Épisode 6
Write by Mona Lys
Episode 6
CINDY
Depuis deux semaines je ne vis que le bonheur avec Ken. Il a changé pour ma plus grande joie. Chaque soir en rentrant, il m’apporte des cadeaux, ainsi qu’aux enfants. On passe du temps ensemble à la maison à regarder la télé et nous faisons l’amour chaque soir exactement comme j’aime. Je suis heureuse. Mon mari a changé et c’est une victoire pour moi. Je savais qu’il me fallait juste de la patience.
Je termine à peine le déjeuner que je sens une érection contre mes fesses. Je souris.
– J’ai faim, dit Ken.
– Je croyais t’avoir déjà nourri ce matin ?
– Oui mais j’ai encore faim. Mais tu sais ce que je veux encore plus ? Demande-t-il en glissant son doigt en moi.
– Non dis-moi ! Dis-je entre deux gémissements.
– D’un bébé.
Je souris. Il veut qu’on ait un troisième enfant.
– Enceinte-moi alors.
Sans tarder il me prend là dans la cuisine. Les enfants sont en sortie scolaire donc la maison est rien qu’à nous. Ken s’occupe copieusement de moi à m’en couper le souffle. Je suis même sûre que le gardien entend mes cris.
– Je t’aime Ken. Na lingi yo mokonzi na nga (Je t’aime mon roi).
Il se déverse direct dans mes entrailles et contre toute attente sort de la cuisine en rouspétant. Qu’est-ce que j’ai dit ? Après m’être remise de mes émotions je le rejoins dans la chambre. Je me nettoie et le rejoins dans notre lit.
– Qu’y a-t-il bébé ?
– Je t’ai déjà dit avoir horreur des petits noms en Lingala.
– Mais c’est pourtant ta langue que tu m’as d’ailleurs toi-même apprise. J’ai cru que ça te ferait plaisir de l’entendre.
– Eh bien je te dis que je n’ai plus envie de l’entendre, dit-il en haussant le ton. Plus de Lingala dans cette maison.
Je soupire et monte sur le lit.
– Je suis désolée si ça ne t’a pas plu. Je ne le referai plus.
Comme il ne répond rien je me mets à l’embrasser.
– Te fâche pas s’il te plaît mon amour. J’ai encore envie de toi.
Cette phrase le réveille direct. Je m’assois sur lui et le mets en moi aussitôt. Il grogne. Après une trentaine de minute à faire l’amour nous allons prendre une douche et descendons manger. Nous prenons ensuite place dans le salon pour regarder la télé mais son portable ne cesse de sonner. Il coupe à chaque fois l’appel mais à la troisième tentative, il se lève pour aller répondre. J’en profite pour connecter mon portable à la télé et je mets de la musique. Avant nous avions pour habitude d’écouter de la musique ensemble et des fois de danser. Ou du moins moi je dansais et lui me regardait les yeux brillants d’amour. Dès qu’il revient je le tire pour qu’on danse mais il refuse.
– J’ai une urgence au bureau.
– Mais aujourd’hui c’est samedi.
– Je sais. C’est une urgence comme je l’ai dit.
– Tu vas tarder ?
– Je ne crois pas.
– Ok. Je t’attends donc pour qu’on profite du reste de notre journée.
– D’accord.
*Mona*LYS*
Il est maintenant 15h et Ken n’est toujours pas rentré. Je regarde son deuxième portable qui n’a pas aussi arrêté de sonner. Je l’ai appelé pour lui dire qu’il l’avait oublié mais il m’a dit qu’il rentrerait dans une heure maxi mais là ça fait trois heures de temps. Ce sont des partenaires qui l’appellent. Je le sais par les noms qui s’affichent et ce portable c’est celui des affaires. Bon, je vais aller le retrouver à son bureau. Je prends son portable et direction l’entreprise. Le bâtiment est complètement vide. Je monte directement à son étage et ce sont des cris qui m’accueillent. Je dirai des cris de plaisir. Mon cœur se met à battre douloureusement parce qu’il n’y a que le bureau de Ken à cet étage. Les cris proviennent de son bureau mais je refuse de l’admettre. J’y coure donc et ouvre la porte avec fracas. Le spectacle que je voie me brise sur le champ. Ken en pleine partie de jambes en l’air avec sa secrétaire. Ils sont tellement plongés dans leur acte qu’ils ne se sont pas aperçus de ma présence. Ken lui dit des insanités et elle y répond. Une larme perle sur ma joue et je laisse tomber le portable. C’est le bruit qui leur fait remarquer ma présence. Sans se précipiter ni même se gêner ils se séparent. Elle l’embrasse avant de sortir et de refermer la porte.
