Quelque chose n’allait pas avec ma sœur, elle était devenue douce presque effacer. Je ne la harcelais plus pour avoir les réponses concernant sa grossesse, mais je sentais qu’elle cherchait une occasion pour ouvrir son cœur, mais à chaque fois que je lui tendais la perche elle battait en retraite et changeait de sujet. Je ne savais plus quoi faire.

Je savais que ma tante d’une façon ou d’une autre était concernée par tout ceci, j’avais toujours pensé que son comportement vis-à-vis de Magon n’était pas tout à fait normal. Alors je suis allée voir ma mère pour lui parler de cela elle m’avait fait comprendre que pour sa sœur qui n’avait pas eu la grâce d’enfanter un enfant était toujours une bonne nouvelle.

 Cette explication ne me convainc pas parce que ce que je savais de ma Tante ne coïncidait pas avec cette description. Ne voulant pas passer pour une folle qui cherche la petite bête j’avais laissé tomber jusqu’au jour où j’ai surpris une autre scène vraiment bizarre un matin au moment de partir au boulot.

 Magon venait de prendre ses médicaments mais une fois dans la salle d’eau elle essaya de se faire vomir. Elle n’avait pas bien fermé la porte alors je suis entrée pour la retenir.

Moi : Magon c’est quoi ? Tu fais quoi ?

Magon : Laisses moi Kiki !

En l’attrapant je fus surprise de la légèreté de ma sœur, on n’aurait pas dit une femme qui portait un enfant.

Magon : Laisses moi !

Elle pleurait à chaude larme, elle était accrochée à moi comme si j’étais sa bouée.

Moi : Ma puce qu’est-ce qui t’arrives… dis-moi !

Magon : Je suis fatiguée Kiki…

Moi : Je sais ma puce ! Mais tu vas te faire plus de mal en faisant ça… Calmes toi ! Dis-moi ce qui te fatigue comme ça !

Elle continuait de pleurer sans me répondre.

Moi : Magon… Je suis là parles moi !

Magon : Si je te dis pardon ne dis à personne !

Moi : Tu me fais peur ma puce, qu’est-ce qui t’arrives ? Dis-moi !

Elle me fixa une seconde et prit une grande expiration.

Magon : Je ne peux pas te présenter le père de mon bébé !

Moi : Et pourquoi ?

Magon : Parce que je ne le connais pas !

Si je n’étais pas déjà assise sur le bidet des toilettes je me serais surement étalée sue le carrelage mouillé des toilettes.

Moi : Ne me dis pas qu’on t’a violé…

Elle secoua la tête. Là j’étais perdue !

Magon : C’était un acte consentant ! J’avais pleinement conscience de ce qui risquait arriver en allant faire l’amour sans me protéger.

Le puzzle s’était transformé en casse-tête chinois. Je ne comprenais plus rien à ce qu’elle me racontait.

Moi : Magon… Tu veux dire que tu as délibérément provoqué cette grossesse ? POURQUOI ?

Magon : C’est Tantine !

Moi : Elle a quoi à voir dans cette histoire ? Magon parles !

Elle se frotta les yeux.

Magon : C’est elle qui m’a branchée avec le Mougou…

Moi : Le quoi ?

Magon : Kiki s’il te plait ne dit pas ça à Mama… Pardon ! Je ne vais pas supporter que Mama soit au courant !

Moi : Fini d’abord de m’expliquer ce que tu racontes là… Parce que jusqu’à présent je ne comprends rien…

Magon : Tantine gère un réseau d'escorte… Elle m’envoi de temps en temps entretenir des clients huppés quand ils me paient elle donne 20 % de ce qu’ils donnent, parfois elle m’achète les habits, sac et chaussures. Il y’a quelques mois elle a commencé à m’envoyer chez le même client choses que d’habitude elle ne faisait pas. Ensuite elle m’a expliqué que c’était un homme très riche et que si elle pouvait me faire confiance elle allait me donner une mission spéciale…

Je n’ai pas eut le courage de l’interrompre tellement ce qu’elle me racontait me semblait invraisemblable, inimaginable.

Magon : La mission consistait à tomber enceinte du client pour lui extorquer de l’argent. Comme il est marié, le faire chanter avec le scandale de la grossesse d’une jeune fille de 19 ans allait le pousser à cracher le maximum d’argent. Quand ma grossesse a été confirmée elle a décidé de me faire partir de Soa pour ici pour que le type ne me retrouve pas et que dès qu’il aura craché les billets je puisse avorter en faisant passer cela pour un accident… Mais depuis elle a changé les plans et voudrais que je mène la grossesse à terme.

L’écouter parler me donnait la nausée, je n’arrivais pas à croire que des femmes qui avaient une place aussi privilégié dans mon cœur étaient capable de faire ça !

Moi : Si tu as rencontré cet homme plusieurs fois comment ça se fait que tu ne le connaisses pas ?

Magon : La règle principale est de ne pas utiliser les vrais noms que ce soit pour les clients comme pour les filles, donc il ne connait pas mon nom et moi non plus ! La seule personne qui a ses informations c’est Tantine…

J’avais subitement du mal à respirer, je n’arrivais pas à croire à la confession de ma petite sœur.

