Episode 6

Write by Annabelle Sara

 

Tony : Mlle Mekeng je peux vous voir dans mon bureau ?

Est-ce que si je dis à mon supérieur que je ne veux pas me retrouver toute seule dans la même pièce que lui ce serait immature et contre productif ?

Moi : Bien sûr !

En me levant de mon desk je savais que tous les yeux étaient braqués sur moi, les ragots de la maison allaient être nourris avec ça. La simple idée que des gens s’imaginent que je couche avec mon superviseur me donnait la gale. Pas parce qu’il n’est pas bel homme. Il est chaud comme le Pepper Soup, toujours en chemise cravate, un peu rond du bidon mais il avait des bras sexy, surtout quand il pliait les manches de ses chemises et dévoilait les montres de marques qu’il portait, mais… J’ai encore le gars là dans la peau !

Tony : Asseyez-vous !

Son ton était pro, aucune émotion extraordinaire.

Tony : Je dois m’entretenir avec vous sur un sujet important !

Moi : J’ai fait quelque chose de grave ?

Tony : Non, rien de… Grave !

Moi : Ok…

Tony : En fait je voudrais vous féliciter pour votre travail !

Tony et son vouvoiement, il ne tutoyait aucun des membres de son équipe, c’était monsieur, madame, mademoiselle, jamais de petit nom ou de prénom, le professionnalisme de ce gars me faisait même douté qu’il ait quelque vu que ce soit sur moi.

Tony : Vous avez l’un des meilleurs rendements au SAV, c’est du bon boulot que vous faites !

J’étais flattée, mais j’attendais le mais !

Tony : Mais je pense que vous n’êtes pas au top de vos réelles capacités !

Moi : Comment ?

Tony : Ce poste n’est pas fait pour vous… Vous êtes bien trop qualifiée !

Moi : Vous voulez me renvoyer pour ça ?

Ma réaction m’étonna moi-même, j’avais besoin de ce travail Magon allait bientôt accoucher et notre studio allait devenir bien trop étroit pour nous.

Tony : Je n’ai pas dit ça ! Je dis que vous méritez plus de responsabilités avec les avantages qui vont avec…

Moi : Ooo…

Tony : Vous avez pensé que je veux me débarrasser de vous ? Pourquoi ?

Moi : Je ne sais pas trop…

Tony : Vous avez peut-être des amies folles qui vous rendent visite pendant les heures de travail et engueulent les clients mais je sais reconnaitre quand une situation échappe au contrôle d’un agent Mlle Mekeng !

Moi : Bien entendu !

Le soulagement qui m’a envahi fut vite remplacé par l’excitation, il a parlé de me donner plus de responsabilités ou j’ai mal entendu ?

Tony : Alors vous êtes intéressée par plus de responsabilité ?

Moi : Oui… Oui ! Il s’agit de quoi ?

Tony : La maison mère a besoin de 2 stratèges mercantiles, ils ont décidé de faire un recrutement interne et se basent sur deux critères, l’ancienneté et le test en client mystère ! Et vous avez déjà trois ans dans la boite en plus votre test a été parfait !

Moi : Un client mystère ?

Tony : Oui… Vous vous souvenez du client avec une facture qui ne nous appartenait pas ?

Le type insolent que je m’étais retenue de gifler.

Tony : Il vous a mis un 18/20

Moi : Quoi ? J’ai éclaté de rire je n’en revenais pas !

Tony : Donc la boite voudrait vous retenir pour la formation de trois mois…

Moi : Je suis partante !

Mon enthousiasme l’amusa, il avait un sourire carnassier Seigneur ! Je n’avais jamais remarqué ça, normal, je ne parlais pas beaucoup avec mes collègues ! Maintenant je comprends pourquoi toutes mes collègues ont mon macabo comme ça.

Tony : Okay alors vous allez remplir ce formulaire et me le remettre… Autre chose, la formation se fera en simultanée avec votre travail donc à la fermeture vous devrez rejoindre le siège pour la formation…

Je sais ce que c’est de travailler en allant en cours donc ce n’est pas ça qui va me faisait peur, une occasion comme celle-ci là où je travaille, on la saisit au vol !

