Épisode 4
Write by Mona Lys
4
Je plisse les yeux. Cette jeune
fille est-elle sérieuse ? A-t-elle déjà toute sa tête ?
‒ Avez-vous consommé de la
drogue ?
‒ Quoi ? Non. Je suis lucide.
‒ Si vous l'étiez, jamais vous
n’auriez demandé à un inconnu de vous emmener avec lui dans un pays inconnu
pour vous.
‒ Je sais que ça peut sembler
loufoque mais vous êtes ma seule chance de sortir de ce cauchemar. Je voulais me donner la mort mais vous m'en
avez empêché alors c’est à vous de me donner une bonne raison de vivre.
Je plisse les yeux. Elle est
vraiment sérieuse cette fille ?
‒ Je peux être votre domestique,
votre assistante, votre technicienne de surface. Bref, tout ce que vous
voudrez. J’ai besoin que vous m’emmeniez loin d'ici sinon je mourrai à petit
feu à défaut de me suicider. Vous êtes plein aux as. Ça se sent sur vous donc
ça ne vous coûtera rien de le faire. Je vous en supplie.
Je coule mon regard le long de sa
silhouette. A quoi de bon peut-elle bien me servir ? Une ménagère ?
Peut-être pas une mauvaise idée. Mais je n'en ai pas tant besoin que ça. Je ne
vois pas en quoi elle pourrait me servir.
‒ Je n’ai pas besoin de vous. Encore
moins parce que vous n'avez aucune personnalité.
‒ Si, j'en ai.
‒ Vraiment ? Vous qui laissez
votre petite sœur vous marcher sur les pieds et même vous volez votre mari,
vous prétendez avoir de la personnalité ? Nous n'avons donc pas la même
définition de ce mot.
‒ Je peux vous le prouver.
‒ Bien. Apportez-moi une dent de
votre sœur demain midi et on verra.
‒ Com… comment ? Une
dent ? Mais comment je fais ça ?
Je lui tourne le dos.
‒ A vous de trouver.
Alana m'ouvre la portière de la
voiture quand j’en suis proche. Elle referme derrière moi.
‒ Ça va on peut y aller ?
Questionne-t-elle.
‒ Le vol est reporté pour demain
soir.
Finalement je crois qu’elle me sera
utile pour les affaires. Je ne sais encore pour quoi exactement. Mais je le
sens.
***INAYAH
Je le regarde s’éloigner dans
l’obscurité et je n'en reviens pas. Il me demande de casser une dent à
Rose ? Mais je ne me suis jamais battue de toute ma vie. Je ne peux pas
tabasser Rose, surtout qu'elle est enceinte. Cet homme est fou, ma parole.
Je retourne chez moi et Dieu merci,
Sébastien n'est pas encore rentré. Je me mets aussitôt au lit. Toute la nuit je
ne fais que réfléchir. Moi, frapper Rose et lui arracher ses dents ? En
suis-je capable ? J’ai toujours courbé la tête devant tout le monde parce
que je n’avais pas d'autre choix. Je n’avais aussi personne pour me défendre.
Je gardais toujours le silence pour éviter de grosses disputes. Plus tu réponds
à une insulte, plus il y a de chance que ça finisse en bagarre. Ce que j’ai
toujours évité dans ma vie. Mais cet homme vient m’imposer une bagarre comme
ultimatum pour qu’il puisse m’emmener avec lui. Vraiment Inayah, tu es stupide.
Tu veux t'en aller avec un homme dont tu n'as jamais vu le visage ? Tu ne
le connais même pas. Et s’il était un trafiquant d’organes humains ? Ou un
trafiquant d’humains. Ceux qui kidnappent les femmes et font d’elles des
prostituées de force. Mon Dieu ! Quelle horreur ! Je ne vais pas fuir
la souffrance pour aller souffrir encore. Ça n’a pas de sens. Généralement, les
personnes riches sont impliquées dans des affaires louches d'où ils tirent
leurs richesses. Je crois que je vais trouver une autre solution.