– Tu m’avais promis.
– Que fais-tu là ?
– Tu es mon mari et je peux venir te voir comme bon me semble. Dis-je en hurlant presque.
– Rentrons !
– Rentrons ? Répété-je en tiquant. Ken je viens de te voir en plein acte avec une autre et tout ce que tu trouves à me dire c’est rentrons ? Tu m’avais dit être redevenu le bon Ken.
– Je le suis.
– LE KEN DONT JE SUIS AMOUREUSE NE M’AURAIT JAMAIS TROMPÉ.
Bam ! Je reçois une gifle. Il n’a donc pas changé.
– Plus jamais tu ne me parles sur ce ton. Je reste ton mari.
– Tu restes surtout le même Ken salaud et sans cœur.
Je tourne les talons et sors en pleurant. J’ai cru qu’il avait changé mais rien. Il s’est joué de moi et je suis sûre que c’est uniquement pour que je tombe enceinte parce que durant ces deux semaines où il était doux il n’a cessé de me dire qu’il voulait un enfant. Il voulait seulement que je tombe enceinte. J’arrive à la maison en même temps que le car qui vient déposer les enfants. Je leur donne leur douche, leur sert leur diner et monte m’enfermer dans la chambre où je pleure toute mon amertume. Ken ne va donc pas changer. Quand j’entends la porte de la chambre s’ouvrir je me dirige vers la douche mais Ken me retient.
– Je suis désolé.
– J’ai compris.
Je me dégage et continue mon chemin. Il m’a bien eu, cet enfoiré.
Je me réveille ce matin les yeux enflés pour avoir pleuré toute la nuit. J’avais repris de l’espoir pendant ces deux semaines et me rendre compte que tout ça était faux me brise carrément. Il s’est donc joué de moi. Je veux sortir du lit pour aller faire le petit déjeuner lorsque Ken monte sur moi rapidement. Il veut me faire l’amour. Eh bien il se fout le doigt dans l’œil. Je le repousse violemment et sors du lit. Il ne dit rien. Nous nous dépassons sans rien nous dire jusqu’à ce que nous prenions chacun la route pour le travail. Je dépose les enfants à l’école et fonce à la boutique. Travailler me fera oublier.
À 16h je fais escale dans un hôtel situé sur ma route pour livrer trois paires de chaussures. La personne voyage à 20h et a tenue à avoir les chaussures avant de s’en aller. Je fais la livraison et quand je m’apprête à sortir de l’hôtel je rencontre Félix, mon ami. Depuis la soirée nous ne nous sommes pas revus. Il m’informe qu’il est là pour une semaine et qu’il rentre demain. Il m’invite donc à prendre un pot avant de m’en aller. Avec tout ce que je traverse j’accepte volontiers pour me changer un peu les idées. Je passe un peu de temps avec lui après quoi je pars chercher mes enfants.
Il est 21h et Ken n’est pas là. Je m’en fiche. Qu’il couche avec la terre entière je m’en fiche. À peine je me couche que la porte s’ouvre avec fracas. Les pas de Ken se rapprochent rapidement.
– Que faisais-tu avec ce Félix dans un hôtel ?
Je ne réponds pas. Je ne veux même pas savoir comment il le sait.
– Cindy je t’ai posé une question.
– Je te répondrai quand tu me diras pourquoi tu ressens le besoin de copuler avec toutes les femmes que tu rencontres.
Je sens ses doigts se refermer subitement sur ma tignasse. Il me fait sortir du lit en la tirant.
– Ken arrête, tu me fais mal.
– Tu es la femme de Kennedy KALAMBAY et tu te permets d’aller dans un hôtel avec un autre de surcroit un moins que rien.
Il accompagne sa phrase de gifle. Je me dégage et les coups pleuvent aussitôt. Il me frappe comme si j’étais son enfant. Je serre les dents pour ne pas que les enfants entendent mes cris. Je ne veux pas qu’ils sachent que leur père est encore en train de me battre. Ça les traumatise à chaque fois. Je reçois des gifles, des coups de poings, des coups de pieds en désordre. J’essaye tant bien que mal de me défendre mais il est plus fort. Un moment on cogne à la porte.
– « Maman, Nael fait de l’asthme » Crie Lena derrière la porte.
– J’arrive… ma puce. Aïe !
– « Mamaann ! »
– J’arrive trésor.
Je veux me libérer pour aller voir les enfants mais Ken n’en a pas encore fini avec moi.
