Restée seule devant la réception désormais vide, Annie réalise que sa participation dans l’organisation de la fête de Noël est un véritable challenge. Une épreuve. 

   Un test d’acceptation qu’elle s'est imposée elle-même, mais qui, au final, n’est plus teinté de regrets. Elle se sent plutôt fière d’elle. Presque sur le même pied d’égalité que ses collaborateurs. Oui, presque. 

   Prête à rebrousser chemin, elle sent vibrer son téléphone dans la poche arrière de son jean, ouvre sa messagerie et lit le texte reçu d’un numéro inconnu.

       « Bonsoir Annie,

   La jeune stagiaire ne sait pas exactement duquel des détails il faut s’étonner. Du Merci ou bien de Valence. 

   Le plus étrange étant que tout ceci se passe au moment où elle reçoit les confidences de Nina. Intriguée, elle emprunte les escaliers qui mènent au restaurant de l’entreprise.

   Elle le repère assez facilement, puisqu’il a choisi la table la plus exposée. L’une de celles au centre. Bien que les commérages aient maintenant cessé, elle veut éviter toute ambiguïté. 

   Heureusement, à cette heure, le restaurant est relativement vide. Seuls quelques techniciens de surface, déjà en tenue civile, traînent au comptoir. 

   Elle s’installe avec un léger malaise. Les révélations de Nina ne cessent de tourner en boucle dans sa tête.

— Souhaitez-vous prendre quelque chose ?

— Non… merci.

— Tout va bien ? Quelque chose vous tracasse, on dirait.

   Annie se demande si elle doit lui rapporter sa conversation avec Nina. Après tout, ce n’est plus un secret pour personne depuis belle lurette. Mais, les mots ne parviennent pas à franchir ses lèvres. 

   À la place, des interrogations font écho à ce soir où elle l’avait apostrophé, menaçant par la même occasion son statut de stagiaire encore tout neuf. Décidément, elle n’arrive pas à le cerner.

— Annie ? Vous êtes sûre que vous allez bien ? demande-t-il d’une voix concernée en se penchant vers elle.

— Je pense… que ce n’est qu’un coup de fatigue. Après une bonne nuit de sommeil, tout ira bien.

   Il la dévisage, dubitatif. Elle soutient ce regard quelques secondes avant de se laisser distraire malgré elle par son front intelligent rehaussé que des cheveux coupés courts, des favoris, un nez asymétrique, sa mâchoire légèrement carrée et sa lèvre inférieure d’une teinte plus claire que la supérieure, rehaussent. Sa peau couleur café est propre, lisse, parfaite. 

   Il prend soin de lui. Il n’est pas juste un cerveau. Dieu seul sait pourquoi elle est soudain attentive à tous ces détails.