Épisode 8

Write by Mona Lys

Episode 8



KHALIL


Je ne réponds pas aux coups donnés sur la porte de ma chambre. Je n’ai envie de parler à personne, je ne veux voir personne. Tout ce que je veux c’est rester enfermé. J’ai la sensation d’avoir échoué ma vie. Près de deux ans de mariage basées sur du faux. Ma supposée femme n’a fait que se jouer de moi pendant que je pensais avoir enfin une famille à moi. Une famille dont j’ai toujours rêvé. Une femme et des enfants. J’ai cru que tout était posé dans ma vie. Je pensais enfin avoir eu tout ce que je désirais. Mais ce n’était qu’illusion. Mon mariage est parti en éclat en une seule soirée. Tous mes espoirs, mes rêves, mes projets, tout est parti en éclat. Comment je me retrouve de père de deux enfants à homme sans aucun enfant ? Ma vie a basculé en une fraction de seconde. Je n’ai pas vraiment cru au discours de Vanessa même si une partie de moi avait des doutes. Quand je suis rentré chez moi sans faire de bruit et que j’ai plutôt été accueilli par les bruits que faisait ma femme à profiter de la partie de jambes en l’air dans notre lit conjugal, j’ai cru mourir. Ma femme couchait dans notre lit avec son soi-disant cousin. Je n’ai pas eu à leur poser des questions que son amant m’a tout déballé. C’était exactement ce que Vanessa m’avait dit. J’ai pété un câble et j’ai été à deux doigts de les poignarder tous les deux. Peut-être que je l’aurais fait, peut-être pas. J’avais juste envie de prendre le dessus sur eux. Sans trop réfléchir je les ai tous mis à la porte, les enfants y compris.


On dira que c’est un peu méchant de ma part de mettre aussi les enfants à la porte avec leur mère mais je me sentais pas capable de les garder en sachant qu’ils étaient d’un autre. C’est au-dessus de mes forces. Je les aimais pourtant. Je me voyais en eux, je les couvrais de tout. J’avais mis mon espoir en eux. Mais c’est mieux ainsi. Plus vite on se sépare mieux ce sera.


La porte s’ouvre sur Joyce.


Joyce : Ok tu te lèves de ce lit et maintenant.


Moi : Sors de ma chambre, Joyce.


Joyce : Ne m’oblige pas à te sortir par tes poils pubiens Khalil KEITA.


Je lui tourne le dos.


Joyce : Tu vas vraiment laisser cette femme te briser ? Elle ne te mérite pas. Elle ne t’a jamais mérité cette connasse. Elle a toujours été une pute.


Moi : Tu le savais donc ?


Je l’entends soupirer. Elle me rejoint ensuite sur le lit, s’asseyant juste devant moi.


Joyce : Je n’avais pas de preuve, mais je m’en doutais. Je cherchais justement un moyen de la prendre la main dans le sac pour t’en parler. Vanessa m’a juste devancée. En parlant d’elle, que faisait-elle à ta soirée ?


Je me redresse dans le lit.


Moi : Je n’en sais rien. Elle m’a juste parler de renouer les liens.


Joyce : La connasse.


Je pousse un soupir.


Moi : Je me sens vraiment brisé au plus profond de moi.


Joyce : Ne laisse pas ces femmes faire de toi leur pantin. Tu dois leur montrer que tu es plus fort qu’elles ne le croient.


Moi : Ça m’a fait un choc de la revoir.


Joyce : Si tu me dis que tu es toujours amoureux d’elle, je te donne une taloche.


Je souris. Si je suis encore amoureux de Vanessa ? Je n’ai pas vraiment eu le temps d’y penser. Mieux, je n’y pense pas. Je n’ai pas l’intention de me remettre avec elle. Jamais de la vie. Elle m’a fait beaucoup trop de mal. Elle a brisé ma confiance, et le coup qu’elle vient de me donner, me pousse à la détester encore plus.


Joyce et moi finissons par nous endormir. Je me réveille avant elle et la couvre. Elle ne supporte pas la climatisation trop forte. J’éteins donc le climatiseur et descends retrouver ma mère. Depuis que la bombe a explosé dans mon mariage, ma mère est venue passer quelque jour avec moi, histoire de s’assurer que je ne me laisse pas aller. Ma sœur, elle prend de mes nouvelles au téléphone. Elle est en France en ce moment. Ma mère vient me prendre dans ses bras quand elle me voit descendre les escaliers.


Maman : Tu t’es bien reposé ?


Moi : Oui maman.


