Épisode 3

Write by Mona Lys

Episode 3



ASHLEY


Stéphane : Tu n’es qu’une femme stupide, idiote, irréfléchie. Tu n’as absolument rien dans ta cervelle, raison pour laquelle tu demeurerais une simple secrétaire si je ne t’y avais pas enlevé. Tu es dégueulasse comme femme. En plus d’être sale et répugnante, tu es nulle au lit. En dehors de moi, aucun homme n’aurait eu envie de t’épouser tant tu es une sous femme.


J’écoute les insultes de mon cher mari à mon encontre sans pouvoir broncher. La seule chose que j’arrive à faire, c’est de pleurer en silence. Si je réponds, mes bagages se retrouveront dehors pour une énième fois et mes parents me gronderont au profil de Stéphane qu’ils adulent. Je ne sais pas ce qu’il leur a promis mais malgré mes pleurs et mes plaintes chez mes parents, ceux-ci exigent à chaque fois que je demande pardon à mon mari même si je n’ai absolument rien fait. Je ne veux pourtant plus rester dans ce concubinage. Oui nous sommes en concubinage car monsieur ne m’a pas encore épousé. Il m’a juste doté il y a deux ans. Quand je lui parle de mariage, il me dit que je suis déjà mariée, pourtant il s’est très bien que la dot ce n’est pas le mariage. C’est juste une officialisation devant nos familles. Aux yeux de la loi je suis toujours une demoiselle, donc célibataire. C’est aussi ce même discours de je suis déjà mariée que me servent mes parents. Je n’en peux plus de ce foyer. Je suis fatiguée. Je veux tout quitter, tout abandonner mais c’est sans compter sur l’accord de mes parents. Il y a aussi le fait que je dépends entièrement de Stéphane financièrement. J’ai arrêté de travailler à sa demande et là maintenant je ne suis qu’une femme de maison. Stéphane est méchant comme homme. Il ne manque jamais une occasion de me rabaisser si bien que j’ai perdu toute estime de ma personne. Je me sens comme une moins que rien.


Stéphane : Je commence à en avoir marre de ton insolence. Si tu es encore dans cette maison c’est par respect pour ma mère et pour tes parents. Tu devrais même t’estimer heureuse qu’un homme comme moi puisse mettre une femme comme toi dans sa maison. Je te donne de la valeur donc tu devrais rester tranquille.


Il sort de la maison et claque la porte. Toutes ces paroles, juste parce que je lui ai demandé pourquoi est-ce qu’il ne voulait pas que nous ayons un enfant alors que nous vivons ensemble. Je lui ai posé cette question parce qu’il m’a fait enlever pour la deuxième fois une grossesse, et ce sans me donner de raison valable. Juste “enlève cette grossesse, ce n’est pas le moment’’. Je veux pourtant un enfant. Seul un enfant peut me donner la force de tenir dans ce ménage puisque je ne peux en sortir. Je ne sais pas à quoi je sers dans cette maison. Enfin, je dirai en dehors d’être une ménagère. Au lit, je sers juste de vide couille. Nous n’avons pas vraiment de partage. Il m’ordonne juste des positions et il fait ce qu’il a à faire sans se soucier de mon plaisir. Plaisir que je ne prends d’ailleurs pas. Au fait, il s’en fiche complètement de moi. Mes parents le savent mais pour eux, tant que je suis dans un foyer ça va. Les premiers mois ont pourtant été beaux. Stéphane était un homme bon même si dans nos disputes il avait tendance à être cru. Mais maintenant, il ne fait même plus d’effort pour être un bon mari.


Financièrement il me comble de tout. Je ne manque de rien. Il est bien placé et il voyage même beaucoup. Nous vivons même dans un duplex. Mais moi le matériel ne m’a jamais vraiment intéressé. Moi j’ai toujours voulu d’un homme qui m’aimerait et me traiterait comme une reine même avec des faibles moyens. J’en viens à me dire que je n’aurais pas dû accepter le choix de mes parents. Me voilà aujourd’hui réduite à quémander l’amour et l’attention d’un homme.


