui ne cesse de faire battre mon cœur. Mon cœur s’emballe de nouveau rien qu’en y pensant.


– Kendrick !


Je me retourne vivement vers la voix de Cindy. Elle est arrêtée derrière moi dans  l’une des robes que je lui ai acheté.


– Comment tu vas ?

– Où suis-je ?

– Tu devrais t’asseoir d’abord.


Je m’approche vers elle et lui tends la main. Elle l’ignore et s’assoit. Je fais de même.


– Quand tu m’as appelé, je suis venu mais avant que je n’arrive à votre maison tu es sortie de nulle part et tu t’es effondrée sur ma voiture. Je t’ai conduit à l’hôpital où tu as fait trois jours de coma artificiel. Je t’ai ensuite conduit ici pour te mettre à l’abri de tout ce qui pourrait porter atteinte à ta santé. Personne ne sait que tu es ici.

– J’ai besoin de mes enfants près de moi.

– Je trouverai comment te les emmener.


Elle soupire.


– Tu dois divorcer Cindy. Tu ne peux plus continuer comme cela.

– Kennedy refuse d’entamer la procédure.

– Toi fais-le.

– Je n’ai pas les moyens. Toutes mes économies y resteront et après je n’aurai plus rien pour prendre soin des enfants.

– Je paierai tout ce qu’il faut et je prendrai soin de vous.

– Ne pense pas que si je quitte Kennedy c’est pour me mettre avec toi.

– Je ne l’ai pas pensé. Oui je veux te reconquérir parce que je t’aime comme au premier jour mais ton bonheur est ce qui compte pour moi en premier. Alors si tu penses ne pas le trouver près de moi, je ne t’obligerai pas.

– L’amour c’est le dernier de mes soucis. J’ai juste besoin de mes enfants.

– Ok. Tu devrais aller te reposer.

– J’ai faim.

– J’ai fait un peu de pâtes.

– Ça peut aller.


Je lui rapporte un plat plus de la boisson qu’elle engloutit avec appétit. Ça me fait sourire. Je la regarde terminer son repas et vider par la suite le verre d’eau toujours en souriant.


– Qu’est-ce qu’il y a ? Demande-t-elle en s’essuyant la bouche.

– Tu m’as manqué.


Elle baisse les yeux.


– J’accepte ton aide pour la procédure de divorce. Mais je te rembourserai.

– C’est comme tu voudras.

– Ok. Je vais me reposer maintenant.


Nous nous levons ensemble et elle, sans un regard, me tourne le dos.


– Cindy !


Elle se retourne.


– Je suis vraiment désolé pour tout.

– Je crois que c’est un peu tard pour les regrets.

– Mais pas pour tout réparer.

– Reste à voir Ken. Reste à voir.


Oui je vais te le faire voir. Je ne m’arrêterai pas tant que je ne serai pas arrivé à mes fins.  


L'autre Lui