Moi : Je suis partante Tony… Euh Mr Yohoum !

Il me félicita une fois de plus avant que je ne prenne la porte, la joie qui se lisait sur mon visage fit murmurer quelques filles qui ne me quittaient pas des yeux !

D’ailleurs à la pause Alfred s’empressa de me demander ce que me voulait le Sup !

Moi : J’ai été retenue pour un poste de stratège mercantile…

Alfred n’a pas retenu le cri bizarre qu’il a lancé pour me féliciter ! Si je ne connaissais pas la femme et les enfants de ce gars je l’aurais soupçonné d’être «  tchèlè ». Il aime juste trop le kongossa et avait des comportements efféminés par moment.

 Alfred : Félicitation ma puce ! Tu le mérites…

Josiane : Plus que qui ?

Voilà l’autre Miss Tchotchori de la boite, cette fille me détestait cordialement, mais je ne gérais pas sa mauvaise langue. Les autres collègues se réunissaient déjà autour de nous.

Alfred : Qui t’a sonné ?

Josiane : Tsuip, reste là à lécher les bottes de celle-ci parce qu’elle fait les promotions canapés…

Moi : Tu parles de toi noooo…

Josiane : Nous savons très bien comment tu fais pour obtenir ce poste !

Moi : Bien sûr moi je sais faire la différence entre un bordereau d’achat et une facture pro forma… Tu veux que je te rappelle qui n’en est pas capable ?

Les autres éclatèrent tous de rire, chacun essayait de savoir ce qui s’était passé dans le bureau de Tony, l’annonce de mon départ très prochainement sembla me rendre plus sympathique aux yeux des autres. Et d’autres semblaient douter d’une quelconque relation entre Tony et moi, je ne sais pas pourquoi ça ne me soulageait pas, pas parce que cette relation imaginaire me dérangeait mais parce que ça me rendait intouchable d’une certaine façon.

De retour chez moi je surpris une conversation assez troublante de ma sœur qui était en larme dans la chambre.

Magon : Je suis fatiguée… Tout ce que je te demande c’est de me soutenir s’il te plait !... Tu dis ça depuis le début… Ma sœur ne me parle plus à cause de ça… Non, ce n’est pas ce que tu m’avais dit… Ce n’était pas ça notre entente… Encore combien de temps ?... Non… Je suis fatiguée !

L’entendre pleurer comme ça me fit mal. À qui est-ce qu’elle parlait ? Si j’entrais pour lui demander elle allait encore se braquer, j’avais brusquement le sentiment d’avoir réagis avec trop de précipitation, il faut que je comprenne ce qui se passe avec ma sœur.

Je suis retourné dans le salon pour lui donner le temps de se calmer avant de l’appeler.

Magon : Oui ?

Moi : Tu dormais ?

Elle se frotta les yeux.

Magon : Je suis un peu fatiguée…

Moi : Donc si je t’invite à manger dehors tu ne viens pas ?

Elle me sourit, mais je sentais bien qu’elle se forçait un peu. Il y a définitivement quelque chose qui ne marche pas avec ma sœur.

Magon : ?

Moi : Tu es enceinte donc tu ne dois pas manger trop de viande … On peut aller manger les petits poissons à Mvog-Ada ?

Magon : Cool attends je vais me changer… Je pourrais au moins avoir une glace ?

 Moi : A cette heure ? Tu n’auras pas froid ?

Magon : S’il te plait Kiki… J’ai une envie de glace…

Moi : Okay on va s'arrêter au glacier !

Elle était apparemment contente puisque j’ai eu droit à un bisou, mais son enthousiasme n’éloignait pas de mon esprit cette conversation bizarre, donc pendant qu’elle se rafraichissait dans la salle de bain j’ai inspecté son téléphone, je connaissais son code parce que j’avais réussi à le lire par-dessus son épaule un jour. En entrant dans le l’historique pour voir le dernier numéro avec lequel elle était en communication je fus surprise de voir le numéro de ma Tante.

Qu’est que ma Tante et ma sœur préparaient toutes les deux ?


KIKI DU 237