Je me nettoie le visage et me rends à la cuisine où je commence à préparer le diner. Il est encore tôt mais je préfère le faire maintenant pour vite me mettre au lit. Je n’ai pas envie d’entendre Stéphane m’insulter de nouveau. Je pense à ce qu’aurait été ma vie si j’avais suivi mon cœur. Aurais-je été heureuse malgré le refus de mes parents ? Allais-je subir les malédictions qu’ils auraient proférées sur ma vie si j’avais choisi Adé ? Ce n’est pas le moment de penser à tout ça. J’ai déjà choisi alors je dois assumer. Si j’avais su quel genre d’homme Stéphane serait, jamais je n’aurais accepté de m’unir à lui. Aujourd’hui je ne sais même pas si je voudrais aller à la mairie et à l’église avec lui pour officialiser notre union. Je le voulais au début mais avec tout ce que j’ai vécu jusqu’à ce jour, je ne sais pas.


Je m’interromps dans la cuisine quand mon portable se met à sonner depuis le salon. Je cours le récupérer. C’est ma mère. Je suis sûre que Stéphane s’est plaint chez elle. Il le fait à chaque dispute.


Moi : Bonsoir maman.


« Maman : Ton mari m’a appelé tout énervé. Tu as encore fait quoi ? »


Je soupire.


Moi : Rien maman. Je lui ai juste parlé du fait qu’il ne veuille pas d’enfant.


« Maman : Ekiéé, pourquoi tu es têtue comme ça ? Le monsieur il n’est pas encore prêt mais tu lui poses quand même la question. »


Moi : Dans ce cas qu’il se protège. Je ne vais pas passer mon temps à avorter parce que monsieur n’est pas prêt à avoir un enfant.


« Maman : Tu vois, c’est ta bouche-là qui fait qu’il se fâche à chaque fois. Tu es une femme et c’est à toi de pousser ton mari doucement doucement à vouloir avoir un enfant. Tu penses que c’est en lui faisant des histoires que tu vas y arriver. »


Moi : Attends, je dois le supplier pour qu’il ait une descendance ? S’il n’en veut pas ok. Mais qu’il me libère pour que j’aille faire ma vie ailleurs.


« Maman : Imbécile. Tu es mariée et tu parles de la sorte. S’il t’entend il va mettre tes bagages dehors. Ton père et moi faisons tout pour te maintenir dans ce mariage et toi tu fais la bouche. A ton âge-là, quel homme voudra de toi ? En plus tu ne travailles pas. Tu penses que les hommes aiment les fainéantes. »


Moi (choquée) : Je travaillais maman. J’avais un salaire et c’est vous qui m’avez demandé d’arrêter pour être une femme au foyer.


« Maman : Tu parles de quel bon salaire même ? Salaire où tu ne pouvais même pas nous donner de bonnes sommes là c’est de ça tu parles. Aujourd’hui tu es bien posée et ton mari prend bien soin de nous à ta place. C’est ça tu veux quitter. Tu veux aussi mettre la honte sur nous ? Je te dis en même temps, si tu laisses Stéphane, je ne veux pas voir tes pieds chez nous. On n’a pas l’argent pour s’occuper d’une vieille fille. Maintenant écoute-moi, si ton mari rentre, vas lui demander pardon à genoux. Si demain je l’appelle et puis il est toujours fâché, tu vas me sentir. »


Elle me raccroche au nez. Je souffle. Toujours le même scénario. M’excuser quand bien même je n’ai rien fait et faire en sorte de rester dans ce foyer pour éviter la honte à mes parents. Je retourne à ma cuisine. Quand je finis, je vais prendre une douche. Quand je ressors de douche, Stéphane est là. Il se déshabille. Il a l’air toujours fâché.


Moi : On peut parler ?


Stéphane : Non !


Moi : Chéri s’il te plaît.


Il se dirige vers la salle de bain. Je le retiens.


Moi : Je te demande pardon. Je n’aborderai plus ce sujet.


Stéphane : Pourquoi tiens-tu tout le temps à me mettre sur les nerfs ?


Moi : Je te demande pardon. Je te promets d’être sage dorénavant. Ne me boude plus s’il te plaît.


Je me hisse sur la pointe de mes pieds et pose un baiser sur ses lèvres. Le fait qu’il ne me repousse pas me rassure. Je l’embrasse véritablement cette fois-ci. Nous nous retrouvons la minute qui suit sur le lit à faire l’amour. Je fais mine de prendre du plaisir bien que ça ne soit pas le cas. Je pars à la fin me nettoyer et dresser la table le temps qu’il se douche. Nous nous mettons ensuite à table.


Stéphane : Nous aurons de la visite dans deux jours.


Moi : Qui c’est ?


Stéphane : Ma femme.


La nourriture me passe par le nez. Il a dit quoi ?


Moi : Ta quoi ?