– Ken, Nael ne se sent pas bien.
– M’en fiche. La prochaine fois tu réfléchiras avant de me manquer de respect.
– Ken !
Je reçois un coup dans mon ventre. Malgré la douleur je cours vers la porte et sors à toute vitesse. Je tombe nez à nez avec Lena. Elle se met à pleurer dès qu’elle me voit. C’est à ce moment je me rends compte de ma lèvre fendue.
– Non, ne pleure pas chérie, dis-je en la prenant dans mes bras. Maman va bien. Allons voir ton frère.
Je fonce dans la chambre avec elle et vois mon fils allongé sur le lit qui a du mal à respirer. Je chercher rapidement son inhalateur et le pompe dans sa bouche. Il se reprend peu à peu. Je serre mes deux enfants et pleure en silence. Je décide de passer la nuit avec eux. J’ai besoin de les sentir près de moi.
J’appelle ma patronne pour lui dire que je m’absente cette journée pour cause de maladie. Elle va comprendre de toutes les façons. Heureusement qu’elle est compréhensive. J’ai envie de parler. Je vais donc chez Estelle. Celle-ci quand elle me voit pète un câble.
– Encore une fois. Encore une fois.
– J’ai besoin de me changer les idées Estelle. Dis-je en me laissant tomber dans le fauteuil.
– Ce dont tu as besoin c’est de changer de mari. Quitte cet enfoiré.
– Il s’agit de mon mari.
– Ton mari ? Dis plutôt ton bourreau. Comment peux-tu encore rester avec lui avec tout ça ? Il a bouffé ta cervelle ou quoi ? Penses-tu que les parents t’ont mise au monde pour servir de punchingball ? Tu es une femme et une femme on en prend soin, on ne la bat pas.
– Il va changer.
– Il va quoi ? Attend as-tu bu ? Cinq ans que tu vis ça et tu dis qu’il va changer ? Es-tu malade ou quoi ? Pourquoi n’ouvres-tu pas les yeux bordel ? Pourquoi refuses-tu de comprendre que tu mérites mieux ? DI-VOR-CE et vas refaire ta vie avant qu’il ne te l’enlève avec ses coups. Regarde comme tu es défigurée. Tu as perdu de ta superbe en Cinq années. Tu ne ressembles plus à la Cindy d’avant, belle et joviale. Tu n’es que l’ombre de toi-même. Tu veux mourir c’est ça ? (Sa voix se brise) Cindy tu veux mourir à juste trente ans ? Tu es la seule sœur que j’aie et toi tu t’en fiches. Tu mets ta vie entre les mains de ce fils de merde. Pourquoi fais-tu ça bon sang ?
– Parce que je l’aime, répondé-je en pleurant. Il est mon mari et je l’aime. Il n’a pas toujours été violent. Avant il était plus doux et je veux réussir à faire revenir cet homme qu’il était. Il est mon mari et nous sommes mariés pour le meilleur et pour le pire. Nous sommes mariés à l’église et je ne peux pas divorcer.
– Mariés devant Dieu ou pas quand tu souffres dans ton mariage tu divorces.
– Mais moi je ne veux pas divorcer. C’est mon mari et je veux rester avec lui. Il va changer, j’en ai la foi.
– Dans ce cas prends cette foi et sors de chez moi. Lance-t-elle en essuyant ses larmes.
– Quoi ?
– J’ai dit tu sors de chez moi. Puisque tu refuses de sauver ta vie je te demande de rester loin.
– Tu ne peux pas me faire ça. Tu es ma sœur.
– ET PENSES-TU QUE C’EST UN PLAISIR POUR MOI DE TE VOIR TOUS LES JOURS DÉFIGURÉE ? Penses-tu que ça me plaît de savoir que tu te fais battre chaque jour et qu’en plus de cela ce salaud de Congolais te trompe avec tout le pays ? NON ! Je souffre autant que toi parce que je suis impuissante. Je te vois souffrir et je ne peux rien faire. Je te demande de faire la seule chose qui est la solution à ton problème et tu refuses. Je refuse aussi de rester là à te regarder souffrir. Alors Cindy je te le redis, dégage de chez moi et que je ne t’y vois plus. Tu me verras seulement le jour de tes obsèques.
Je reste là à l’observer et je constate qu’elle est plus que sérieuse. Comme je ne me lève pas, elle me relève elle-même par le bras et me met dehors avant de claquer la porte à mon nez. Mes larmes se mettent à couler. Vers qui vais-je me tourner ? À qui vais-je me confier maintenant ?