Épisode 3

Write by Mona Lys

Episode 3



ASHLEY N’DA


Safi : Joyeux anniversaire maman.


Cèd : Joyeux anniversaire maman.


Maman (du bout des lèvres): Merci.


Maman récupère sans enthousiasme le cadeau apporté par ma sœur et son mari et le balance sur la table. Le couple n'y prête pas attention et prend place. Je fais la causette à ma sœur et mon beau pour faire dissiper la tension. Il n'y a plus vraiment d’entente entre nos parents et ma sœur depuis son mariage. Il n'y a que moi qui suis encore proche d'eux sinon dans la famille plus personne ne leur adresse la parole. Safi c'est ma grande sœur de deux ans d'écart. Elle est la chargée de communication de la famille YOUL. Il y a deux ans elle faisait la rencontre de son mari qui lui était le garde de la maman YOUL. Ils sont tombés amoureux et ont voulu officialiser leur relation. Mais c’était sans compter sur l’accord de nos parents qui se sont opposés farouchement. Selon eux il n’était pas assez bien pour elle. Ils n’ont pas donné de raison précise mais ils disent qu’ils ne l'aiment pas c’est tout. Ma sœur a passé deux mois à déléguer des gens pour les supplier d’accepter qu'elle se marie avec l’homme qu'elle aime. Voyant qu'ils campaient sur leur décision, elle a suivi son cœur et s'est mariée sans faire la dot. Les parents n’ayant pas digéré cet affront, ne lui adressent plus vraiment la parole. Même moi j'ai subi leur foudre pour être allée au mariage. Malgré tout cela Safi et Cédric participent toujours aux événements de la famille. Elle dit vouloir faire accepter son mari à la famille parce qu’elle est convaincu qu'il est le bon. C'est difficile pour moi de me retrouver au milieu de tout ça parce que j'aime autant ma sœur que mes parents et je ne veux pas prendre de partie.


Notre père, cet homme de 70 ans vient nous rejoindre au salon. Il ignore Safi et Cèd et reprend le chemin vers la table à manger. C'est l’anniversaire de notre mère et pour l’occasion elle a organisé un grand repas avec la famille. Il y a des oncles et tantes, des cousins et des cousines en plus de nous les deux uniques filles de nos parents. Nous avions un frère mais celui-ci est décédé l’année dernière au front. Il était dans l’armée.


Le repas se déroule dans la bonne ambiance. Moi je reste proche de ma sœur pour ne pas qu'elle se sente seule. L'une de nos cousines, en voulant couper au couteau et à la fourchette une viande qui semble dure, éclabousse Cèd avec de la sauce graine. Sa belle chemise beige est toute rouge de sauce.


Safi (hurlant) : Non mais c'est quoi ça ?


Cousine (riant) : C'est la viande là oh.


Safi : Et tu trouves ça drôle ? Tu verses de la sauce sur mon mari et au lieu de t'excuser tu rigoles ? Ça ne va pas ?


Cousine : Hé faut pas m’insulter hein. Est-ce que j'ai fait volontairement ?


Safi : Peut-être que non mais le minimum c’est de t’excuser pas de rire.


Maman : Héééé Safi arrête de faire le bruit dans la maison. C'est quoi ? Est-ce qu'elle a fait exprès ? Tu es là tu parles on dirait c’est la fin du monde. Nettoie-le et passe à autre chose. Lui-même qui l'a invité ici ? Quelqu'un à cause de qui tu as tourné dos à ta famille tu l’emmènes chez nous pourquoi ? Faut prendre ta chose pour sortir.


Safi (rouge de colère) : Pour commencer ce n'est pas ma chose. C’est mon mari.


Cèd (attrapant la main de Safi) : Bébé arrête.