Sébastien a découché hier pour la
énième fois. Je pensais avoir mal mais finalement ça ne me dit pas grande
chose, ce que je trouve bizarre d’ailleurs. Je crois que j’ai fini par
m’habituer. Bref, je vaque à mes tâches comme tous les jours. Je fais briller
ma maison et je reviens m'asseoir dans mon lit à la recherche d'une autre
solution à mon problème. Ne trouvant rien je décide de fouiller le carton qui
contient mes anciennes affaires. Je retrouve mon vieil agenda où je marquais
les contacts de mes fidèles clientes et de mes fournisseurs. Je saute de joie
en voyant celui de ma cliente de la nuit dernière qui m'avait fait entrer dans
l’hôtel Ivoire. Je lance le numéro avec espoir que ça passe. Je sais qu'elle
pourra me venir en aide si je lui raconte mon histoire. Cette femme
m'affectionnait beaucoup. J'étais un peu comme sa fille. Le portable collé à
l’oreille, je prie que ça passe. J’interromps ma prière quand je constate que
le numéro n'est plus accessible. Elle était pourtant mon dernier espoir.
‒ Que fais-tu dans cette
chambre ?
Je sursaute. Je regarde Rose qui
tire deux valises. Je fronce les sourcils.
‒ Que fais-tu dans ma chambre avec
tes valises ? lui demandé-je en me levant.
‒ Ce que je fais dans TA
chambre ? C’est dorénavant MA chambre. Je dormirai ici avec mon mari. Tu
peux aller dormir ailleurs.
Avant que je n’aie le temps de
répliquer, elle me pousse. Je m'affale sur le lit. Elle se met à jeter dans
tous les sens mes vêtements. Je la regarde dans l’incapacité de l'en empêcher.
J’ai perdu tout pouvoir dans ma propre maison depuis la nuit des temps.
Esclave, je suis dorénavant.
‒ Ah, pour ce soir Sébastien désire
des pâtes aux boulettes de viande. Moi je veux de la salade. Le bébé veut
manger léger.
Le bébé. Entendre de nouveau qu'elle
va avoir cette chance d’être mère que je n’ai jamais eue me fait monter les
larmes aux yeux. Elle continue de ranger ses vêtements comme si de rien
n’était. Je marche vers la porte quand une remarque de l'homme aux yeux bleus
me revient. Vous qui laissez votre petite sœur vous marcher sur les pieds et
même vous volez votre mari, vous prétendez avoir de la personnalité ? J’ai
de la personnalité. Je dois me le prouver à moi-même et aux autres. Surtout à
lui.
Je reviens sur mes pas.
‒ Sors de ma chambre immédiatement,
ordonné-je d'un ton dur à Rose.
‒ C’est à moi que tu parles ?
‒ Oui. J’ai dit de sortir tout de suite
de MA chambre mais aussi de MA maison.
Elle me regarde un moment puis
éclate de rire.
‒ Non mais tu te prends pour
qui ? Tu as bu, ma parole. Mtchrr n'importe quoi !
Elle retourne à sa tâche. Je serre
les poings et je ferme les yeux.
‒ A trois, tu te lances, me
soufflé-je à moi-même. Un, deux… trois.
Je bondis dans la direction de Rose.
Je lui agrippe les cheveux entre mes doigts. Elle hurle de douleur.
‒ J’ai dit de sortir de ma maison,
salope.
‒ Je ne sors pas, pétasse.
Elle me donne un coup dans le
ventre. Je m'affaiblis quelques secondes. Je lui administre trois belles gifles
sur ses deux joues. Je la tire vers la porte mais elle résiste. Je continue de
lui donner des coups au visage. Elle m'en donne aussi. Nous nous bagarrons
jusqu’à ce que je réussisse à la mettre au sol. Assise sur elle, j’enchaîne les
claques. Mon Dieu, que ça fait du bien ! Je revois toute la peine qu'elle
m'a infligée et je redouble de force dans mes coups.
Apportez-moi une dent de votre sœur.
Il avait demandé une dent, et bien,
je vais lui en apporter deux. Je prends ses propres talons et sur sa bouche, je
donne des coups. Le sang ne tarde pas à sortir. Elle crache une première dent.