Stéphane : Ma femme. Quoi tu ne sais pas que je suis marié à une femme blanche ? Une Française ? Tes parents le savent déjà.


Moi : Attends tu es sérieux ?


Stéphane : Oui. Comment crois-tu que j’ai eu mes papiers Français ? Et puis bref, elle vient passer une à deux semaines ici. Elle sait déjà qui tu es et elle n’a aucun problème avec, alors tu vas aussi faire de même.


Moi (haussant le ton) : Non mais un instant. Tu me demandes d’accepter que l’homme avec qui je suis fiancée soit marié avec une autre ? Je suis en quelque sorte ta maitresse puisque tu es marié légalement avec elle. C’est donc pour cela que tu refuses de me mettre la bague au doigt ?


Stéphane : Ne me hurle surtout pas dessus. Qu’est-ce que tu veux à la fin ? Tes parents ont dit qu’ils désirent que leur fille soit mise dans un foyer, c’est ce que j’ai fait. Tu es dans cette maison, tu ne manques de rien, que veux-tu encore ?


Moi : Tu es donc avec moi par pitié ? On t’a dit qu’aucun homme ne me faisait la cours avant toi ?


Stéphane : Ce n’est pas ma faute si tes parents t’ont fait passer pour une désespérée qui n’a aucun homme qui veuille l’épouser. Je ne leur ai jamais caché que j’étais déjà marié. Ma mère aussi souhaitait ce mariage, je lui ai donc obéi pour lui faire plaisir parce que je l’aime. Mais en même temps ce n’étais pas si mal que j’ai une femme aussi dans mon pays. Maintenant tu organises tout pour recevoir ma femme. Comment crois-tu que j’ai gagné mon argent ? Tu n’as pas intérêt à faire ta garce.


Il se lève bruyamment de table et disparait vers la chambre. Non je n’y crois pas. Il est marié ? Le plus choquant c’est que mes parents le savent et m’ont quand même poussé dans ses bras. Il ne porte pas d’alliance, et toutes les fois où je l’ai surpris discutant tard dans la nuit, j’ai toujours pensé que c’était juste des petites copines. Je sais qu’il n’est pas fidèle et je ne m’y attardais pas pour éviter de me donner des maux de tête inutiles. Mais de là à ce qu’il soit marié, j’en tombe des nues.


Je n’ai pas dormi toute la nuit. Cette affaire de mariage me fatigue l’esprit. J’ai donc décidé de venir avoir des réponses auprès de ma mère. Je ne peux pas croire qu’ils m’aient demandé de me mettre avec lui en sachant qu’il est déjà casé. Je tapote du pied en attendant qu’elle me rejoigne au salon.


Maman (arrivant) : Bonjour ma fille. Tu es matinale.


Moi : Bonjour maman. J’ai des choses à te demander.


Maman (s’asseyant) : Quoi ?


Moi : Stéphane m’a dit qu’il est marié à une Française et que vous le saviez. Est-ce vrai ?


Maman : Donc c’est pour ça tu es venue ce matin ? J’ai cru qu’il y avait quelque chose de grave.


Moi : Parce que ça ce n’est pas grave ? Maman, j’occupe donc la place de maitresse.


Maman : Quelle maitresse ? Tu es la femme de Stéphane. L’autre elle est seulement en France et puis c’est juste pour les papiers qu’il l’a épousé.


Moi : Donc vous m’avez demandé de quitter Adé pour que je devienne la “deuxième femme’’ d’un homme ?


Maman : Tu devrais nous remercier de t’avoir sauvé la vie. Si tu étais restée avec le sorcier là tu serais morte aujourd’hui. Laisse-moi maintenant te parler de chose sérieuse. Je suis allée voir un charlatan hier. Même si avec la blanche c’est juste pour les papiers, on ne sait jamais, tu dois sécuriser ton mariage. Je t’ai donc rapporté des poudres que tu dois mettre dans la nourriture de ton mari et aussi dans ton sexe, comme ça il ne va jamais te laisser pour une autre. Il faut bien le serrer. Il faut qu’avant la fin de cette année il t’envoie aussi à la mairie. Je veux aussi des petits enfants.


Moi (choquée) : Donc toi tout ce qui t’intéresse, c’est que je sois juste dans la maison d’un homme ? Que je sois heureuse tu t’en fiches.


