Épisode 24
Write by Mona Lys
Episode 24
KENNEDY
Je me sens heureux ce matin. Je sens que cette journée me sourit. Mais bon avant de faire ce que j’ai à faire, je dois me rendre chez Jamila. La garce plutôt que de quitter le pays, est venue s’installer ici pour selon elle être sûr que je ne la doublerai pas. Cette fille m’agace avec sa grossesse. Elle n’a pas encore accouché que déjà elle est chiante. Un jour elle veut ci, un autre elle veut ça. Elle commence par me coûter chère. Très chère même. Mais c’est décidé, une fois le bébé né, je le récupère et elle, je m’en débarrasse. Dès qu’elle m’ouvre je lui tends directement ses courses.
– Tu n’entres pas ?
– J’ai d’autres trucs prévus.
– Tu me manques Ken.
– Je t’ai apporté tout ce que tu m’as demandé maintenant je pars.
Sans crier gare elle fait tomber sa robe à ses pieds. Elle est nue comme un vers. Je glousse devant son corps modifié par la grossesse.
– Une femme enceinte a aussi des envies tu sais. Me susurre-t-elle en glissant son doigt entre ses seins.
– Jamila…
– Chuut. Viens que je te montre combien je suis chaude.
Elle me tire à l’intérieur sans me laisser le temps d’en placer une. Bon beh, elle est enceinte, je ne peux donc rien lui refuser.
Après près d’une heure à me faire chevaucher par cette femme enceinte, je me rends maintenant chez ma belle-mère. C’est cet après-midi que doit avoir lieu la rencontre avec la famille de Cindy. Papa a tenue à les rencontrer puisque l’affaire devient complexe et comme il s’agit d’un divorce, ils doivent aussi avoir leur mot à dire. Pourquoi je ne veux pas laisser partir Cindy ? Parce que je l’aime. Oui j’aime Cindy, pas de façon déraisonnable, peut-être pas comme je le devrais mais je l’aime. Je me suis à habitué à sa présence. Elle est ma femme et je ne veux pas la laisser à un autre, encore moins à mon frère. Cindy est à moi et à personne d’autre et je sais comment la faire revenir. Dès que la mère de Cindy me voit elle se met à sourire en m’accueillant les bras grands ouverts. Je lui ai déjà fait part du but de ma visite par téléphone. Elle dispose devant moi tout ce qui est amuse-bouche. J’en prends juste un peu pour être poli.
– Quoi de neuf mon fils ?
– Rien de très grave maman. Comme je te l’avais dit, je viens par rapport à Cindy. Normalement on devrait en parler devant tous mais j’ai tenu à m’entretenir avec toi en privé.
Je marque une pause pour inspirer profondément.
– Maman, j’aime Cindy. C’est vrai que j’ai fait plein d’erreurs mais je l’aime pour de vrai. Je veux me racheter auprès d’elle. La rendre heureuse comme jamais et être le meilleur mari pour elle.
– Mon fils tu n’as pas à trop parlé. J’ai été aussi mariée et je sais ce que ça implique. Le mariage n’est pas tout le temps rose et je le comprends. Ne t’inquiète pas, ta femme va te revenir. Tu peux compter sur moi.
– Merci beaucoup maman. Cindy a vraiment de la chance d’avoir une mère comme toi.
Elle se met à sourire. Son sourire s’agrandit lorsqu’elle me voit sortir une enveloppe de ma poche.
– Tiens ça maman. C’est juste pour ton petit déjeuner.
– Oh merci beaucoup mon fils. Que Dieu te le rende au centuple.
– Amen maman. Je dois aller discuter avec mon père de la réunion.
– D’accord. Surtout sois tranquille. Ta femme va revenir à la maison avec les enfants.
– C’est compris maman. À toute.
Je ressors soulagé et satisfait. Cindy écoute beaucoup sa mère donc si celle-ci lui demande de revenir, elle obéira. Je ne sais pas pourquoi mon père veut me voir mais il a demandé à me parler en tête à tête avant qu’on n’aille rencontrer ma belle-famille. Depuis les révélations, il est constamment en Côte d’Ivoire. Il est retourné au Congo juste après les tests ADN et est revenu avant les résultats. Il affirme qu’il s’en ira une fois toute cette histoire terminée. La mine triste qu’il affiche lorsqu’il m’ouvre me fait tiquer. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vue. Je m’assois face à lui toujours en le fixant. J’espère qu’il ne va pas m’annoncer une mauvaise nouvelle.
– Tu es prêt à aller rencontrer la famille de ta femme ?
– Oui papa.
– Ok.
Il soupire.
– Papa qu’est-ce qu’il y a ?
– C’est juste que je me demandais… où ai-je échoué avec toi ?
– Pardon ?