Non, j'en veux deux. Je continue de taper. Elle me donne des coups aussi mais
je suis trop concentrée sur sa bouche pour les sentir. Après un énième coup,
elle crache de nouveau. Et de deux. Le compte est bon. Je prends rapidement les
ciseaux qui se trouvent sur ma table de chevet et la rase juste au milieu après
avoir retiré sa perruque. Je glisse le tout dans la poche arrière de mon jean.
Ses cris me procurent une telle joie que je ne veux plus m’arrêter. Mais bon,
j’ai un rendez-vous à midi. Je la tire par les pieds jusque dehors devant la
maison sans manquer de prendre au passage ma clé et un billet de deux mille francs
qui traînait sur la table. Rose continue de pleurer au sol. Pas le temps
d’attendre. Je ferme la porte à clé et je me dépêche de me rendre sur la grande
voie, emprunter un taxi. Il est 11h30. Je suis sacrément fière de moi. Pour une
fois, je donne la raclée à quelqu’un. C’est jouissif !
Je descends pile devant les hommes
de l'homme aux yeux bleus.
‒ Je veux voir votre patron, dis-je
sans prendre la peine de saluer.
Il arque un sourcil.
‒ Nous avons rendez-vous. Vous
pouvez le lui demander.
Sans me répondre, il colle son
portable à son oreille. S'en suivent des mots dans cette langue bizarre. Il me
tend le portable. J’hésite à prendre.
‒ Il veut vous parler.
‒ Donc vous parlez ma langue et vous
m'avez fait passer pour une débile la dernière fois ?
‒ Il va raccrocher.
Je prends le portable en lui lançant
un mauvais regard. Je visse le portable à mon oreille avec crainte.
‒ A…llô !!
‒ « Quoi ? »
‒ J’ai apporté ce que vous m'aviez
demandé. J'en ai même mis des bonus. Une deuxième dent et des cheveux. Ceux de
ma sœur. Je lui ai donné une belle cor…
‒ « Donnez-les à mon garde.
Vous pouvez vous en aller. »
‒ Mais vous avez dit que…
Il a raccroché. Ahii !!! Mais
il avait dit… Pff c’est bon. Je donne ce que j’ai apporté au garde qui me
regarde bizarrement.
‒ Quoi ? Vous n'avez jamais vu
des dents et des cheveux ? Mtchrrr.
Je retourne énervée mais heureuse,
bizarrement. Je sais que je vais passer à la casserole avec Sébastien mais je
m'en bats les ovaires. J’ai bastonné cette connasse et j'en suis fière.
Attendons voir la suite des événements.
Et voici que la suite ne s'est pas
faire attendre. Je retrouve devant ma porte maman Pauline et la police.
‒ C’est elle la sorcière, s’écrie ma
belle-mère.
Elle me bombarde de coups que je
bloque avec mes bras. Elle réussit quand même à me donner deux gifles. Les
policiers me font monter de force dans leur cargo, sous les insultes de
Pauline.
‒ Tu as envoyé ma fille à l’hôpital.
Je vais t’envoyer en prison. Tu vas y passer toute ta vie. Espèce d’imbécile,
sorcière de première classe.
Elle monte avec moi et continue de
m’insulter, de me taper. Qu’est-ce qui me retient de lui en coller une comme à
sa fille ? L'un des officiers s’assoit entre nous pour l’arrêter.
Arrivés au Commissariat de Police,
je suis tout de suite conduite devant le Commissaire.
‒ C’est elle l’agresseur ? questionne-t-il
ses agents.
‒ Oui chef.
‒ Enfermez-la ! On verra bien
si elle fera la fière avec les autres détenus. Oser frapper une femme enceinte.
Non mais on est où là ? Vous avez une caution de deux cent mille et un
dédommagement de deux cent cinquante mille à payer à la victime sinon vous
serez transférée à la MACA.
Mon Dieu ! Tout ça pour
moi ? Je suis trimbalée comme une criminelle jusqu’à une cellule déjà
occupée par trois autres femmes. Je me mets dans un coin de la cellule par
peur. C’est la première fois de ma vie de mettre les pieds dans une prison.