Safi : Non il faut que ça cesse. J'ai assez de garder le silence devant leurs insultes mais là je dis s'en est de trop. Moi je ne voulais pas venir mais c’est lui qui m'y a obligé espérant que ça puisse changer quelque chose dans vos rapports mais apparemment vous ne voyez pas ses efforts. Alors sachez une chose, je ne permettrai plus jamais à qui que ce soit dans cette famille, à commencer par vous papa et maman, de manquer de respect à mon mari. Je l'ai choisi lui et puisque vous ne voulez pas de lui, je vais rester aussi loin de vous.


Moi (me levant choquée) : Attend tu n’es pas sérieuse ?


Maman : Je dis, c’est à cause de nerf tu nous manques de respect ?


Safi : Les seuls qui ont manqué de respect ici c’est vous. Depuis deux ans que vous lui manquez de respect mais jamais je n’ai bronché. Aujourd’hui c'est au tour de vos écervelées de nièces de se foutre de lui.


Un grand grabuge se fait quant à sa dernière phrase. Moi non plus je n’en reviens pas qu'elle puisse parler ainsi à la famille.


Maman : Vraiment je regrette de t’avoir mise au monde. Mal élevée que tu sois.


Safi : Joseph qui était bien élevé et qui a fait l’armée parce que vous l'y avez obligé plutôt que le droit qu'il adorait, où est-il en ce moment ?


Maman : Quoi attend tu nous accuses de l'avoir tué ? (Attrapant sa poitrine) Wééé Safiatou, c'est ce que tu nous dis à cause d’un homme ?


Elle veut en rajouter mais Cèd lui hurle de se taire.


Cèd : Je ne vais pas accepter que tu parles ainsi à ta famille pour moi.


Safi : Rentrons donc chez nous.


Cèd regarde sa femme qui n’arrive plus à retenir ses larmes. Il lui prend la main comme pour la rassurer.


Cèd (aux parents) : Je vous demande pardon au nom de ma femme et du mien.


Papa : Prend ta chose et dégagez de ma maison. Que je ne vous y vois plus.


Cèd : Papa, ne reniez pas votre fille à cause de moi. Elle vous aime.


Papa : C'est elle qui nous a reniés le jour où elle t'a épousé, allant contre notre décision.


Il accuse le coup. Sa femme le tire pour qu'ils s'en aillent. Je leur cours après jusqu’à leur voiture.


Moi : Safi tu es sérieuse ? Tu vas t’éloigner de ta famille à cause d'un homme ?


Safi : Tu n'es pas encore tombée amoureuse donc tu ne peux comprendre.


Moi : Oh que si que je suis déjà tombée amoureuse mais moi je sais que je ne serai jamais heureuse auprès d’un homme que mes parents n’acceptent pas c’est pourquoi je les ai quitté.


Safi : Et c’est aussi pour quoi tu es encore célibataire à 32 ans.


Moi : Le mariage n’est pas une course.


Safi : Oui. C’est une question de détermination. Reste encore dans les jupons de tes parents. On en reparlera quand tu seras plus responsable. Bonne nuit.


Je regarde ma sœur s'en aller avec son mari et je n'en reviens pas. D’abord j’avais été choquée quand elle a dit se marier malgré le refus des parents. J'ai essayé de lui faire entendre raison mais elle m'a rassuré qu'elle continuerait à implorer le pardon des parents. Mais après ce qu’elle vient de faire, je me dis qu'elle a exagéré un peu. Nous avons été toujours proches de nos parents alors le minimum c’est de chercher en toute chose leur bénédiction puisque ce sont eux nos dieux sur terre. Pour moi la bénédiction des parents est plus importante que tout c’est pourquoi je les avise toujours avant de faire quelque chose. Pour moi ils sont les meilleurs conseillés alors tout ce qu'ils diront sera forcément pour mon bien. J'ai eu deux hommes dans ma vie qui ont voulu m’épouser. Je les ai présenté à mes parents qui ne les ont pas appréciés. Pour le premier ils l'ont trouvé incapable de prendre soin de moi parce que dans le temps il se débrouillait çà et là pour s'en sortir. Il avait un CV chargé mais pas de travail. Refusant de rester à la maison à ne rien faire il faisait de petits travaux. Mes parents ont soutenu qu'ils ne voulaient pas que leur fille parte souffrir avec un homme. Ils voulaient d'un homme capable de combler mes besoins et envies. Je l'ai donc laissé. Pour le deuxième ils disent que notre relation sera maudite parce que le village auquel il appartient est ennemi au nôtre. Apparemment il y aurait eu un conflit sur un champ entre deux personnes des deux villages. Ça a entrainé tout le monde dans le conflit donc pas de mariage possible entre les enfants. J'ai encore mis un terme parce que j'ai trouvé qu'ils avaient raison même si je l’aimais. J'ai foi qu'un jour je trouverai le bon. C’est d’ailleurs pour cela que je prends mon temps.