Maman : Où est Joyce ?


Moi : Endormie.


Maman : C’est elle qui devait aller te réveiller et finalement elle dort pour te laisser.


Je souris. Elle me fait asseoir à table où est dressée la nourriture. Je ne me suis pas bien nourri depuis le chaos. L’amertume a eu raison de moi. Ma stabilité a volée en éclat. Avoir une vie privée stable me permettait de mieux me concentrer sur mon travail. Je le savais que Phanie n’était pas une femme à épouser. Elle a pour réputation d’être une femme volage. Mais je ne sais ce qui m’a poussé à la prendre comme femme. Vanessa a parlé de poudre qu’elle aurait utilisée sur moi. Ce doit être ça. Je n’étais pas fou amoureux d’elle, mais je l’aimais quand même. J’aimais savoir que j’avais une femme chez moi et des enfants, que j’avais une famille sur laquelle est plaquée mon nom. Mais, cette famille n’a jamais été la mienne. C’était juste du faux.


Ma mère se lève de table quand la sonnerie de la maison retentie. Elle revient sans tarder.


Maman : Chéri, tu as de la visite.


Moi : Qui c’est ?


Maman : Vanessa. Ton ancienne copine.


Moi : Vanessa ? Tu en es sûre ?


Maman : Oui. Je l’ai reconnu.


Je suis surpris parce qu’elle n’est pas censé connaitre chez moi. Je pose ma fourchette. Je m’essuie la bouche et sors de table. Je pars la retrouver assise au salon. Elle manipule son portable. Je reste un moment au pas de la porte à l’observer. Ça aurait dû être elle la maitresse de cette maison. Ça aurait dû être elle Mme KEITA. Les choses auraient été si parfaites si elle n’avait pas tout fichu en l’air pour ses ambitions. Las de la regarder, je lui signale ma présence par un raclement de gorge. Elle se lève en me voyant.


Vanessa : Bonjour Khalil.


Moi : Qu’est-ce que tu fous chez moi ?


Vanessa : Je, euh, je venais prendre de tes nouvelles. Comment vas-tu ?


Moi : Mon état de santé doit être la dernière chose qui doit t’intéresser.


Vanessa : Je…


Moi : Je vais bien. Tu peux retourner chez toi.


Je lui tourne dos.


Vanessa : As-tu dit à ta femme que c’était moi qui avais vendu la mèche ?


Je souris et me retourne.


Moi : Je m’en doutais bien que ta venue n’était due qu’à ton travail. Il n’y a que ça qui ait de l’importance dans ta vie.


Vanessa : Je…


Moi : Tu as foutu le bordel dans ma vie. Je devrais normalement faire de même dans la tienne. Mais tu vois, moi je ne suis pas dépourvue de moralité comme toi. Je ne détruis pas la vie des autres juste pour le plaisir. Maintenant que tu sais que ton nom n’a pas été cité, sors de chez moi et ne reviens plus.


Elle ferme les yeux. Je ne veux pas être odieux avec elle, mais j’ai besoin de me défouler sur quelqu’un. D’ailleurs j’en ai marre de la voir. Je lui tourne dos encore une fois. Juste au moment où j’atteins le seuil de la porte, sa voix se fait entendre.


Vanessa : Je t’aime Khalil.


Je lui refais face histoire de voir si elle n’est pas droguée par hasard. Elle me fixe avec détermination.


Vanessa : Je sais que j’ai gaffé il y a deux ans. Je sais aussi que ce n’est pas le moment, mais si je suis revenue dans ta vie, c’était pour de nouveau me rapprocher de toi. Je ne savais pas que les choses se passeraient ainsi. Ce que j’avais prévu te dire ce soir-là c’était que je regrettais le passé, que j’étais prête à tout pour me racheter, parce que je t’aime plus que tout.


Je glisse mes mains dans mes poches.


Moi : Quand t’en es-tu aperçue ? Lorsque la solitude a eu raison de toi ?


Elle baisse la tête.


Moi : C’est bien ce que je pensais. Si ton travail te comblait, tu ne serais pas là en ce moment. Tu aurais continué à te contenter de ton travail et des coups d’un soir, exactement comme à l’époque de notre rencontre.


Vanessa : Tu peux le croire ou non, mais après toi je n’ai plus connu d’homme. Ce n’est pas faute d’avoir essayé.


Cette déclaration ne me laisse pas indifférent.


Vanessa : Je n’arrive plus à me donner à un autre. Je n’arrive plus à tomber amoureuse, parce que quand tu es parti, tu es parti avec mon cœur.