Magon : Kiki s’il te plait ne dit pas à Mama…

Moi : Tu crois que je vais prendre le risque de tuer ma mère à cause de ta bêtise ? Magon à 19 ans tu manquais de quoi pour te prostituer ? Je ne t’offrais pas assez de choses ? Les chaussures et les sacs, les mèches et tout ce que je te donnais n’était pas suffisant pour que tu ajoutes la prostitution dans ton CV ?

Magon : Kiki pardonnes moi… Ma grande sœur pardonne-moi…

Moi : Te pardonner que tu as fait du mal à qui ? Pas à moi en tout cas ! C’est sur ta tête tu as posé la poubelle là… Weeeh Magon ! Depuis quand tu es dans le réseau de Tantine là ?

Magon : Depuis mon entré à l’université… Ça fait deux ans que je fais ça !

Moi : Seigneur ! Magon à 17 ans tu… Je dois commencer par où maintenant ? Je suis censée faire quoi ?

Magon : Pardon ne dis pas à Mama !

C’était la troisième fois qu’elle me suppliait de ne pas en parler à notre mère, je n’en avais pas envi, mais je savais que ma mère devait etre au courant de ce qui se passait dans la vie de sa fille.

Moi : Lèves toi ! On va dans la chambre tu vas te reposer. Je ne peux pas rater ma journée de travail d’aujourd’hui ma formation commence aujourd’hui donc…

Une fois couchée j’ai pris place à ses côtés.

Moi : Tu es consciente que cette grossesse est trop avancé pour ne serait-ce que penser à l’interrompre ? Aucun docteur n’acceptera de faire ça…

Elle hocha la tête, toujours les yeux embués de larmes.

Magon : Je suis perdue… Ma vie est finie !

Moi : Non pas encore… Je vais appeler Patience pour qu’elle vienne rester avec toi pendant que je suis au travail, elle ferme sa boutique les lundis donc elle pourra rester ici avec toi aujourd’hui. Ne lui parles pas de ça hein ! Ne parles même pas avec elle… Dès que je finis je rentre et on va ensemble chercher une solution à ce problème.

Ma journée commençait sur un retard mais il n’y avait rien de pire que de devoir continuer de sourire à des étrangers quand je savais ce que je savais de ma sœur.

Patience ne m’a pas appelé de la journée pour me faire part d’un quelconque problème donc j’étais rassuré que ma petite sœur n’avais pas tenté de faire une bêtise encore plus grave que ce qu’elle avait déjà fait en ce moment.

Arriva le moment pour moi d’aller en formation je rangeais mes affaires lorsque Tony apparut dans mon dos pour me demander si j’étais prête à partir.

Moi : Oui j’ai fini de préparer mon sac…

Tony : Ok, je vous attends dans la voiture je vais vous accompagner…

Moi : Heu ce n’est pas nécessaire…

Tony : il est 17 heures vous croyez que vous allez trouver un taxi ici à cette heure de pointe pour être à l’heure à la formation ?

Touché !

Moi : Ça ne vous dérange pas de me déposer ? Je ne veux pas vous imposer un détour !

Tony : Je vais garer devant !

Ça voulait dire dépêchez-vous de venir ! Je savais que le fait de partager la voiture de Tony allait faire jaser plus d’un mais je m’en foutais, il fallait que je sois à l’heure. Une fois dans le SUV de Tony je fus de suite envahi par la masculinité de cet homme. Le parfum dans l’habitacle rappelait celui de Tony, il était musqué et me provoquait des bouffées de chaleur bizarre.

Ça suffit !

Tony : Ça va ?

Moi : Quoi… Oui ça va !

Tony : Apparemment vous êtes un peu nerveuse !

Moi : C’est un nouveau départ, c’est assez intimidant comme situation !

Il hocha la tête, tandis que le silence s’installait dans le véhicule. J’observais d’un œil distrait le mouvement fluide des mains de Tony sur le volant, il ne portait pas d’alliance, il avait de long doigts effilés et super bien manucurés.

ARRÊTES !

C’est à ce moment que son téléphone sonna, après un coup d’œil rapide sur l’écran de l’appareil, il renvoya l’appel. Je n’ai pas compris pourquoi il ne voulait pas prendre ce coup de fil alors qu’on ne se disait rien. Une nouvelle fois le téléphone sonna.

Moi : Répondez… Je ne vais faire aucun bruit !

Il me jeta un regard surprit mais cette fois il prit l’appel en connectant le téléphone aux haut-parleurs de la voiture par Bluetooth.

Tony : Oui !

Une voix de femme : Tony s’il te plait tu rentres à quelle heure ?

Tony : Virginie tu es sérieuse ?

Virginie : J’ai besoin de savoir…

Tony : Je n’ai pas à subir des interrogatoires de ta part !

Virginie : Je veux juste que ton repas soit chaud à ton arrivée !

Tony : Je vais manger dehors donc ce n’est pas la peine…

Virginie : Comment ça ?

Tony : Tu as compris… Bon je conduis donc je vais raccrocher !

Il ne lui laissa pas le temps de réagir et raccrocha.

Moi : Votre petite amie est plutôt attentionnée !

Il sourit en me lançant un coup d’œil en coin.

Tony : Ce n’est pas ma petite amie… Je n’ai pas de petite amie… Pour l’instant !

Je devais comprendre quoi ?