– Kennedy, je t’ai donné la même éducation que Kendrick, je vous ai donné les mêmes privilèges. Mais vous êtes si différents. La seule réponse qui me vient en tête est que j’ai peut-être été trop dur avec toi. J’aurais peut-être dû utiliser d’autres moyens que les engueulades et les coups pour te faire changer.
– Kendrick a toujours été ton préféré.
– Ce n’était pas le cas. Je vous aimais tous les deux de la même manière.
– Ce n’est pas ce qui se voyait. Tu passais ton temps à chanter des éloges à Kendrick et moi, à m’engueuler, même pour des futilités. J’ai grandi avec l’idée que jamais je ne serai assez digne d’être ton fils chéri donc à quoi bon faire des efforts.
Il passe la main sur son visage avec un soupire. Je sais que je n’étais pas un enfant de chœur quand j’étais adolescent, mais le fait de tout le temps entendre mon père mettre Kendrick au-dessus de moi avec des comparaisons stupides, a fini par me faire accepter que j’étais un crâne brulé. Oui, j’ai jalousé mon frère jumeau et je le jalouse encore. Il a toujours eu l’affection de notre père si bien que même quand il faisait des erreurs, notre père lui trouvait soit des excuses, soit il le grondait de façade. J’ai toujours voulu avoir ne serait-ce qu’un mot d’encouragement de mon père mais ce n’est jamais arrivé.
– Je te demande pardon Kennedy ! Je me rends compte, bien que ce soit tard, que j’aurai pu user d’autres moyens pour te faire changer comme t’inscrire dans une école militaire ou autre mais pas te rabâcher à tout va que tu n’étais qu’un bon à rien. Je m’en excuse Kennedy !
– Ce qui est fait est fait papa.
– C’est pour ça que tu es violent ?
– Rien à avoir. Je ne supporte juste pas qu’une femme me manque de respect. C’est inadmissible surtout pour un Luba que je suis.
Il sourit.
– Tu as donc retenu les informations que je t’ai données sur notre ethnie. Mais tu sais, ce n’est pas parce que c’est une culture qu’elle est forcément bonne. Moi je n’ai jamais porté main à ta mère et Dieu seul sait le nombre de fois qu’elle m’a poussé à bout. Toutes les coutumes ne sont pas bonnes à pratiquer.
– Je sais papa. Mais peu importe, aucune femme ne me manque de respect.
– Tout ne se résout pas par la violence. Les femmes ne sont pas faite pour être battues. C’est vrai qu’elles sont chiantes des fois mais il y a d’autres moyens de les ramener à la raison sans la violence. Nous irons voir sa famille et si elle réussit à la convaincre de revenir avec toi tu vas devoir changer. Tu ne dois plus la battre Kennedy. Plus jamais.
– Je le sais papa. J’ai décidé d’être un autre homme avec elle.
– C’est compris. Maintenant revenons aux enfants.
Je roule les yeux. Je n’ai vraiment pas la tête à parler de ça.
– J’ai été vraiment déçu de ce que tu as fait. Mais maintenant tu dois redonner sa paternité à ton jumeau. Tu l’as déjà privé de cinq années.
– C’est d’accord.
Je préfère ainsi couper cours. Pour l’heure la seule chose qui m’intéresse c’est de ramener ma femme à la maison.
*Mona*LYS*
Nous sommes tous réuni dans le salon de la mère de Cindy. Il y a toute ma famille assise en face de ma belle-famille. Le père de Cindy n’étant plus, ce sont ses oncles qui le remplacent. Il y a donc là trois oncles plus sa mère. Estelle a effectué un voyage pour son boulot.
– Nous vous remercions de nous avoir reçu, entame mon père après que nous ayons bu les rafraichissements. Nous sommes là pour statuer sur le cas de nos deux enfants qui sont mariés depuis cinq ans. Comme on le dit, le mariage ce n’est pas uniquement l’union de deux personnes, mais aussi celle de deux familles. De ce fait, nous ne pouvons pas gérer cette histoire complexe sans vous.
Papa marque une pause pour permettre à l’autre camp de s’exprimer. C’est l’aîné des hommes qui prend la parole.
– Nous vous remercions aussi de votre présence et de nous avoir donné de la considération en venant vers nous. Nous écoutons donc.
– Merci cher frère. En effet, depuis un moment, notre fille à tous, Cindy, a quitté son nid conjugal et ce par la faute de son mari, mon fils Kennedy. Il m’a été rapporté une histoire que j’ignorais depuis cinq. Kennedy et Kendrick mes deux uniques garçons auraient emballé Cindy dans un jeu de double séduction qui aurait engendré une grossesse. Grossesse que mon fils Kennedy a détournée pour éloigner son frère de Cindy. Il y a donc eu mariage entre nos deux enfants. Mais là encore il y a un souci. J’ai encore découvert que Cindy serait victime de violences conjugales. D’abord, pour toutes ces choses ma famille, par ma voix, vous demande pardon, à vous et à Cindy.
– Nous avons pris acte, répond l’aîné des oncles.