Une larme perle sur sa joue. Je n’ai jamais supporté la voir pleurer. Je faisais tout justement pour qu’elle soit constamment heureuse. J’ai envie de lui donner une réponse cinglante mais la voir déjà pleurer m’oblige à me taire. Je préfère m’en aller. Lorsque je lui tourne le dos une troisième fois, j’entends un bruit derrière. Je me retourne et c’est le corps allongé de Vanessa que je vois. Je me précipite vers elle. Elle est toute pâle. Ça fait la deuxième fois qu’elle s’évanouie en ma présence et en moins d’une semaine. Contrairement à la première fois, je la conduis cette fois à l’hôpital.


Je suis à l’hôpital avec Joyce qui m’a rejoint. Nous attendons devant sa chambre le diagnostic du Docteur qui vient justement vers nous.


Docteur : C’est vous qui avez conduit la patient Vanessa HOUSSOU ?


Moi : Oui. Qu’a-t-elle ? Ça fait la deuxième fois qu’elle s’évanouie.


Docteur : Elle manque de fer, ce qui explique ses évanouissements et dans son état ce n’est pas bon. Pour une femme enceinte, elle se doit d’avoir toujours du fer et du sang.


Moi : Vous avez dit enceinte ?


Docteur : Oui.


Moi : Ok merci Docteur.


Docteur : Pas de quoi. Vous pouvez aller la voir.


Il me laisse seul avec Joyce. Je ne sais pas comment prendre cette nouvelle. Elle est enceinte.


Joyce : Cette femme est vraiment une garce. Elle porte l’enfant d’un autre et elle vient te parler d’amour. Pire elle fout ton mariage en l’air.


Je me masse le visage et m’assois. Pourquoi a-t-elle fait une chose pareille ? Cette femme ne veut vraisemblablement pas me voir heureux.


Joyce : On devrait peut-être rentrer.


Moi : Ok. Laisse-moi aller lui demander si je devais appeler quelqu’un pour lui tenir compagnie.


Joyce : Ok.


Je marche doucement vers sa chambre. Tous ces évènements qui me tombent dessus finiront par me rendre dingue. Ma vie était pourtant si bien. Mais il a fallu qu’elle réapparaisse. Maintenant j’apprends qu’elle est enceinte. Est-ce qu’elle le sait ? Peut-être que non sinon elle aurait avorté. Sa seule priorité dans sa vie c’est son travail. Il est donc possible qu’elle enlève encore cette grossesse. Elle m’avait dit n’avoir connu aucun autre homme après moi. Elle a donc menti ? Mais ce ne sont pas mes oignons. Le mieux c’est que je reste loin d’elle. J’approche de sa chambre dont la porte est entrouverte et quand j’entends mon nom, je marque un arrêt. Je crois qu’elle est en communication.


Vanessa : Khalil me déteste, maman. Il me détestera encore plus s’il apprend que je suis enceinte de lui.


Je beugue sur sa dernière phrase. Elle est enceinte de qui ?


Vanessa : Maman, je ne t’ai pas dit une chose. Si je suis enceinte de Khalil ce n’est parce que nous avons eu des rapports. Je suis enceinte de lui parce que je me suis faite inséminer avec sa semence que j’ai volé à l’hôpital.


Elle éclate en sanglot. Moi je suis complètement sous le choc. Je n’en reviens pas de ce que j’entends. Elle explique à sa maman en pleurant de plus en plus. Je crois que mon sang a cessé de circuler dans mes veines. Comment a-t-elle pu faire une chose pareille ? Comment une femme peut-elle être ainsi dépourvue de sens ? Pris de colère j’entre brusquement dans la chambre. Elle raccroche dans un sursaut. A l’aide d’un mouchoir elle se nettoie le visage.


Moi : J’ai tout entendu de ta conversation. Mais j’ose croire que c’est un mensonge. Tu n’as pas osé te faire inséminer avec ma semence ?


Vanessa : Je suis désolé Khalil.


Moi : Merde !


Je cogne dans le mur derrière moi.


Vanessa : Je te demande pardon. J’étais désespérée.


Moi : Qu’est-ce que tu me veux à la fin ? Vanessa, que t’ai-je fait pour que tu foutes autant le bordel dans ma vie ? Tu n’en as pas eu assez de ce que tu m’as déjà fait pour en rajouter une couche à chaque fois ? Cette fois crois-moi, je vais porter plainte contre toi et ce Docteur qui s’est laissé corrompre.