La soirée se termine bien malgré l’incident avec Safi. Dans la famille c'est d’ailleurs la seule à avoir un fort tempérament. Ce n’est donc pas pour rien qu'elle porte le nom de notre feu grand-mère qui elle était Sénoufo. Moi je suis la plus calme, la plus conciliante, ce qui faisait que j’étais la plus proche des parents. Déjà à 18 ans Safi avait pris son envol en faisant de petits métiers en dehors des cours pour être indépendante tandis que moi ce fut à 26 ans, quand j'ai rencontré Auguste le premier homme qui a voulu m’épouser mais que mes parents ont refusé parce qu'il était un débrouillard. Ma sœur n'a jamais accepté que les parents lui imposent leurs choix. Elle les a toujours respectés et honorés. Elle leur verse même de l’argent chaque fin de mois. Mais elle disait être assez grande pour faire ses propres choix et en assumer les conséquences. Lorsqu'elle devait travailler comme chargée de communication pour M. Terry YOUL, ils n'ont pas voulu. Ils disaient qu'avec tous les diplômes qu'elle a elle devrait plutôt ouvrir sa propre entreprise que de gérer les affaires des autres. Elle a refusé, soutenant qu’elle avait d’abord besoin d’expérience et a accepté de travailler pour l’Architecte. Aujourd’hui elle a une grande renommée dans le pays et son patron la paye tellement bien qu'elle a maintenant ouvert son cabinet pour des chargés de communication. Elle continue néanmoins de travailler pour la famille YOUL qui refuse même de se séparer d'elle. Tout ça pour dire qu'elle a toujours été une rebelle. Elle et moi n’avons pas la même vision des choses. Je me dis que nous sommes en Afrique et l'avis des parents comptent à 80%. Nous devons toujours rechercher leurs bénédictions avant toute chose sinon nous irons d’échec en échec. Ne dit-on pas qu'ils voient plus loin assis ce que nous ne pouvons voir debout ?


Je me mets au lit et décide de faire un tour sur les réseaux sociaux. À peine je me connecte que je reçois un message WhatsApp.


« Rendez-vous samedi au QG. »


Les autres ont déjà répondu sauf moi. Depuis ce matin ce n’est que maintenant que je me connecte. Je réponds un ok avant de me déconnecter pour cette fois m’endormir. Je n’ai pas encore déposé mon portable que je reçois un appel.


Moi : Allô !


« Adé : Bonsoir. Je ne te dérange pas j’espère? »


Moi : Pas vraiment. Je me mettais au lit.


« Adé : À cette heure ? Il n’est que 19h30. »


Moi : Je sais, sauf que je suis épuisée et demain j'ai boulot.


« Adé : Ah je vois. Je vais donc être bref. Je voulais t’inviter à dîner demain soir. »


Moi : C'est un autre rencard ?


« Adé : Si on veut. Alors ? »


Moi : Je verrai si je ne suis pas trop épuisée.


« Adé : Alléé s'il te plaît. »


Moi : Ok tu as gagné. Disons 19h, le temps pour moi de me reposer un peu après le travail.


« Adé : Ça marche. Je vais donc te laisser dormir. À demain. Dors bien. Pense à moi. »


Moi (Souriant) : Bonne nuit.