Maman : Tu me parles comment même ? Tu ne sais pas que dans la vie on crée soi-même son bonheur ? Tu penses qu’avec ton père c’était rose. S’il est encore avec moi aujourd’hui c’est parce que je l’ai bien serré avec les poudres. Les poudres ont sécurisé mon mariage donc si je t’en donne c’est pour ton bien. Ce sera de cette façon que tu seras heureuse. Tu n’as pas intérêt à sortir de ce mariage sinon tu vas finir vielle fille célibataire.


Moi : Je n’aurais pas eu besoin de tout ça si j’étais restée avec Adé.


Je reçois aussitôt une gifle.


Maman : Tu penses que je suis ta camarade pour que tu me contredises ? Tu penses connaitre la vie que moi ? Petite impolie. Si tu me parles encore de ton Adé tu vas voir de quel bois je me chauffe. Mtchrrr.


Elle pose les poudres sur la table basse et me laisse seule en continuant à bavarder. Je sors à mon tour sans toucher aux poudres. Je n’ai jamais fait ce genre de chose, je ne vais donc pas commencer aujourd’hui.


*Mona

*LYS


Je suis devenue la servante dans ma propre maison. Ça fait trois jours que cette Française est là et je suis reléguée au rang de servante. Je n’ai pas le droit de manger à table avec eux mais je viens débarrasser quand ils finissent. J’ai même déménagé de la chambre pour céder ma place à la blanche. Je les entends chaque nuit faire l’amour. Principalement la blanche, elle ne fait que hurler. Mon cœur me fait mal à en mourir. Ce n’est pas de cette vie-là que j’ai rêvé. Quand je me retrouve seule, je ne fais que pleurer. Je regrette tant d’avoir choisi Stéphane au détriment d’Adé. Si j’avais la possibilité de revenir en arrière, je le choisirais sans hésiter. Quand je pense que j’ai quitté mon amour pour le choix de mes parents, j’ai envie de me mettre une balle dans la tête.


Je soupire quand j’entends ma “rivale’’ Patricia m’appeler depuis le salon. Je sors de la chambre et la retrouve avec ma belle-mère qui est une véritable lécheuse de botte. Elle ne fait que défiler ici depuis que cette femme est là. Je me demande bien si les deux n’ont pas le même âge. En tout cas ma belle-mère ne doit pas être bien loin de la soixantaine ou disons soixante-dix. Bon, son comportement envers moi ne me surprend pas. Elle m’a toujours regardé de haut. Je me demande bien pourquoi elle a voulu que son fils me prenne comme femme.


Moi : Oui !


Patricia : Donne-moi la commande de la télé.


Je la regarde, surprise. Elle est sérieuse ? Elle m’a fait sortir de la chambre pour que je lui donne la télécommande qui est juste posée devant elle sur la table ? Je regarde ma belle-mère qui attend aussi que je m’exécute. Alors là non. J’ai déjà trop accepté comme ça.


Moi : Excuse-moi mais tu peux la prendre toute seule la télécommande.


Patricia : Pardon ? 


Moi : J’ai dit de prendre toi-même la commande. Elle est juste posée devant toi.


Patricia : Stéphane a dit que tu étais à mon service.


Moi : Bah non je ne le suis pas.


Belle-mère : Hé Ashley, comment tu parles à la femme de ton mari là ? Elle est l’étrangère dans cette maison donc ton rôle c’est de faire tout ce qu’elle veut.


Moi : Je ne suis pas sa boniche.


Patricia (se levant) : Bah si tu l’es. Tu es ma domestique. Je te laisse être la deuxième épouse de mon mari donc étant la première je t’ordonne de te soumettre à moi. Sale négresse.


Je bute. Elle a dit quoi ? Toute cette rage que j’ai gardée en moi me remonte au nez. Je lève la main et l’abat sur sa joue. Ma belle-mère hurle comme si j’avais déclenché l’Hiroshima. La blanche quant à elle est devenue toute rouge. Elle n’arrive même plus à bouger. Elle se contente juste de me regarder avec les yeux à deux doigts de sortir de leurs orbites.


Patricia : Tu m’as giflé ?


Moi : Oui. Personne ne me traite comme une sous femme.


« Qu’est-ce qui se passe ici ? »


Toutes, nous nous tournons vers Stéphane qui fait son entrée dans la maison avec des courses en mains. Patricia court se jeter dans ses bras.


Patricia : Mon amour, elle a osé lever la main sur moi.


Stéphane : Quoi ? Ashley c’est vrai ?


Moi : Elle m’a manqué de respect.


Stéphane : Et c’est une raison pour lui porter main ?