Tout ça à cause d'un homme pour qui j’ai sacrifié ma vie. Plus jamais de ma vie
je ne referai cette bêtise. Enfin, si je sors d'ici. Je crois que je vais
croupir ici sauf miracle du Seigneur. Et même si Dieu doit toucher leur cœur
pour qu'ils me libèrent, ça ne sera pas avant une semaine. Mon Dieu, vais-je
pouvoir tenir dans cette prison ? Je n'ai aucun rond. Je n’ai même pas de
compte en banque.
J’ai fini par m’assoupir sur le sol
dans le coin où je m’étais réfugiée. Je dois vraiment sortir de cet endroit. Je
n'y survivrai pas une seule journée. Si ma famille décide de me faire
transférer à la Maison
d’Arrêt, ce sera la fin pour moi.
‒ Mademoiselle Inayah DUBOIS, vous
êtes libre.
Hein ? Je suis libre ?
Aussi vite ? Et comment ça ?
‒ Votre caution a été payée.
‒ Par qui ?
‒ Vous voulez sortir ou vous voulez
savoir qui a payé votre caution ?
Je me presse de sortir avant que ce
policier nerveux ne m'enferme de nouveau. Je m’attends à voir ma famille mais
personne. Il fait nuit et le commissariat est presque vide. Je me dépêche de
rentrer chez moi. Mais cette interrogation ne me quitte pas l’esprit. Qui a
payé pour moi ? Je ne crois pas un instant que ce soit Sébastien parce
qu’il n'a jamais dépensé un rond pour moi sans que je ne l’aie supplié pendant
deux jours minimum.
‒ Qu’est-ce que tu fous ici ?
gueule Sébastien lorsque je franchis le salon.
‒ J’ai été libérée.
‒ Sous ordre de qui ?
‒ Je n'en sais rien.
Il fonce sur moi et me donne un coup
dans le ventre. Je me recroqueville sur moi-même dans un cri strident.
‒ Tu as tué mon héritier. J’ai perdu
mon fils par ta faute, sorcière.
Il me donne successivement deux
coups.
‒ Tu as fait exprès en lui donnant
plusieurs coups dans le ventre.
‒ Je ne lui ai donné aucun coup au
ventre. Je…
Les coups reprennent. Ils pleuvent
même sur moi. Je me retiens de toutes les forces de hurler de douleur. Dans un mouvement
de rage, je le repousse et lui administre une gifle.
‒ ÇA SUFFIT !!! hurlé-je, le
cœur remplie de rage.
Il est littéralement estomaqué. Je
le suis deux fois plus. Je viens de lui donner une gifle ? Et même de lui
hurler dessus ? Mon Dieu qu’ai-je mangé pour en arriver là ? L'effet
de surprise passé, Sébastien avance dangereusement vers moi. Je ferme les yeux
attendant le coup…
Ça ne vient pas.
J’ouvre les yeux. Sébastien est
devant moi, les yeux hagards. Qu’est-ce qu’il lui arrive ? Je vois un trou
sur son front et du sang en sortir. Je suis prise de peur. Il s’écroule à mes
pieds et là, je vois un autre trou dans sa nuque.
‒ OH MON DIEU !! crié-je en
reculant.
Je relève les yeux toute tremblante
et là, je vois un homme qui me dépasse de trois têtes, arrêté avec une arme
pointée dans ma direction.
‒ Oh Jésus, qui êtes…
Je remarque les yeux bleus. C’est…
lui ?
‒ C’est vous ? Vous avez tué
mon mari ? Oh mon Dieu !
‒ Vous avez maintenant une très
bonne raison de vouloir fuir d'ici.
‒ Vous avez tué mon mari ?
‒ Un de plus sur ma longue liste.
‒ Vous êtes un…
‒ Tueur ? Oui et bien plus
encore. Maintenant vous avez le choix. Soit vous restez ici et trouvez une
bonne explication à donner à la police. Soit vous venez avec moi maintenant
pour les Etats-Unis.
Parti où ? Avec qui ? Un
tueur ? Non, il n'en est pas question. Je ne vais pas quitter ma vie de
merde pour aller me salir les mains avec un meurtrier. On ne quitte pas dans
caca pour aller dans anus. Dans quoi suis-je encore tombée ? Je suis
tellement sous le choc que je ne cesse de le fixer. Et là un détail me vient.