– Merci ! Maintenant, une affaire de divorce a été évoquée par Cindy. Elle désire se séparer de mon fils. Mais ce dernier m’a supplié de convaincre sa femme de revenir parce qu’il l’aime et qu’il veut réparer ses erreurs. Il m’a juré qu’il changerait pour elle si elle lui accordait une dernière chance. J’ai mon point de vue la dessus, mais ce n’est pas à moi que revient le dernier mot et je n’ai aucune décision à prendre dans cette affaire. Le dernier mot revient à Cindy. Cependant, entant que ses parents vous avez certainement votre mot à dire. Je vous laisse donc la parole.
Les oncles s’échangent quelques mots dans leur langue puis l’aîné reprend la parole.
– Encore merci cher frère. Avant que vous ne veniez, mes frères et moi avions déjà débattu sur la question et nous sommes tous tombés d’accord sur le fait que Cindy doit retourner dans son foyer.
Kendrick et mon père sont choqués. Cindy soupire juste.
– C’est vrai, que vos deux fils ont joué avec le cœur de notre fille, c’est vrai qu’ils l’ont tous les deux fait souffrir et nous n’en sommes pas heureux. Pour ces choses-là nous allons mettre une condition au retour de notre fille chez son mari. Certes, nous ne pouvons pas retourner dans le passé pour réparer les choses, mais nous pouvons faire en sorte de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Nous sommes les parents de Cindy et nous disons qu’elle doit rentrer chez elle. Sa place n’est pas dehors, mais près de son mari.
– Non mais c’est n’importe quoi ! Lâche subitement Kendrick.
– Kendrick kanga munoko (tais-toi !).
– Comment ils peuvent lui demander de retourner avec lui en sachant qu’elle est victime de violence.
– Kendrick !
Le regard noir de mon père le fait taire.
– Excusez mon fils pour son insolence, s’excuse Luzolo.
– Non ce n’est rien. Les enfants de maintenant ne connaissent pas la vie. Ils pensent que la vie c’est comme le bonbon qu’ils sucent. Sucré du début à la fin. Cindy ma fille tu vas retourner dans ta maison avec tes enfants. Tu es liée à lui pour la vie donc rien ne doit vous séparer si ce n’est la mort. Quels que soient ses défauts, il reste ton mari et ton rôle entant que femme, c’est de l’aider à devenir parfait. C’est le fer qui aiguise le fer donc c’est à toi de l’aider à faire disparaître ses défauts. Le mariage est difficile raison pour laquelle il faut être mature pour y entrer. Tu vas dire qu’il te bat, mais tu n’es pas la seule. Tu vois tes tantes avec qui tes autres oncles et moi sommes mariés, tu penses qu’on ne les a jamais battues ? Mais elles sont là et nous sommes tous mariés depuis plus de dix ans pour la plus part d’entre nous donc ça ce n’est pas une raison pour demander le divorce. Être femme c’est aussi savoir encaisser surtout quand il y a des enfants.
Cindy essuie ses larmes en silence. La voir pleurer en silence me fait de la peine.
– Tu dois penser à tes enfants. Tu penses que tu pourras les élever seule.
– Elle n’est pas seule, lance à nouveau Kendrick. Ce sont aussi mes enfants et je vais l’aider à les élever.
– Donc toi ton désir c’est de prendre la femme de ton frère ? L’interroge l’oncle. Ecoute, dans notre famille, aucun homme n’épouse l’ex-femme de son frère. Je ne sais pas comment ça se passe au Congo mais ici non. La femme sera vue comme une dévergondée donc le mieux que tu as à faire jeune garçon c’est de la laisser retourner avec son mari. Cindy, tu vas retourner avec ton mari parce qu’il n’y a plus de place chez nous pour toi. Les enfants ont un seul père et c’est ton mari. C’est lui qui les a élevé et qui prend soin d’eux donc c’est lui seul qu’on connait comme le père de tes enfants. Alors si tu t’entêtes à le quitter, tu te retrouveras seule avec tes enfants à la rue. Ne compte pas sur nous pour subir cette honte que tu veux traîner en te collant le statut de femme divorcée. Le dernier mot te revient mais réfléchis bien. Nous, nous sommes prêts à faire ce qu’il faut pour laver ton visage et l’obliger à t’honorer. Mais si tu refuses, ma fille, ta vie sera dans toi seule ta main. J’en ai terminé.
Un long silence se fait durant lequel nous braquons tous nos regards sur Cindy qui est assise dans un coin entre les deux familles. Je prie fortement qu’elle accepte de rentrer chez nous. À voir Kendrick je suis prêt à mettre ma main au feu qu’il prie pour qu’elle refuse. Je veux que Cindy rentre. Même s’il faille que je fasse des efforts surhumains pour ne plus la tromper et la taper je le ferai. Pourvu qu’elle rentre.
– Je retourne chez mon mari.