Moi : Mais…


Je reçois une gifle violente. Mon oreille se met à siffler.


Moi : Tu m’as…


Stéphane : Oui. Tu veux me rendre ma gifle ? Cette fois tu as dépassé les bornes. Je n’en peux vraiment plus. Tu dégages de ma maison.


Je ne me suis toujours pas remise de sa gifle. C’est bien la première fois qu’il lève la main sur moi. Il disparait du salon pour revenir une bonne quinzaine de minutes plus tard. Il me jette ma valise et un autre sac aux pieds.


Stéphane : Tu dégages maintenant de chez moi.


Moi (la voix tremblante) : Il est 21h. Où veux-tu que j’aille à cette heure ?


Stéphane : Bah chez tes parents. Tu n’es pas orpheline que je sache.


Je les regarde les trois à tour de rôle en laissant couler sur mes joues mes larmes. Je n’ai pas envie de le supplier comme d’habitude. Peut-être que ça c’est ma porte de sortie. Je range bien mes vêtements sous leurs regards. Je retourne dans la chambre tout ramasser sans rien laisser. Il veut que je parte de chez lui ? Bien. J’irai et je ne reviendrai plus. Je sors de la maison plus déterminée que jamais même si je ne peux m’empêcher de pleurer. Je pleure parce que j’ai mal d’avoir perdu deux années de ma vie dans cette relation sordide. Je ne sais pas encore ce que je vais faire, mais partir loin d’ici c’est mon premier but. Je m’engouffre dans le taxi lorsque mon portable se met à sonner dans ma bandoulière. Je donne l’adresse de chez mes parents au chauffeur avant de décrocher à l’appel de ma mère. Je soupire.


Moi : Al…


« Maman : Qu’est-ce que tu as encore fait ? Ta belle-mère vient de me prévenir que tu as quitté la maison. »


Moi : C’est Stéphane qui m’a mise à la porte.


« Maman : Et qu’as-tu fait ? Ashley pourquoi tu tiens tant à gâcher ta vie ? Maintenant que tu as été mise à la porte, où comptes-tu aller ? »


Moi : Je suis déjà en route pour la maison.


« Maman : Quelle maison ? Je ne veux pas voir tes pieds ici. C’est moi qui t’ai envoyé faire des bêtises. Apprends à être une femme responsable. Retourne chez ton mari. »


Elle me raccroche au nez. Je sais déjà que ça ne sert à rien que j’y aille. Elle me répètera tout ce qu’elle m’a dit et me fermera la porte au nez. Je demande au chauffeur de garer. Je règle la course et je descends avec mes bagages. Je m’assois en plein milieu de nulle part. Je me sens désemparée. Je me sens tellement idiote. Idiote d’avoir fait le mauvais choix, idiote d’avoir été idiote, idiote d’avoir laissé filer l’amour de ma vie. J’éclate en sanglot. Je sens des gouttes de pluies tomber petit à petit sur moi. Je n’ai pas la force de chercher à m’abriter. Je n’ai même plus la force de bouger. Il commence à pleuvoir et moi je ne fais que pleurer. J’ai l’impression d’avoir gâché ma vie. J’ai tout sacrifié pour un homme qui a fini par me jeter à la rue, et mes parents qui m’ont conseillé cet homme refusent de m’aider.


Moi (priant) : Seigneur, j’ai juste besoin d’une toute petite chance pour reprendre ma vie en main. Je promets de faire dorénavant de bons choix.


Je souffle. Là il ne me reste qu’un seul espoir. Ma grande sœur Safi. Nos rapports ne sont plus trop au beau fixe depuis ma dot. Elle ne m’a jamais caché son mécontentement surtout qu’Adé est un très bon ami à elle. Elle n’est même jamais venue me voir chez Stéphane. Il n’y a qu’au téléphone qu’elle prend de mes nouvelles. Elle ne tarde pas à décrocher mon appel.


« Safi : Bonsoir Ash. Je n’ai pas trop le temps de parler. Je suis dans le jet de mon boss. Nous n’allons pas tarder à décoller. »


Moi : Stéphane m’a mis hors de chez lui avec toutes mes affaires.


« Safi : Quoi ? »


Moi : Maman refuse que j’aille à la maison.


« Safi : Ça ne me surprend pas d’elle. Bon comme j’ai dit je n’ai pas trop le temps. Cèd est aussi avec moi. M. YOUL a demandé ses services. Il n’y a donc personne à la maison. Laisse-moi passer un coup de file rapide et je te rappelle. »


Elle raccroche sans perdre de temps. Cinq minutes plus tard elle rappelle.


