Épisode 25
Write by Mona Lys
Episode 25
CINDY
– Quoi ? Que racontes-tu Cindy ?
Kendrick est à deux doigts d’exploser tant il n’en revient pas de ma décision. Je lui lance juste un regard désolé. Je n’avais pas prévu prendre cette décision mais certaines choses m’y ont poussé.
– Ne me dit pas que tu es sérieuse Cindy !?
– C’est le mieux à faire pour moi et les enfants.
– Les enfants ? Tu crois que c’est mieux pour vous de retourner auprès de ce sauvage qui passe son temps à les tyranniser ?
– Kanga banga na yo sikoyo Kendrick ! (Ferme ta gueule maintenant Kendrick !) Hurle papa Luzolo.
Il rumine en silence sur sa place. Kennedy se met à genoux devant moi.
– Merci bébé de nous redonner une chance. Je te promets que tu ne le regretteras pas.
Je hoche juste la tête. Il pose un baiser chaste sur mes lèvres avant de regagner sa place. En fuyant le regard de Kendrick je tombe sur celui de papa Luzolo. Je sais que lui non plus n’est pas d’accord de ma décision mais comme il l’a dit, il ne peut rien dire si ce n’est respecter ma décision. Je ne retourne pas avec Kennedy par amour, mais parce que c’est mon devoir entant que femme d’être avec mon mari. Comme mon oncle l’a dit, c’est mon rôle de rendre mon époux parfait et de l’aider à faire disparaître ses défauts. Peut-être qu’à la longue il en aura marre de me cogner et changera, sinon, je n’aurai qu’à être plus forte. En plus, où irai-je avec mes enfants ? Ma famille ne m’accueillera point et je n’ai pas envie de dépendre ni d’Estelle ma petite sœur ni de Loraine mon ex patronne bien que je suis convaincue qu’elles m’aideront avec joie. Quant à Kendrick, je ne veux pas non plus lui faire trop confiance. Il est vrai qu’il est carrément différent de Kennedy mais c’est la même famille et le même sang. Peut-être que lui aussi a un côté sombre enfoui en lui qui se révèlera une fois que j’aurai baissé la garde. Aussi si je devais me séparer de Kennedy ce serait pour ne plus avoir de lien avec lui alors qu’être proche de Kendrick et papa Luzolo signifierait être aussi proche de lui. Je suis donc condamnée à rester avec Kennedy. Nous sommes mariés légalement alors ma place c’est dans sa maison, pas ailleurs.
– Sage décision ma fille, se réjouit mon oncle. Ta place n’est nulle part ailleurs que chez ton mari.
J’inspire en essayant de me convaincre que je fais bien. Je sais que c’est la pire des décisions que je pouvais prendre mais quand je pense à mes deux bouts de chou de cinq ans que je dois protéger, je me dis qu’il n’y a rien de mieux à faire. Je ne veux pas qu’ils soient traumatisés par tout ça. Et tant que je serai en conflit avec Kennedy ça agira sur eux parce qu’ils le voient encore comme leur père. Kennedy pourrait même se servir d’eux pour me faire du mal.
– Maintenant mon fils, dit-il s’adressant à Kennedy, elle va rester ici chez sa mère jusqu’à ce que tu rapportes une dizaine de pagnes de qualité pour essuyer ses larmes. Nous avons appris qu’elle a perdu ses trompes à cause de toi, mon fils, tu vas payer un bœuf parce que ça là c’est grave. Façon tu as gâté ses trompes c’est comme ça tu vas rester collé, cimenté à elle pour supporter avec elle. Elle ne va pas porter ce bagage seule. Aussi pour boucler le tout, tu vas donner une enveloppe. Le montant que tu vas mettre dedans c’est ce que représente ta femme à tes yeux. Ce que tu penses que tu peux payer pour nous convaincre de te la redonner tu donnes. Si tu penses qu’elle ne vaut rien, ne donne rien. C’est le moment de nous prouver que tu aimes notre fille.
Kennedy demande doucement à son père s’il peut prendre la parole. Son père la lui donne.
– Aucune somme ne vaut Cindy, mais comme vous l’avez dit, j’enverrai un symbole de mon amour pour elle. Elle m’est chère et s’il faut que je me ruine pour elle, je le ferai.
– C’est bien mon fils. Nous allons laisser la parole à ton père parce que c’est lui ton responsable. Cher frère, tu as la parole.
– Merci encore à vous, merci pour vos paroles. Je voudrais avant tout demander à nouveau à Cindy si elle est sûre de sa décision. (Il se tourne vers moi) Ma fille ne te sent pas obliger. Tes oncles t’ont donné des conseils qu’ils pensent être bien pour leur fille qu’ils aiment et c’est ce que ferait tout parent mais c’est à toi de décider. Sache que quoi qu’il arrive toi et moi serons toujours liés à cause des enfants. Tu peux tout me demander et je te le donnerai. Mais je demande de ne rien faire à contre cœur.
– Ce n’est pas le cas papa. Je suis certaine de ma décision.
– D’accord j’en prends acte. (Se tournant vers ma famille) Ma famille et moi allons nous retirer et nous reviendrons pour chercher celle qui nous appartient.