C’est bien la première fois que je le vois sous un éclairage. Je vois enfin son
visage et… Sainte Marie, mère de Dieu, qu'il est à tomber par terre !
C’est ma première fois depuis que j’ai connu Sébastien de trouver un autre
homme beau. Voire même plus beau que lui. Ses yeux bleus collent parfaitement
avec son apparence. De beaux cheveux, de belles lèvres qui donnent envie de
les…
‒ Lorsque vous aurez fini de
fantasmer, retrouvez-moi à ma voiture. Une fois ma portière fermée, je
n'attends plus. Vous avez donc vingt secondes pour vous décider.
Il sort sous mon regard stupéfait.
Qu’est-ce que je fais maintenant ? Je pars avec lui ou je reste ?
Mais rester où ? Purée, il y a un corps à mes pieds. Le corps de mon mari.
Si je reste, on risque de m'accuser de meurtre, surtout après ma détention pour
agression sur Rose. Mais si je pars avec l'homme aux yeux bleus, je risque de
me retrouver au milieu de plusieurs meurtres. Je viens d’apprendre qu’il est un
homme redoutable et là, je ne suis plus très motivée à partir avec lui. Je n’ai
aucune idée de ce qui m'attend là-bas.
Je reviens rapidement à moi. C’est
décidé, je vais avec lui. Je n’ai rien ici qui puisse me retenir. Je cours hors
de la maison. Je sors juste au moment où l'homme entre dans la voiture garée à
quelques pas de la maison, dans la pénombre. Je cours deux fois plus. Le garde
m'ouvre automatiquement la portière.
‒ Je… je viens avec vous. Mais, oh
punaise, je n’ai pris aucune affaire.
‒ Lorsqu'on veut commencer une
nouvelle vie, on abandonne tout de l’ancienne.
La voiture se met en mouvement. Je
ne quitte pas du regard l’homme assis en face de moi dans cette voiture dont
j’ignore complètement la marque et tout ce qui me vient à l'esprit c’est :
ai-je pris la bonne décision ? Mes mains sont toutes tremblantes.
‒ Que… que va-t-il se passer pour la
police ?
‒ On s'en fiche, me répond-t-il en
manipulant son portable.
‒ Mais moi, on risque de se poser
des questions sur moi.
‒ Tout le monde s'en fiche de vous.
‒ Ah ! Merci de me le rappeler.
Sébastien est mort. Je ne sais pas
trop comment prendre ça. C’est ma famille qui sera dévastée. Elle vient de
perdre son plus gros espoir de se hisser haut dans la société. Perdue dans mes
pensées, je ne me rends pas compte que la voiture a garé. On nous ouvre les
portières. Je suis subjuguée par l’immense avion devant moi. Je crois que c’est
un jet privé. L'homme y embarque sans un regard pour moi. Je cours à sa suite.
Une femme me tend des papiers.
‒ Vos papiers.
Mes papiers ? Comment ont-ils
fait ? Je regarde et bien que ce soit ma photo sur le passeport, aucune
des informations n'est la mienne. Tout est faux. Je veux poser des questions
mais la personne a déjà disparu je ne sais où. L’homme aux yeux bleus est en
communication. Cette fois, il parle l’Anglais.
‒ Madame prenez place. Nous allons
décoller, me prévient une hôtesse.
J’obéis. Elle me fait signe de
mettre ma ceinture de sécurité. Ce que je fais. L’homme aussi fait de même.
Un instant.
Je suis dans un avion, pour une
destination inconnue, avec un inconnu qui ne s’est pas caché d’être un tueur et
qui a même tué mon mari sous mes yeux, pour couronner le tout, je n’ai aucune
idée de ce qui m’attend là-bas ? Oh Seigneur, que suis-je en train de
faire ?
‒ Oh mon Dieu ! Oh mon
Dieu ! Oh mon Dieu ! fais-je les yeux hermétiquement clos et les
mains agrippées au siège quand l'avion s'élève.
Qu’ils arrêtent cet avion. JE VEUX
DESCENDRE !!!!