*Mona

*LYS


Je passe du bon temps avec Adé ce soir. Il m'a fait décompresser en moins de cinq minutes et là je peux rester toute la nuit à discuter avec lui. Adéyémi TUNDÉ, mon pointeur depuis deux mois maintenant. Je l'ai rencontré par le biais de Cèd mon beau-frère de qui il est l'ami depuis l’enfance. De ce qu'ils m'ont dit ils étaient ensemble au Nigéria. Cédric est Ivoirien mais il a vécu au Nigéria. C'est M. YOUL qui l'a emmené en Côte D’Ivoire pour travailler à son service. Adé qui lui est Nigérian plus précisément moitié Igbo moitié Yoruba était déjà venu s’installer ici auprès de son frère aîné. Bon je ne connais pas trop son histoire mais du peu que je sais de lui, il est l’homme dont rêve toutes les femmes. Drôle, attentionné, romantique, enfin il a tout pour plaire. S'il me plait ? Je dirais que oui, mais le hic c'est que j'ai un peu peur d'aimer à nouveau et que ça ne soit pas le bon. J'ai beaucoup souffert de mes précédentes ruptures. Je les ai vraiment aimé mes ex surtout Auguste. Je ne voyais pas ma vie sans lui si bien que quand mes parents ont conclu qu'il n’était pas assez bien pour moi j'ai cru que le monde s'effondrait autour de moi. Mais j'ai fait avec. Puis il y a eu le deuxième. Je n'ai plus envie d’avoir le cœur brisé. C’est pourquoi je prends mon temps pour analyser Adé. Il a tout ce que je cherche chez un homme mais je ne veux rien faire de précipité.


Le taxi gare devant l’immeuble où je vis et Adé vient m’ouvrir la portière. Il m’accompagne ensuite jusque devant ma porte. Je retire sa veste de mes épaules et la lui tend.


Moi : Merci pour le dîner. Je me suis bien amusée.


Adé : Et ça sera toujours ainsi si tu me laisses une chance d’être ton homme.


Je baisse les yeux ne sachant quoi dire. Il se rapproche de moi.


Adé : Je t'aime Ashley. Depuis le premier jour où nous nous sommes rencontrés chez ta sœur et mon pote. Je rêve tellement d’être avec toi. Avec toi et personne d’autre.


Moi : Je sais mais…


Ses lèvres ont déjà pris possession des miennes. Je me sens bien à cet instant précis. Depuis ma dernière relation qui s'est soldée par un échec il y a deux ans, je n'ai plus fréquenté d’homme. J'ai préféré me concentrer sur mon travail en attendant que le bon se présente. Est-ce lui ?


Adé : Laisse-moi te démontrer que je suis celui que tu attends depuis longtemps.


Moi (éclatant de rire) : Carrément. Tu es zélé toi.


Adé : Pour toi oui. Tu acceptes ?


Moi : J'ai besoin de temps pour réfléchir.


Adé (Soupirant) : Comme tu veux. Passe une bonne nuit.


Il pose un baiser chaste sur mon front avant de me tourner dos. Je n'aime pas la manière dont il s'en est allé. Et s'il ne me contactait plus ? L'idée qu'il puisse passer à autre chose me déplait grandement. Je coure donc derrière lui. J’arrive à son niveau juste au moment où il s’apprête à monter dans un taxi.


Moi : Adé !


Il se tourne face à moi avec indifférence. Sans réfléchir une seconde de plus, je me jette à mon tour sur ses lèvres. Il passe automatiquement son bras autour de ma taille.


Moi (entre ses lèvres): Reste.


Adé : Est-ce un oui ?


Je lui souris. Je le tire enfin par la main et de son autre main referme la portière du taxi. C’est en nous dévorant les lèvres que nous pénétrons mon petit appartement de deux pièces. Et c'est en nous déshabillant que nous entrons dans la chambre pour y passer une nuit folle. Après deux ans d’abstinence je me redonne à un homme. J’espère qu'avec lui se sera la bonne. Je ne veux pas passer d’homme en homme. Mais surtout ; je veux me marier.


Si Seulement Tome 1