Vanessa (se levant) : Je t’en supplie Khalil. Ne fais pas ça. Je t’aime, c’est la raison pour laquelle j’ai fait une telle chose. Je voulais avoir un bout de toi avec moi. Je te demande pardon.


Elle essaie de me toucher.


Moi : T’as pas intérêt à poser tes mains sur moi. Je maudis ce jour où j’ai posé les yeux sur toi. Ce jour où je suis tombé amoureux de toi. Vanessa, tu viens d’affermir la haine que j’avais pour toi. Tu fais la honte de toutes les femmes. Tu ne mérites même pas de porter cet enfant. Tu ne mérites de porter aucun enfant.


Je sors et claque la porte derrière moi. Je suis vraiment dégouté. Cette femme me dégoute. 


*Mona

*LYS


Maman : Chéri, Vanessa est là.


Moi : Mets-la à la porte.


Maman : Ecoute au moins ce qu’elle a à dire. Elle a l’air désespéré.


Moi : Crois-moi, elle le sera encore plus si je descends. Je ne veux plus la voir.


Maman : Khalil, fais-le pour moi.


Je serre les dents. Je me lève de mon lit et me rends au salon où Vanessa m’attend. Juste pour ma mère, je m’assois. Elle se lance dans un long récit accompagné de pleurs. Elle me parle de ce que son Docteur lui a diagnostiqué et tout le reste. Plus elle parle, plus elle m’énerve. Cette femme que j’ai tant aimée dans le passé, me répugne au plus haut point.


Moi : Sors de chez moi.


Vanessa : Je sais que je n’aurais pas dû. Mais je t’en supplie pardonne-moi. J’étais désespérée à l’idée d’être vite ménopausée et quand je t’ai vu à la clinique, je n’ai pu m’empêcher de prendre cette décision. Je t’en supplie ne me repousse pas.


Moi : Si je n’ai pas porté plainte, c’est uniquement à cause de ma mère. Mais ne me pousse pas à bout. Ne reste pas près de moi.


Vanessa : J’ai besoin de toi, Khalil.


Moi : Si tu avais besoin de moi tu serais venue me supplier de te reprendre et de te mettre enceinte. Tu aurais tout fait pour que je te pardonne. Tu n’as jamais eu besoin de moi. Mais tu avais juste besoin de ma semence. Alors maintenant que tu as eu ce que tu voulais, je te demande de sortir de ma maison, de ma vie et je ne veux plus jamais te voir, encore moins le bébé.


Elle est choquée.


Vanessa : Il s’agit de ton enfant.


Je pète un câble et lui bondis dessus. Je la relève violemment par le bras.


Moi : Je préfère encore mourir que d’avoir un enfant avec une femme comme toi.


Vanessa (pleurant) : Ne me rejette pas je t’en conjure. Donne-moi une chance et je te promets que nous serons heureux.


Ayant marre d’entendre sa voix, je la conduis, en la tenant fermement, vers la porte. Elle continue de me supplier mais je ne suis pas disposé à l’écouter. Je veux qu’elle sorte de ma vie à tout jamais. Sa présence me fait trop souffrir. Elle m’a tellement fait de mal que je ne veux plus la voir, même en peinture. Vanessa est la dernière femme avec qui je voudrais me mettre.


Maman (me suivant) : Khalil, fais doucement pardon. Elle est enceinte.


J’ouvre la porte, la fou dehors, lui balance son sac à main et claque la porte.


Vanessa (derrière la porte) : Je te pardon Khalil. Je t’en prie ne me chasse pas de ta vie. Je t’aime plus que ma propre vie. Laisse-moi une chance de te le prouver.


Je serre les dents. J’ai envie de la cogner. Je n’ai jamais eu envie de taper sur une femme, même pas Phanie quand je l’ai pris en flagrant délit. Mais j’ai grave envie de cogner Vanessa pour tout le mal qu’elle me fait. Je ferme le portail à clé et la glisse dans ma poche.


Maman : Khalil, laisse-lui une chance de se racheter.


Moi : Non maman, c’est fini.


Maman : Mais elle porte ton enfant.


Moi : Je ne reconnais pas avoir engrossé une femme. Si tu veux des petits enfants, j’en adopterai mais celui-là, tu l’oublies. Je ne veux rien qui me rapproche de cette femme. Je l’ai dit maman, c’est fini. Je ne laisserai plus jamais l’occasion à une femme de me faire du mal.


Je vais faire comme Vanessa. Dorénavant, ce sera mon travail et rien d’autre. Qu’elles aillent toutes au diable. 


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