« Safi : Ok mon boss m’a donné la permission de t’envoyer l’un de ses gardes qui te conduira chez un ami à moi qui est aussi d’accord pour t’héberger le temps que je revienne de voyage dans une semaine. Je vais t’envoyer maintenant de l’argent sur ton mobile money. Prends soin de toi. Je t’aime. »


Moi : Merci pour tout. Je t’aime aussi.


Je souffle de soulagement. Je cherche maintenant un endroit où m’abriter bien que je sois déjà bien trempée.


Je pénètre dans une splendide villa. C’est une jeune fille qui me reçoit. Elle se présente comme étant la servante. Elle me prévient aussi que son patron est encore au travail mais qu’il avait appelé pour donner des instructions me concernant. Je m’installe dans ce qui sera ma chambre durant mon séjour ici et la première chose que je fais c’est de prendre une douche. Je trie ensuite dans mes affaires tout ce qui est mouillé et les mets dans la douche. La servante me prévient que mon diner est servi sur la table à manger. Elle me dit encore plein de trucs que je devrais savoir avant de me dire au revoir. Apparemment elle ne dort pas ici. Je jette un coup d’œil à mon portable voir si Stéphane m’a appelé mais rien. Personne ne m’a même appelé. Je laisse un message WhatsApp à ma sœur l’informant que je suis bien arrivée chez son ami. Elle m’a envoyé 50 000 FCFA sur mon compte mobile money. Ça me fait tout bizarre d’être seule dans la maison d’un inconnu. Je ne sais pas trop comment m’y prendre. Cependant je crève la dalle.


Je vais donc me mettre à table. Je dine en pensant à tout ce par quoi je suis passée ces dernières années. J’ai trop encaissé. Je ne pense plus avoir la force d’encaisser davantage de coup. Je préfère demeurer vielle fille célibataire que de retourner près de Stéphane. Je ne l’aime même pas en plus de tout ça. J’ai pourtant tout essayé pour l’aimer mais rien. J’ai juste été une bonne femme pour faire plaisir à mes parents. Rien de plus. Mon cœur il est resté avec Adé. Je me demande bien ce qu’il devient. J’ai arrêté de prendre de ses nouvelles auprès de ma sœur pour m’éviter des chagrins. Nous ne nous sommes plus croisés ces deux années. A-t-il refait sa vie avec une autre ? J’ai un petit pincement à l’idée qu’il appartienne à une autre. Mais en même temps c’est moi qui l’ai jeté.


Je débarrasse la table, je fais ensuite la vaisselle dans la cuisine. Cette cuisine est très bien équipée. Je l’adore au premier coup d’œil. Je me sers un verre d’eau que je bois d’une seule traite.


« Bonsoir. »


Quand j’entends cette voix je sursaute et quand je me retourne en face de l’homme, je lâche le verre qui se brise en mille morceaux au sol.


Moi : Oh mon Dieu ! Je suis désolée. Je vais nettoyer.


Adé : Non laisse je vais le faire.


Il attrape un balai à manche près de lui plus une pelle. En deux trois mouvements il nettoie tout.


Moi : Je suis vraiment désolée.


Adé : Ce n’était qu’un verre.


Je me sens toute honteuse devant lui. Qu’est-ce qu’il fait ici ?


Adé : La servante t’a bien installée ?


Moi : Euh oui. C’est… c’est chez toi ?


Adé : Oui ! Je n’ai pu dire non à Safi quand elle m’a demandé ce service.


Moi : Je vois. Je suis désolée de te déranger.


Adé : Tu ne me déranges pas. Après l’amour ce n’est pas la guerre, comme on le dit.


Moi : Merci. Ne t’inquiète pas, je ne vais pas tarder ici.


Adé : Tu peux rester autant que tu veux. Je vais me mettre au lit. J’ai une autre journée chargée demain.


Moi : Ok. Bonne nuit.


Adé : Bonne nuit.


Il reste encore quelques secondes à me fixer. J’ai envie que la terre s’ouvre et m’engloutisse. Il sort de la cuisine et je peux enfin respirer normalement. C’est quel tour que cette vie me fait ? Je me retrouve chez l’homme que j’ai rejeté parce que l’homme pour qui je l’ai rejeté m’a mise à la porte. C’est la plus grande honte de ma vie.      


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