– Nous vous attendons. Cindy tu peux aller récupérer tes affaires et tes enfants pour vous installer ici le temps que ta belle-famille ne vienne te chercher.
– C’est compris tonton.
Mon regard croise celui de Kennedy. Il me sourit mais j’ai du mal à lui rendre son sourire. Je ne l’aime pas. Peut-être que ça, ça pourrait m’aider à ne plus ressentir les douleurs physiques comme morales qu’il m’infligera. Sans répondre au regard intense que me lance Kendrick je sors de la maison. Je sais dans quoi je retourne en prenant cette décision mais c’est ça mon devoir de femme. Tout supporter. Se sacrifier pour la survie de son mariage. Voici mes devoirs. Je me sens subitement retourner. Quand je lève les yeux, je tombe sur un Kendrick en colère.
– Cindy tu ne peux pas faire ça.
– C’est le mieux à faire.
– Pour qui ? Toi ? Les enfants ? Ou pour Kennedy ?
– Kendrick s’il te plaît !
– Tu me dis s’il te plaît pour que je te laisse retourner dans cet enfer ? Tu ne dois pas te faire souffrir autant. Tu mérites mieux. Cindy fais-moi confiance et je te promets que tu seras séparé de Kennedy. Pense aux enfants.
Je le regarde sans pouvoir lui parler. Je n’ai aucun argument pour le convaincre et si nous continuons cette discussion c’est lui qui finira par me convaincre.
– Cindy ! Dit-il désespérément.
Mon regard glisse sur ses lèvres. J’ai envie de les embrasser. De les sentir frémir contre les miennes. J’ai envie de ressentir pour une dernière fois la chaleur de Kendrick. Mais diantre qu’est-ce que je raconte ?
– Kendrick laisse-la s’en aller, résonne la voix de papa Luzolo interrompant mon moment de fantasme. Toi tu viens avec moi à l’hôtel le temps qu’elle déménage avec les enfants.
– Mwana mokonzi ko sala boyé te (Princesse ne fais pas ça).
– Limbisa nga (Je suis désolée).
Je fais l’effort de m’éloigner de lui mais après trois pas je m’arrête. La douleur dans le cœur, je retire ma moitié de chaine. Il est temps que je m’en débarrasse. Quand je me retourne à nouveau vers Kendrick, son regard suppliant me déstabilise mais je prends sur moi et pose la chaine dans la paume de sa main.
– Cindy…
Sans attendre la suite de sa phrase je fonce dehors prendre un taxi pour aller chercher mes enfants. Je laisse libre cours à mes larmes une fois loin avec le taxi.
*Mona*LYS*
– Ne t’inquiète pas ma fille, tout va bien se passer. Ton mari a juré devant tes oncles et ses parents qu’il ne referait plus les mêmes erreurs.
Il m’avait déjà fait ses promesses devant tout un tas de gens, ma famille, la sienne et même un homme de Dieu donc en l’occurrence devant Dieu mais il ne les as pas tenues. Ce n’est donc pas aujourd’hui qu’il commencera. Je continue d’écouter les conseils de ma mère sans vraiment l’écouter. Je connais déjà la chanson. C’est aujourd’hui que je rentre avec Kennedy. Il a respecté toutes les conditions de mes oncles. Je dirais même qu’il s’est surpassé. Au lieu d’une dizaine de pagne il en a amené toute une valise. Pour l’argent je ne sais pas exactement mais j’en ai déduit du grand sourire de mes oncles que c’était un véritable pactole. J’ai même cru entendre une affaire de million. Quand ma mère fini enfin ses conseils, nous descendons toutes les deux rejoindre Kennedy en bas. Ce dernier ne se gêne pas de m’embrasser devant ma mère. Mes bagages ainsi que ceux des enfants rangés dans la malle arrière de la voiture de Ken, nous disons un dernier au revoir avant de nous en aller pour de bon.
– J’ai fait repeindre la maison et j’ai préparé plein de surprises pour les enfants.
Je mime un sourire en essayant de me détendre. Lorsque nous arrivons et que je mets les pieds à l’intérieur, tout un lot d’affreux souvenirs m’est jeté au visage en l’occurrence la dernière dispute qui a failli me coûter la vie. Ce jour-là, je savais que si je ne fuyais pas j’allais y rester. J’ai donné avec mes dernières forces un énorme coup dans les burnes de Kennedy et je suis sortie telle une fusée de la maison. Par chance la première voiture, sur laquelle j’étais tombée fut celle de Kendrick. Tout ça pour une histoire de jalousie stupide. Les enfants vont directement s’installer dans le salon pour suivre la télé. Quant à moi et Kennedy nous montons dans notre chambre. Cette chambre qui a été témoin de pas qu’une seule bastonnade. Kennedy ne perd pas de temps et commence à parsemer mon cou de baisers.
– Tu m’as tellement manqué mon amour. J’ai très envie de toi.
Il me retourne et commence à m’embrasser. Mes vêtements sont vite retirés et moi allongée sur le lit. Kennedy continue de parcourir mon corps avec ses baisers. Avant j’aurai ressenti des papillons dans le bas ventre et l’excitation monter en moi mais depuis que je sais qu’il n’est pas celui que j’aimais plus rien de ce qu’il fait ne réveille mes sens.
Mes journées sont monotones depuis mon retour il y a une semaine. Elles se limitent à faire les corvées et surveiller les enfants. Kennedy refuse toujours que je travaille alors que moi je suis habituée à travailler, à bouger. Je ne sors même pas de la maison puisque je n’ai nulle part où aller. Ce matin j’ai dit à Ken que je voulais emmener les enfants au parc d’attraction, il m’a dit qu’on irait ensemble à son retour de chez Jamila. Oui cette fille est comme une plaie. Elle appelle Ken à tout va et peu importe l’heure. Cette nuit aux environs de 3h, elle l’a appelé pour lui dire qu’elle avait envie de manger Dieu sais quoi. Ken les lui a apportés avant de revenir à la maison. Mais ce matin encore elle l’a rappelé pour cause de douleur au bas ventre. Ça fait donc plus cinq heures de temps qu’il est avec elle.
– Je suis de retour.
Quand on parle du loup. Les enfants qui l’ont vu n’ont même pas pris la peine de l’accueillir comme ils en avaient l’habitude. Ken s’assoit près de moi et pose un baiser sur mes tempes. Il put le parfum de cette fille.
– Ca va ici ?
– Oui ! Qu’avait Jamila ?
– Rien de très grave. Au fait, j’ai invité un couple d’ami à venir diner chez nous. L’homme est un vieil ami qui avait quitté le pays pour continuer ses études. Apparemment, il se serait marié et a choisi son pays d’origine pour passer sa lune de miel. J’ai donc profité pour l’inviter comme ça faisait un bail.
– Ok. Que veux-tu que je cuisine ?
– Ce que tu veux mon amour. Je te fais confiance.
– D’accord.
Il pose encore un baiser sur ma tempe et se tourne vers les enfants.
– Alors mes trésors où voulez-vous qu’on parte ?
Les jumeaux qui le matin hurlaient dans mes oreilles qu’ils voulaient aller au parc sont assis là, muets comme des carpes. Ils se contentent juste de passer leurs regards de Ken à moi.
– J’ai cru comprendre que vous vouliez aller à Abidjan Mall ? Continue Ken tout jovial.
– On veut y aller avec maman, lâche Lena.
L’air avec lequel elle a répondu me fait tiquer. Elle a parlé sèchement.
– Oui maman viendra, et papa aussi. Continue toujours Ken sans se choquer.
– Nous on veut l’autre papa avec la casquette. Il est gentil. Il ne tape pas maman.
Là, Ken serre la mâchoire en rougissant de colère. Moi je suis confuse. Je ne savais pas qu’un jour Lena sortirait un tel truc. C’est vrai que des deux c’est elle la plus extravertie mais je n’aurais jamais imaginé qu’elle affronterait son père.
– Bonjour !
Ken et moi nous tournons vivement vers la voix de Kendrick. Les enfants comme s’ils n’attendaient que ça courent se jeter dans ses bras.
– Les enfants montez dans votre chambre, gronde Ken en se levant, moi à sa suite.
– On veut rester avec papa, répond cette fois Nael.
– J’AI DIT DE MONTER DANS VOTRE CHAMBRE.
– Je t’interdis de hurler sur mes enfants, le défie Kendrick alors que les enfants courent vers les escaliers.
Les deux hommes s’affrontent du regard.
– Que fous-tu chez moi ?
– Je suis venu vous apporter ça.
Il tend une enveloppe que Ken prend.
– J’ai déposé une demande au tribunal pour récupérer mes enfants.
Je lève les yeux, surprise, vers Kendrick.
– Lena et Nael sont mes enfants donc je veux les récupérer de gré ou de force. Je refuse qu’ils restent dans ce foyer de merde. J’ai déjà déposé tous les résultats des tests ADN qui prouvent que c’est moi leur géniteur ainsi qu’une déposition sans oublier l’ancien test ADN falsifié. Préparez-vous donc à passer devant le juge.
Il s’en va comme il est venu. Je me précipite à sa suite et le retiens avant qu’il ne sorte de la maison.
– Kendrick…
– Toi et moi n’avons plus rien à nous dire Cindy. Tu as fait ton choix et je le respect. J’ai fait maintenant le mien et tu vas le respecter. J’étais prêt à tout pour te sortir de là mais comme tu es un peu masochiste, tu préfères t’y enfermer. Mais il n’est pas question que tu obliges MES enfants à être témoins des actes de barbaries. Commencent à préparer leurs bagages parce que je les emmène au Congo.
Il se dégage de mon emprise et pars. Je n’en reviens pas du ton sur lequel il m’a parlé mais surtout de la haine qui déformait son visage. Le pire c’est qu’il est vraiment, mais vraiment déterminé. Je ne voulais pas qu’on aille au tribunal. Je souhaitais qu’on règle en famille le plus simplement possible. Mon Dieu je vais perdre mes enfants !